Suis partie, dans un
Avignon qui chantait la douceur de l'été sur nos peaux et la
caresse légère d'une brise, en quête des villes invisibles
d'Italo Calvino, enfin rééditées
en poche..
Oublié
mon petit blocage lecture en ces jours (relatif), oublié un peu la
soudure à assurer, oublié toutes les lectures entamées ou en
attente... ai flâné entre livres et rue, et suis rentrée
avec
petite moisson (il semble que le festival commence à me
travailler...)
jouir
de la cour, même quand, dans l'après-midi, de grosses masses
blanches, boursouflées comme sur des tableaux d'autel, percées de
fusées de lumière, sont venues, passées, re-venues, feuilleter un
peu, dormir lourdement, trier la masse de photos ramenées de mes
cinq heures (un peu plus) de dérive dans la ville vendredi soir, en
jeter presque la moitié, en garder trop, me demander comment les
poser sur Paumée (et si toutes), céder à la facilité.. en
souvenir de la gaieté des enfants et des grands, des crispations de
carcasse, des chevilles tordues et de l'entêtement joyeux à tenir,
sans raison..
mais
garder des images de la ville-décor-de-nos-pérégrinations, des
murs et cieux pour un autre jour....
le
programme trouvé sur le site de la ville, qui n'y est plus, que
j'aurais dû télécharger, annonçait à Saint Pierre quelque chose
(pas un concert, tout de même... je ne pense pas) en rapport avec le
grégorien... y suis allée, un peu après dix-sept heures parce que
j'aime le grégorien (maintenant, pas quand fallait s'y essayer pour
la schola de l'école) et que j'aime cette église malgré
l'envahissement des couleurs papales.. entendu quelques mots, entendu
le petit groupe debout à coté du choeur commencer à chanter...
suis partie (nous chantions mal et assez faux pour que notre père
parle de biniou, mais cela s'apparentait à ce qu'on appelle
grégorien, alors que là ?)
suis
repartie, rencontrant des attentes de musique,
suis
montée, dans le soleil qui écrasait la place, vers Notre Dame des
Doms, très en avance, assez pour flâner, regarder la ville, ce que
la pénombre laissait apercevoir dans la nef, me suis assise près de
la lanterne,
et
(photos exécrables et belle musique) ce fut la messa della
Madona de Frescobaldi, trois
organistes se relayant pour faire chanter le bel orgue doré, la
sensualité de cette musique et, pour le kyrie, pour un recercar, les
voix de trois soeurs, le grégorien en pureté, le rythme ternaire
jouant, équilibre fragile qui ne rompait pas, sur la musique de
l'instrument.
Entendu
le début de la seconde partie qui était de compositeurs espagnols
de même époque, mais j'ai été chassée par carcasse qui
demandait retour à l'antre, ou du moins marche...
et,
comme trop de photos (très, très inégales, tant pis... autant de détruites), comme pas
envie de chercher mots en ce samedi dans le soir qui descend, comme
je pense guère envie vous non plus, j'en reste à des images et
petites légendes
m'appuie sur cela chez
André Rougier,
"Entre las muchas
maneras de combatir la nada, una de las mejores es sacar
fotografías"
(Julio Cortazar: Las babas del diablo)
nous
disions donc : en descendant, un moment pour écouter, plaisir,
mais trop chaud, un DJ devant le petit palais (photo prise avant,
lors de la montée), des musiciens pas mauvais et amateurs de beauté
en rive de la place du Palais, la niche de la Peyrolerie occupée,
l'attente du rock au Verger
s'asseoir
sur muret à côté d'Utopia, éviter de regarder les mâchicoulis
tout neufs, savourer ambiance, passer un très bon moment avec un
chanteur italo-avignonnais
constater
: les musiques du monde prévues chez les belges, au théâtre des
Doms, «sont bien au programme mais on ne sait à quelle heure», ne
pas avoir envie de piapiater, boire, manger des légumes (et ça,
d'ailleurs, ne pas pouvoir, même bios)
un
groupe (moyen, très - sympathique, passablement, et le public non
moins) au Verger
la
belle rondeur, la forte houle, la dureté de la calade.. les petites terrasses
tôt occupées, l'été
trouver
si sympathique l'entrain, la franchise, l'absence de crainte du
ridicule du choeur sur la place de l'horloge, que je n'écoutais pas
leur musique (entraînante et plutôt agréable je crois)
hésiter
devant l'opéra qui programmait, entre autres, une messe de Schubert,
le contourner... musiciens qui attendaient dernier moment pour entrer
s'installer
dans Saint Agricol pour un petit concert de l'Orchestre de chambre
d'Avignon, aimer un concerto pour deux violons de Bach, un peu moins
le reste, mais cela restait de bonne qualité (les photos elles, non)
traverser
les charismatiques (je crois) sur les marches, et aller au palais du Roure, en
pays occitan
pour
un concert de musique provençale, en fait musique de partout et d'un
peu toutes époques, mais en traduisant les chants et en pliant les
musiques au jeu des galoubets, du violon campagnard et du tambourin,
ou le contraire – belle qualité, entrain communicatif, une seule
phrase dérapant un chouya (me méfie toujours un peu), une ambiance
entre soi de la bourgeoisie locale pas désagréable du tout...
retour
par la rue Saint Agricol, pas de musique, petite foule dans le
plaisir de marcher dans la nuit de fête et de manger des glaces
mais
il était encore trop tôt, et ma place était toujours envahie -
musique, public, clignotement de lumières - par Nostalgie, peut être
la seule chose que supporte vraiment mal... mis casque, écouté la
fin du très bon Cosi Fan Tute sur Arte (regardé samedi sir en entier : très beau musicalement, esthétique, légèrement déçue par mise en scène, une bonne idée, mais qui tangue un peu)
À
minuit ne restait plus que l'écho lointain du bon (il me semble)
rock de la grande scène au bord du Rhône, ai dîné...
Ma
considération la plus admirative à qui aura suivi.
13 commentaires:
entre les trois organistes se relayant pour faire chanter le bel orgue doré et l'opéra qui programmait, entre autres, une messe de Schubert, Avignon sait célébrer la fête de la musique. Si l'Orchestre de chambre d'Avignon s'en mêle... ;-) Tout cela en un seul jour. Admiration.
J'ai suivi : de la fête au Festival, il n'y a qu'un pas...
mais un autre public - là il était avignonnais, l'est relativement peu pour le festival même si progrès (mais pauvreté n'aide pas)
Une promenade par les rues en fête, entre soi, et gourmande. Les oreilles chantent encore. Superbe et quelques notes de Cosi par dessus le marché.
ON SUIT TRES BIEN!
Surtout surtout n'arrêtez pas...
Merci pour ce parcours de la journée de la musique que je n'ai pas parcourue.
Enfin, un peu quand même le soir pour constater que des podiums aux basses assourdissantes polluaient les autres musiques et nos tympans...
Le chanteur italo-avignonnais s'appelle Vincenzo Lo Iacono (il est sur Twitter).
La bise.
voudrais souvent arrêter mais en suis incapable, même si j'en pense du mal
Michel l'ai rencontré parfois dans rues ou petites réunions, ne le savais pas chanteur, sympathique, très, il m'a semblé
N'empêche que j'aimerais bien ne pas hériter de Nostalgie chaque année (ce qui me pousse hors de l'antre et de sa proximité immédiate)
Fidèle lectrice ....aussi ...
On vous suit et on arrive le 7
....Avec fièvre et bonheur.
Il va falloir que la ville et moi nous nous réveillions, nous nous employons lentement... Faudrait que je m'épure, me concentre et muscle...
Quel périple !!! Bravo et le vrac de tes photos un régal
la joie des gens me semble rafraichissante
Merci de m'avoir permis d'y être avec les yeux (ce qui est bien) et sans les oreilles (Ce qui ne me semble pas si grave...)
De belle façon cette errance est dite. J'y sent les douceurs des sons et la légèreté du souffle tiède. J'étais à Lyon avec ma fille, me voici comme un témoin d'ici en ayant été ailleurs. Bonne journée.
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