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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, juin 05, 2013

ombre, ombres


En archivant les images faussement maritimes me suis retrouvée face à celle-ci, prise instinctivement, comme chaque fois que le jeu de la lumière et de l'ombre réveille pour un instant mon regard trop accoutumé.

Suis sortie avec sac de draps et un panier pour des légumes, dans des rues sans ombres puisque sans lumière, ou baignées par une lumière trop filtrée. Parce que, je te le dis Brigitte, les ombres n'existent que par la lumière... oui mais la lumière n'est ravissement que par l'ombre.
Et puis, lentement, pendant que cheminais, le soleil a percé, 

un soupçon d'ombres, presque imperceptible, s'est posée sous les objets, et peu à peu les jeux sont revenus, que j'ai cueillis, jeux sans violence, dans une luminosité toujours en partie voilée.

Et m'en revenais avec ma charge, point trop lourde, avec le mot ombre qui dansait dans mon crâne, avec mes yeux posés sur les objets fantômes si parfaitement dessinés, 

leur calligraphie légère, cette gaieté d'être liées mais inutiles, d'une gratuité, d'une liberté illusoire, cette façon en arrimant les choses au sol de les en détacher, comme de les soulever, de les rendre à l'air.

ces silhouettes agrandies, déformées, qu'elles créent, installant un autre réel contre celui où nous mouvons

les tunnels qui se creusent sous les voûtes entre deux rues, comme nos petites plongées dans l'impensé, trop brefs ici pour que naisse même un début d'angoisse

et toujours cette réponse des façades à la caresse du soleil, la marque qu'elles posent comme des refus par leurs moulures, les avant-corps, les murs voisins, sur les taches de clarté, leur accueil radieux et leur réserve

la vie qu'elles, les ombres, rendent aux feuillages frappés de soleil, sculptant l'éblouissement des petites feuilles...
- souvenir du gigantesque tilleul du jardin de Soliès, sous lequel nous installions de grandes tables – et il fallait penser à prendre un chandail pour éviter le rhume en sortant de la brûlure des rangées de laitues, des chemins et des petits canaux d'irrigation, pour entrer dans cette fraîche chapelle d'ombre lumineuse, avec sa bordure trouée de petites taches ensoleillées, avec, au bout, contre le mur, l'eau noire du lavoir et son évacuation, mousse sale dorée par les rayons, hors de l'abri de l'arbre. -

le rythme dans la lumière nourrie d'ombres des couloirs

la netteté des ombres projetées, et la douceur sans limites précises de celle qui règne sous les branches

et le dessin, sur les pavés ou le goudron, de la hauteur des façades, ligne discontinue, en danse lente.
J'étais arrivée,
ne me restait qu'à penser à suivre Orphée à la découverte des ombres, de celles qui circulaient autour de son voyage, de celles qui gémissaient dans les cercles à travers lesquels Dante a suivi Virgile et Béatrice, de celles qui les ont rejointes, de celles qui restent un peu encore en notre compagnie – leur ai adressé un salut, ai repoussé avec détermination les trop habituelles zones d'ombres qui sont en moi... j'ai enregistré les photos, les ai oubliées elles et Paumée dans la vie de cette journée, en ai tiré ce que pouvais dans le soir qui descendait.
Gratuité, je t'aime... je manque de profondeur ? ou m'en méfie.

13 commentaires:

jeandler a dit…

Trouant de tes rayons sans nombre
Le feuillage léger,
Soleil,
Tu promènes, comme un berger,
Le tranquille troupeau des ombres
Dans les jardins et les vergers...

Émile Verhaeren

jeandler a dit…

Une curieuse addition :

23 + 23 = 29 !

Brigetoun a dit…

bravo ! je n'avais pas vu.. faudrait y retourner pour lire toute pancarte pour comprendre mais : pas le temps, et plus même inscription

Brigetoun a dit…

zut ! ça va pas ce matin
ai supprimé (non récupérable) un commentaire gentil de Chri
le recopie (c'est vrai, promis)

Comme j'aime vos "balades" dans la ville...

Laura- Solange a dit…

Je ne peux qu'aimer cette errance entre les ombres...

Michel Benoit a dit…

Soleil : le premier des artistes !

Solliès-Toucas, Solliès-Pont ou Solliès-Ville ???

jeandler a dit…

J'avais aimé " L'éloge de l'ombre " de Tanizaki écrit, je crois, en 1933. Ou plutôt de la pénombre !
Orient-Occident, en dialogue.

« D’une manière générale, la vue d’un objet étincelant nous procure un certain malaise. »

Brigetoun a dit…

Pont

│ˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉ│ˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉ│ˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉ│ˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉ│ˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉ│ˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉ│ˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉ│ a dit…

Le pont, toujours le pont... :D

arlette a dit…

J'adore ton billet sur les ombres , comme si je voyais aussi cette attirance d'une autre image par le reflet et la composition équilibrée
parfaitement ( ton instinct d'architecte )

tanette2 a dit…

Douceur et graphisme se succèdent au cours des ombres rencontrées.

Gérard Méry a dit…

...ombres sans aucun doute

chri a dit…

Je confirme mais c'est aussi parce qu'elles sont aussi et surtout balades en vos pensées...