Le vendredi des vases
communicants, nous lisons, je lis, faisons quelques autres choses,
comme gagner sa vie s'il le faut, sourire, parler, faire cuisine ou
non, aimer, gueuler... mais nous lisons
J'ai lu, avant d'aller
écouter musique à l'orée de la nuit, j'ai tenté d'être digne de
lire ce qui s'était coulé dans et hors des vases.. comme pouvais et
c'était, entre :
(écrire à partir de
photos, chacune se rapportant à une couleur primaire)
Justine Neubach
http://www.xn--chatperch-p1a2i.net/spip/spip.article531
trois chapitres (un jaune,
un rouge, un bleu) de l'histoire de Benji qui rit, qui peint, qui n'a
plus d'âge
Aujourd’hui, B.
transporte des tôles d’un bout à l’autre de l’Atlantique.
Pourtant on ne s’y méprend pas, il n’est pas transporteur de
tôles ; il est un éclat de rire jaune, un froisseur de
liberté, un arracheur d’étoffes, un chatouilleur d’étoiles, la
deuxième lettre de l’alphabet, et c’est très bien comme ça.
et
sur trois (belles) photos,
rouge, bleu, jaunes, trois paragraphes, trois ambiances, avec une
écriture en parfaite adéquation
Jaune foin ne se dit
pas. Il faudrait pouvoir marcher, monter dans l’étendue. Mes prés
sont de bocage et de passé: ici du marcher vers et d’horizon à
découvrir. Monter: rêche de l’herbe sèche qui gratte aux mollets
(sandales), craquelures sèches de l’herbe rase qu’on écrase
(brodequins). Soleil, odeur de presque feu et la sueur.
partager un titre,
échanger des images
une histoire de toile
sur
photos de Dominique Hasselmann
rendez-vous
avec Dominique Hasselmann, une invitation assortie de photos qui
rendent voyage désirable pour voir une exposition Marie Laurencin,
et puis Caillebotte, en attendant projet de visite au Louvre (on ne
visite pas le Louvre, sauf en une vie) avec Isabelle
Marie Laurencin ? Je ne
la connais pas. L’affiche est très belle : un portrait japonisant,
la jeune fille ressemble tant à Marie V, ma copine de CP, pas si
belle mais les hommes, électrisés, se retournaient sur elle quand
elle se sentait l’envie de séduire. La même moue, le même long
cou. Et quel beau rouge sur les lèvres. Paris, j’arrive !
et
Dominique Hasselmann
http://colorsandpastels.wordpress.com/2013/06/07/une-histoire-de-toile-22-vases-communicants-juin-2013/
une histoire de toile
2/2
sur un
pastel de Claude Sales – le récit d'une visite à une exposition,
déjà emporté par l'image figurant sur l'invitation, la découverte
des tableaux, de l'artiste, l'offre de la toile …
Les vagues m’entraînent
maintenant loin au large de l’embouchure. Il me manque une
bouteille de Bordeaux pour être complètement dans l’ambiance, le
bois d’ébène de la barque est sûrement une référence
historique. La houle me berce et m’enivre, j’aimerais flotter
ainsi toute la vie.
vieillesse, mère
vieillesse
un
vieux dans une ville, petits gestes, attitudes – avec l'infinitif
qui permet de dire ce que l'on dit difficilement, et puis un présent
descriptif quand, sortant du vieillard, on le voit... deux strophes
pour plonger dans ses pensées... une pour que vienne sa plainte
égarée dans le temps etc...
Seul. Se découvrir
seul dans ce monde étranger où les repères ont fichu le camp,
fichu à carreaux dont Grand-mère nouait les pans autour de son
goûter et l’accrochait sur un bâton les jours de vendanges…
Il s’endort
brusquement sur cette image, tandis que le tourbillon de ses brèves
pensées s’abat sur le coussin veuf du chat roux.
et
Christopher Sélac
http://evedelaudec.fr/cooperations/juin-2013/index.php
tiens moi la main
deux femmes, une femme, sa
mère, grand-enfant (curieux n'arrive pas à mettre au féminin,
l'enfant est neutre, ne reste que la fragilité) dans une petite
foule et l'injonction «tiens moi la main» - un texte attentif
Dans le regard de celle
qui veille avec anxiété sur l’autre, il y a ces lueurs de
tristesse, ces lueurs de compassion, d’abattement, de résolution à
la fatalité.
- Maman, c’est moi.
Tiens-moi la main. Je te ramène bientôt.
(à partir d'une
maison, au Mans)
Danièle Masson
http://dreamlands-virtual-tour.blogspot.fr/2013/06/vases-communicants-danielle-masson.html
a aimé les voyages
d'Olivier Hodasava sur google street, ce qu'il montrait et disait, a
choisi l'adresse, l'a proposée, est allée chercher cette maison sur
google maps et a comparé avec ses anciens souvenirs de ce quartier,
de cette rue, de cette maison...
trouve oui, des
ressemblances, trouve non, des différences
Non, il n’y avait pas
de mur et de grand portail. tout était ouvert… très facile comme
cela de passer dans la maison d’à côté et surtout vers celle
d’après qui n’existe plus… la maison des autres
grands-parents.
et se
souvient de la séparation d'avec elle, la maison
et
Olivier Hodasava
http://jetonslencre.blogspot.fr/2013/06/les-vases-communicants-de-juin-2013-22.html
en charge de raconter une
histoire, cherche renseignements et le raconte, tombe justement sur
une personne qui peut lui raconter, dans une lettre, une aventure
qui, lui est arrivée là, au sortir de l'enfance... et je vous
laisse la revivre
Je ne suis pas
particulièrement fier de ce que j’ai fait ce jour-là. Seulement,
c’est arrivé. Comme je te le raconte exactement. Dans cette maison
précisément sur laquelle tu dois écrire.
Peut-être ne vas-tu
pas me croire – mais pourquoi inventerai-je pareille histoire ? Et
puis, tu dois commencer à me connaître, ce n’est pas vraiment mon
genre
l'enfermement – deux
poèmes
un beau poème qui avance,
entêté... je reprends ce qu'en dit Jean-Marc Undriener «Écriture
torturée, dans le fond toujours comme dans la forme parfois. Intime
aussi, et nécessaire..»
Mon regard, avaleur de
sabre, profond jusqu’à la gorge, à la trachée des mots. Tous les
tunnels sont mes enfants, forage optique vers l’infini intérieur.
C’est là dedans que je vis, dans les zones érogènes de cette
lumière, excitée, instable, nerveuse incontrôlée.
et
Jean-Marc Undriener
http://jouyanna.blogspot.fr/2013/06/vases-communicants.html
frac
un poème qui pense et se
heurte à l'enfermement dans corps, dans murs, comme dans un frac
l'épaisseur de ce frac
: peau
dure armée qui
contraint
contient tient le corps
là
sans bouger.. beau
(écrire sur une photo
de l'autre)
Julien Boutonnier
http://www.fut-il.net/2013/06/vasescommunicants-boutonnierj.html
regarde la photo, avec
attention, la regarde, y cherche une ressemblance avec sa grand-mère,
et décrit avec un soin savoureux chacune des trois vieilles dames
(euh je devrais peut-être éviter savoureux par solidarité de
vieille)
Ce visage où saillent
les os du crâne comme une prémonition de la Blême, ce regard de
biais, méfiant, scrutateur, cette bouche pincée, droite comme la
ligne du pouls d’un mort sur un électrocardiogramme, ces traits
anguleux qui jamais n’empruntent l’oblique tendresse d’une
courbe féminine, n’ont absolument rien à voir avec elle.
Seulement,
en fait, perce l'hommage et finalement elle est reconnue plutôt dans
un quatrième personnage, différent, à l'arrière plan..
et
Christophe Sanchez
http://julienboutonnier-peut-etre.blogspot.fr/2013/06/352-jai.html
j'ai
une
photo d'une pas vraiment vieille, sans âge, et sans grande féminité,
large, forte, méfiante, sans doute.. mais son monologue nous laisse
une tendresse
J’ai. Moi. J’ai. Le
savoir de chez moi. Ce qui est bien, ce qui est mal. J’ai toujours
un « putain » pour finir mes phrases. L’injure aimable
et le cœur fragile. J’ai. Le passant comme ami, a priori. Mais
méfie !
jardins
Cécile Portier
http://www.atelierdebricolage.net/?p=3522
on aurait le temps
avec
une photo de Philippe Aigrain
aime
beaucoup, on imaginerait, on créerait un jardin, avec banderoles et
puis tenacement.. on le regarderait vivre et grandir
On serait tenaces comme
la ronce. On chérirait l’épine qu’elle nous aurait plantée
dans le tendre de la paume, pour la légère inflammation qu’elle
produirait, pour le souvenir durci qu’elle imprimerait à toutes
nos caresses, les empêchant d’être mièvres (parfois se chuchoter
des mots par le creux des sureaux).
et
Philippe Aigrain
http://petiteracine.net/wordpress/2013/06/jardiniere/
jardinière
sous une photo que ne
pouvais rapter
un très joli texte qui
joue sur les deux sens du mot, parle d'une jardinière qui crée un
jardin contre une vitre
Vous savez,
dirait-elle, le chemin de la vie, celui qui change de direction
chaque fois qu’il me vient une nouvelle idée, une curiosité.
Aimerait-t-elle, comme lui enfant, placer ces feuilles entre des
lames pour regarder leurs cellules au microscope.
le pont – les ponts
(quel beau thème!)
Gilles Piazo
http://www.ebookbychrisimon.com/apps/blog/show/27703457-vase-communicant-avec-gilles-piazo
écrire – construire
un
très joli (et pas que.. ) jeu sur les deux mots, leur parenté, un
cliché, ce qu'il contient de vrai etc... et finir par se dire
Qu’écrire, c’est
enjamber du vide avec au ventre cette sensation massive de stabilité
fragile ; sensation que tu as à chaque fois que tu traverses un pont
et
pont et don - Le pont
relie deux territoires, le don deux êtres
le
pont est passage – passage entre êtres – texte dédié à un
petit gitan qui joue de son tambourin à côté de son père, au
petit gitan affronté à la désapprobation ou recevant le plaisir
qu'il donne aux passagers d'un train, au petit gitan qui dormira à
la dure
cette occasion que nous
n'avons pas prise. Celle de chanter, danser avec vous, de nous
amuser, de rire, de nous aimer et d'être un peu fou le temps d'une
chanson ou deux. Celle de transformer notre trajet en voyage, notre
quotidien en aventure, de tourner nos petits tracas en dérision.
Celle de nous abandonner à la vie avec l'insouciance nécessaire à
toute félicité.
(sur quatre images de
l'autre, en s'adressant à l'autre, un bel échange)
West side story
après
une introduction détaillée, récit des échanges et réflexions
entraînés par le choix du thème, la vue des photos fournies par
François Bonneau... se lance dans le récit d'une arrivée dans une
ville vide, une errance, une rumination, des souvenirs d'autres
villages
Car je considère comme
très improbable l’hypothèse que les gens soient partis en
vacances. Oui, d’abord j’avais imaginé que les habitants d’ici
eussent abandonné toutes occupations pour monter sur une arche de
Noé et s’exiler dans une île avec tout le bien de Dieu qu’ils
auraient égoïstement emprunté partout. J’ai abandonné cette
piste quand je me suis souvenu d’un bruit gigantesque que j’avais
entendu la nuit dernière, lorsqu’on se demandait si ce noir
imprégné d’épais brouillard aurait duré encore un jour.
N'y a
toujours qu'un tracteur, seul, alors, à côté du tracteur, il écrit
à son correspondant qui lui a envoyé ces photos le propulsant dans
un monde qui l'enchante et l'emprisonne...
et
François Bonneau
http://leportraitinconscient.com/2013/06/07/francois-bonneau-arreter-la-machine-du-temps-vases-communicants-juin-2013/
arrêter la machine du
temps
à
partir de dessins légendés de Giovanni Merloni, s'adresse à lui,
part des indications que lui donnent dessins et légendes, enchaîne
joliment, fait de l'ensemble une longue coulée jusqu'à
mais son assiette, à
lui sur la toile, est vide oh ce pauvre bougre, alors en voilà un,
de souhait d’avant mariage, si l’on me pardonne la parenthèse
autobiographique, un souhait d’avant mariage de ne pas, de ne
jamais, faire subir cette cravate-qui-déborde-et-seulement-ça,
sur-la-toile-dans-l’occiput, et jamais dans l’assiette, cette
cravate que je ne porte quasi-jamais,
leçons sur l'escargot
De l'invention du temps
ou de l'impensé de l'escargot
comme
pour Zéo Zigzags une longue conférence, en fichier, que ne peux
que recopier, dont ne peux capter photo, mais allez y voir c'est beau
et savoureux
il est difficile de
cerner un animal surtout s'il reste enfermé en sa maison
mesdames et messieurs
escargots chagrinés escargots vignerons et tous les autres les hôtes
de la lignée des gastéropodes bienvenue à vous...
et
comme souvent avec Ana, comme de raison si on pense à la coquille,
le texte progresse de retour en reprise...
et
texte à recopier, comme
toujours (grrr) texte qui joue avec la langue comme toujours
un discours non dix
cours...
… Ah, pardon.
Auparavant, faisons un léger détour vers le monde de l'art actuel
ou contemporain. Ici, à même le paysage, l'empreinte humaine qui
lui rend hommage, lui qui s'en rendra maître avec le temps, dans
l'optique de Land Art...
lui
l'escargot – bon c'est assez long, ne peux rien pour les images,
allez voir
au risque du voyage
Christine Jeanney
http://lesnuitsechouees.blogspot.fr/2013/06/vase-communicant-avec-christine-jeanney.html
peur échouée
un
paragraphe dense, un peu comme pressé par la hâte de la découverte,
un peu comme haletant de la peur de la découverte, la rencontre,
pour annoncer «maintenant je pars»
je pars maintenant, ces
jours qui communiquent, le fil je tire, et ces destinations, éteintes
ou allumées, les prendre et c’est partir aussi
mais
il y a tout ce qui va être, la longue rive, les gens... tant
pis si la douleur persiste, douleur tais-toi – c’est dans le ciel
comme des apparitions de plantes, plantes de fer, plantes solides, et
si petites quand on s’éloigne
bon
vais pas copier/coller tout parce qu'il y a des mots qui me
retiennent (et puis faut dire que partirais bien pour là bas – en
souvenir de mes grands-parents, parents, et de mes amis qui en
venaient, d'un presque frère avec lequel j'ai partagé (moyens
réduits) boites de compas et de couleurs en des temps très anciens)
et
échouer ailleurs
aimé
ce texte, un corps dans la mer (et on sent l'engloutissement, la
lutte contre perdition)
Alors que j’avais
déjà perdu connaissance, je fus propulsé par le flux d’un
courant glacé hors de l’eau, dans l’air, dans le vide. Je
laissais là un trou dans la mer, un trou sur le ciel, avant de
retomber, inerte, comme un vulgaire bout de bois sur une plage
déserte.
Échouer,
chercher ses mots, ses mots, sa langue, qui ont traversé cette
distance, pleins de peur et de sable... lisez suite
(l'écrivain dans la
cité)
eu égard à notre
humanité
quand
le poète écrit une prose poétique, et dit ce qu'est à ses yeux
l'écrivain, on lit, c'est beau
L’écrivain ou le
poète à l’identité parfois floue doit constamment avoir pour
alibi le langage. Il est le tensiomètre de la langue qu’il use
pour créer des récits ou produire des poèmes. Dans la narration,
son propos doit tendre vers l’universel, bien au-delà du
particulier, de l’imaginaire ou de l’anecdotique. Dans la poésie,
c’est aussi vrai , les images, les symboles, les sonorités, tout
aspire à quelque chose d’autre, qui est notre dénominateur
commun, eu égard à notre humanité.
et
Je suis un artiste de
province
un
cut-up de Balzac, en se promenant dans l'oeuvre, lue, relue, prélever
des phrases, des fragments de phrases où figure le mot province, en
faire discours ou poème
qui révèlent en
province ces passions si difficiles à cacher
comme les gens de
province calculent tout
tristes amours de la
province....
et si
en province l'horizon est
borné, la litanie, elle, ne l'est pas, et on y trouve la rage, et
l'esprit, de celui qui a décrit un grand homme de province
à partir d'une photo
de Matthieu Gauchet
Annne-Charlotte Chéron
http://www.mathilderoux.fr/2013/06/vasesco_accheron.html
son corps, à elle qui n'a
rien retenu de lui – un texte qui avance en strophes/litanies, en
poésie, philosophie, sensibilité
Son corps est un désert
exposé à vue, impénétré et impénétrable, un sanctuaire pour
les dieux, un horizon à dégager. Son corps n'est pas une
opportunité offerte aux hasards nuiteux.
Son corps est une
expédition sauvage et poétique qui s'ouvre aux lèvres et mots les
plus précieux.
et
c'est une île – beau
et délicat
strophes paragraphes
commençant par ces mots, c'est une île, vision poétique de l'île
– s'intercale, en italique, à droite, un contrepoint intériorisé
C’est une île posée
là en instance à la surface du monde, allongée sur l’évènement
qui court, accroupie au bord d’un inconnu qu’on ne peut ni
chercher ni éviter ni obtenir ni.
Une île puisqu’excepté
le temps et l’espace du temps ce qui existe à un contour.
super-héros
Camille
Philibert-Rossignol http://lesmainsdanslespoches.tumblr.com/
pourquoi Superman n’a
pas de bouclier ?
Poème
dédié à sa rotule, bouclier de la jambe... description,
décorticage des gestes – remarquable, et fortement teinté
d'humour
sur la rotule ronde et
lessivé
prendre position, tenir
pour l’extra-terrestre
exilé
de Krypton
mais demande le
passant, quelle est donc la technique rotulaire ?
est-ce articulation
mécanique, de forme sphérique
est-elle instable,
luxation en prime
ou ouille, québlo
et
c'est la vie qui veut
ça
poème,
non moins teinté d'humour, pour nous autres les anti-super-héros
qui le sommes donc peut-être, nous qui affrontons tout ce que veut
la vie
C’est la vie qui veut
ça
Qu’on tremble
Pour tout pour rien
Pour les arbres que
l’on rase
Et pour les draps
Froissés
duel
un «poème aux yeux
révolvers» dit l'hôte Barbara Albeck
refuser de grandir et lire
des histoires de cow-boy (serais-je atteinte ?, moi je les regarde)
il n’a plus tellement
envie de grandir
surtout depuis qu’il
a découvert
que même un type
fort comme son père
pouvait se faire
plomber
par un adversaire
aussi fuyard que
le quotidien
et
Barbara Albeck
http://monnuage.free.fr/
météo, poil au dos
Bien
entendu ce n'est pas original, mais c'est si bien dit que nous
pouvons nous y reconnaître et le prendre à notre compte –
protestation tranquille, sous forme de constat, contre ce sacré
printemps qui a mis si longtemps à amorcer sa venue
Le pays entier est en
larmes, à peine s’essuie t-il que surviennent de nouveaux hoquets,
la crise, entend-on dire, est généralisée. Dépressions
atmosphériques, zones de turbulences, grands airs tourmentés. Mai
ne se découvre pas d’avril, avril a fait le grand écart avec
janvier, février mars en ont pleuré.
bibliothèques
Laurent Margantin
http://flaneriequotidienne.wordpress.com/2013/06/07/bpi-beaubourg-veille-par-laurent-margantin-vases-communicants-juin-2013/
BPI Beaubourg veille
les
nuits et les week-end à la BPI, les cabines de langues, ceux qui
travaillent, ceux qui viennent s'abriter là.. une ambiance que j'ai
assez aimé (mais pas dans les cabines) pendant les dimanches où ce
n'était pas flânerie bouquinistes, et des débuts de nuit,.. elle
est là dans ces mots
Des bavardages en début
de soirée puis silence à écouter les langues. Extérieures, puis
peu à peu elles s’approchaient de nous, inconnues, nous guettaient
à leur tour. L’Indien qui veillait là depuis des années, je suis
en petits morceaux à l’intérieur, quelle langue rêvait-il, ou
bien veillait-il lui aussi seulement. D’autres qui comme moi ou
plutôt comme toi devenu inconnu ne resteraient qu’un temps à
veiller dans la bibliothèque, jeunes encore et pas sûrs de savoir
écouter.
et
Franck Queyraud
http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article2042
souvenirs de ma
bibliothèque du futur
un
vieillard se souvient, après la grande fragmentation de 2030 quand
toutes les données s'étaient évaporées il allait aider ses jeunes
collègues
Je faisais de
l’archéologie de données, poursuivant la moindre trace, la plus
infime bribe, le plus petit fragment. Émotion quand je retrouvais un
antique blog, la première forme de libération de la parole qui
avait finalement conduit à la grande fragmentation. On aurait bien
ri à l’époque en osant le penser ou même l’écrire. On n’y
croyait pas. Nous étions devenus cyniques, ironiques, revenus de
tout. On était un peu mort
mais...
Une place pour un échange
que j'avais désir, sans certitude, de voir paraître, laissée en
attente (pour éviter bousculade d'après concert)
(le sacre du printemps)
Isabelle
Pariente-Butterlin
http://webol.wordpress.com/2013/06/07/le-sacre-en-communion/
avec une vidéo de la
version de Béjart – un texte qui se déploie, un peu heurté,
comme le veut Stravinsky et comme le sang qui pulse, pour la vie,
l'élan – avec cet élan, comme chez Bajart, moins heurté, freiné,
empêché et conquis brutalement que dans la vision primitive
Élan, et par les
muscles et les tendons, impulsions électriques, en outre, il en
faudra, l’on passe, on bascule, élan, d’un seul pas, d’un seul
mouvement, élan, sans attendre, de toutes façons, ça n’attend
pas, ça commence, ça y est, ça commence, déjà, élan, on
bascule, ça y est, on y est, le moment est venu,
et
Olivier Lavoisy
http://www.auxbordsdesmondes.fr/spip.php?article1468
ou http://ecritol.lavoisy.eu/le-sacre-du-printemps/
(sur son blog, introduit par une présentation commune aux deux
textes) – sous la pluie, campagne, la musique d'un auto-radio, un
oncle, un neveu, Luc, Nils, Toy, Alice, allez lire
La vallée se coiffe de
traits de lumière et de vents d’ombre : il fait chaud et
froid, alors que le monde avait oublié que l’annonce de l’été
pouvait avoir un autre parfum que le soleil de terrasse de café. Le
garçonnet se balance en temps, Luc recherche le contre-champ. Les
cours d’eau éclatent gonflant d’étages en étages, précipitant
le bleu glacier plein d’écume. L’orchestre tremble. Les cordes
tapent et les percussions chantent...
et puis, il y avait les
roses
les roses du bouquet que
Pierre Cohen-Hadria dans le beau texte ci-dessous (où les roses
irradient) amène, à chaque visite, à celle qui est comme sa mère
je
traverse le jardin, je lui dis bonjour, «viens que je t’embrasse»
me dit-elle, elle se lève, elle porte cette chemise de nuit vert
clair, ses cheveux sont pâles et son teint à peine émacié, ses
cernes, ses rides, son sourire et son regard
et
j'ai installé chez lui
http://www.pendantleweekend.net/2013/06/vases-communicants-37/
(les photos retravaillées y prenant un petit air
«pendant-le-week-end» et du relief)
un
jardin, jardin avec un joueur de luth, des présences, des voix, des
lambeaux de poèmes et
une
petite vieille caressant les fleurs, prenant les plus grosses -
celles, sophistiquées, qui sont nées dans un temps d'après ces
voix - dans la coupe de sa main pour sentir leur poids, leur
souriant, se penchant au risque de tomber dans leur parfum
Ai
lu, ai regardé et puis m'en suis allée à l'opéra vers les
tréteaux de Maître Pierre et Don Quichotte.
Avais
noté que Delphine Renard et Angèle Casanova ont malheureusement été
obligée de remettre leur échange à juillet (découvert par hasard
note qui l'annonçait, suis pas assez attentive)
9 commentaires:
Pas assez attentive ???... :-)
Plus que tout ça (ou presque) à lire...
Merci pour l'anthologie !
Abondance ne nuit pas mais attendrais la nuit pour me plonger en ces lectures croisées : il fait si beau avant l'orage ce matin.
Brigitte, t'assures... Merci pour tout...! Bises
PdB
J'avoue : pas le courage de tout lire mais te félicite pour ton billet et apprécie tes photos.
Toujours bravo pour cette tâche que tu accomplis en si peu de temps, Brigitte!
Je te promets image s'il y en a et extraits à copier-coller pour le prochain, avec Julien Boutonnier.
Merci aussi pour ton texte, comme toujours à petits pas, en petites gorgées à boire tout en cheminant dans le temps de la journée, en petits bouts de tissu, cousus des fils blancs rarement noirs, de la vie, qui finit par faire un très beau vêtement dont tu te pares avec beaucoup d'humilité.
Zéo :)
Dis donc, il y en a beaucoup des échanges tout de même. Me suis lancée le défi de tout lire et commenter selon l'envie. Cela prend du temps. Je crois que je suis à peine au 3/4. Du coup prenant le pouls du temps et de l'énergie que cette tâche recouvre, je profite de cette occasion pour vous féliciter concrètement de votre capacité à mobiliser les liens, à lire et à faire synthèse subjectivement. C'est un sacré boulot.
Sachez qu'il m'est très utile car c'est ainsi que je lis à chaque fois, mon rituel à moi, comme je vous l'ai dit ailleurs.
merci, mais je soupçonne ma lecture d'être, honte, un tantinet moins attentive que la votre (et puis je ne travaille pas ou plus)
Oh... Alors ça je ne sais pas. Concernant le travail, je n'occupe pas, proprement dit, de poste. En reconversion, je me consacre à la lecture, écriture, correction et réécriture. Je jouis donc d'un temps relativement important comme vous
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