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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, août 09, 2013

Jeudi en d


météo

aux toutes petites heures du jour, pieds nus, sentir et voir l'humidité des dalles de la cour, les petites flaques stagnantes, se souvenir du dernier orage, vérifier que l'évacuation maximale est assurée, se recoucher...

peiner à entrer dans le jour - éternuements, courbatures de rhume que la douche n'emporte pas avec elle - voir le bleu lumineux et dur qui domine le mur, prendre sac de linge et partir dans la ville, avec petit veston de toile devenu nécessaire et jambes frémissantes d'un reste de fraîcheur, dans le beau temps qui nous revient, dans la tiédeur qui se souvient des jours de chaleur enveloppante.


lecture
dernier paragraphe avant de refermer livre, gardant quelques pages pour renouer avec le lendemain, et parce que sommeil venait :
Vie plus vie plus vie... la narration est comme un échafaudage qui permet la construction de la vie de tenir debout, elle structure, organise... La transmission c'est la vie. Narrer me permet d'évacuer des souvenirs à la fois immémoriaux et insupportables. Sans l'écriture j'aurais perdu la tête. Mon écriture nous a sauvés du pire – page 133 de la mer et l'enfant le roman de Sabine Huynh chez Galade Éditions http://www.galaade.com/oeuvre/la-mer-et-l-enfant beau, mères et filles, les déchirements, et l'écriture (plus le statut incertain de la vérité)

alphabet
bloquer les mots, qui viennent moins nombreux avec le d, garder
dame ou damoiselle parce que flattent mon penchant à l'évasion hors de notre temps, parce qu'ils sont là, d'une époque où nous prenions existence et force dans un monde où le masculin était le tout, au point d'en devenir le neutre – sourire à ce temps où ces mots se suffisaient, où on n'y avait pas encore accolé un ma auquel il me plaît, là, maintenant, de voir un essai de lien, de reprise - et damoiseau n'a pas subi cet ajout, a simplement disparu (bon, c'est n'importe quoi, je suppose que l'histoire des mots est différente, mais c'est moi qui décide, maintenant, devant mon écran, dans la douce fin de l'après-midi).

dansepulsion et discipline, règles et élan, plaisir, une idée de joie spontanée, et puis, pour qu'elle ne soit pas que cela, les heures passées à la barre (le bruit du Cours Lafayette qui montait entre les volets entrouverts chez Phillis, où nous prenions, joyeuses et appliquées, parfois boudeuses, un peu, d'être contraintes, des leçons – oh pas de pointes, mais ce qui devait nous donner grâce) – le travail aussi des danseurs pour que le corps parle, dise – le goût que j'en avais, les soirs de spectacles ou d'exercices ouverts au public assis sur le sol et quelques gradins très bas, au sous-sol du Centre National de la Danse quand il n'avait pas encore déménagé et que je pouvais y passer le soir, en sortant du bureau, en suivant la rue de Rivoli jusqu'à ce quartier que j'aime, derrière l'Hôtel de Ville, rue Geoffroy l'Asnier, je crois... (oh cette mémoire ! Je revois la sortie dans la nuit, la petite rue, le chemin vers la rue François Miron, l'arrêt du 69, mais ne suis plus certaine de la rue) – les nuit dans le cloître des Célestins – les branches dans le mistral, l'air au dessus d'un pré au soleil...

décapage – au delà de la vie.. ou je le ressens ainsi : ce qu'est trop souvent, ici, un ravalement..
défi – une colonne presque improbable de sièges, parce que je pensais à ce mot, ancien, fier ou simplement obstiné, qui a fait si long, beau et bon service, et au détestable challenge qui l'a chassé et auquel je ne peux me faire – petit sursaut intérieur, involontaire et persistant, chaque fois que je l'entends, comme à l'annonce de ces arrêts du métro causés par l'agression «d'un» agent... que je traduis en agression «contre» - ma minute de vieille ronchon

délice – tant et tant de petits instants à cueillir – la tomate de jardin, un peu baroque et merveilleusement parfumée, que j'ai fait fondre pour mes pâtes, à midi, et le soleil sur ma peau dans la cour, maintenant qu'il n'est plus tueur mais un contact à savourer, chair ronronnante, yeux fermés, en pensant à des gens heureux, certainement heureux.
désirs – s'être appliquée, pendant si longtemps, à s'amoindrir pour leur enlever force, ne pas leur donner place pour que leur impossible assouvissement ne consume pas le peu qui reste – s'en être donné de petits, légers, les rendre impérieux, jouer avec
disparition – mot qui s'échappe, qui part dans tous les sens... pourquoi venu ?
pas pour mes morts, je déteste les euphémismes..
pour des éloignements ? ils ont été insensibles ou si inévitables que leur évidence empêchait de les noter..
peut-être pour le flou, pour une envie que le monde se fasse imprécis, perde ses arêtes.

donner - le plus grand des plaisirs, et puis un petit tourment... la crainte, la certitude que cela ne sera jamais ce qu'il faudrait.. ma difficulté, souvent, surtout avec ceux que j'aime le plus, à le faire simplement, avec grâce, sans demander stupidement que l'on m'excuse... je suppose que nous voulons trop, sans le dire, être dans chaque cadeau tendu pour être accepté.
droit – ceux de l'homme, basiques, évidents, ou qui devraient l'être, au respect, à l'existence, à un logement, de la nourriture, un enseignement, prendre tous moyens dont disposons (si petits et rares soient-ils) pour que cela soit...et puis accepter en silence d'entendre revendiquer le droit à l'amour, à un enfant, à des liens et sentiments, ces droits auxquels je ne crois pas (que je ne reconnais pas) – pour le devoir ou les devoirs, puisque sont là, tenter de les remplir, et ne pas s'en créer.

Stop, sourire de soi, arroser, regarder les plantes, le ciel, le mur de la maison, plus loin, que le soleil touche encore, entrer dans le soir.

5 commentaires:

Michel Benoit a dit…


Les D sont jetés.

Pour demain, euh...

o_O

Brigetoun a dit…

merci Michel, je retiens

Gérard Méry a dit…

magnifique ta dernière photo

arlette a dit…

Que de points abordés qui frémissent en DébanDaDe

Pierre R Chantelois a dit…

En général elle se fait plus rare que les voyelles. Mais voilà. Elle inspire tant sa présence est fréquente dans les mots importants de la vie : Dieu, Divin, Droit, Développement et Durable...