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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, août 11, 2013

F pour samedi


météo

boire son café les yeux sur la bande dorée en haut du mur, sur le ciel d'une pureté de vent

un petit circuit matinal, un petit détour par les boutiques de souvenirs pour acheter une moutarde au miel de lavande et un petit flacon de crème balsamique au safran – mistral qui s'affirme, joue, mais sans virulence, juste pour donner petite allégresse, réveiller la peau.


lecture
Je peux d’autant mieux évoquer ce souvenir qu’aujourd’hui même, les livres sont là, qui continuent de me tenir chaud pendant ce temps où je suis de nouveau sans emploi. À chaque fin de mois, je ne manquais pas d’actualiser ma situation de demandeuse d’emploi auprès de l’ANPE afin de percevoir l’allocation chômage à laquelle j’avais droit, toute chose que je fais à présent auprès du Pôle Emploi.
J’avais été patiente, différentes pistes s’étaient esquissées qui n’avaient pas abouti, et au bout de quelques mois, alors que l’idée me trottait dans la tête depuis un moment déjà — je suivais en effet de près tout ce qui concernait la mairie de Paris, en cela, on pouvait reconnaître sans difficulté l’étudiante intéressée par la chose publique que j’avais été et, plus lointainement, l’enfant qui trouvait grand plaisir à lire «Vivre à Angers» le journal d’information municipale —, j’avais adressé une candidature spontanée à l’élu.
m'y suis arrêtée, là, à la mairie de Paris, avant de poursuivre l'histoire des emplois de la narratrice de "Retour pôle emploi" de Anne-Sophie Barreau chez Publie.net http://www.publie.net/fr/ebook/9782814507050

alphabet
avais dit aux f : neuf au plus – ils vinrent à onze – ai vite fermé... les ai regardé – il y avait


faim – ont surgi tant, tant de visages, de membres aux grosses articulations, d'yeux immenses, de corps déformés... suis restée en arrêt respectueux, ai attendu que s'efface l'intolérable contre lequel nous faisons, ne devons cesser de faire, ce que pouvons, qui est toujours trop peu... et puis, avec l'inévitable égoïsme de la vie, suis descendue un peu, vers les petites faims, celles que nous connaissons, même quand les disons grandes, même quand cela ronge, fait battre les tempes, et les ai pensées provisoires et nécessaires
en garder toujours une petite, n'aller jamais jusqu'à l'assouvissement, la bénir cette faim qui, elle, nous maintient en vie et mouvement.. tourner le dos à la grande faim du monde, retrouver celle à laquelle pensais, qui rend si délicieux le moment où on prépare un repas...
ou cet autre : allongée, buste un peu redressé, un bras suspendu un moment au dessus d'un panier avant d'y plonger et de prendre un fruit, un bout de fromage..
souvenir ancien : descendre une boule de pain coincée sur les poutres, tailler de grandes tranches, emplir corbeille pour ceux qui s'éveillent, s'asseoir, en prendre une (bien longtemps que je ne mange plus guère de pain).


farigoule – parce que le prononcer est savoureux et donne faim, parce que le notai, pour le plaisir, au moment où une voix à l'accent un peu sourd - mêlant matité et petites lumières, déplacement des toniques, qui disait le sud mais sans la trompette de Marseille ou du Var (accent qui nous était interdit à Toulon, au risque d'être accusés de railler) - parlait de cochons, de châtaignes, de montagne, m'a fait penser à mon île natale que connais si peu (et c'était celle d'Ange-Toussaint Albertini, dans l'émission de Ruth Stegassi http://www.franceculture.fr/emission-terre-a-terre)... et que je me suis demandée si ce mot existait là, s'il était passé de la garrigue au maquis.  

et, encore une fois, je m'étale en des riens, et encore une fois je me dis : condense, ou coupe.. saute la fatigue parce que cela appelle trop de choses, oublie l'immense, la sale, pense que tu as déjà retenu la faim et qu'elles ont des affinités... garde :


fer – penser Celtes, penser pas qui sonnent, solitaires, dans les salles du musée de Saint Germain en Laye, panneaux, envie d'être studieuse, penser Afrique, penser Musée de l'homme, celui qui n'existe plus, rôle du forgeron, glisser vers Jean Rouch, le premier rang à gauche de la salle Garance autrefois, à Pompidou (sortir un coffret de DVD pour en choisir un à regarder dans la nuit, et réaliser qu'aucun des films ne concerne les forgerons, mais ça ne fait rien) – penser fonderie, métallurgie, acier, penser aux merveilleuses photos de Fos sur le tiers.livre, et retrouver les architectures du fer à Gardanne http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3544, ne pas penser ArcelorMittal..
faire retour vers ce merveilleux métier qui était déjà devenu mythique dans mon enfance... pourtant je me souviens, dans une brume qui me fait douter de la réalité de cette image, de l'homme examinant les fers de l'immense cheval dans la cour de P, cheval de trait sur lequel on m'avait hissée, si large que mes petites jambes étaient horizontales sur son dos.

fermeture – ne pas ouvrir, limiter aux barreaux, au fer... interdire.
feu – être dans un été sans grands dommages, être superstitieuse, ne pas penser mort rituelle de pans de nos paysages – juste s'installer en idée devant une cheminée et rester là, yeux sur le bondissement, fascinée, toujours, comme les ancêtres de mes ancêtres, écouter, sentir, se brûler le visage et se reculer un peu, peut-être étendre le bras et prendre une pomme à faire rôtir, et du coup retrouver l'immense cheminée bretonne, ce jour fabuleux des homards alignés contre les flammes, retrouver les cheminées du Bussin, l'énorme marmite suspendue dans celle de la cuisine, les femmes préparant le dîner pour les clients qui doivent venir se griser d'authentique, de trop de nourritures, et bailler pendant la veillée.

feuilles – une petite brise qui les fait danser autour de nous, assis contre un tronc, à l'abri.

fichu – les petits carrés de linon ou de coton imprimé que nous pliions et posions sur nos cheveux avant d'entrer dans une église, pour visiter ou prier, en mon adolescence (et relativiser l'effroi actuel devant le voile, en Europe au moins, laisser sa chance au temps si les idéologies cessent de s'en emparer... saluer celles qui le combattent là où il est imposé).

foule – perdue en silence entre ma sympathie, parfois, ma petite excitation et l'envie d'en être partie, autres fois, et l'instinctive terreur de carcasse, toujours.

fuite – et donc se raidir sur ses jambes... tenir contre cette crainte passagère.
Détester les jugements sommaires et automatiques qu'entraîne le mot, mais le détester aussi, lui, et ce qu'il recouvre moralement – guère plus quand s'applique à cette façon qu'a l'eau de se frayer passage non prévu (remontée de mes années de travail).
Savoir que l'ai trop pratiquée devant l'amorce de liens..

et laisser la fureur tranquille, puisqu'elle me laisse en paix ces jours (si longtemps sujette à de brusques orages), et qu'il est plus que temps de quitter Paumée, et de m'en aller savourer la descente du soir, calme et immobile, contre le mur de la cour.
dommage que blogger impose de passer par le tableau mentionnant les passages (un peu moins de la moitié de la fréquentation habituelle ce samedi) sans importance mais pas franchement motivant. Me dire que Paumée est mon château de sable, et chercher la mer.

9 commentaires:

Pierre R Chantelois a dit…

Pour ce seul mot, farigoule, le détour est réjouissant. Comme un feu de joie il a des résonances de petits crépitements à l'oreille.

Dominique Hasselmann a dit…

Ainsi, vous nous alphabétisez...

Unknown a dit…

je suis chaque jour...
Amour d'Avignon d'Abord puis cet alphabet, personnelle divagation
Et votre dernière phrase qui me plaît vraiment : en Bretagne les châteaux de sable parlent
merci

jeandler a dit…

Aucun risque de rester sur sa Faim même si, l'un après l'autre, les boulangers (congés d'été obligent) Ferment l'un après l'autre : il y a ici suffisance d'engrangée. C'est la Fête !

arlette a dit…

"L'éloge de la fuite" De Laborit...
en son temps et toujours

Brigetoun a dit…

merci pour votre soutien

Gérard Méry a dit…

J'aime la méthode de livraison
des moulins de Bachasson

Michel Benoit a dit…

F pour les photos (que j'aime).
F pour l'efficacité (double !).
F pour les elfes qui voyagent dans ta lumière.
F pour... (facile...)

o_O

Brigetoun a dit…

pas facile - disons f pour fervents remerciements