et pour, par la même
occasion, avoir le plaisir de laisser intact, comme un hommage à ma
paresse, le tas de repassage (prévu pour jeudi, mais le petit toubib
m'avait trop parlé de ses clients grippés, et donc ma carcasse
prétendait l'être), me suis installée, avec cigares et
anti-cigares sous forme de pastilles Vichy, et j'ai lu la moisson
d'avril des vases communicants. (à vrai dire l'aurais fait en grand
plaisir sans autre motivation que ce plaisir).
Me frappe toujours le
constat de l'influence, implacable, déterminante, de la vision qu'on
a de l'autre, plus ou moins connu, admiré, ami, de la perplexité
vaincue par l'effort salutaire, de l'admiration paralysante qui peut
être transformée en aiguillon, de l'indifférence à tenter avec plus ou moins de réussite de sublimer, du confort un peu
inquiet d'une parenté, du trop grand désir de s'assimiler qui se
mue en échec plein de bonnes intentions, d'une amitié devinée, sur
la qualité de ce que nous nous risquons à poser chez lui, même si
rien ne l'évoque à priori sauf le thème commun quand on en a
décidé ainsi.
Ai donc découvert, ai
apprécié, ai, je l'espère, à peu près compris, les échanges
entre
premières lectures
tout ce dont on manque
à
partir d'une photo de la première bibliothèque de Franck Queyraud :
la regarder, l'aimer pour le monde extérieur qui se reflète dans
les livres, penser à l'autobiographie des objets de François
Bon, se souvenir des livres, se souvenir de son premier livre, le
premier qui surnage dans la mémoire, et on le voit ce nounours
dessiné
Un autre dessin montre
Nounours en train de respirer une fleur. Je me trouve en terrain
connu : j’aime aussi m’adonner à cette occupation, que
j’essaye d’apprendre à mon chien en lui pressant des fleurs sur
la truffe, ce qui le fait éternuer. Les manger fait également
partie de nos jeux. Celles des trèfles, si sucrées, sont nos
préférées.
Le
charme fort de ce billet, les souvenirs des petits bonheurs de la vie
de ce temps là, le souvenir d'autres livres ensuite, etc... ne vous
en privez pas, et comme avec le texte de François Bon, en lisant
Sabine, en jouissant de ses mots, vous entendrez remuer vos propres
souvenirs.
et
Franck Queyraud
http://www.sabinehuynh.com/id53.html
à cause de Javert
regret
de n'avoir eu accès aux livres, au début, qu'un peu grâce à son
grand-père, et puis un peu plus tard avoir enfin pu fréquenter une
bibliothèque, mais avoir toujours ressenti le besoin de lecture
Ce qui est constant
depuis le début, c’est ce besoin, cette envie, cet attrait d’être
et de vivre entouré de livres, qu’ils soient imprimés ou
maintenant, numériques, puisque tout change en permanence. J’ai
une dette de reconnaissance envers ces premières bibliothécaires
qui m’ont accueilli, ces dames qui étaient bénévoles, puisque le
réseau Bibliothèques pour
tous, est un réseau associatif privé.
(merci au nom d'une de mes soeurs qui en est de ces dames)
et le
souvenirs des lectures à savourer tranquillement...
Camille
Philibert-Rossignol
http://www.ebookbychrisimon.com/apps/blog/show/25380549-roman-esoterique-festif-et-prosaique-avec-camille-philibert-rossignol-
roman ésotérique,
festif et prosaïque
un
bijou baroque, ésotérique, festif et prosaïque, oui – tient
promesse du titre
Mais que ces
gribouillis de souffrances sont forts ! Quel violeur a jamais été
détruit par les chapeaux de sa violentée ? Riez a pleine gorge,
expulsés de Lima: riez ! Ils recevront toujours si peu de rires que
le monstrueux vieillard de coton qui leurs est offert n'ayant, contre
eux, fait barrage que de brasiers obscurs.
et
aller au ciel
dehors
la neige, les bruits de la ville, on est bien dedans, au lit, et on
se demande : comment y va-ton, au ciel ?
Debout est mon
immeuble. Debout se tiennent déjà le Boulanger et les bouchers de
la rue Richer, la tour Eiffel et le sacré Coeur, le président et la
garde nationale devant le palais de l'Élysée. Allez debout !
Bois un thé et écris.
Puis va regarder passer le monde d'une terrasse de café et ensuite
vends tes services pour manger à ta faim et dormir toujours plus au
chaud lors de ces hivers de plus en plus longs.
Mais
toujours écrire, écrire dans la nuit et s'arrêter parfois, croire
qu'on sait pourquoi
à partir d'une même
image, deux approches, l'éphémère
Isabelle
Pariente-Butterlin
http://jeanyvesfick.wordpress.com/2013/04/04/vase-communicant-aux-bords-des-mondes/
au bord des mondes
là où
le paysage s'efface, quand la réflexion, la philosophie se fait
poésie
se
perdre, ne pas savoir si cela vient de la neige, ou du, des regards,
des pas... traverser le paysage dans l'indécis
Je n’ai pas envie de
finir d’écrire ces lignes : le geste me tient dans un présent que
rien ne vient attaquer ni corrompre. Le geste d’écrire tient dans
le présent et le protège de tous les autres temps de l’indicatif.
Je n’ai pas envie non plus, du moins je ne voudrais pas, pas plus
que je n’ai envie de terminer ces possibles et de les clore d’une
contradiction qui terminerait l’arborescence.
….
et
Jean-Yves Fick
http://www.auxbordsdesmondes.fr/spip.php?article1366
beau comme toujours, aussi
belle et poétique prose que le sont ses poèmes.
La photographie ne sait
rien de ce qu'elle enregistre
mais c'est, là, ce
qu'entend la neige, une friche de neige et de vent, et Brigetoun
constatant qu'elle n'est capable que de voler les mots de Jean-Yves
Fick en les triturant, les maltraitant, vous renvoie au billet qui
est description, délicate, de ce paysage, qui ne semble rien, qui
est foule de choses, de silence, de vertige
Une trace éphémère
sur la nuit. Était-ce le dernier oiseau d’avant le jour ? Un
chant pauvre parmi l’absence se perpétue. Cela sous les yeux comme
neige le silence. Et cela du silence retourne au silence. D’un seul
souffle coupé. La lumière tombe en ellipses blanches.
écrire à l'autre, à
partir de quatre de ses images – et écrire la rupture
contributions
épistolaires à quelques brisures
écrit
à Giovanni ce qu'elle croit avoir deviné de lui, et qui se
retrouve, brisures de la vie, exprimé dans les quatre belles lettres
inspirées par les dessins comme si provenaient de chacun
Ta voix…Je ne l’ai
sans doute jamais entendue. Tu aimes trop te taire, cultiver des
verbes bonzaï dans des jardins intérieurs. Pourtant c’est elle,
tout ce qu’il y a de si insaisissable dans le souffle humain qui me
fourgue l’effroyable chagrin de t’avoir perdu .
et
de la rupture à la
cicatrisation
une belle et longue
méditation sur les cycles d'une vie
Transgression de
l’auteur ou transgression de son personnage ? Qui, entre les deux,
se prépare, à travers la transgression, à son inévitable
disparition ?
Pour mon personnage, il
s’agit toujours d’une transgression amoureuse. D’ailleurs, il
considère cette forme de transgression, objectivement redoutable et
même violente, comme la moins blâmable parmi les autres
transgressions du point de vue moral.
Donc, à chaque fois
que cela lui arrive, mon Libero Alessandri (ou Baptiste
Ozenfant/Gérard Antonelli/Alfredo Bonadies) se sent tout à fait
autorisé à entamer sa énième course vers ELLE.
et la
fin inéluctable, chaque fois, de cet amour...
qui
introduit à trois longues lettres sensibles adressées à des
déclinaisons du prénom d'Anna.
retournement
retournement
très
jolie fantaisie à partir de ce mot, de ces deux retournements sans
autre précision, des risques de collision, et les mots jouent, les
idées s'amusent
Humblement je tente le
retroussement des chaussettes syllabiques, pour en dégager l’effluve
du boustrophédon.
Opiluo uaep ne xuod top ne xuoh uaeppa uof ne
ennollis tom ec
ce mot sillonne en fou appeau houx en pot doux en
peau oulipO.
tourbillon
spirituel, jusqu'à la chute.
et
Wana Toctoumi
http://evedelaudec.fr/cooperations/avril-2013/index.php
un texte à lire la tête
en bas, jolie idée.... ne me facilitez pas la tâche (m'interdit le
copier/coller comme chaque fois.... sourire)... et suis désolée,
vous me direz, suis trop sotte pour déchiffrer suis une mémé un
peu zonzon (me sens coupable
là, mais tâcherai de lire, promis)
échange de photos
un très joli poème (un
vélo appuyé à des livres, et toi qui le laissais là pour lire)
qui fait place à la prose, plus directe, pour lui parler à lui, le
petit disparu
Les tendres souvenirs,
comme ton vélo contre les rayonnages de vieux livres dans l’atelier
au fond du jardin, et les durs, comme ce jour ou tu n’es pas
rentré. Je t’ai attendu mon petit, longtemps. Des jours et des
jours, rôdant devant ta porte. Puis je suis enfin entrée dans ta
chambre et j’ai découvert la photo, sur ton bureau.
et la
photo ravive le souvenir, et le souvenir de ce manque d'amour du
père, du grand-père...
et
Jean-Paul Duponq
http://encrebleunuit.blogspot.fr/2013/04/le-philtre.html
le filtre
une
courte nouvelle, une tranche de vie au temps de la 4ème république,
avec la radio qui parle de Coty et de Krouchtchev et puis passe une
chanson d'Eddy Constantine (mes jeunes ans), Albert, sa mère, et
Germaine, la veuve, plus loin dans le village – passer voir si elle
a besoin d'aide, lire l'écriteau
Sur un banc, à
l’extérieur, une grande ardoise était posée et on pouvait y lire
dans plusieurs langues un texte trop explicite : «aimez-vous l'un
l'autre et vous serez heureux. C'est aussi simple et aussi difficile
que ça».
Le dialogue, les phrases
simples, le café réchauffé, les souvenirs de Jules, de sa
résistance, les «maudits livres» dans le cagibi, avec le vélo,
les livres où il prenait ces récits d'héroïsme qu'il
s'attribuait... bon j'en dis trop, allez à ces phrases claires,
efficaces...
souvenir d'enfance,
enfance d'un souvenir, conjugués deux fois
Dominique Hasselmann
http://julienboutonnier-peut-etre.blogspot.fr/2013/04/332-souvenir-denfance-enfance-dun.html
il
regarde une maison, avec la montagne pour horizon, et il se souvient
de la maison où la famille a vécu après la mort du père, qui y
ressemblait, mais dans un autre cadre, un lotissement... bon vous
laisse au texte, savourez..
et
puis autre image, autre souvenir, un ciel rouge
Ce souvenir d’un
matin de rosée, d’une tente ouverte, de la verdure alentour et de
la journée ouverte : éclosion de la sensation, réminiscence d’un
début, comme l’introduction à un chapitre de vingt-quatre heures
qui serait clos ensuite par un tableau formidable (visite gratuite,
pas de file d’attente), au cadre sans bords, à l’horizon
illimité sauf peut-être par un bosquet d’arbres, un poteau
électrique à forme humaine avec sa tête, ses bras, ses jambes, ou
le tracé blanc, qui se dissoudrait peu à peu, d’un avion à
réaction.
… et
l'unicité de l'art
et
beau texte grave, en deux
parties, pour deux images
l'enfance «remisée dans
le rêve» un rêve vivant, violent, poétique
et puis,
Au soir sur le canal je
promène ma vie qui passe. Il est loin le temps de l’enfance du
souvenir, ce mensonge grisant aux ailes de grises volutes. Je me
souviens la lourdeur des silences quand avec mon père nous marchions
sur le chemin de halage. Quelque chose avait emporté les mots que
parfois nous aurions pu échanger. Nos bouches closes, lui dans les
murs hommes, moi en enfance devenue viande, laissaient nos souffles
s’évaser sans que jamais aucune parole ne se love dans leurs
flots.
et
cette découverte, un jour, d'une charogne de rapace dans la
bambouseraie, pendant que le père méditait en fumant..
deux poètes dans la ville
– une belle parenté (je trouve)
sous la lumière brûlée
une
marche dans la nuit, une voix, une voix qui demande de l'attendre, un
corps qui se penche... je laisse à Ana sa place (et c'est beau)
elle se précipite
elle se jette dans la première rue vide elle entaille le silence -
attends moi attends je marche dans tes pas - je - j'ai oui je viens
je - attends moi attends moi - je marche dans tes pas - je marche sur
cette ville comme on marche sur l'eau
et les
zones successives d'obscurité, de déception, de perte,
d'incertitude, du temps infini, de rêve, de lumière brûlée enfin.
et
la renverse
un
texte poème, en trois strophes
rêve
d'une ville, où s'entremêlent rues de pierre et rue d'eau, d'une
ville faite d'étages où l'on ne reconnaît rien à travers les
superpositions, et à la fin
flou d'herbes vague
terrain quand on descend tout au bout du trajet c'est le vent qu'on
entend un ressac et la mer (la mer nous dit-on)
la ville maintenant est
lointaine
elle est hors
d'atteinte
elle est évanouie
un mirage un parc
d'attraction une fête foraine un reflet dans une flaque un canal
l'événement d'une marée montante
chaque lumière est
chaque silence
un
poème déclinaison
Chaque lumière est
chaque silence
Chaque silence chaque
souvenir
Chaque souvenir chaque
jour...
jusqu'à
ce beau vers final quand le regard s'incline
et
Christopher Sélac
http://www.ericdubois.net/article-texte-de-christopher-selac-les-vase-communicants-d-avril-2013-116684249.html
la déliaison
un
beau texte sans faiblesse sur des camps, sur ceux qui y vécurent réduits à rien,
rien que leurs corps
Ils ne vivent plus. Ils
se contentent d'exister, coeurs battant mécaniquement en un triste
silence, ce qu'il reste d'âme figé de nostalgie. Aux portes d'une
nature devenue à jamais vénéneuse, parce que leurs semblables y
ont un jour engendré la pire des colères.
entre deux qui "se
connaissent un peu"
reprend les quatre ou cinq
trucs par jour d'Hervé, à sa sauce personnelle, et en profite pour
les noter d'avance ces trucs qui sont son vase, parce que, et c'est
le deux
c’est un peu mon
utopie de vie, de préparer tout à l’avance pour être bien
tranquille (par exemple, avant de se coucher le soir, se doucher
s’habiller déjeuner pour ne plus avoir à le faire le lendemain
matin, le genre d’idées qui me traversent l’esprit) (mais je
m’empêche) zut, je croyais que c'était
une manie familiale...
et vous laisse découvrir
la suite, dommage de chercher d'autres mots
et
Hervé Jeanney
http://christinejeanney.net/spip.php?article628
saugrhervénette du
vendredi vase communicatif
admirable
retenue, ne fait pas une saugrenette, c'est inimitable, même pour
lui... quoique... partant du verbe saugrenetter qui est refusé par
le correcteur automatique on avance en souriant (et là comme pour
Christine vous laisse découvrir, ma brièveté n'ayant d'autre
raison que la totale futilité qu'il y aurait à vouloir
m'interposer)
rien ne passe et c’est
pas grave, parce que toi tu passes, tout lisse on dit ici, il est
passé tout lisse l’Hervé, on insiste sur le l’, et ça veut
dire soit que tu passes en superbe indifférence
Christophe Grossi
http://www.atelierdebricolage.net/?p=3254
l'élégance des
désespérances
tu
vois jouer un accordéoniste et ne l'entends pas – parce qu'en ce
pays où tu es arrivé il est permis de jouer mais en silence – et
le texte détaille avec un soin admirable le mutisme de ces musiciens
– on regarde, on entend les gestes
Dans ce pays, tu
n’avais pas connaissance des dernières règles : on conseillait de
fixer dorénavant son attention sur les lèvres, les joues, les
gorges, de se griser du mouvement des bras, des mains, des doigts
plutôt que de jouir des sons. On devenait ainsi encore plus
fétichiste et le gouvernement était fier de cet attachement aux
gestes – l’élégance des désespérances. Une vie non pas
débranchée, unplugged, acoustique ou insonorisée mais sourde et
muette.
et ce
n'est pas valable que pour les musiciens... dans ce pays aussi, on ne
descend plus des trains ou métros où on écoute, et on ne voit plus
l'extérieur (lisez donc cette utopie d'un bonheur calme)
et
Philippe Aigrain
http://deboitements.net/spip.php?article361
de côté
des
passages d'un ensemble intitulé vision périphérique
intelligence
en mouvement, en mots – la vision,
avec
la macula, le détour introduit par un petit récit
Un matin d’avril. Le
froid fait soudain place à un mirage de printemps. Trajet
buissonnier pour rejoindre un rendez-vous. Les filles ont ressorti
des tenues estivales dans lesquelles elles frissonnent un peu.
Passage sous un pont, long tunnel, brève immersion dans le froid de
la nuit. Le soleil découpe un projecteur ovale devant moi. Je crains
ces éblouissements et la cécité temporaire qui les accompagne.
Sans y penser, je relâche les muscles qui contrôlent
l’accommodation, laisse mon regard flotter. Au moment où je vais
rejoindre la lumière, marchant lentement contrairement à mon
habitude, un passant arrive à ma hauteur. Je ne tourne pas la tête
pour ne pas gâcher le doux flottement qui me porte. C’est alors
que cela se produit. Dans le flou du coin de mon œil, j’enregistre
un visage, l’air un peu ahuri, le menton large, une pommette
rougissante et la décision de
changer de regard (avec le mode de vision adopté dans son travail)
il
y a aussi mouvement, entraînement, saccades et
chaque fois une réflexion sans pesanteur et attentive.
échange entre, chaque
fois, «deux passages textes»
Corine Le Lepvrier
http://friches-et-appentis.blogspot.fr/p/xxx.html
le premier poème, daté
de février,
lune et couverture très
hautes ;
on faisait semblant de
s'endormir
hésitation mais avancer
et si l'on se trompait de mots, c'est
peut-être qu'on se trompait de morts
et le second, d'avril,
liste provisoire de mes dernières découvertes
sur ma vie
un
beau poème non sans malice introduit par trois prolégomènes qui le
sont tout autant
une
suite de phrases comme une suite de vers, commençant presque
toujours par enfant après
/ nos parents ne sont
pas nos parents
/ la vie est -somme
toute- une femme voyante allongée rousse sous le soleil avec deux
rondelles de concombre sur ses paupières fermées -manque que la
crème fouettée et la ciboulette- ; (je confonds -peut-être ; à
vérifier)
/ j'ai maintenant un
certain nombre d'éléments ; mon père était l'océan présent
patient l'océan parle il n'y a pas de jours sans océan ma nage
contre ses mouvements ses roulements l'océan reste dure il ne mourra
pas je l'entends ; ma mère était le vent s'absente jamais trop sûr
qu'il soit là pas toujours clair d'où il vient il part il y a des
journées sans aucun vent à me souffler son murmure il pleure
éventuellement je l'attends dans mes cheveux longs et lents
pour
finir par trois post-légomènes
et
deux beaux poèmes
l'un qui avance, bellement
de
tu te garderas et
quoiqu'il advienne
à
garde-nous rassemblés
l'autre,
que j'aime beaucoup
les
deux corps dans un lieu, une chambre ou non, mais haut perché
quand le froid nous
serre
longtemps sur ta taille
mes mains sur ton nom
ou dans tes cheveux
longs à défaire
après un échange de
photos
memoria a memoria
(lecture d'image)
une
lettre adressée par L. à Chloé, pendant que les enfants dorment –
pensive et belle réponse à l'envoi d'une photo prise autrefois par
Serge, qui devrait rappeler des conversations à quatre, une photo un
peu étrange, et en la regardant, en voyant l'arbre, son
enracinement, les souvenirs qui s'éveillent lentement, comme les
enfants maintenant
Mais comment
reconstituer la mémoire d'un absent ? Tu peux peut-être dire, toi
si cette version te parait possible, si elle fait surgir dans ta
propre mémoire un fragment de conversation comme nous en eûmes des
milliers ? Et que dit-elle de Serge, et de nous ? Mais il se pourrait
aussi que fusionnent sur cette image mes propres souvenirs, ou bien
ceux de mon père.
et
le profil perdu
(lecture en image)
un
récit, tendu, un qui marche sur un sentier, presque effacé, ancien,
marche incommode, appliquée, difficile, un qui se souvient, ou qui
n'y pense pas mais a ça derrière soi : la visite au médecin de
campagne -et les mots de Dominique Autrou valent mieux que
cela, donc suivez le
...le moindre perdreau
de l’année sait que si le seul chemin qui vaille est celui que
l’on trace encore faut-il l’écrire quelque part pour s’en
souvenir Ah mince s’entendait-il dire tout seul tout bas tout court
tandis que sa trajectoire avait indiscutablement dévié par rapport
au mince réverbère pris comme repère comme aber presque...
jusqu'à
la photo de travers.
Prendre le livre le plus
proche, l'ouvrir à la page 18, choisir une phrase, la proposer à
l'autre
de l'aube au couchant à
partir de De l'aube au couchant, il errait parmi les ombres et les
décombres. On aurait dit un fantôme captif de ses ruines. - Yasmina
Khadra, ce que le jour doit à la nuit
en
courtes phrases-paragraphes, un (32 ans) qui erre parmi les ruines,
après la mort de sa mère Marie
Encore une, encore des
dizaines d’interrogations tournent dans sa tête tant d’années
après.
Pourquoi, pourquoi,
hurle-t-il mais les mots ne franchissent pas ses lèvres.
Encore et encore des
décombres.
Pourquoi a-t-il cru
voir l’ombre de Marie au coin de la rue ?
elle à
qui il voudrait annoncer la naissance de son fils, à lui.. et voilà
qu'elle retrouve en lui son premier nom : Maman
et
Pour atteindre des
médicaments haut placés, le pharmacien gravit par jour 50 fois 1.50
mètres sur son échelle. - Jean-Louis Fournier, Arithmétique
appliquée et impertinente, page 18.
ce
serait être pharmacienne, un peu comme on joue à,... mais la mère
l'était vraiment, elle
Ma mère avait de beaux
mollets galbés. Cinquante fois par jour, elle gravissait un mètre
cinquante et se contorsionnait pour atteindre la plus haute étagère
vissée à gauche de la porte contre laquelle était posée
l'échelle.
gares (sur google.street)
Piero Cohen-Hadria
http://dreamlands-virtual-tour.blogspot.fr/2013/04/vases-communicants-piero-cohen-hadria.html
des deux gares
souvenir
d'une ville de jeunesse, une ville avec deux gares – description un
rien acide de la place de La Gare, avec le béton, la treille
métallique, l'ancien garage devenu cinéma... et puis les souvenirs
se précisent, prennent les rues, retracent les trajets de cette fin
de l'enfance... allez y
Depuis, le lieu s’est
enrichi d’une troisième évolution, très grande vitesse aidant.
On trouvera l’annexe donc de la gare nommée avec une élégance
historiquement agricole « la gare à betteraves» située à quelque
quarante kilomètres à l’est de la principale. On y accède par
une route droite comme la justice et l’ordre réunis. Les édiles
élitistes l’ont intitulées «TGV Haute Picardie» comme si le
qualificatif avait quelque chose à raconter. La gare est ce
rectangle blanc qu’on discerne au presque centre de l’image, on
parvient à voir la voie de chemin de fer qui poursuit sans jamais
l’atteindre l’autoroute A1.
et
Olivier Hodasava
http://dreamlands-virtual-tour.blogspot.fr/2013/04/vases-communicants-piero-cohen-hadria.html
la quête du grand
partout
réflexe
en arrivant quelque part : aller voir la gare, les voies de chemin de
fer
Peut-être que ce que
j’aime c’est l’idée de ces deux rails parallèles, appelés
forcément à ne jamais se rejoindre, traçant leur chemin jusqu’à
l’infini.
et imaginer des voyageurs
clandestins comme dans le grand partout roman
de William T. Vollman (et nous avons droit à 36 images de trains ou
de voies)
échange d'adresses sur
les carnets du lotissement auxquels participent tous les deux
Hard times
Michel Brosseau
http://carnetsdulotissement.net/spip//spip.php?article61
chez Gilles au 21 rue
Marcel Proust, avec accompagnement de John Lee Hooker et Lightnin'
Hopknis, enfin plus qu'accompagnement, c'est le texte qui est mu,
provoqué, par la musique, et j'aime fortement le tout
de toute façon pas ton
affaire les mots, hard times,
hard times, pas par là que ça passe, c’est ailleurs,
trop pressés les mots, figent, engluent, leur sale manie le
définitif, pas une phrase qui ne se conjugue à l’infinitif, au
c’est comme ça et pas autrement, même si aussitôt se dire que
c’était pas ça, qu’on n’aurait pas dû, qu’il aurait fallu,
qu’il faudrait, les mots ça demande qu’à s’empiler...
ces mots que t'as pas su manier, avec lesquels tu as fichu ta vie en
l'air... et les idées circulant en écoutant en arrivent à ce
quartier, ce lotissement, ce bout.
et
au 7 rue Honoré de
Balzac, chez Michel
un visage d'ange,
encore
un
couple, lui la regarde assis au milieu de ses livres (sauf qu'il
n'est plus là, ne subsiste que sa photo), elle devant l'écran
cherche à alléger le poids des heures de la nuit... la musique
d'une voiture garée sous l'appartement... une ambiance, et le
souvenir de ces années de vie commune, un beau texte, discret,
Mais à part toi et à
le voir comme cela, installé dans son salon, chemise bleue ciel le
col ouvert ses beaux yeux fixes sur l’objectif et ses bouquins
d’art alignés derrière lui sur les étagères, qui pourrait s’en
douter? De ce qui se cachait au verso; ses manies de derrière la
tête. Ses obsessions. Regard de façade là, de pose pour la
photo....
et ce
vide, et le souvenir qui n'est pas si angélique que le dit la photo.
Il y a eu,
aux petites heures de samedi un échange sur la «projection des
cartes», que je pensais abandonné, retardé par des ennuis à
répétition, entre
Amélie
Charcosset
http://aupasduyak.tumblr.com/post/47200863814/projections-de-cartes
un
poème qui file en vers très courts, le monde qui est là, à
malaxer, à écraser – s'y allonger, gagner des mètres sur le
périmètre de sécurité, un monde de montagne... bon, préférable
de la lire elle qui dit avec un sourire un rien rageur
Je vis un pays en
sommets
en creux et en déliés
je vis un pays en
lacets
que j’oublie
d’attacher
si je marche dessus
je continue pieds nus.
et
Jigui
Audéoud
http://lesmainsdanslespoches.tumblr.com/post/47247337471/avril-vases-communicants-avec-jigui-audeoud
une
présentation détaillée, intéressante, vivante, jouissive de ce
que sont les cartes, de leur établissement etc... et là encore ne
saurais prendre sa place - juste noter cela, un peu au hasard
Elles continueront de
grandir, et de parler avec d’autres choses. Elles trouveront pour
les faire vivre, et parler encore, l’aide de ceux qui savent
comment imaginer. Ceux qui savent écrire d’autres mots sur les
cartes, et d’autres pour remplir des cartes avec les mots, et
d’autres encore pour faire des cartes de mots.
il y aura (ont été
retardés de plusieurs jours, à leur très contre-coeur – et je
compléterai dès que possible)
Angèle Casanova
et
François Bonneau
Sont arrivés, en début
de soirée, vendredi, le suivant, après traverses multiples, les
deux derniers vases, le bel échange (texte sur photos de l'autre)
entre
aflojar a fondo
un immeuble, des balcons
orientés et entassés, et lui qui y habite, qui possède une part,
une petite part de cet appartement – pense, à elle qui en possède
la plus grande part, elle qui règne – son refuge à lui, le cagibi
– et quand il en sort… lisez Poivert
Lorsqu’il sort enfin,
après avoir introduit son ticket de caisse dans la machine, debout
sur la pointe des pieds, les épaules plaquées au dossier par sa
ceinture assassine, il tremble. Il cherche des yeux un endroit où se
garer. Et puis se souvient. Que précisément. Il n’y en a jamais
ici. Et que c’est pour ça. Qu’il est monté. Dans ce piège.
Alors, n’en pouvant plus, il s’arrête en double file, au milieu
de la circulation, et met les feux de détresse. Parce que. Qu’on
ne lui dise pas qu’il ne l’est pas. En détresse.
et
François Bonneau
http://gadinsetboutsdeficelles.blogspot.fr/2013/04/francois-bonneau-lirregulier-invite-de.html
poudrerie
le
refuge des deux amants décorés d'inscriptions en leur absence –
et c'est si joli, ce ton, presque comme un récit d'antan en notre
monde actuel
On y pratiquait pas
l’ascèse. On ne se privait pas de l’autre, jamais, nous étions
nos self-services, il y avait toujours des restes, la part du pauvre,
un peu de rab, une lichette pour la route, et l’on se consommait en
grand, jamais d’écrémé, jamais d’allégé, deux fois double
ration, bref on se dévorait, et pas souvent des yeux, à quoi bon
quand on a la peau.
et puis, autour du pastel,
il y avait
notre pastelliste préférée
Claude Sales (ci-dessous)
qui, à partir d'une photo
empruntée sur internet, lançait un grand immeuble bleu et or de
lumière dans un ciel très bleu
La couleur, c'est
répondre à son injonction et foncer tête baissée dedans.
On m'a moquée quand
j'ai comparé l'effet de la couleur à celui d'une religion.
Qu'on me démontre le
contraire.
Et
moi, Brigetoun, m'en était allée chez elle
http://colorsandpastels.wordpress.com/2013/04/04/vases-communicants-avril-2013-voyage-en-terre-de-pastels/
pleine de respect pour sa ténacité, sa passion, pleine
d'admiration pour les résultats, moi qui en suis bien incapable
Et puis les ai oubliés
mes défaites, pour regarder la mer, les laisses de mer, les
alignements d'arbres, car j'allais au royaume de la gente dame, pour
goûter cet amour des couleurs qui lui fait les chanter, cet amour
des couleurs qui ne se satisfait pas d'une approximation, et me
souvenais d'un certain vert longuement traqué.
Ouai..
bon je la prie de me pardonner (moi je ne comprends pas comment j'ai
pu me satisfaire de cela)
Et
j'avais largement le temps de faire le repassage, mais j'avais décidé
de jouer, me cramponner à l'irresponsabilité et à l'imbécillité.
Ceci dit il semble bien que les vases séduisent de moins en moins,
et c'est dommage il y avait de fort belles choses.
14 commentaires:
Décidément un jour ces résumés deviendront des pièces d'anthologie qu'il plaira aux futures générations de consulter. Une grande bibliothèque d'Alexandrie, en quelque sorte ;-) sur les vases communicants.
@ brigetoun : merci, une fois encore, pour votre travail d'archiviste chevillé au corps !
que de trésors découverts ce matin
plein d'envie de lecture à dévorer avec un rocher au chocolat au lait et un grand verre de jus d 'orange
merci
Piquer un mot , une phrase , une histoire et rêver
"Des rêves bonzaïs dans des jardins intérieurs " d'Anne Jouy par exemple
Un régal
Belle Mosaïque des mots des histoires des écritures.Merci.
:merci mais à part peut être ajouter les deux échanges en retard, très envie de tout arrêter là ce matin
Préférer repasser ses classiques que son linge. Pour le plaisir des lecteurs. Merci.
Brigitte, arrêter (peut-être, à la limite, et encore) (je le fais jamais plus-je mets les chemises à sécher sur des cintres et basta-en même temps c'est de mon genre - pour le reste, pantalons etc. ils se repassent eux-mêmes pendus par le bas des jambes dans l'armoire) (pour la vaisselle, oui) (et le ménage, oui aussi) (mais les poussières quelle plaie) arrêtez dis-je, le repassage, peut-être, mais pour le reste, non : continuez !!! Et merci...
pour que je lise tout...tu repasseras "
Tu repasses tes laines ? Waouh, quel courage !
(j'ajoute que la réponse en ligne est une pub pour la drogue Cialis)
oui grande reconnaissance-il faut peut-être le dire plus et mieux- grande reconnaissance pour ce travail de mise en évidence, de lecture, d'attentions multiformes pour nous tous.. merci Brigitte-
oh! oh! ne nous laisse pas tomber comme une vieille chaussette
je repasse et toi ton linge est toujours à repasser
merci de repasser - mais le linge l'a été
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