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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, avril 13, 2013

Amitié de la musique


Je me suis promenée, vendredi aux petites heures d'après minuit, en dînant, tatant une idée abandonnée pour vase à venir (nous faudra trouver, j'aime trop l'idée de cet échange - PS nous avons trouvé je crois) dans les lettres de Pline le Jeune, vieux bouquin (ça se voit, tant pis) que j'aime spécialement, pour une raison inexplicable, et suis tombée sur une lettre à un lecteur «raffiné»- titre de l'éditeur -, Minucius :
Voici, comme vous me l'aviez demandé, le petit ouvrage que j'ai composé, pour que votre ami, ou plutôt le nôtre – car y a-t-il quelque chose qui ne nous soit commun ? - pût s'en servir ; mais le voici le plus tard possible, pour que vous n'ayez pas le temps de le corriger, c'est-à-dire de le gâter. D'ailleurs, vous en aurez toujours assez, pour le corriger ? je ne sais, mais pour le gâter certainement. Vous autres, raffinés, vous retranchez tous les bons endroits. …..
pour ce que vous trouverez en marge ou d'une autre écriture. Comme je vous soupçonnais en effet d'être tout disposé à me juger pompeux puisque je suis assez sublime et harmonieux, j'ai cru bien faire, pour épargner votre torture, de rédiger sans plus attendre de manière plus condensée et plus simple, en fait plus pauvre et plus terne, mais plus conforme à votre goût. Pourquoi donc en effet ne pas poursuivre en toutes circonstances votre goût attique et ne pas lui faire la guerre ?
Tout ce qui précède n'était que pour vous distraire un peu au milieu de toutes vos occupations (ah ! main tendue ? plaisanterie se dit Brigetoun) ; mais soyons sérieux : songez à me rembourser le prix du voyage que j'ai déboursé en vous dépêchant un courrier. Alors je ne doute pas qu'ayant lu cela, vous ne vous contentiez plus de critiquer quelque partie de mon ouvrage mais bien le tout, et que vous affirmiez n'être d'aucune valeur ce dont on vous demande le prix ! Adieu.
Et j'ai tenté d'imaginer la tête de Minucius en lisant, ou en écoutant la lecture par son secrétaire de cette lettre... je doute qu'une amitié ait existé entre eux, qu'est-il resté de l'estime ?

Jour à oublier, vrille dans ventre et crâne, enterrement des miraculeuses fleurs du rhododendron, s'ébahir de ma re-découverte, comme chaque fois, obstinément et contre toute raison, de ce que je sais de la fragilité des déclarations trop démonstratives…. mais je m'émerveille de la constance et l'indulgence de ceux que remercie de tout coeur, 

et pour donner petite touche claire dans la lumière qui descend vers moi, il y a les rares et petits mais d'autant plus miraculeux bouquets blancs...
Ai soigné mon état alternativement tendu et comateux, profité des mieux pour cette tâche qui m'est incapacité : vitres, glaces... avec au moins le résultat d'être presque contente de moi, me suis passionnée pour des riens, ai cherché, avec un succès presque total, à me rendre vaillante et l'esprit clair,

l'âme en attente pour m'en aller à l'opéra, sous un ciel qui avait perdu de sa pureté, écouter un concert, dirigé par Friedemann Layer, et avec en soliste David Grimal, dans un programme qui me semblait tentant, qui fut un réel moment de bonheur. 

Cela débutait avec le plaisir de la sinfonietta de Britten, en petite formation – syncopes bois chaud et trilles – deux violons acides recouverts de caramel, et la longue phrase de l'orchestre – éloquence et rapidité des vents – diversité mais constance de l'avancée
Et puis, avec David Grimal la havanaise pour violon et orchestre en mi majeur de Saint-Saens, merveilleuse fausse musique populaire, la bonhomie entraînante, le raffinement, le son du violon de Grimal et son jeu, mon sourire m'envahissait
avant de s'effacer presque dans l'enthousiasme avec la tzigane pour violon et orchestre de Ravel – le long solo chantant du violon, la reprise par la harpe, le jeu de l'orchestre et du soliste, la science de Ravel et la gouaille raffinée. J'étais heureuse
Deux bis de Bach pour rester dans cette bulle, un serpentin soyeux et dynamique, et une élégie mordorée....

sas pour, après l'entracte, la beauté classique de la symphonie dite Militaire de Haydn – le premier mouvement et son accélération – la petite chanson du deuxième jusqu'au tonnerre de la grosse caisse, la violence – le menuet vigoureux, comme une danse en arme – et le joli presto final.
Somme toute, une bonne soirée.

Pour changer, les billets cités seront ceux lus un peu après minuit et la publication de Paumée, en ouverture de ce vendredi, parce que j'en avais envie (et tant pis pour le reste du jour, j'ai lu, aimé, beaucoup, un peu, et je le garde pour moi, internet est trop riche)
http://lesbeautesdemontreal.com/2013/04/12/romantisme-printanier/ le romantisme printanier de Pierre Chantelois qui importune un couple ailé (régalez-vous)
http://leportraitinconscient.com/2013/04/12/075_ma-semaine-a-moi-vendredi-1975/ le vendredi de Giovanni Merloni qui décline en poèmes les jours d'une semaine
http://christinejeanney.net/spip.php?article636 la saugrenette de Christine Jeanney qui, ce jour, était saugrenette du troisième type... et que je me refuse à croire la dernière (mais remontez le temps, il y a du tout doux)

9 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Merci Brigitte pour cette mention. Et ce dernier billet des saugrenettes m'attristent aussi. Nous y prenions un plaisir renouvelé à les lire. Cette photo au balcon de minuit (était-ce bien l'heure de la prise?) est impressionnante. Une journée encore une fois bien remplie.

cjeanney a dit…

Merci beaucoup, à tous les deux puisque je vois le commentaire de Pierre :-) (pour la disparition des saugrenettes, je me connais, dans dix jours je me triturerai la tête pour trouver une autre contrainte quotidienne)
Ah et Brigitte, dire aussi que c'est épatant d'avoir trouvé cette formulation "merveilleuse fausse musique populaire" ! J'adhère a deux milliards de % ( à ça comme à tout se qui se pose sur Paumée au fait).

jeandler a dit…

Belle affiche et modeste pour un beau programme qui enchanta Paumée.

Brigetoun a dit…

Pierre (Chantelois, pas celui des bords de Loire que je remercie de son passage et de sa photo du printemps) non l'entracte au balcon ou en bas pour cause de fumage (?) c'était vers 10 heures, minuit c'était l"heure de mise en ligne... et suis désolée de ne citer qu'un de vos billets chacun et du peu d'effet que ça aura vu l'étiolement accéléré de Paumée, depuis que déserte twitter, un peu frustrée de ne plus citer tout ce que j'aime, contente d'échapper à ce qui ressemblait du courtisianisme
Infiniment reconnaissante de la fidélité du noyau que n'ai pas encore lassé, qui m'aide à poursuivre Paumée puisque constate que (vexant mais je dois de constater) je n'ai plus la force du farouche isolement et du travail sue moi qu'il me faudrait, que je voudrai faire, sincèrement avec le petit bien que je le reconnais, tous les manques de profondeur, de générosité, de qualité que 'arrive toujours pas, ou plus, à surmonter - lâcheté devant le risque de lâcher la rampe, ce qu'il me faudra faire mais ce pour quoi le temps n'est pas encore arrivé.
Vais me laver les cheveux et tenter de franchir mon barrage pour nourrir Babellio.
Soyez bénis, mais surtout restez libres.

Brigetoun a dit…

une symphonie de fautes de frappe !

Dominique Hasselmann a dit…

Merci pour ce billet musical.

Je crois n'avoir jamais vu ce "10 x 18" de Pline et serais curieux de connaître son numéro, sans doute dans les tout premiers !

Tweetez quand vous voulez, n'en faites pas une astreinte, ni du reste et faites toujours ce que plaisant vous semble !

Brigetoun a dit…

n°298 de la collection Bibliothèques
mon tweet =
et puis zut, juste pour Agnès V et @dhasselmann http://doha75.wordpress.com/2013/04/13/de-nouveau-vers-chez-agnes-v/ … il y a deux heures dit twitter (juste parce que le silence me pesait)

Gérard Méry a dit…

quelle belle musique...cette symphonie des fautes de frappe

Brigetoun a dit…

merci, en ai corrigé et certainement laissé d'autres