Une fois de plus, des
textes ont coulé de vase-blog en vase-blog, harmonieusement, et, une
nouvelle fois, s'est jointe à ces équilibres une ronde.
Une fois de plus,
Brigetoun a tenté de saisir (comprendre et prélever), comme
pouvait, un peu de ce flux et de le déverser ici pour en orner
Paumée (sans honte ou sans trop de)
Une fois encore, s'il en a
le temps, Pierre Ménard reprend tous ces textes ou images sur
http://www.scoop.it/t/les-vases-communicants
et ce fut donc la ronde,
autour de l'idée de départ, entre
Adieu, ils me quittent
!
Lamento
gentiment comique sur les appareils qui ne fonctionnent plus
Sonner le glas, c’est
la mise au tombeau de l’appareil reproducteur, de la machine
aspirante, du grille-pain, du lave petit, les fidèles compagnons me
quittent
et
liste des départs
indispensables
une
liste des «motivations» ou des endroits que l'on aimerait
connaître, certaines très évidentes, d'autres un tantinet plus
hors des chemins courus, comme
Anchorage, pour Jack
London et croc blanc, into the wild, les ours bruns puis les blancs,
la mousse et les moustiques, les amoncellements de troncs flottés —
forêts entières échouées qui rendent les plages inabordables —
les kayaks de mer dont n’importe quel monstre marin local ne fait
qu’une bouchée, le reflet des pics enneigés dans le noir d’un
océan sans fin dont les bords cachent des forêts d’algues
sous-marines où les orques chassent les phoques qui chassent les
saumons qui pullulent
et
Dominique Autrou
http://voirdit.blog.lemonde.fr/2013/02/01/des-departs-une-ronde-dechanges-epistolaires/
la bouée en caoutchouc
partir
pour un motif solide, partir avec peu pour éviter les
objets-nostalgie, partir pour région un peu rude, oui respiration
acceptable, et même plaisir, autorisé
mais,
une photo, une fille dans sa bouée qui dit liberté – et on rêve
ou cherche
Des ongles de pied
vernis, à Chup, dans la jungle ? Improbable, on doit être à
Kampong Cham, ou alors au Cap Saint-Jacques ? En butte à tant de
conjectures, inutile de se perdre, l’interrogation est troublante,
d’ailleurs, et l’insolite n’est pas tant dans la question que
dans son motif. Il serait plus judicieux de simplement se laisser
aller, se perdre dans ces yeux ; de noyer son imagination au chaud,
par procuration, ailleurs. Proust préconisait de laisser les jolies
femmes aux hommes sans imagination ; aux militaires, par exemple ?
et
Jean-Pierre Boureux
http://lionelandre.blogspot.fr/2013/02/blog-post_9068.html
loin de la ronde
infernale des départs infinis
pas la
route comme Nicolas Bouvier, préférer pérégrination mentale.. et
se dire que ce n'est peut-être pas le bon choix – tenter plusieurs
mots, plusieurs faux départs
Emporté dans la
giration des derviches tourneurs je tombe d’épuisement des sens.
Réveillé je crois au repos dans une architecture propice au
recueillement et en tout cas conçue en ce sens, m’y rends.
Mais ce n'est pas encore le bon mot – ni le concret ni
l'abstrait...
et
Hélène Verdier
http://mmesi.blogspot.fr/2013/02/empaysements.html
empaysements
les
détails des régions qui ont été ses cadres de vie, où elle est
passée – gouteux et intelligent
Quadriller le paysage
des chemins connus, arpenter la France dans un sens et dans l'autre
pour reconnaître chaque brin d'herbe, et surtout l'odeur de la terre
faite d'acidité douce sur l'argile, de sang sur le granite, de
pollen de fougère sur la silice, et celle du schiste chaud. Faire
corps, faire souche.
et
migrations
un
texte à lire à haute-voix est-il indiqué (bon j'ai un peu
bafouillé mais vous devriez pouvoir)
Quelqu’un vous
guettait. Survivre. Sur le cahier du petit, il notait. 21/11, 1 tombé
à Afrique, 10/11, 1 tombé à Garat, 21/11, 1 tombé au Nord, 2/12,
1 tombé au Nord, 1 tombé à Afrique, 9/12, 1 tombé au Nord
ce qui
tuait les rêves
et, pour boucler la ronde
rainbows
le 7
juin 1912 – trajet vers la gare de Waverley, train vers le nord,
pensées, lecture
Paul est assis sur un
siège de droite et voit le rocher d’Inchgarvie sur le fleuve
impassible, les deux maisons de pêcheurs, l’homme qui fait un
signe. Des hirondelles semblent jouer entre les délicates structures
du pont, une danse, un éclat de rire, des escarbilles de lumière
noire, ou alors comment dire ?
Et un aveu d'une inculte :
je ne sais pas qui est ce Paul qui marche vers Dundee et dessine ce
qu'il voit.
et ce furent donc les
échanges comme
à propos des racines, des
rhizomes,
Angèle Casanova http://flaneriequotidienne.wordpress.com/2013/02/01/le-mystere-des-fourches-rhizomatiques-par-poivert/
le mystère des
fourches rhizomatiques
un
texte jubilatoire, charpenté, comprenant : dispositif, assez simple
ma foi - et au dessus une photo l'illustre -, définition, un travail
des hypothèses qui se teinte de fantaisie dans l'exposé, une
hypothèse retenue dont je n'oserais dire que c'est un long et joyeux
délire, mais il y a nettement de ça
Mais dites donc, un
truc m’échappe. Qu’un géant défie les lois de la physique,
pourquoi pas. Qu’un haricot magique permette d’accéder à un
autre monde, perché quelque part dans un ciel magique, peut-être
même dans une autre dimension, soit. Mais comment se fait-il que
cinq graines ne donnent naissance qu’à une seule plante ? Etc.. et
une conclusion – le tout très fermement conseillé
et
Franck Queyraud
http://gadinsetboutsdeficelles.blogspot.fr/2013/02/franck-queyraud-flanerie-quotidienne.html
presque
nous
sommes presque uniquement constitués de ténèbres (Jon Kalman
Stefansson) l'instinct, ce qu'il faut écouter, ce qui est en nous,
racine – et que de cette racine naisse l'adulte, la raison
Choses en nous, du
temps, un peu, il faut… pour qu’elles surgissent comme du rhizome
émerge un nouvel horizon. Un arbre, par exemple, qui découpera
l’espace de la prairie en deux. Et pourtant, le votre, d’horizon,
n’était plus visible. Du sol, une radicelle a point. B virgule, je
me «tubérise». Devient pomme de terre..
Lisez
donc plutôt – et vous aurez droit à une phrase de l'Anti-OEdipe
de Deleuze et Gattari en plus.
Deux photos, deux jeunes
femmes, un bel échange
Juliette Mezenc
http://ilpleuvrademain.com/2013/02/01/vaseco-juliette-mezenc/
elle ne sait pas encore
elle
ne veut pas le savoir, ce qui se passe en elle, ce qui en résultera
– et c'est en phrase simples, égrenées, émouvant
pour ça qu’elle
préfère ne pas savoir qu’elle attend
(peut-être)
elle ne sait pas encore
qu’elle va pleurer
elle ne sait pas encore
qu’elle va passer des jours et des nuits les yeux dans le vague
et
Louise Imagine
http://www.motmaquis.net/spip.php?article175
la photo d'une fille et
d'un gars contre une voiture et tout en découle – en regardant
dans le crâne de la fille, dans ses sentiments, toute une histoire
fraîche
Elle lisse une dernière
fois sa mèche de cheveux savamment coiffée, se demande
vaguement si elle est
bien habillée, ôte à la hâte ses lunettes, cherche où elle
pourrait les cacher. Il l'étreint moqueur, joyeux, emprisonne sa
main entre les siennes et souffle délicatement dans son cou.
Deux nouveaux venus pour
les vases communicants
l'ovocyte 9
continue,
à cette nouvelle et provisoire adresse, l'histoire de l'ovocyte, qui
choisit de s'appeler Albert Chiendeau, de son étude du français, de
ses rêves, de ses rencontres, de ses lectures, de ses théories.. et
vous êtes invités à rencontrer noms et allusions littéraires
comme :
Cet événément serait
trop peu important à mentionner, s’il ne l’avait pas fait
passer, avec ses amis en rentrant vers Leyde, par le quartier des
prostituées dans le vieux Amsterdam. Sans doute pour y pratiquer
leur Français. Car ils allaient là pour prendre le dîner dans un
restaurant au nom français Le
Chat qui pélote.
et
Giovanni Merloni
http://www.lecuratordecontes.fr/vases-communicants-sa-maison-redevient-centre-1976/
sa maison redevient
centre (1976)
reprend,
et c'est pour mon, ou votre, plaisir, un poème qu'il traduit, un
dessin ancien :
courir
vers elle, sa porte, (j'aime beaucoup ses vers brefs qui viennent se
dire en français, peu à peu, sur son blog)
jusqu’à sa porte a
couru mon enthousiasme
à sa porte fermée,
aux glycines fanés
écroulés sur le
gravier de l’allée de pluie.
Concert rock
Camille
Philibert-Rossignol
http://www.evedelaudec.fr/cooperations/les-vases-communicants/index.php
un batteur – une fin de
concert, l'orchestre.. vous laisse suivre plutôt que d'essayer de
résumer très mal
Le chanteur retourne
aux coulisses chercher une serviette blanche pour s'éponger,
revient. Les autres musiciens lui jettent des regards inquiets. Il
fixe le micro comme s'il s'agissait d'une serpillère répugnante,
balance une grande claque dans le pied métallique qui tombe et
rebondit deux fois dans de grands grincements crachés par les
amplis. Il crache et part. Le bassiste suit le chanteur, d'abord du
regard puis après avoir débranché sa basse, des pieds. Expression
hagarde et yeux en feu, le guitariste entonne la chanson avec
conviction . Le batteur baisse son visage, froisse son front, tente
de se concentrer sur sa caisse claire.
et
belle prose poétique à
propos d'un concert
Les giclures de la
guitare solo distordent les ventres, imbibent les cœurs, explosent
les veines, nourrissent ce besoin de communion acoustique, lubrifient
les pupilles et l’on se prend à léviter sans s’éviter en
frères unis au-dessus des noirceurs, on s’accroche à un fil
distendu, infini, tourbillonnant, on embarque dans le grand balancé,
l’âme s’affole, on touche l’impossible. Musique du diable qui
rend les armes!
Chemins de fer
Christine Leininger
http://christopherselac.com/671/
instants du rail
un
joli billet - devant la gare désaffectée elle se souvient
L’Alizé qui danse
alors au bout des quais est doux et court en d’air. Il en a fallut
faire des kilomètres pour une demoiselle de trois pommes pour
rencontrer des grands qui ne parlent pas comme nous. Les comprendre à
travers les rires et les effluves de vin, c’est… tout.
et
quai n°4
un
train, un couple jeune, un au-revoir, des promesses, elle part – un
court texte ferme et ces questions
Déjà, alors que la
ville n’est pas encore évanouie, le passager côté couloir lui
adresse la parole, elle lui trouve une belle voix. Déjà, alors que
le train n’est à peine plus qu’un point au bout d’une ligne de
fuite, son regard s’invite vers d’autres jeunes filles.
Résisteront-ils ?
Combien de temps ?
deux brefs, condensés,
billets régals
François Bonneau
http://www.face-ecran.fr/2013/01/31/dahu-francois-bonneau
Dahu
une
apostrophe, un défi lancé à celui qui court, qui ne trouvera pas
Cours donc si ça
t’amuse, divertis-nous ; je suis rarement seul.
J’ai
l’aérodynamisme montagnard, le rire en bandoulière, tu es aveugle
et sourd ; je dois être cornu, sans fiancée aucune. Peut-être
tacheté.
et
une solution pour trouver
place dans nos villes... avec le ton docte, délicieusement neutre
qu'il sait trouver – exposer le problème, et la solution (lui ai
trouvé du charme le temps d'une seconde)
se voir assurer un
horizon sans cesse changeant à mesure qu'en fonction des besoins de
tel ou tel abonné du parking la roue était mise en branle par
l'agent chargé du bon fonctionnement des choses jusqu'à faire
descendre au sol le véhicule dont le propriétaire réclamait la
sortie, d'aucuns allaient plus loin et vivaient maintenant
définitivement dans leur véhicule ainsi flottant dans un azur sans
fin.
Ah ces Christophe !
Christophe Grossi
http://www.fut-il.net/2013/02/je-me-casse-palavas-vasesco.html
à
partir de deux chansons et d'une sélection de photos prises à
Palavas par l'autre
Christophe
Je me casse à Palavas
titre du texte, titre d'une chanson que le Christophe qui écrit
entend … et le crâne qui embraye dessus, et dérive doucement,
avec la logique approximative habituelle - régal
Des fois je me demande
si les filles de Palavas-les-Flots ressemblent à celles qu'on voit
dans ce vieux film avec Alain Delon tourné à Palavas-les-Flots,
celles qui sont dans les bras d'Alain Delon, d'ailleurs dans tous les
vieux films avec Alain Delon les filles sont dans les bras d'Alain
Delon, pas seulement celles de Palavas-les-Flots : tu crois qu'elles
seraient dans les miens de bras si je leur disais Je m'appelle Alain
Delon ? - ce
Christophe qui se dit des tas de choses, et qui se dit qu'il se nomme
Sanchez, sauf que non ..
etc..
et
Christophe Sanchez
http://deboitements.net/spip.php?article343
Je
suis plusieurs
prend
une photo de Christophe Grossi, le mot qui y figure, et le voilà
binome, double, et nous ne devons plus savoir quel il est (et c'est
délice)
Chris’,
lui, moi, passe sans voir, fait des stats sur l’improbable. Chris’
est dehors, « corporate » et sans corps. Christophe, moi,
lui, réfléchit à des rêves anxiogènes. Christophe est dans sa
chair, trop et pousse l’exégèse à se pourrir le dedans de
turpitudes malignes.
autour d'une porte de
garage (photo)
Nathanaël Gobenceaux (ou
Loran Bart comme je m'entête à l'appeler)
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3350
où le charme discret
d'une porte en province
la
route, la bande son (belle liste) qui évoque d'autres trajets, se
garer et marcher dans Chinon, rencontrer la porte, mais ne pas être
là pour elle - bon j'arrête, ce que je dis est idiot, préférez
Nathanaël qui est là ...
….Parce
que sur la route printanière de Richelieu
Parce
que le pote d’intérêt médiéval veut bien voir le château
(celui avec qui déjà fait Brie-comte-Robert)
Parce
que voir l’expo de la copine qui fait des poteries
parce
que mille et une autres raisons aussi ... à trouver, à inventer…
toujours bonnes, les raisons.
et
François Bon
http://noteseparses.wordpress.com/2013/02/01/cacolac-vase-communicant-avec-francois-bon/
Cacolac
ai
dégusté les souvenirs éveillés ce nom, avant de lire et de
déguster plus encore ces notes sur les images archétypes des
villages ou villes de province, comme nous en avons tous, comme ne
saurais pas les faire ainsi revivre, une rue principale, une vue, une
chambre..
Et
bien sûr ces grands portails, aménagés pour les machines
agricoles, mais cette taille de portail n'est pas forcément agricol.
Dans les murs de pierre mal jointive il y a des crochets fichés dans
les murs où on peut accrocher ce qui complète le décor du rêve,
et sent le cuir ou la graisse mécanique, ou le caoutchouc. Parfois
des restes de l’âge du cheval. Ce n’est pas que des signes
anciens se soient accrochés pour survivre, plutôt que le monde a
refait ailleurs, plus loin, ses forces vives...
et ce qui se réveille en nous devant ces images (celles
que nous fixons, ou plutôt celles que nous rencontrons chez les
autres)
lignes de creusement :
Repousser son objet / Cheminer en aveugle / D'un lieu à l'autre / Ce
paysages qui nous façonnent / L'immense / La forêt / Forces
telluriques – et chacune a illustré le texte de l'autre
Bois
un
très beau texte – roule dans l'Argoat – vers les îles du Ponant
(et la très ancienne petite fille qui allait en classe au Conquet a
frémi, un peu, de plaisir)
elle ramenait à sa
bouche des prières comme on rentre les voiles, hurlant à la brume
qu'elle serait sa lampe, qu’elle avait un souffle immense à
rembobiner autour de ses hanches, un incendie à calmer dans son
ventre, le livre de la terre diminuant comme peau de chagrin autour
de quelques noms sauvés, elle s'enfonçait de toute sa chair dans la
lande où grille la bruyère, désaltérait les pierres, redorait les
arbres morts, se souvenait d'anciens chants qui lui remontaient
depuis la plante des pieds jusque dans la gorge, elle brillait,
récitait des complaintes par cœur dans les pubs le samedi soir
et
belle
introduction-présentation de Laure Morali, et
gris loup
le
paysage décrit, mis en mots, en paragraphes, de couleur en couleur..
une réussite
Jaune bronze, osier,
olive. Les lichens sont les fleurs écloses des rochers. Il est tôt,
le vent inépuisable. Il est tard. Sans âge sur l'à-pic je me tiens
bizarrement penchée. Des sons glissent seuls hors de ma bouche, et
cette joie sauvage, cette chose imprévue qui m'arrête —
m'élargit, me resserre.
Cette chose arrêtée dans le temps, mais ouverte
sur trois photos trouvées
aux Puces de Tel-Aviv
part de l'abattement dans
les yeux d'une jeune femme (belle) dans un groupe assis, de la date
qui figure au verso, 1943, pense à la jeunesse de ses parents.. et
suivez la, c'est beau... en passant par le souvenir du nom de son
grand-père trouvé en note dans un livre (et je me souviens d'avoir
trouvé, et du coup cherché, le nom du mien, et de son passage au
Vietnam, un peu après la mort du sien à Paris, dans des traductions
d'historiens américains, ou vietnamiens, à la BPI – l'histoire
est si proche de nos vies), en revenant à la jeune femme de la photo
La jeune femme porte un
chemisier blanc à manches courtes et un bracelet-montre au poignet
gauche. Je me dis qu’elle était peut-être droitière, et que son
cœur battait au rythme des guerres. Lorsqu’on est prisonnier d’un
temps de guerre, le temps passe-t-il lentement ou trop vite ?
Ses mollets sont longs et musclés, sa coiffure soignée, les cheveux
mi-longs et bouclés. Des cernes foncés encadrent l’océan de
fatigue dans lequel elle se débat, ses eaux gelées, immobiles d’un
silence pinçant ses lèvres.
puis
s'attache aux autres personnages, incorpore à son texte la photo
d'un orchestre, d'une affiche – et nous ne pouvons qu'interpréter
ces traces anonymes qui remontent du passé.
et
Piero Cohen-Hadria
https://www.sabinehuynh.com/id50.html
on ne sait pas
scrute
les photos, trouve les rapports entre les deux groupes, s'interroge
part
de la date, pense à l'époque, à la suite de l'histoire orageuse du
monde,
une humanité survivante –
une belle méditation
Et regarder encore,
parce que ce qui me plaît, ce sont les olives (sans doute) au
premier plan de la photo domestique des assis et le geste, peut-être
tendre, de la saxophoniste qui retient près d’elle, à elle, le
bras de cet homme qui a fermé sa veste.
A près de soixante dix
ans de distance, des apparitions, des sourires, des regards qui ne
comprennent sans doute aujourd’hui plus rien à la beauté du
monde…
les états du texte
Jean-Marc Undriener
http://jeanyvesfick.wordpress.com/2013/02/01/vase-communicant-avec-jean-marc-undriener/
sur des images de
Jean-Yves Fick (comme ce dernier sur ses images à lui) un texte qui
s'écrit, qui laisse voir les étapes de sa venue, de son élaboration
– un long et beau poème
des boites de mots et
quoi
coupé comme on est -
là et maintenant
les yeux trop près de
la vitre
on ne prendra... (sais
pas faire les mots barrés)
et
Jean-Yves Fick
http://www.fibrillations.net/02-13-Jean-Yves-Fick
d'un carnet
introduit
pas un exposé de l'enjeu de l'échange par Jean-Marc Undriener,
un
long poème, qui se met en scène, en page, une avancée dans la
nature, une avancée dans les mots ou plutôt dans l'absence,
l'impossibilité d'un texte
nous à condenser ici
de nos souffles
nous à entendre ici
l'heure plus froide
nous sans autre forme
que celle qui
peut-être
en vain
brûle
ce rien
cela de nos
mots qui déracine l'espace
autre
sur photos échangées
Danielle Masson
http://www.xn—chatperch-p1a2i.net/spip/spip.article467
(sais toujours pas faire, désolée, il faudrait passer par le lien
sur le suivant)
en toute saveur, s'adresse
à «Arthur» et proteste :
un retour anticipé,
découverte plutôt désagréable,
Exactement au même
endroit qu’il y a 365 jours, quand tu as pris ton engagement…
Rien!!! tu n’as rien
fait!!!
Arthur!!! Qu’’as-tu
fait de ton temps!
et
un escalier – urgence de
le descendre, et ce qui a amené à cela – en bribes de phrases
entrecoupées, haletantes, avançant
ce vide sous le pied -
descendre l’escalier plutôt – lumière des lampadaires dans
l’entrée – froid de la vitre dépolie – un verre d’eau –
ne pas y retourner – pas tout de suite
voix
Boca negra (c'est par
la bouche que meurent les poissons)
beau
(mais j'ai, je le crains, plus cru sentir le texte que ne l'ai
compris – aveu)
face à
un écran – pas de voix ou des fantômes de voix – partir de là
bruit
devient voix, voix devient parole, mouvement... chemin et de ce
chemin naît le texte,
une
solitude, un homme qui marche
le monde commence
quelque part – le monde peut commencer là –
dans sa solitude son
souffle – c’est le soir
vous vous arrêtez –
vous levez la tête – la fenêtre a six sources de lumière – six
rectangles de vie intérieure – plus bas dans le sombre – la
terre ne cache pas le plus important – du plus loin au plus proche
– la baraque en U disparaît dans le ciel – le ciel déporte
image – toutes ces images....
et
continuez ce beau chemin
et
c'est la voix d'autre
chose
un
beau texte, comme une avancée lente, soigneuse : les deux voix de la
nuit – la voix du jour, forte
… à l'approche de la
nuit | la voix du jour | se fait plus lente | plus douce | la voix se
fait écoute | la peau frémit | les os sont un tambour aux sons
étouffés | la voix disparaît | non elle s'étiole | c'est le
silence qui vibre | le silence est plein de sons inaudibles | les
animaux les entendent | la chouette nous les traduit | la terre aussi
parfois gronde | le vent lui s'est tu | la pensée même s'éteint...
tableau noir
le
devoir d'être toujours joignable, le téléphone, le répondeur,
laisser sonner – et remâcher sa journée de travail, le patron..
une belle diatribe que vous laisse lire
Je me sentais
malheureux d'avoir ces pensées seulement parce que je veux pratiquer
ma profession avec compétence et en tout honnêteté. D'avoir en moi
cette gangrène de sentiments qui finirait par me détruire alors que
je n'oserais jamais toucher à un seul de ses cheveux... et
le téléphone sonne toujours, ce n'est peut-être pas lui etc.. et
une chute terrible
et
Elizabeth Legros-Chapuis
http://artobazz.eklablog.com/elizabeth-legros-chapuis-juste-une-image-a67662367
juste une image
«il» regarde une image,
tombée d'un album (et la description tente d'être assez précise
pour que l'imaginions, assez imprécise pour que y réussissions), il
essaie de se souvenir
Il se dit qu'il aurait
cru être ému, en revoyant si longtemps après une image d'elle,
sauvée du désastre, mais il ne ressent rien, tout juste un léger
agacement devant ce vide, une vague curiosité..
la
neige – beau et souriant
Christine Jeanney
http://doha75.wordpress.com/2013/02/01/ecoute/
écoute
une
photo d'une voiture sous la neige, et la fée s'ébranle, au plaisir
des mots et précipitez vous (et vous trouverez plus que du
chatoiement, mais lui aussi)
il a des lettres
phosphorescentes qui s’allument – et parfois les photos
clignotent – on cligne des yeux et ça s’anime – mais il faut
être concentré – ou au contraire décontracté – laisser-aller
et attentif – c’est compliqué
et
Dominique Hasselmann
http://christinejeanney.net/spip.php?article553
tableau d'outre neige
comme
des draps jetés partout, où on aimerait se coucher mais on manque
de bouillotte, où marcher à petits pas... j'arrête mes mots sont
une trahison – juste dire : c'est un souvenir d'avant les temps du
grand réchauffement
J’ai conservé une
photo de cette période : avec le réchauffement climatique, elle
n’existe plus du tout et je rends grâce à Niepce, Kodak, Yashica,
Minolta, Nikon, Canon… d’avoir permis à tant de spectateurs
impliqués voire indifférents de conserver tel ou tel souvenir de
ces jours drapés
et
cela continue, parce qu'en regardant bien la photo...
contraintes
acrostiche
météorologique
un
petit régal en vers justifiés, que vous laisse déguster, qui
commence par
sol
bêtes cachées sous le
tapis
fourmis abeilles de
rien
écrasées il se tisse...
et
Wana Toctouillou
http://fonsbandusiae.over-blog.com/article-vases-communicants-avec-wana-114919037.html
belle absence
un
texte dédiée à la maîtresse des lieux, en belle absente (nom
d'une contrainte que vous laisse le soin de découvrir, c'est trop
lon) – en hommage
Plaise à fonsbandusiae
que j’envoie cet hommage
Chambre qui se fait
jeu d’un Virgile en partage...
détroit de Messine –
(ne manquez pas cela)
sullo scill’e
cariddi.
Avec
ses remarquables captures sur google street, une très très belle
(mon opinion, que je pense partageable) belle évocation de la
mythologie, avec invocation à Circé et sa réponse, en traversant
le détroit de Messine
Malheureux, tu songes
donc encore aux fatigues et aux périls de la guerre ! Quoi ! tu
ne veux point le céder aux dieux mêmes ! Sache donc alors que
Scylla ne peut être privée de la vie : elle est immortelle. Scylla
est un monstre terrible, sauvage, cruel, qu’on ne peut combattre ;
il est impossible de se défendre contre elle, et le plus sûr est de
fuir.
d'après
le chant XII de l'Odyssée
et
Benoît Vincent
http://dreamlands-virtual-tour.blogspot.fr/2013/02/vases-communicants-benoit-vincent.html
Amb'i lat'
avec
cette note Ce texte est écrit en marge
de la première partie d’Horcynus Orca, l’incroyable roman de
Stefano d’Arrigo, dont la corrections des épreuves à pris quinze
années. C’est grâce au travail d’Olivier Hodasava qu’il fut
initié, mais aussi par l’entremise de Benoît Virot, qui
aiguillonne plus vite que son ombre.
J'aime
beaucoup – j'espère que vous aussi
en
blocs Charybde ou Scylla – un texte entre précision et rêve,
entre les société actuelles et les individus, avec l'antiquité qui
rode toujours - parce que c'est la mer, parce que ce sont les mêmes
gens, ou presque -, avec les duretés de notre Méditerranée vraie,
pas des plages de Cannes, avec ses parfums, sa beauté, avec pour
tenir tout ses femmes (ben oui), avec ses voyageurs vagabonds
Ses larges poches
portent tout ce qui traîne aussi, chiffes, bâtons, plastiques,
objets ou parts d'objets brisés rouillés fissurés cassés. Il
collecte la mémoire de ce qui n'a pas pris forme, ou a perdu vie. Il
a un petit oiseau, séché par le soleil. Il a un os de seiche. Il a
une boucle d'or. Il a un couteau dont la lame est émoussée. Il
archive à son tour, remédie à l'occupation mort-née, il classe
les papiers par taille et/ou par couleur - il en arrive tellement par
le vent.
L'échange
venu en fin de journée, et découvert en grand plaisir entre
Corine Le Lepvrier
http://friches-et-appentis.blogspot.fr/p/xxx.html
une belle découverte, un
poème
avancer, blessés, hors
raison, vivant, en poésie (très sommaire ça, et peut-être bien
faux, que soient pardonnés les manques de la petite vieille
émergeant de la contemplation du débat à l'assemblée – lisez
plutôt)
errant à notre suite
de quoi ;
nous confondions nos
allers et nos retours
déhanchés par les
ombres les empreintes et
les contresens
et
poème
adressé à une renarde à sa fenêtre, dans la nuit, un dimanche
soir (même réflexion que ci-dessus, sais seulement que je l'ai
goutté)
mais ta voix de plus en
plus faible
je ne t'entends pas, je
dis, je ne sais pas te mentir
un dimanche c'est le
soir
les quatre tours du
quartier sont tombées avec le tout
ça veut dire les deux
mortes et
(ce qui reste sans nom)
et le dernier, à propos
de l'écriture
avec le beau poème d'Éric
Dubois, simple, dense, ci-dessous
On a tous un masque insaisissableque l'écriture tente de cicatriser
Tous ces mots enfermés que la langue libère
oeil mobile rai de lumière oblique
et
avec Brigetoun qui, chez lui,
http://www.ericdubois.net/article-texte-de-brigitte-celerier-les-vases-communicants-de-fevrier-2013-114564455.html
vacante, laisse les mots venir
éveillée
dans la nuit
mots qui caressent
les pensées
les rêves
phrases
en rubans.
10 commentaires:
tu m'é-p-o-u-s-t-o-u-f-l-e-s
Une fois de plus l'artiste reporter s'est remise à la tâche pour rendre compte, inlassablement, patiemment, avec intelligence et raffinement. Merci. Et si tous les artistes cités venaient laisser un mot, un simple mot.
Merci infiniment pour cette lecture attentive, curieuse, passionnée, pour ce partage, généreuse Brigitte que j'embrasse.
Sabine
@ brigetoun : travail de Romaine, une fois encore, pour rassembler tous ces échanges, leur donner figures et inciter à lire =>>>>>>>> bravo et merci renouvelés !
merci pour ce beau travail, "éditorialiser" c'est bien cela, n'est-ce-pas ?
Beau travail , à lire en plusieurs fois et grappiller par ci par là de superbes idées et phrases exprimées
Merci Brigitte
Ce doit être le gros tuyau jaune télescopique qui fait communiquer les vases. Vases dont l'opulence inépuisable m'est un tantinet décourageante... (un gros tantinet.)
:D
secrétaire perpétuelle de l'académie des remue-méninges
et le nombre augmentait à toute heure...
il va falloir embaucher, ma chère.
E.X.T.R.A.O.R.D.I.N.A.I.R.E. !
Suis impressionné par le contenu des vases
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