météo
aux
toutes petites heures du jour, pieds nus, sentir et voir l'humidité
des dalles de la cour, les petites flaques stagnantes, se souvenir du
dernier orage, vérifier que l'évacuation maximale est assurée, se
recoucher...
peiner
à entrer dans le jour - éternuements, courbatures de rhume que la
douche n'emporte pas avec elle - voir le bleu lumineux et dur qui
domine le mur, prendre sac de linge et partir dans la ville, avec
petit veston de toile devenu nécessaire et jambes frémissantes d'un
reste de fraîcheur, dans le beau temps qui nous revient, dans la
tiédeur qui se souvient des jours de chaleur enveloppante.
lecture
dernier
paragraphe avant de refermer livre, gardant quelques pages pour
renouer avec le lendemain, et parce que sommeil venait :
Vie
plus vie plus vie... la narration est comme un échafaudage qui
permet la construction de la vie de tenir debout, elle structure,
organise... La transmission c'est la vie. Narrer me permet d'évacuer
des souvenirs à la fois immémoriaux et insupportables. Sans
l'écriture j'aurais perdu la tête. Mon écriture nous a sauvés du
pire – page 133 de la
mer et l'enfant le roman de
Sabine Huynh chez Galade Éditions
http://www.galaade.com/oeuvre/la-mer-et-l-enfant
beau, mères et filles, les déchirements, et l'écriture (plus le
statut incertain de la vérité)
alphabet
bloquer
les mots, qui viennent moins nombreux avec le d, garder
dame
ou damoiselle parce
que flattent mon penchant à l'évasion hors de notre temps, parce
qu'ils sont là, d'une époque où nous prenions existence et force
dans un monde où le masculin était le tout, au point d'en devenir
le neutre – sourire à ce temps où ces mots se suffisaient, où on
n'y avait pas encore accolé un ma auquel
il me plaît, là, maintenant, de voir un essai de lien, de reprise -
et damoiseau n'a pas
subi cet ajout, a simplement disparu (bon, c'est n'importe quoi, je suppose que l'histoire
des mots est différente, mais c'est moi qui décide, maintenant,
devant mon écran, dans la douce fin de l'après-midi).
danse
– pulsion
et discipline, règles et élan, plaisir, une idée de joie
spontanée, et puis, pour qu'elle ne soit pas que cela, les heures
passées à la barre (le bruit du Cours Lafayette qui montait entre
les volets entrouverts chez Phillis, où nous prenions, joyeuses et
appliquées, parfois boudeuses, un peu, d'être contraintes, des
leçons – oh pas de pointes, mais ce qui devait nous donner grâce)
– le travail aussi des danseurs pour que le corps parle, dise –
le goût que j'en avais, les soirs de spectacles ou d'exercices
ouverts au public assis sur le sol et quelques gradins très bas, au
sous-sol du Centre National de la Danse quand il n'avait pas encore
déménagé et que je pouvais y passer le soir, en sortant du bureau,
en suivant la rue de Rivoli jusqu'à ce quartier que j'aime, derrière
l'Hôtel de Ville, rue Geoffroy l'Asnier, je crois... (oh cette
mémoire ! Je revois la sortie dans la nuit, la petite rue, le chemin
vers la rue François Miron, l'arrêt du 69, mais ne suis plus
certaine de la rue) – les nuit dans le cloître des Célestins –
les branches dans le mistral, l'air au dessus d'un pré au soleil...
décapage
–
au delà de la vie.. ou je le ressens ainsi : ce qu'est trop souvent,
ici, un ravalement..
défi
– une
colonne presque improbable de sièges, parce que je pensais à ce
mot, ancien, fier ou simplement obstiné, qui a fait si long, beau et
bon service, et au détestable challenge qui l'a chassé et auquel je
ne peux me faire – petit sursaut intérieur, involontaire et
persistant, chaque fois que je l'entends, comme à l'annonce de ces
arrêts du métro causés par l'agression «d'un» agent... que je
traduis en agression «contre» - ma minute de vieille ronchon
délice
–
tant et tant de petits instants à cueillir – la tomate de jardin,
un peu baroque et merveilleusement parfumée, que j'ai fait fondre
pour mes pâtes, à midi, et le soleil sur ma peau dans la cour,
maintenant qu'il n'est plus tueur mais un contact à savourer, chair
ronronnante, yeux fermés, en pensant à des gens heureux,
certainement heureux.
désirs
– s'être
appliquée, pendant si longtemps, à s'amoindrir pour leur enlever
force, ne pas leur donner place pour que leur impossible
assouvissement ne consume pas le peu qui reste – s'en être donné
de petits, légers, les rendre impérieux, jouer avec
disparition
– mot
qui s'échappe, qui part dans tous les sens... pourquoi venu ?
pas
pour mes morts, je déteste les euphémismes..
pour
des éloignements ? ils ont été insensibles ou si inévitables que
leur évidence empêchait de les noter..
peut-être
pour le flou, pour une envie que le monde se fasse imprécis, perde
ses arêtes.
donner
- le
plus grand des plaisirs, et puis un petit tourment... la crainte, la
certitude que cela ne sera jamais ce qu'il faudrait.. ma difficulté,
souvent, surtout avec ceux que j'aime le plus, à le faire
simplement, avec grâce, sans demander stupidement que l'on
m'excuse... je suppose que nous voulons trop, sans le dire, être
dans chaque cadeau tendu pour être accepté.
droit
–
ceux de l'homme, basiques, évidents, ou qui devraient l'être, au
respect, à l'existence, à un logement, de la nourriture, un
enseignement, prendre tous moyens dont disposons (si petits et rares
soient-ils) pour que cela soit...et puis accepter en silence
d'entendre revendiquer le droit à l'amour, à un enfant, à des
liens et sentiments, ces droits
auxquels je ne crois pas (que je ne reconnais pas) – pour le devoir
ou
les devoirs,
puisque
sont là, tenter de les remplir, et ne pas s'en créer.
Stop,
sourire de soi, arroser, regarder les plantes, le ciel, le mur de la maison,
plus loin, que le soleil touche encore, entrer dans le soir.
5 commentaires:
Les D sont jetés.
Pour demain, euh...
o_O
merci Michel, je retiens
magnifique ta dernière photo
Que de points abordés qui frémissent en DébanDaDe
En général elle se fait plus rare que les voyelles. Mais voilà. Elle inspire tant sa présence est fréquente dans les mots importants de la vie : Dieu, Divin, Droit, Développement et Durable...
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