plaisir d'un colis arrivé
au moment où j'allais partir – plaisir des cafouillages du livreur
novice et des protestations des automobilistes coincés derrière sa camionnette (où se croient-ils?)
dehors... prendre panier, partir dans les rues, dans la liberté de
mouvement reconquise, dans le presque désert
plaisir, en voyant les
affiches survivantes, quand elles ne sont pas lambeaux, de penser
qu'il y a encore ça, où du moins une partie, que devrais en
profiter
plaisir de pouvoir marcher
dans la lumière, sous le soleil qui se fait caresse sans violence
plaisir des étals, encore
assez bien garnis, des richesses de la région (ou si proches), des
vendeurs disponibles
les touristes se
regroupant, ne devenant intrusifs que dans leur choix entre les
variétés d'olives
surprise de rencontrer
encore quelques musiciens... et pour les tracs quelques errants
désabusés qui n'essaient même plus de distribuer leurs petits
paquets
... la boutique du festival
est entrée en courte léthargie avant disparition
cuisine, s'attaquer au
colis, et grand plaisir totalement indu de trouver cela
ouvrir, admirer les
illustrations de Van Dongen, et lire, au hasard À ce moment,
Schahrazade vit approcher le matin et s'arrêta discrètement. Et
lorsque luisit le matin, le roi Shahriar entra dans la salle de
justice, et le divan fut bondé jusqu'à la fin de la journée. Puis
le roi rentra dans son palais, et Doniarzade dit à sa soeur.... et
refermer vite avant que Schahrazade ne reprenne son récit... parce
que faim, parce que sommeil, un peu
avant
de repartir, longeant ce qui a été un mur d'affiches,
souriant
aux arbres en fleur,
jusqu'à
la chapelle du Miracle, devenue pour la première fois un théâtre
du off, sous le nom de «Chapeau d'ébène», assez beau et
énigmatique.
Attendu
un peu, en petite compagnie, m'amusant des noms portés sur le billet,
m'amusant de la façon dont j'avais amalgamé mon vague désir de
voir le mangeur de lotus,
un spectacle chinois méditatif et de retrouver cette chapelle (où bien entendu ce n'est pas cela qui se jouait, mais Alphonse
de Wajdi Mouawad, ce qui n'était sans doute pas plus mal)
un
peu navrée de voir que de grands rideaux noirs masquaient (théâtre
oblige) les renfoncements et les belles fenêtres pré-baroques...
entendu
dans le noir
Quand on est petit,
On est bien mal
renseigné.
Alors on imagine.
Plus tard,
Imaginer, ça devient
plutôt compliqué.
Alors on se renseigne,
Alors on devient grand
et y a pas de mal à ça.
C’est dans l’ordre
des choses.
Et les choses sont bien
faites
Puisqu’elles nous
empêchent de revenir en arrière,
Ce qui est très bien.
Car si un homme, par le
plus grand des hasards, croisait un jour sur son chemin l’enfant
qu’il avait été et si tous les deux se reconnaissaient comme tel,
ils s’écrouleraient alors la tête première contre le sol,
l’homme de désespoir, l’enfant de frayeur. prologue
d'Alphonse
(trouvé, en rentrant,
pendant que patates et filet de loup cuisaient, avant de repartir, cette
vidéo qui peut donner une idée de ce que j'ai vu)
une belle
performance (enfin cela ne sent pas l'effort) de l'actrice qui joue
une dizaine de rôles et le récitant, en coulant souplement de l'un à
l'autre... un beau texte, destiné à la jeunesse, avec des moments
comiques, quelques phrases poétiques, une ébauche de philosophie
(ai noté des passages mais ce serait trop long et sans grand
intérêt...)
et l'habituelle
(à mes yeux, ne me les arrachez pas) difficulté de Mouawad à
terminer, condenser un peu...
retour par le
boulevard Raspail, et le plaisir des jeux du soleil sur un jeune
tronc,
le long de la
rue Joseph Vernet, des gens léchant, en approchant de chez moi, des
glaces et les vitrines, croisé un jeune homme en culottes à la
française, gilet brodé, besace, qui se faufilait entre jeunes
filles, qui a fuit mon image comme le festival nous quitte, (enfin?)
chargé photos,
arrosé, préparé souper... et suis repartie (et là, est-ce une
chance ? mon vieil appareil s'est coincé et garde en lui deux ou trois
photos sans intérêt)
jusqu'aux trois
pilats
et, face à
cette maison dont la galerie me fait envie, au théâtre de l'Isle,
seul théâtre permanent qui joue encore, et où je n'étais encore
jamais allée (honte à moi, l'équipe est si j'en crois la rumeur
très sympathique)
pour voir, dans
ce tout petit écrin, premier amour de
Beckett, interprété par Alexis Barbosa (imperméable sur veston à
carreaux, melon, hésitations dans la parole comme il se doit, mais
légères comme il se doit aussi, yeux légèrement hagards, et comme
décor un banc et un lampadaire)... quelques gestes un peu trop
«mime» m'a-t-il semblé au début, impression vite effacée, et le
grand plaisir de ce texte,
(photo
du programme du off)
J'associe, à
tort ou à raison, mon mariage avec la mort de mon père, dans le
temps. Qu'il existe d'autres liens, sur d'autres plans, entre ces
deux affaires, c'est possible. Il m'est déjà difficile de dire ce
que je crois savoir....et
puisque je viens de le sortir pour ces premières phrases, m'en vais
le relire en dînant...
sortie
dans la rue déserte,
retrouvé
un peu d'animation, des dîneurs, sur la place des Carmes, et pensé
qu'il faut que je prenne des billets pour le Tremplin jazz qui
commençait ce mardi soir.
Retour
dans un Avignon qui, un peu après dix heures, est déjà très
assoupi, sauf quelques poches comme la place de l'horloge et la rue
Saint Agricol (mais sans la folie des dernières semaines).
6 commentaires:
Cet élan vital que chacun possède au fond de soi ... tu en a beaucoup !! comment fais-tu pour avoir toujours cette envie qui te pousses à découvrir et nous l'offrir
Merci
Brrrr!! la campagne me ramollit sérieusement,
Et la routine reprendra ses droits
C'es pas fini, il y a encore plein de spectacles jusqu'à ce soir (tard) !
je sais Michek, mais fatiguée un chouya et puis tu sais le problème du plateau de fromage ou de la boite de chocolat intacts - que choisir ?
La fin de la fête, le silence, ou presque, revenu, un petit bonheur, avec un peu de nostalgie. Se balader avec toi éloigne toute fatigue. Je viens de travailler avant la chaleur dans mon grand potager (quel boulot ! mais les saveurs saines...) une vague odeur de purin d'ortie appelle une douche énergique... enfin, la vie à la campagne. Te suivre en Avignon est donc un petit bonheur.
et l'été se poursuit ... ...
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