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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, février 24, 2013

Nuages en fuite, froid, pierres, abandon, danse, les Hivernales


Pour les Hivernales 2013, j'ai sélectionné quelques spectacles, dans l'éventail des propositions et tentations, ceux qui n'étaient pas trop loin de l'antre, qui n'avaient pas lieu trop tôt.... pour tenir compte de mon grand âge qui me rend lâche.
Voulais commencer, samedi, un peu avant 16 heures, par le marathon Bagouet, pour le plaisir de ses chorégraphies, parce que l'idée de ces petites pièces, interprétées par des danseurs de différentes compagnies ou écoles, à découvrir en circulant de cours en escaliers à travers le Palais des papes, dans le grand tinel, la grande audience, la grande chapelle était séduisante.
Suis donc partie, sans trop réaliser (l'antre doit être plus douillet que je le croyais), avec deux chandails dont un de coton, un pantalon de velours sur un collant fin, un manteau remplaçant au dernier moment la parka, et un chapeau parce que les vieillards doivent tenir leur tête au chaud et que suis responsable.

Le dit chapeau a plu au mistral dès que j'ai mis un pied dans la rue, ai couru après lui, l'ai rattrapé un peu avant qu'il atteigne la place.
Suis montée, chapeau en main, ai vaincu, en m'accrochant comme le pouvais, les rafales malveillantes 

et suis arrivée avec près de vingt minutes d'avance (je m'étais trompée en regardant ma montre, l'âge est une petite déroute) à l'abri dans le porche, où j'ai commencé, contre ce qui reste de la porte donnant sur la cour d'honneur, à me transformer lentement en glaçon.

Me suis réfugiée un moment dans la salle des gardes (ou la billetterie), bien close, et à peine moins froide.
Et puis ai regagné la toute petite foule frissonnante sous le porche, pour me faire étiqueter et attendre, en échangeant avec mes voisins des pronostics pessimistes sur la température glaciale des salles entre lesquelles devions crapahuter, en écoutant l'inventaire des couches de vêtements que chacun avait endossées... Mon tremblement intérieur, en partie nerveux, mais en partie seulement, prenait belle force, je me suis imaginée au fond de mon lit pendant une semaine... j'ai abandonné lâchement, ai dégringolé, aussi vite que le permettaient mes jambes grelottantes, vers l'antre, un thé chaud, une station au dessus du radiateur livre en main, et l'attente, sans grand remord, de la nuit..

du départ vers l'opéra (collant de laine et parka), en grande attente, qui ne fut pas déçue... vers Ce que le jour doit à la nuit, ballet d'Hervé Kourbi d'après un roman de Yasmina Kadra (comme ne l'ai pas lu je ne sais quelle est l'adéquation, leur danse évoque plus des pulsions, des douceurs, des mouvements qu'une action), pour douze danseurs burkinabés et algériens (il a découvert tardivement ses origines algériennes, ce qui lui donne désir de se consacrer aux traces, de renouer des liens entre civilisations...) - spectacle créé, je crois, au Pavillon noir à Aix, où de leur côté les Hivernales donnent un de leurs spectacles (comme un à Marseille, un à Villeneuve... et heureusement un bon nombre, et des stages, à Avignon) 

Un amas de corps qui se défait lentement – des mouvements d'ensemble et peu à peu des individualités, une danse lente et quelques ludions, un rythme qui s'accélère, des emballements suivis d'arrêts figés (comme dans un jeu enfantin), un hip-hop sacralisé, des douceurs, de l'énergie, comme un élan commun à travers les divergences..
De larges pantalons blancs, avec des pans ou des sur-jupes plissés pour magnifier les mouvements, des corps qui se frôlent, se portent, tourbillonnent, tracent des cercles...
sur : une bande de Maxime Bodson avec Hamza El Din par le Kronos Quartet, Jean-Sébastien Bach, un peu de musique Soufi, des silences.

photo Ahmad Daghlas
«Ce rapport au contact, ce toucher, qui n'a aucune ambiguïté chez les hommes d'Orient, qui est très belle, qui est d'une justesse, qui est d'une douceur et à la fois d'une force et d'une virilité en même temps, qui n'est pas dans la démonstration, qui est juste dans le faire attention à l'autre,... » dit Hervé Koubi dans cette belle vidéo
et, ma foi, j'en reste là... juste dire que c'est très beau. (et que la salle était pleinement d'accord)

Un peu de hammam, un peu de guerrier, un peu de derviche recréé, un chemin – la vision d'un qui en vient sans le savoir, qui redécouvre ou invente avec amour.

Et le vent s'était un tout petit peu calmé pour ma sortie, ne m'a pas malmenée, juste giflée un peu.
Ceci dit, on verra si, après une sortie matinale, j'aurai le courage de traverser toute la ville pour être à 16 heures au bout de la rue des Teinturiers (je tousse comme une perdue).. et si je laisse ou non dormir Paumée.

8 commentaires:

joye a dit…

Ouh, la ravissante description, brige !!!

Merci merci merci !

Et tiens-toi bien au chaud, c'est clair que tu n'as pas assez d'isolation [c'est ainsi que je nomme mon gradouble] pour te protéger contre le vent et le froid.

JEA a dit…

grande hésitation à vous envoyer un commentaire de peur que la météo d'ici n'en profite pour débarquer chez vous avec ses divisions blindées de neige, ses escadrilles de vents délirants...

Dominique Hasselmann a dit…

Musique soufi, derviche : tout est là pour vous laisser embarquer dans un tourbillon enfin au chaud.

mémoire du silence a dit…

"Qui chante pendant l'été danse pendant l'hiver."
Esope

merci Brigitte pour ce beau partage
c'est magnifique : ce qui est dit sur scène et ce qui sort de la bouche d'Hervé Koubi
merci

Brigetoun a dit…

mais là c'est petite grippe, sortie indispensable pour courses... et navrance devant chute de Paumée - vais renoncer je pense
et entasser chandail ce matin.. et tant pis pour le spectacle du Chien qui fume (joli nom pourtant)

DUSZKA a dit…

Un moment superbe passé ici. Bravo ! Suis en hivernage au hameau depuis qu'il fait un froid sibérien. Sous la neige, dernier sursaut de l'hiver. Vivons en autarcie frileuse ! Prends bien soin de toi.

jeandler a dit…

Un festival, " Hivernales " qui porte bien son nom.
Une vidéo superbe, fleurs au printemps s'épanouissant.

Gérard a dit…

Nous toussons donc comme des perdus
Gérard