météo
boire
son café les yeux sur la bande dorée en haut du mur, sur le ciel
d'une pureté de vent
un
petit circuit matinal, un petit détour par les boutiques de souvenirs pour acheter une moutarde au miel de lavande et un petit flacon de
crème balsamique au safran – mistral qui s'affirme, joue, mais
sans virulence, juste pour donner petite allégresse, réveiller la
peau.
lecture
Je peux d’autant
mieux évoquer ce souvenir qu’aujourd’hui même, les livres sont
là, qui continuent de me tenir chaud pendant ce temps où je suis de
nouveau sans emploi. À chaque fin de mois, je ne manquais pas
d’actualiser ma situation de demandeuse d’emploi auprès de
l’ANPE afin de percevoir l’allocation chômage à laquelle
j’avais droit, toute chose que je fais à présent auprès du Pôle
Emploi.
J’avais été
patiente, différentes pistes s’étaient esquissées qui n’avaient
pas abouti, et au bout de quelques mois, alors que l’idée me
trottait dans la tête depuis un moment déjà — je suivais en
effet de près tout ce qui concernait la mairie de Paris, en cela, on
pouvait reconnaître sans difficulté l’étudiante intéressée par
la chose publique que j’avais été et, plus lointainement,
l’enfant qui trouvait grand plaisir à lire «Vivre à Angers» le
journal d’information municipale —, j’avais adressé une
candidature spontanée à l’élu.
m'y suis arrêtée, là, à
la mairie de Paris, avant de poursuivre l'histoire des emplois de la
narratrice de "Retour pôle emploi" de Anne-Sophie Barreau
chez Publie.net http://www.publie.net/fr/ebook/9782814507050
alphabet
avais dit aux f : neuf au plus – ils vinrent à onze – ai vite fermé...
les ai regardé – il y avait
faim
– ont surgi tant, tant de
visages, de membres aux grosses articulations, d'yeux immenses, de
corps déformés... suis restée en arrêt respectueux, ai attendu
que s'efface l'intolérable contre lequel nous faisons, ne devons cesser de faire,
ce que pouvons, qui est toujours trop peu... et puis, avec
l'inévitable égoïsme de la vie, suis descendue un peu, vers les
petites faims, celles que nous connaissons, même quand les disons
grandes, même quand cela ronge, fait battre les tempes, et les ai
pensées provisoires et nécessaires
en garder toujours une petite, n'aller jamais jusqu'à
l'assouvissement, la bénir cette faim qui, elle, nous maintient en
vie et mouvement.. tourner le dos à la grande faim du monde,
retrouver celle à laquelle pensais, qui rend si délicieux le moment
où on prépare un repas...
ou cet autre : allongée, buste un peu redressé, un
bras suspendu un moment au dessus d'un panier avant d'y plonger et de
prendre un fruit, un bout de fromage..
souvenir
ancien : descendre une boule de pain coincée sur les poutres,
tailler de grandes tranches, emplir corbeille pour ceux qui
s'éveillent, s'asseoir, en prendre une (bien longtemps que je ne
mange plus guère de pain).
farigoule
– parce que le prononcer est
savoureux et donne faim, parce que le notai, pour le plaisir, au
moment où une voix à l'accent un peu sourd - mêlant matité et
petites lumières, déplacement des toniques, qui disait le sud mais
sans la trompette de Marseille ou du Var (accent qui nous était
interdit à Toulon, au risque d'être accusés de railler) - parlait
de cochons, de châtaignes, de montagne, m'a fait penser à mon île
natale que connais si peu (et c'était celle d'Ange-Toussaint
Albertini, dans l'émission de Ruth Stegassi
http://www.franceculture.fr/emission-terre-a-terre)...
et que je me suis demandée si ce mot existait là, s'il était passé
de la garrigue au maquis.
et,
encore une fois, je m'étale en des riens, et encore une fois je me
dis : condense, ou coupe.. saute la fatigue parce
que cela appelle trop de choses, oublie l'immense, la sale, pense que
tu as déjà retenu la faim et qu'elles ont des affinités... garde :
fer
– penser Celtes, penser pas
qui sonnent, solitaires, dans les salles du musée de Saint Germain
en Laye, panneaux, envie d'être studieuse, penser Afrique, penser
Musée de l'homme, celui qui n'existe plus, rôle du forgeron,
glisser vers Jean Rouch, le premier rang à gauche de la salle
Garance autrefois, à Pompidou (sortir un coffret de DVD pour en
choisir un à regarder dans la nuit, et réaliser qu'aucun des films
ne concerne les forgerons, mais ça ne fait rien) – penser
fonderie, métallurgie, acier, penser aux merveilleuses photos de Fos
sur le tiers.livre, et retrouver les architectures du fer à
Gardanne http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3544,
ne pas penser ArcelorMittal..
faire retour vers ce merveilleux métier qui était déjà
devenu mythique dans mon enfance... pourtant je me souviens, dans une
brume qui me fait douter de la réalité de cette image, de l'homme
examinant les fers de l'immense cheval dans la cour de P, cheval de
trait sur lequel on m'avait hissée, si large que mes petites jambes
étaient horizontales sur son dos.
fermeture
– ne pas ouvrir, limiter aux
barreaux, au fer... interdire.
feu
– être dans un été sans
grands dommages, être superstitieuse, ne pas penser mort rituelle de
pans de nos paysages – juste s'installer en idée devant une
cheminée et rester là, yeux sur le bondissement, fascinée,
toujours, comme les ancêtres de mes ancêtres, écouter, sentir, se
brûler le visage et se reculer un peu, peut-être étendre le bras
et prendre une pomme à faire rôtir, et du coup retrouver l'immense
cheminée bretonne, ce jour fabuleux des homards alignés contre les
flammes, retrouver les cheminées du Bussin, l'énorme marmite
suspendue dans celle de la cuisine, les femmes préparant le dîner
pour les clients qui doivent venir se griser d'authentique, de trop
de nourritures, et bailler pendant la veillée.
feuilles
– une petite brise qui les
fait danser autour de nous, assis contre un tronc, à l'abri.
fichu
– les petits carrés de linon
ou de coton imprimé que nous pliions et posions sur nos cheveux
avant d'entrer dans une église, pour visiter ou prier, en mon
adolescence (et relativiser l'effroi actuel devant le voile, en
Europe au moins, laisser sa chance au temps si les idéologies
cessent de s'en emparer... saluer celles qui le combattent là où il
est imposé).
foule
– perdue en silence entre ma
sympathie, parfois, ma petite excitation et l'envie d'en être
partie, autres fois, et l'instinctive terreur de carcasse, toujours.
fuite
– et donc se raidir sur ses
jambes... tenir contre cette crainte passagère.
Détester
les jugements sommaires et automatiques qu'entraîne le mot, mais le
détester aussi, lui, et ce qu'il recouvre moralement – guère plus
quand s'applique à cette façon qu'a l'eau de se frayer passage non
prévu (remontée de mes années de travail).
Savoir
que l'ai trop pratiquée devant l'amorce de liens..
et
laisser la fureur tranquille,
puisqu'elle me laisse en paix ces jours (si longtemps sujette à de
brusques orages), et qu'il est plus que temps de quitter Paumée, et
de m'en aller savourer la descente du soir, calme et immobile, contre
le mur de la cour.
dommage que blogger impose de passer par le tableau mentionnant les passages (un peu moins de la moitié de la fréquentation habituelle ce samedi) sans importance mais pas franchement motivant. Me dire que Paumée est mon château de sable, et chercher la mer.
dommage que blogger impose de passer par le tableau mentionnant les passages (un peu moins de la moitié de la fréquentation habituelle ce samedi) sans importance mais pas franchement motivant. Me dire que Paumée est mon château de sable, et chercher la mer.
9 commentaires:
Pour ce seul mot, farigoule, le détour est réjouissant. Comme un feu de joie il a des résonances de petits crépitements à l'oreille.
Ainsi, vous nous alphabétisez...
je suis chaque jour...
Amour d'Avignon d'Abord puis cet alphabet, personnelle divagation
Et votre dernière phrase qui me plaît vraiment : en Bretagne les châteaux de sable parlent
merci
Aucun risque de rester sur sa Faim même si, l'un après l'autre, les boulangers (congés d'été obligent) Ferment l'un après l'autre : il y a ici suffisance d'engrangée. C'est la Fête !
"L'éloge de la fuite" De Laborit...
en son temps et toujours
merci pour votre soutien
J'aime la méthode de livraison
des moulins de Bachasson
F pour les photos (que j'aime).
F pour l'efficacité (double !).
F pour les elfes qui voyagent dans ta lumière.
F pour... (facile...)
o_O
pas facile - disons f pour fervents remerciements
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