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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, juillet 01, 2013

Grâces soient rendues



En préparant, en séparant l'aile du lingot de morue, pour faciliter les découpes de portions des jours à venir, pensais que ne voulais penser, ou du moins penser à et en temps que Brigetoun, un peu lasse d'elle.
En préparant.... pensais ce que m'apporte mon école buissonnière sur internet, un rien organisée au fil des ans et de la constitution d'un petit corpus de sites et blogs – tant pis pour la sérendipité (ouf y suis arrivée) il en reste quelque chose, ou l'illusion puisque c'est plutôt dérive, rebond – pensais à mon envie d'hommage aux trajets dans la ville, dans Paris et en France, et puis dans les villes d'outre atlantique, et puis dans les villes mondes ou les villes nombres, mais se sont imposés les poètes

cueillis, reçus, gardés ou passant fugitivement en mémoire mais laissant traces, cueillis, reçus, gardés par mes yeux, ces petits boutons aux pupilles ternes, rougis, bien enfoncés, ces instruments qui ne paient pas de mime mais me sont précieux, sur certains blogs auxquels je voue reconnaissance grande.
Bien entendu, il y a, incomparable, Florence Trocmé et Poezibao, un jardin où avancer en se gardant de céder aux envies que n'aurais pas temps d'assouvir, en découvrant, rongeant un peu mon ignorance immense (sa belle idée, dernièrement, d'une petite anthologie, le samedi, à partir des livres reçus dans la semaine, et là sur http://poezibao.typepad.com/poezibao/2013/06/anthologie-permanente-petite-anthologie-du-samedi.html il y avait entre autres Pierre-Yves Soucy
autant de crues du monde offert
sous la clarté des touches
que par masses d’ocres ou de bleus
elles creusent de loin
l’aube des pierres liquides
mais je décide de me limiter aux traductions, aux traducteurs, aux passeurs qui me donnent des mots à mettre ou ajouter sous des noms connus, à me les faire adopter comme miens (ou non), mais pour éviter la noyade, vais en rester aux phares, ou à ceux qui me sont venus le plus vite en mémoire pendant que, tête penchée, je rinçais à grande eau mes cheveux, au risque de grande injustice et de regrets navrés (regrets déjà pour tout ce qui n'est pas poésie au sens le plus platement évident)


comme, pour ce continent, la littérature d'Amérique Latine, dont ne connaissais que des îles, la découverte, grâce à André Rougier (en dehors de ce qu'il donne comme pensées et poésie de «son cru», ou américaine, dans le sens états-unienne)
Accomplie soit la vie du poète qui,

dépourvu de clefs, toujours trouve

la porte fermée – ou ne la trouve même pas

et rentre les yeux morts par l’autre route

des choses rendues au désespoir des formes.
Dehors le monde existe. Dehors, la resplendissante

violence, les graines de raisin d’où giclent

les moindres rayons d’un soleil.

Dehors, les corps avérés, inébranlables

de notre amour,

les fleuves, la grande paix à la surface

des choses, les feuilles dormant du sommeil

du silence, les semences au bord du vent,
mais aussi, pour autre littérature, Nichita Stañescu http://andrelbn.wordpress.com/2013/05/31/nichita-stanescu-i-2/
L’adolescence est corde d’or

Que nul couteau ne tranche

Même que tu le veuilles

L’adolescence est corde d’or

Scellant pont jeté

Le nadir le zénith

comme pour l'Italie (et tant d'autres pays) le Terre de femmes d'Angèle Paoli et si cette limitation était frustrante, elle ne m'a pas interdit des lectures, re-lectures de belle qualité
La barbarie se love dans les corps

elle se glisse dans les tissus et les ganglions

elle languit dans la lymphe et au premier néant

elle dresse son dard et fore les veines
et les os
toute à sa rage elle rase les murs

et s’en va répandre l’affliction avec les gestes

d’une violence apprise au berceau (traduction Jean-Luc Para)
« Mère, apporte-nous des fleurs futures

de l’âpre Erythrée apporte-nous l’euphorbe

et de l’Inde l’ondoyant

le calme magnolia. (traduction Jean-Luc Para)

comme, toujours pour l'Italie, chez Giovanni Merloni, récemment (là encore, petite incise au milieu de ses textes et dessins ou tableaux)
C’est à cette heure que vont à travers
les chaudes herbes infinies
vers Ferrare
les derniers trains, avec de lents sifflets

ils saluent le soir, plongent indolents

dans le sommeil qui peu à peu éteint les bourgs rouges et leurs tours.
ou pour le monde germanique Laurent Margantin, (en espérant qu'il me pardonnera ce mini-pillage)
Au-dessus du coin noir se hâtent

A midi les corbeaux, poussant de durs cris.

Leur ombre passe à côté de la biche,

Et parfois on les voit faire une halte, moroses.

et puis, parce que bien sûr, moi du moins, j'étais très très loin d'avoir tout lu des latins, chez Danielle Carlès,
Nous attend l'Océan qui va autour du monde. Gagnons les rivages bienheureux,
gagnons les rivages, les îles fortunées,
où la terre sans être labourée rend Cérès tous les ans,
où la vigne sans être taillée ne cesse de fleurir,
où l'olivier pousse des rameaux qui jamais ne déçoivent,
 où la figue noire est l'ornement de son arbre,
le miel coule du creux des chênes, du haut des montagnes
une eau légère bondit et danse des claquettes.
Ici où tu vois des blocs renversés, des pierres arrachées
aux pierres et une fumée tourbillonnante mêlée de poussière,
c’est Neptune. Il ébranle les murs avec son grand trident,
ébranle les fondations, les secoue et détruit la ville depuis ses assises.
et il y a tous les compléments, explications, précisions qu'elle donne en professeur plein de charme.
Et, en passant, saluer aussi Marie Cosnay avec, entre autres, l'Enéide encore http://www.marie-cosnay.fr/ma-douce-eneide-vi-v-1-74/

et puis, pour toutes les littératures, ou presque, suivi plus épisodiquement le blog de traduction de poésie de Lionel-Edouard Martin http://lionel-edouard-martin.net/

Bien consciente du côté hétéroclite, manquais de temps pour accorder les thèmes... bien consciente de l'injustice de ce choix, mais ne pouvais plus sous peine de débordement... et si le coeur vous en a dit ces blogs et sites sont riches et grands ouverts pour vos découvertes.

8 commentaires:

Brigetoun a dit…

commentaire de Dominique Hasselmann détruit par ma maladresse (c'est vrai, promis)


Anthologie d'un matin calme...

jeandler a dit…

Hors les murs de la Cité, avec ce coutelas tranchant dans le vif, l'esprit vogue toutes voiles dehors...

Michel Benoit a dit…

Wouahhh ! les photos...

arlette a dit…

J'admire ce temps de lecture aux belles images ,que tu nous offres

Pierre R Chantelois a dit…

Aux mots, aux images, vous ajoutez de doux arômes. Que rêver de plus?

Gerard a dit…

Excellentes tes ombres d.arabesques

Danielle a dit…

Merci merci, Brigitte. Je viens de faire, moi, une belle promenade à rebours du temps dans Avignon. Délectable soirée à vous lire.

Brigetoun a dit…

MERCI