C'était un jour de
douceur légère, familière, évidente, comme installée depuis
longs jours. C'étaient les dalles de la place étincelantes, l'ombre née de la lumière brillante.
C'était mes pas encore un
peu trébuchants (suis tombée du lit, pour la troisième fois, à
une heure insensée, après m'être endormie dans le confort du
café.. et la petite côte de la rue Saint Etienne avait surpris mes jambes) jouant avec les ombres.
C'était jouer à
deviner la nationalité des groupes cornaqués (et là l'anglais –
relativement rare - était nasillard)
C'était me repasser comme
une litanie les courses indispensables (et n'oublie pas la
banque...), sans trop me laisser distraire par les boutiques de la
rue des Marchands – une tentation de penser chapeau, mariage, tout
de même, par amusement, refroidie par l'offre
C'était constater que la
boutique aux trésors de bouche avait changé de direction, que les
boites à garnir de sablés, navettes etc.. avaient un charme plus
austère, mais que le choix de bonbons pour le chauffeur et ses
passagers était plus varié.
C'était repartir avec
provisions vers banque, cigares, canard enchaîné, un chandail de
coton neuf pour le plaisir... C'était rester plantée un moment
devant le distributeur parce que la caresse du soleil sur le dos
était merveilleuse, se retourner, regarder le vert sur le bleu.
c'était penser aux noms de
coiffeurs collectionnés par le notulographe, c'étaient la floraison
des glaciers se mettant en place
C'était la lumière
glissant sur les pierres, caressant le bois des portes et leurs
ornements..
C'était hésiter un
instant à quitter le toucher du soleil sur ma face levée vers lui, la place, à tourner dans
l'ombre de ma rue, à regagner l'antre, le déjeuner, le repassage,
de menues occupations.
C'était se pencher sur
les feuilles nouvelles nées, des boutons d'agrumes... c'était lire,
un peu, de belles choses sur internet, comme les notes sur la
création de Jean-Paul Michel, sur Poezibao
http://poezibao.typepad.com/poezibao/2013/04/notes-sur-la-cr%C3%A9ation-jean-paul-michel.html
…. Un poète, c'est
une oreille, des poumons, un pas....
La régularité d'un
pas, d'une respiration plus ou moins profonde, comme d'un cœur (je
parle de l'organe thoracique concret) qui bat plus ou moins vite sous
l'effet d'une émotion plus forte, d'une surprise, d'une
précipitation de la course – jusqu'à ce que la respiration
puisse, parfois, sembler venir comme à manquer – ou, au contraire,
les inspirations profondes (je parle de l'acte physique de l'animal
terrestre muni de poumons), ces longues goulées désirables de l'air
frais des premières heures du jour, qui pourront nourrir des
proférations soutenues, des vers de dix-huit, vingt, vingt-et-un
pieds.
et la même idée,
presque, en ouverture des belles notes d'écriture borderlines de
Claude Favre sur Oeuvres ouvertes
http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article1975
. notes après avoir lu
Bossuet
. un poème c’est un corps qui bouge
. action temps lieu mais pas d’unité
. disjonction entre la petite langue le monde le viandier....
. un poème c’est un corps qui bouge
. action temps lieu mais pas d’unité
. disjonction entre la petite langue le monde le viandier....
mais
il faut les lire toutes, ces notations.
10 commentaires:
Merci de m'avoir emmenée avec toi, brige.
Mêlées à ces boutique aux trésors de bouche les couleurs pastelles du jour, diffusées par l'objectif de l'auteure. Et le poète si présent à travers cette chronique : Un poète, c'est une oreille, des poumons, un pas..... Les petites chutes dans la rue brouillent cette belle lumière irisée.
C'était un mercredi plaisant. De beaux chapeaux, lequel choisirais-tu ? Le rouge me plaît beaucoup.
Merci de me faire vivre chaque matin quelque précieuses et intelligentes minutes dans cette ville d'Avignon où j'aimerais tant vivre...
Un petit tour et puis revient...
Là, le ciel bleu semble bien installé, enfin.
Le notulographe collectionne les noms de coiffeurs !
Réservé aux initiés, ça !
C'était, à n'en pas douter, une belle journée, enfin printanière, où l'on muse, où l'on rêve, où l'on fait des projets, quelques uns, modestes, presque sûrs de les réaliser, pas trop de crainte de chagriner le ciel...
Tout ça en douce à petits pas comme une promesse d'indécision entre chapeau à choisir et "notulographe" ??
les notules dominicales de Philippe Didion petit régal varié qui arrive dans boites des abonnés le dimanche vers midi - voir http://pdidion.free.fr/
AXO ERA Y NON ERA
"Tout ça existait et n'existait pas" : formule amorçant les contes majorquins
C'était Brigetoun et ce n'était pas Brigitte Célérier
C'était la place de l'Horloge et le cheval de Troie
C'était le chapeau des Beaux Jours et l'ombre de Godot dans les carrières d'ocre de Roussillon
C'était les portes du temps perdu et l'amour des citations :
" l'emploi du mot, non pas comme un miroir, mais comme une fenêtre, non pas comme le reflet en surface de ce qu'on y projette arbitrairement, mais comme une ouverture sur autre chose"
C'était Réelles Présences de George Steiner et c'était le papillon rêvant de Tchouang Tseu
C'était 3h50 de la nuit dans la clairière des ombres de la poésie
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