météo
calme sur la ville,
cloches dans le ciel bleu, vie vacillante sur le web, légers bruits
dans l'immeuble, vent inaudible remuant gentiment les branches de
temps en temps, colère et hypocrisie du monde déversée par la
radio, noeuds crispés en petites douleurs dans carcasse
profiter du soleil qui
dédaigne chaque jour un peu plus la cour.
alphabet
repris
par entêtement dans le désert du net, puisque le j convient à ce
jour.
Jardin
Rêver
des jardins anglais et croire en avoir vu, rêver un peu davantage
aux jardins des villas de Vénétie, aimer l'ennui des jardins à la
française, et avoir envie d'un petit jardin, bien clos, avec
quelques plate-bandes survivant à un ancien jardinier et qui se
troubleraient, s'ensauvageraient un peu malgré mes soins sporadiques
et maladroits, un peu de gravier pour l'agacement, une chaise et une
table de fer pour lire, suivre du doigt les petites perforations, un
micocoulier, un grand tilleul qui déborderait, un mur au soleil pour
que s'y accroche une vigne... planter devant des roses trémières,
sottes et attachantes, à côté de quelques plans de thym. Ajouter
tuyau et arrosoir, une pelle dans un coin qui vieillirait lentement,
inutilisée, un fusain pour la délicatesse de l'odeur presque
absente et un de mes bas reliefs en plomb en souvenir de ma jeunesse.
java
au
début de la longue et lente montée de la rue de la Roquette, de la
Bastille vers mon antre parisien – sur la petite place, juste avant
l'étrécissement entre les dernières maisons sous le cimetière -
le carrefour toujours un peu encombré, le soir, de la rue de Lappe,
où l'on ne danse plus depuis longtemps la java, je crois – ne suis
allée qu'un soir dans cette rue, et ce n'était pas pour danser,
mais pour élucubrer, mais les boites sont là qui se succèdent...
cette
nuit, si longtemps il y a, dans le jardin de ce qui n'était pas
encore la fondation Cartier mais le Centre Américain (il y avait des
ateliers et une piscine en sous-sol), j'avais appris en quelques
minutes à la danser la java et n'avais plus cessé pendant des
heures - je me souviens que nous étions trois, dans un coin sous les
arbres, je ne me souviens plus d'eux, il me semble que l'un était
français et l'autre, peut-être, vietnamien – oui, peut-être et
c'était un vrai ami, nous partagions nos timidités et une boite de
compas.
je
un peu
trop présent, passons, se retrouvera par trop.
jérémiade
suis
très douée pour, un peu moins qu'en ma pénible adolescence.
jeu
me
méfie des jeux de hasards, ne m'y risque pas, j'aime trop
l'excitation de la perte.. j'aime jouer avec des petits paris idiots
et silencieux, les bordures de trottoir, à deviner le sexe de celui ou celle
qui montera le premier ou la première à la prochaine station, le
bonjour ou non d'une personne secrètement (ou je le voudrais) chère,
moyen de désamorcer la peine s'il n'est pas - j'aime surprendre les
jeux de lumière ou de formes, la lumière de la lune en longue bande
dansante sur la mer, le clocher dans l'angle du cloître - je n'ai
jamais aimé les jouets, d'ailleurs je suis d'une génération qui en
avait peu - je suppose que j'aurais aimé avoir une peluche, puisque
j'aime en offrir - j'ai aimé les jeux du petit groupe familial
pendant la période où je les dirigeais, et puis j'ai laissé le
commandement à A - j'aime jouer à ne pas être moi... jouer avec
l'idée de jouer ma vie..
jeune
cette
merveille – voudrais croire que ceux qui nous ont suivis, que les
actuels, en sont plus conscients que ne l'étions... ils ont en tout
cas plus de liberté et s'affirment plus, il me semble (regard de
vieille ? ravi, enchanté en ce cas)... sont moins réduits à n'être
qu'une tension vers l'avenir, tension entravée par des découvertes,
des éclairs de joie, des brouillards.
Ce
corps plein de possibles.. mais bien sûr c'est un peu épuisant
d'avoir toute sa vie devant soi..
joie
on
l'a dit parfois immense, souvent par politesse – certains sont
capables d'être joyeux, essentiellement joyeux (sans avoir besoin
d'avoir l'air aussi niais que le nain ainsi nommé) ou d'en donner –
je crains de ne pas être des leurs.
Pourtant,
comme tous, j'en ai besoin, mais au pluriel ce qui nécessite
qu'elles soient petites.. ou ainsi dénommées, causées par des
riens, des choses de peu, des éclairs mais capables aussi bien d'un
fulgurant ensoleillement que d'une caresse aimable – instants
légers et tendres, clartés, petits sourires, récompenses et aides,
cueillies dès que possible, au détour du chemin, en arrêt, au
vent.
Et
puis j'aime bien ce salut qui ne se dit plus : que le jour vous
tienne en joie.
joue
les
belles joues des déesses grecques... on ne le dit guère des femmes,
encore moins des hommes, pourtant c'est joli un visage aux belles
courbes lisses et tendues. Il reste possible de s'attendrir sur
celles des enfants (c'est peut-être ce qui dissuade d'en parler
pour les adultes) et leur seule idée me donne même sourire que de
prononcer ou penser petons, menottes (rajouter petites pour éviter
confusion navrante).
Et
puis il y a les fossettes, délicieuses, forcément délicieuses,
quel que soit l'âge.. ou presque – discrètement désolant le
moment où un joli visage les perd.
Pauvres
joues pour lesquelles je cherche laborieusement des mots pesants -
mieux vaut les embrasser, quelles qu'elles soient... et penser au
délice d'un rayon de soleil sur les miennes, pauvres d'elles qui
n'ont plus formes acceptables, ou au froid qui les raffermit
douloureusement.
jour – Il
vient avec la lumière que filtrent les volets.
Il
vient et, pauvre, il est l'objet de tous les poncifs
On
dit qu'il s'éveille, on dit qu'il finit, entre temps on le vit.
Il
est de saveur légère, de couleur gaie, ou sombre et orageux,
aimable, détestable ou fait d'ombre et de lumière, d'indifférence,
de joies, agacements, ennuis.
Il
est attendu avec impatience parfois, mais je balance toujours, pied
suspendu, et esprit rétif, avant d'y entrer.
Il
n'en finit pas de se traîner ou passe comme un vol de martinet ; il
est une portion mesurée de temps : il dure, en principe, de 0 à 24
heures, mais ce n'est pas vrai, ne le vivons pas ainsi - les miens
commencent, après des sursauts, de brèves incursions de conscience
dans la nuit qui, en retour, doucement les gomme et les annule, entre sept et
neuf heures, et s'étalent, insensiblement ou rugueusement,
interminablement, jusqu'à l'entrée bienheureuse dans le soir, leur
meilleure partie que je savoure, j'étire, je refuse de laisser
partir, jusqu'à deux et trois heures.
Ils
se succèdent avec leurs noms et reviennent, réguliers... ah ! on
les brode aussi, mais je ne sais pas le faire et ce ne sont pas les
mêmes. (ceux-là je les aime sur les beaux draps où couler la
nuit).
jubiler – le
penser, l'écrire parce qu'il ne peut se dire sans un sourire. Le
goûter. Le vouloir sans méchanceté cachée (ou se la tolérer si bénigne).
Un
juron contre la longueur de mes sottises. Fin.
5 commentaires:
Jongleuse de mots tu es
J comme Jeudi comme il se doit.
J'adore ce dictionnaire presque jubilatoire.
mais malgré votre si gentille fidélité suis un peu découragée là et en grande envie d'arrêter ou suspendre au moins
Jij ! Je J ejj jéjujjijé !
Ej jue jej jjojoj joj jejjej...
:D)
Roses trémières sottes et attachantes : je les vois comme ça moi aussi
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