Matin de petite forme
comme il se doit, à cheval sur désir de spectacles et pensées
parties vers la suite des jours – dans le reste de tiédeur de la
nuit, café et tartine dans la cour, constaté que oui des fleurs
vont venir pendant mon absence
si ne meurent pas de soif
avant, ou carbonisées comme certaines branches contre le mur... leur
ai adressé salut plein d'espoir vacillant – préparé contenu valise en crainte de mes étourderies – re-lu un texte en crainte
de mes erreurs – tenté de ne pas craindre mon programme
pour lequel suis partie,
saisie par la fournaise un peu après deux heures..
avancé, furieuse contre
cette nouvelle lubie de carcasse qui n'aime plus la chaleur, un peu
hagarde, ai heurté (ou ai faillé le faire) un jeune et beau
gentilhomme, ou laquais
ai échangé
considérations sur la température avec un confrère en
ruissellement,
et suis arrivée juste à
temps pour ne pas bénéficier du taud tendu devant les Pénitents
Blancs, attendre en le buvant des yeux, lui qui s'achevait juste devant moi (et ne protégeait peut-être pas tant)
en allant faire de petites
pauses vers l'entrée, dans une toute relative fraîcheur, un peu
honteuse parce que mes compagnons avaient au moins mon âge et
supportaient avec une vaillance plus ou moins gaillarde mais réelle
les rayons qui faisaient de moi une sorcière liquéfiée
(photo Christophe
Raynaud de Lage))
ai plaidé pour un bout de
banc, mis une pastille vichy dans mon bec, et suis entrée dans le
spectacle.
Un texte de et monté par
Aristide Tarnagada (burkinabé, dont j'avais aimé le texte lu le 15
dans les jardins de Mons) , Et si je les tuais
tous, Madame ?
Joué par Lamine Diarra avec les membres d'un groupe de hip hop, Faso
Kombat, et un chanteur Hamidou Bonssa
histoire qui se déploie
dans le bref intervalle séparant un feu rouge d'un feu vert, quelque
part dans une ville. Trente secondes, une minute, pour partager les
questions, formuler des réponses, dérouler le fil intranquille
d'une vie. Interpellant la figure muette d'une conductrice attendant
que le feu passe au vert, Lamine se raconte, convoquant père et
mère, femme et enfant, ami d'enfance et d'errance, dont les voix
traversent son esprit et son corps. dialogué, écrit dans une
langue imagée, Et si je les
tuais tous Madame ? dresse le portrait d'un homme pris
entre vérités et mensonges d'une existence en attente.
«Ça
doit être terrible de mourir à l'étranger...» un
monologue adressé à une présence muette, un monologue qui n'en est
pas tout à fait un, dit l'auteur, parce que l'homme, cet exilé –
même si on ne sait où -, fait parfois parler ses personnages ou
leur parle.
Un
texte qui dit les siens, son monde qui se transforme, où
s'installent les inégalités, s'estompe la solidarité, les valeurs
des anciens, et des morts encore.
Une
belle fusion avec les musiciens présents sur le plateau, leurs
différences,... mais j'avoue que j'étais en état un peu trop tangent
pour bien en profiter, entre mal-être et attention, pour sa langue,
pour ce qu'il dit, et j'ai filé, grossièrement, dès le noir venu,
applaudissant en marchant sous la voûte.
Suis
rentrée en me focalisant sur les jambes, sur le sol, les pas que j'y
faisais, que nous y faisions en nous évitant, et j'ai considéré,
lâchement, que serais incapable d'apprécier vraiment le programme D
des sujets à vif, à 18 heures au Jardin de la Vierge, pour lequel
j'avais difficilement obtenu un billet (pour le C je n'avais pu)...
Ce qui fait le quatrième ou cinquième billet inutilisé. Je suis
vexée de mon manque de tonus, les autres y arrivent bien... enfin,
tant pis, disons que carcasse a donné tout son fiel pour les jours à
venir.
Baleine
doucement méditative, thé, musique, FC et les taureaux de Camargue,
rien, vraiment, attendu la nuit.
Renouer
avec désir, avancer vaille que vaille
Monter
l'escalier du palais,
un
strapontin en bas de la cour d'honneur et Sei solo – partita n°2
– Amandine Beyer, son violon, Bach et Anne Teresa de Kersmaker
et Boris Charmatz qui avaient désir de danser ensemble, de
confronter et unir leur danse (l'avaient déjà fait mais en silence)
et de travailler sur cette musique.
Lui : Nous avons
beaucoup travaillé à trouver le contrepoint, la ligne brisée, en
nous appuyant sur la basse principalement. Nous essayons de faire
émerger une structure sous-jacente en procédant par ajouts de
couches. En gros, ce que nous suivons, c’est cette basse,
pluscertains éléments qui nous paraissent marquants. Des moments ,
provoquant un imaginaire, poussant du côté du saut, de la danse
folklorique.
Elle : Ce qui
m’intéresse, c’est que, d’une part la danse permette de
visualiser la structure de la partition, ses fondations en quelque
sorte. Et en même temps, que l’on puisse jouer sur tous les
niveaux les plus directs de la musique. Pouvoir suivre par moments
l’aspect immédiat de ce que la musique produit dans nos corps: les
envolées, les vertiges, le plaisir physique, la réponse la plus
immédiate au son. Ces deux niveaux s’entremêlent sans cesse.
(photo Christophe
Raynaud de Lage)
Avouer
que j'avais envie de trouver ça beau, parce que j'ai aimé à peu
près tout ce que j'ai vu de chacun, et petite curiosité de voir
comment cela allait fonctionner... si Bach ne serait pas le petit
alibi, le vernis qu'il est parfois pour des chorégraphes, une
facilité (comme si cela pouvait l'être autrement qu'en le niant –
comme quand on entend une cantate diffusée dans une pièce, mais pas
trop fort pour ne pas gêner la conversation)
Et
c'est de la danse, le plaisir de danser, mais aussi la musique,
respectée, soutenant, réglant la danse, sans en faire une épure.
Je l'ai cru, en tout cas, me souvenant peut-être de leurs mots, je
ne sais pas, je n'analysais pas.
Dans
la nuit, la violoniste sur le devant et au centre du plateau, la
musique... lever les yeux, passe un avion – écouter – au bout
d'un petit quart d'heure sentir l'impatience d'une partie du public,
l'ignorer, regarder le pignon éclairé à droite, écouter
Sortie
à gauche de la musicienne, le projo qui est sur le devant gauche
découpe une bande sur le mur - entrent les deux danseurs, danse dans
le silence, sentir ce silence être porteur de la musique... des
marches, des rythmes, des arrêts, des suspensions et retours, deux
danses différentes, séparées et qui se répondent ou marquent en
même temps les scansions, danses virtuoses, en correspondance ou à
l'unisson, changements de tempi, et ce moment où la danse
s'accompagne d'un bourdon murmuré – tenter de se souvenir des
modulations du violon, volutes de velours et lumières, en regardant.
Plateau
baigné d'une lumière presque uniforme qui semble venir des fenêtres
de la façade côté place – retour de la violoniste, la chaconne,
danse d'Anne Teresa de Kersmaker, puis reprise du duo, si l'on peut
appeler cela ainsi, mettre quelques minutes pour réaliser que ce que
je vois, en léger contrepoint ou accord merveilleux avec le violon,
est ce qui vient d'être dansé devant nous - moments de
contemplation attentive, quelques absences fatiguées, indépendantes
du spectacle, des moments de pur bonheur.
Longs
applaudissements, quelques sifflets (curieux, on peux ne pas aimer,
et partir, peu l'ont fait - être choqués au point de protester je
comprends mal)
au
second rappel, nous avons eu droit à un mouvement de la partita,
public debout, figé dans son mouvement, sauf deux ou trois femmes
qui passaient près de moi, à l'angle vers la sortie en protestant
parce que Bach y-en-a-marre... ce qui pouvait expliquer des sifflets mais pas leur présence.
retour
dans la ville en fête
dîner,
dormir, finir de faire sa valise, adresser adieu aux plantes, fermer
volets bleus, appeler un taxi, être une calme vieille dame.
8 commentaires:
Bach y en a marre. Dans une semaine cette appréciation sera oubliée et dans deux siècles sera toujours là pour notre bien-être mental et physique.
J'y ai entendu un triste imbécile, il était le seul, crier rageusement: Vestiaire...
Lui-même!
et puis, franchement, quelle idée de vouloir ajouter au strictement nécessaire pour la décence, un autre vêtement sur sa peau cette nuit !
Bon voyage...
Extra ta photo de ton pied en avant sur le pavé
BRAVO pour le Final Chère "Vieille Dame... Digne" et Belles retrouvailles
ah c'est magnifique encore belle Brigitte, -les fleurs de ta vie, tes impressions de la rue tout en mixe avec l'estrade tout devient un estrade
les mots sur le vent du festival-et si je les tuais tous Madame- oui il faut etre poli quand on adresse cette question
un autre voyage? bon voyage chère Brigitte.
Merci de plein coeur!
merci beaucoup chère Brigitte, a l'année prochaine, same time same place pour le off!
je t'embrasse.
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