En préparant, en séparant
l'aile du lingot de morue, pour faciliter les découpes de portions
des jours à venir, pensais que ne voulais penser, ou du moins penser
à et en temps que Brigetoun, un peu lasse d'elle.
En préparant.... pensais
ce que m'apporte mon école buissonnière sur internet, un rien
organisée au fil des ans et de la constitution d'un petit corpus de
sites et blogs – tant pis pour la sérendipité (ouf y suis
arrivée) il en reste quelque chose, ou l'illusion puisque c'est
plutôt dérive, rebond – pensais à mon envie d'hommage aux
trajets dans la ville, dans Paris et en France, et puis dans les
villes d'outre atlantique, et puis dans les villes mondes ou les
villes nombres, mais se sont imposés les poètes
cueillis, reçus, gardés
ou passant fugitivement en mémoire mais laissant traces, cueillis,
reçus, gardés par mes yeux, ces petits boutons aux pupilles ternes,
rougis, bien enfoncés, ces instruments qui ne paient pas de mime
mais me sont précieux, sur certains blogs auxquels je voue
reconnaissance grande.
Bien entendu, il y a,
incomparable, Florence Trocmé et Poezibao, un jardin où avancer en
se gardant de céder aux envies que n'aurais pas temps d'assouvir, en
découvrant, rongeant un peu mon ignorance immense (sa belle idée,
dernièrement, d'une petite anthologie, le samedi, à partir des
livres reçus dans la semaine, et là sur
http://poezibao.typepad.com/poezibao/2013/06/anthologie-permanente-petite-anthologie-du-samedi.html
il y avait entre autres Pierre-Yves Soucy
… autant de crues du
monde offert
sous
la clarté des touches
que par
masses d’ocres ou de bleus
elles
creusent de loin
l’aube
des pierres liquides
mais
je décide de me limiter aux traductions, aux traducteurs, aux
passeurs qui me donnent des mots à mettre ou ajouter sous des noms
connus, à me les faire adopter comme miens (ou non), mais pour
éviter la noyade, vais en rester aux phares, ou à ceux qui me sont
venus le plus vite en mémoire pendant que, tête penchée, je
rinçais à grande eau mes cheveux, au risque de grande injustice et
de regrets navrés (regrets déjà pour tout ce qui n'est pas poésie
au sens le plus platement évident)
comme,
pour ce continent, la littérature d'Amérique Latine, dont ne
connaissais que des îles, la découverte, grâce à André Rougier
(en dehors de ce qu'il donne comme pensées et poésie de «son cru»,
ou américaine, dans le sens états-unienne)
Accomplie soit la vie
du poète qui,
dépourvu de clefs,
toujours trouve
la porte fermée – ou
ne la trouve même pas
et rentre les yeux
morts par l’autre route
des choses rendues au
désespoir des formes.
ou
Herberto Helder
http://andrelbn.wordpress.com/2013/06/16/herberto-helder-i/
Dehors le monde existe.
Dehors, la resplendissante
violence, les graines
de raisin d’où giclent
les moindres rayons
d’un soleil.
Dehors, les corps
avérés, inébranlables
de notre amour,
les fleuves, la grande
paix à la surface
des choses, les
feuilles dormant du sommeil
du silence, les
semences au bord du vent,
mais
aussi, pour autre littérature, Nichita Stañescu
http://andrelbn.wordpress.com/2013/05/31/nichita-stanescu-i-2/
L’adolescence est
corde d’or
Que nul couteau ne
tranche
Même que tu le
veuilles
L’adolescence est
corde d’or
Scellant pont jeté
Le nadir le zénith
comme
pour l'Italie (et tant d'autres pays) le Terre de femmes
d'Angèle Paoli et si cette
limitation était frustrante, elle ne m'a pas interdit des lectures,
re-lectures de belle qualité
La barbarie se love
dans les corps
elle se glisse dans les
tissus et les ganglions
elle languit dans la
lymphe et au premier néant
elle dresse son dard et
fore les veines
et les os
toute à sa
rage elle rase les murs
et s’en va répandre l’affliction avec
les gestes
d’une violence
apprise au berceau (traduction
Jean-Luc Para)
ou
Giuseppe Conte
http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2006/05/giuseppe_contep.html
« Mère, apporte-nous
des fleurs futures
de l’âpre Erythrée
apporte-nous l’euphorbe
et de l’Inde
l’ondoyant
le calme magnolia.
(traduction Jean-Luc Para)
comme,
toujours pour l'Italie, chez Giovanni Merloni, récemment (là
encore, petite incise au milieu de ses textes et dessins ou tableaux)
Giorgio
Bassani
http://leportraitinconscient.com/2013/06/23/giorgio-bassani-les-poemes-de-ferrare-iii/
C’est à cette heure
que vont à travers
les chaudes herbes
infinies
vers Ferrare
les derniers trains,
avec de lents sifflets
ils saluent le soir,
plongent indolents
dans le sommeil qui peu
à peu éteint les bourgs rouges et leurs tours.
ou
pour le monde germanique Laurent Margantin, (en espérant qu'il me
pardonnera ce mini-pillage)
Au-dessus du coin noir
se hâtent
A midi les corbeaux,
poussant de durs cris.
Leur ombre passe à
côté de la biche,
Et parfois on les voit
faire une halte, moroses.
et puis, parce que bien sûr, moi du moins, j'étais très très loin d'avoir tout lu des latins, chez Danielle Carlès,
Nous attend l'Océan
qui va autour du monde. Gagnons les rivages bienheureux,
gagnons les rivages,
les îles fortunées,
où la terre sans être
labourée rend Cérès tous les ans,
où la vigne sans être
taillée ne cesse de fleurir,
où l'olivier pousse
des rameaux qui jamais ne déçoivent,
où la figue
noire est l'ornement de son arbre,
le miel coule du creux
des chênes, du haut des montagnes
une eau légère bondit
et danse des claquettes.
et
Virgile avec l'avancée dans l'Enéide
http://fonsbandusiae.over-blog.com/virgile-eneide-ii-v.-588-623-venus-en-majeste
Ici où tu vois des
blocs renversés, des pierres arrachées
aux pierres et une
fumée tourbillonnante mêlée de poussière,
c’est Neptune. Il
ébranle les murs avec son grand trident,
ébranle les
fondations, les secoue et détruit la ville depuis ses assises.
et
il y a tous les compléments, explications, précisions qu'elle donne
en professeur plein de charme.
Et,
en passant, saluer aussi Marie Cosnay avec, entre autres, l'Enéide
encore http://www.marie-cosnay.fr/ma-douce-eneide-vi-v-1-74/
et
puis, pour toutes les littératures, ou presque, suivi plus
épisodiquement le blog de traduction de poésie de Lionel-Edouard
Martin http://lionel-edouard-martin.net/
Bien consciente du côté
hétéroclite, manquais de temps pour accorder les thèmes... bien
consciente de l'injustice de ce choix, mais ne pouvais plus sous
peine de débordement... et si le coeur vous en a dit ces blogs et
sites sont riches et grands ouverts pour vos découvertes.
8 commentaires:
commentaire de Dominique Hasselmann détruit par ma maladresse (c'est vrai, promis)
Anthologie d'un matin calme...
Hors les murs de la Cité, avec ce coutelas tranchant dans le vif, l'esprit vogue toutes voiles dehors...
Wouahhh ! les photos...
J'admire ce temps de lecture aux belles images ,que tu nous offres
Aux mots, aux images, vous ajoutez de doux arômes. Que rêver de plus?
Excellentes tes ombres d.arabesques
Merci merci, Brigitte. Je viens de faire, moi, une belle promenade à rebours du temps dans Avignon. Délectable soirée à vous lire.
MERCI
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