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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, juillet 25, 2013

Festival – dix-neuvième jour tout en retenue avant les morts et l'au delà aux Célestins


Âme légère et corps faible, petite incursion matinale dans la ville proche, qui semble fonctionner, elle aussi, avec un début de lassitude,... en quête de brumisateurs, de crème de vigne rouge pour les jambes et du canard enchaîné
Se revivifier 

les yeux dans toute verdure que pouvais trouver,

rencontrer touristes chargés de sacs sur le dos et d'appareils à forts museaux télescopiques sur le ventre, des familles et des groupes, un homme portant une croix légère (mais encombrante),

un groupe d'acteurs en mode détente,

et son joli sourire,

des affiches prêtes à être enlevées (dans mon quartier, sur la rue de la République et place de l'horloge, le nettoyage est fait avec une certaine sévérité... la joyeuse profusion anarchique est pour le reste de la ville)

et surtout un merveilleux banc de poissons,

une pluie jaune des arbres qui affolaient de petites guêpes...
et puis rien – se laver les cheveux – déjeuner - un peu de ménage qui me lassait tout de suite – une longue sieste – de la musique – ramassé feuilles calcinées de mes plantes en me lamentant déjà sur leur état lundi matin - 

trié, fait une partie du repassage

et suis partie en grand désir vers un adieu à l'animation des Corps Saints, une trop longue filet d'attente comme toujours, et comme toujours ma place dans le cloître des Célestins, pour au delà, de DeLavallet Bidiefono, les corps et voix passage vers le monde des absents.

(photo copiée sur le site du festival)
À Brazzaville, où il vit depuis plus de dix ans, la mort est omniprésente. Après des années de guerre civile au souvenir brûlant, elle surgit encore brutalement, à l'occasion d'accidents causant des centaines de victimes, ou plus silencieusement, conséquence de la pauvreté, de la malnutrition, de l'absence d'un système de santé efficient. Dans sa nouvelle création, DeLaVallet Bidiefono a souhaité mettre en scène ce compagnonnage funeste, figurer cette empreinte sur le quotidien de ses concitoyens. Un quotidien rythmé par les veillées funèbres qui durent six jours, pendant lesquelles le chagrin se manifeste par le rire et par les larmes. Six jours durant lesquels on entre en transe pour que s'expriment les défunts.
en grand désir j'allais donc parce que le thème est beau et m'est sensible (comme à tous je pense, avec modulations selon les civilisations... je pense aux pleureuses méditerranéennes, à l'ankou, à la manipulation des morts et au texte de François Bon http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1564)... en grand désir parce que le cloître des Célestins avec sa petite magie était fait pour accueillir cela, en grand désir parce que j'aime assez cette impression de suivre un groupe, puisque DeLavallet Bidiefono est depuis longtemps ami des frères Niangouna, qu'il a fait travailler les acteurs de Shéda, que le beau texte que, dans la nuit des Célestins, prononce la voix profonde du très fin chanteur, Athaya Mokonzi, texte d'injure à Dieu, aux hommes, à Satan, au théâtre, à tout, est de Dieudonné Niangouna,

(photo Nicolas Guyot)
Il y avait donc le cloître, la terre battue, les deux platanes, six danseurs (du groupe de danseurs amateurs que DeLaVallet Bidiefongo forme à Brazzaville), un slameur/chanteur, deux musiciens, l'énergie des corps, les basses et percussions de la musique, sa douceur lancinante parfois, le chant, les claquements de pieds sur le sol... et la danse, guerrière, appel, incantatoire, traces du souvenir de rituels, basée sur les souvenirs personnels de certains des danseurs (la femme qui a traversé un chant de morts pour aller chercher du manioc pour son enfant), combats et plaisir de la force...
Nous honorons plus les morts que les vivants, c’est sur cet aspect-là que je veux travailler... À Brazzaville, les tombes sont partout, la ville est elle-même un cimetière, dans lequel nous vivons. J’en viens parfois à me demander si c’est nous qui sommes morts, ou eux qui sont partis. Nous partageons le même espace. (passage de l'entretien avec Bidiefongo sur le programme de salle)

Il y avait les costumes très chics des deux musiciens (bleu pour l'un, argent pour l'autre), le cuir luisant et les petits talons (un bref numéro de claquettes) d'Athaya Mokonzi et cette voix sombre qu'il chante ou lance les mots, la longue jupe noire de DeLaVallet Bidiefongo et son très grand corps musclé, les tenues noires, simples, des quatre danseurs et des deux danseuses, il y avait l'arrivée de Molonzi, le début du texte, la naissance de la musique et les danseurs qui se croisent à grands pas, qui arpentent le plateau et les arcades jusqu'à ce que la transe vienne, il y avait ce grand calme, le silence, le danseur qui est ouverture, les fumigènes, la suffocation, les corps qui s'aident et s'étreignent, il y avait la violence, les rictus, les combats, les corps grimpés sur l'échelle et qui crient tous leur histoire, la tête de Bidiefongo dans un tambour sur lequel tape le batteur, en accord avec la danse, il y avait...

Il y avait aussi quelques moments où cela semblait se défaire, où mon attention fuyait, et puis la tension revenue. 
Il y a eu de forts, répétés, applaudissements...


la sortie dans la ville entre zones de nuit paisible

et la vie qui se refuse à l'abandon, encore un peu, encore...

6 commentaires:

F Bon a dit…

encore une belle dérive ville, avec sa conclusion dans le grand ailleurs – même le côté surexpo des photos contribue à faire de la dérive une fiction, plus les sourires et le museau télescopique !

Brigetoun a dit…

mes appareils sont aussi fatigués que moi, ont des tas d'idées, me racontent des tas d'histoire, se règlent de façon incompréhensible, les engueule sais pas faire mieux, ou ne prends pas temps de faire mieux

arlette a dit…

C'est le regard et la patte de l'artiste qui transforment la ...dérive

Michel Benoit a dit…

Qu'importe l'appareil pourvu qu'on aie l'ivresse !
:D)

Quel livre est-ce ? me disait l'un.
Tu me fais de l'APN, me disait l'autre.

Gérard Méry a dit…

J'opte pour le beau sourire et je laisse le banc de poisson si beau soit il

marie a dit…

bonjour chère Brigitte merci pour le vent du festival-les photos de Guyol tes photos de la rue tellement coloriés la nature les personnages des pieces et encore l'éclat de la pierre en or et merci pour tes mots fantastiques -les danseurs qui se croisent a grand pas qui arpalent le plateau le plateau et les arcades jusqu a ce que la transe vienne.....

je tembrasse chère Brigitte.
merci!