Premier éveil dans le
jour déjà presque installé – ouvrir les volets bleus, percevoir
l'humidité sur les épaules, voir le rose sale des carreaux avivé
par la pluie,revenir vers le lit, après
un petit tour sur internet, et involontairement, délicieusement,
retrouver, vivre ces phrases tant aimées dans l'origine de la
danse de Pascal Quignard
...trouver
ce «coin», ce petit vide entre les mains, le nez, la bouche, le
drap, où celui qui veut s'endormir doit d'abord se «rencoigner»
(plaisir de retrouver ce mot
chez lui), s'enfoncer pour s'accrocher, pour se confier,
pour se détendre, pour «expirer» son âme.
Chercher à dormir est
une lente danse étrange.
Le reste du corps, les
jambes immenses (euh), les
fesses, le sexe, le torse, suivent ce coin où l'âme s'endort dans
le léger retour du gaz carbonique expiré, qui est précisément
répercuté dans l'angle que fait le drap tout près des narines,
mais point trop près d'elles pour que le visage n'en ressente pas le
reflux, qui assoupit le cerveau en le désoxygénant, le droguant
d'un peu trop de carbone, d'un peu plus de silence.
Comme,
dit-il, le font les chats qui tournent sur eux-mêmes dans leur
fauteuil préféré.
Second
réveil, trop tardif - tomber dans le jour, carcasse en grande colère
(des années que je n'avais pesé aussi lourd mais ça ne se fait pas
sans mal), mais une lumière qui pénètre dans la cuisine, un navet
solitaire dans le bac à légumes, manque d'un médicament, souvenir
que, place Pie, il doit y avoir «des jardins dans la ville» selon
le blog de Michel Benoit
http://avignon.midiblogs.com/archive/2013/03/29/deman-de-matin.html
– coup de pied mental dans les fesses, torrents d'eau chaude,
carcasse cajolée, vêtue et sortie, avec un coup de coeur pour le
ciel, extrêmement beau, plein de lumière, parcouru d'un vent léger.
J'ai
trouvé sur la place, devant le mur planté des halles, un embryon de
jardin, souri mécaniquement aux fleurs...
trouvé
tout de même que ce décor (navrée pour sa créatrice) faisait
assez irrésistiblement penser à un rond point d'entrée de bourg
Ai
décidé, résolument, que cette artificialité affichée n'était pas sans charme,
suis entrée dans les halles
et
fait provision de beaux légumes
et de
poissons... dans une presque cohue, une affluence inhabituelle, mais
sans trop attendre, grâce en soit rendue à mes vendeurs préférés...
et puis pour patienter il y avait les sourires des jeunes marchandes
de légumes, l'amabilité des gens détendus et le regard
des poissons...
me
suis un peu arrêtée un moment dans l'autre partie du jardin provisoire,
devant la tour de Saint-Jean-le-vieux..
n'avais
pas de salade à montrer, n'ai plus droit aux salades, ai écouté un
peu des échanges incompris et salué une très improbable
coccinelle,
et les
enfants qui peignaient leurs oeufs (sont derrière les adultes, un peu plus nombreux qu'eux tout de même, mais concentrés et menus)
et
puis m'en suis revenue vers l'antre, jouissant du bleu dru (avec
raison parce que la pluie a fait des allers et retours dans l'après
midi),
du
gentil petit vent qui caressait la Provence, et bousculait légèrement
son drapeau.
Négocié
le reste du jour avec carcasse et paresse.
9 commentaires:
"Pâques carillonné" disait -on
Ton billet est frais comme un matin de Pâques
vent dans les drapeaux... cloches en suspension...
Ah, on s'est ratés...
Belles photos des compositions florales.
Étonnant : le soleil s'est montré (généreux) juste pour cette matinée !
Michel, chez Framboise aussi
Plus intéressants les plans rapprochés. J'étais sans doute dans le tas au fond, derrière la banderole, avec les enfants qui ont collé, peint, et surtout se sont bien éclatés.
Pardon, je suis devant, de dos, bien, je ne me reconnais plus à présent !
et honte je ne t'ai pas reconnue, on mettra ça sur le dos de carcasse
Un bien beau parcours. Et par dessus tout, nous découvrons cette ville fascinante. Il me semble que l'animation se fait plus présente dans les rues de la ville. Et la ville ne résiste pas trop à cet assaut touristique?
Les cloches ont amené non seulement les Pâques mais aussi couleurs, fleurs et soleil, enfin par chez toi seulement.
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