Au premier de mai,
en des temps qui ne
furent, qui auraient pu être
il y avait, il y aurait eu
un jardin
écrasé de soleil après
l'ondée du petit matin, un pré, des arbres fruitiers, et passées
une haie de buis et la torsade baroque d'un amandier, une terrasse,
un mur de pierre, et des roses
une silhouette caressant
un luth, une barbe bouclée, des yeux brillants
des présences, des voix,
un assaut de poésies
.. Tout le ciel
semblait fermé
De mainte rose
clairette,
Tout l'air était
embasmé
.. O bel oeil
et dans un autre temps,
mêlé au leur, intimement, dans ce monde-là, une petite vieille
caressant les fleurs, prenant les plus grosses - celles,
sophistiquées, qui sont nées dans un temps d'après ces voix - dans
la coupe de sa main pour sentir leur poids, leur souriant, se
penchant au risque de tomber dans leur parfum..
J'offre ces violettes,
Ces lis et ces
fleurettes,
Et ces roses ici,
Ces vermeillettes
roses,
Tout fraîchement
écloses
notes
vives, presque ironiques, du luth – elle sourit aux calices d'or
végétal qui se tendent vers la lumière, à la sage mêlée du
buisson, aux boutons repoussés par les corolles qui s'étalent,
triomphantes, à cette chair ensoleillée
L'aubespine et
l'aiglantin,
Et le thym,
L'oeillet, le lis et
les roses,
En ceste belle saison
le mur
est chaud auquel elle s'adosse, les hautes tiges se balancent
légèrement dans une risée, portant vaillamment les roses trop
écloses – elle répète roses trop écloses, en fait petite
chanson dans un silence du luth – rouge sombre profond, parfum par
les yeux, rouge palissant tournant comme une crème ratée avec l'âge
- elle cueille la fleur sans pétale.
Autant qu'un jour est
long, autant
L'âge des Roses a
durée ;
Quand leur jeunesse
s'est montrée
Leur vieillesse accourt
à l'instant
tendresse
d'une rose chou trop épanouie, d'une fleur pleine et délicate à la
chair qui se fripe - douceur des pétales, du rose expirant, de la
candeur encore fraîche qui se tient au coeur, de la fermeté
faiblissante de la tige - elle a une grimace fraternelle, elle lance
silencieusement défi à la rhétorique, elle reçoit en cadeau le
petit enivrement qui s’exhale.
la
pierre, chaude de soleil devant laquelle elle se tient, lui renvoie
le parfum, enveloppée de tiédeur, d'une rose d'un rouge éclatant,
pur et lourd, corolle régulière, ronde et franche comme les roses
d'antan, fille éloignée, civilisée, de celles qu'ils ont connues,
quand il n'y avait guère que roses de Provins ou roses de
Damas
Comme on voit sur la
branche au mois de may la rose,
En sa belle jeunesse,
en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux
de sa vive couleur,
et les
voix murmurent en coeur ces mots, poursuivent, en trébuchant parfois
quand la mémoire défaille
le
luth s'emballe pour un passepied, une voix légère, un peu aigre,
leur vient du pré, derrière la haie de buis
Un jour Vénus son
Adonis suivait
Parmi jardin plein
d'épines et branches,
Les pieds sont nus et
les deux bras sans manches,
Dont d'un rosier
l'épine lui méfait ;
Or étaient lors toutes
les roses blanches,
Mais de son sang de
vermeilles en fait.
jaillissent
des fuseaux blancs tachés de rose, comme joues émues, boutons
adolescents, simplicité raffinée, naïveté apparente, sourire...
et son murmure : n'êtes pas, fraîches amies, fleurs d'Aphrodite
l'opulente, mais fleurs d'Aurora aux doigts de rose, n'est-ce-pas ?
Bah ! laissons les dire si bellement..
Une rose blanche, seule,
épanouie, comme le gros point final que je mets, en fermant le
jardin,... s'éloignent Jodelle, Du Bellay, Remy Belleau, de Baïf,
Ronsart, Clément Marot, ... ne sais le nom du joueur de luth.
Comme étais noyée
dans la certitude de mon incapacité, comme Paumée me faisait la
gueule parce que déserté il est, par ma faute sans aucun doute,
mais qu'agacée, je ne voulais pas faire d'effort pour lui, comme
j'avais aimé cet échange avec Pierre Cohen-Hadria, comme voulais
tenter de me croire capable d'un texte plus long, hors Paumée,
présomptueuse entêtée que je suis, je reprends les roses qui ont
vase-communiqué en juin, en vis-à-vis de
http://brigetoun.blogspot.fr/2013/06/roses.html
9 commentaires:
Je suis fasciné par l'inspiration que génère la rose dans une vie. Que ce soit par les mots, par l'esprit, par les émotions, par la vue, par l'odorat, la rose est là et se laisse contempler au cours des heures éphémères de sa courte vie
on ne se lasse pas d'en respirer le parfum retrouvé, même volatil.
Les trouverait-on aussi belles si elles n'avaient pas d'épines ?
Un bien beau bouquet poétique et de senteurs que tu nous offre-là.
" et rose elle a vécu ce que vivent les roses, l'espace d'un matin", la pluie et le vent aidant.
Hello. And Bye.
gentil ou ironique coup de pied ?
Ce tournoi de roses est enchanteur et nous enivre se senteurs
très joli, Arlette
Des roses dont on ne se lasse pas. Merci pur ce beau bouquet !
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