premier éveil
après sept heures, me dire que devrais être neuve comme un bébé,
faire un pas dans cour, voir le ciel jeune mais avec ce léger voile
qui parle de lourdeur – penser que suis un peu même,
décider de
s'offrir la facilité d'un repassage par autrui, mettre dans sac
trois chemises, trois robes, y ajouter un pantalon sale, et partir
d'un pas quasi conquérant dans la ville, le temps d'un fragment de
rue... avant que le coton, le vague, le flou d'une lassitude extrême
m'enveloppe toute,
la sorcière
partant à l'abordage qu'étais encore il y a quelques jours s'est
évanouie.
continuer
d'avancer, tout doux, tout doux, sourire, penser que devrais
m'occuper de Babelio, secouer épaules en refus, penser que devrais
faire liste de lectures de juillet, savoir que ce serait très bref,
mon appétit de lecture étant en ce mois devenu très virtuel, une
tendance à accumuler, à effleurer quelques lignes, à se laisser
appeler par autre chose, un rayon de soleil, un bobo, une tache, une
autre lecture, un spectacle, le sommeil, le divin et toujours
décevant sommeil
Ce serait, en
très lente avancée pour les soupers d'après spectacles et billets,
aux petites heures du jour futur, la dernière aventure d'un homme
de quarante-cinq ans, de Rétif
de La Bretonne – me demande si l'envie qui m'a prise de renouer
avec ses torrents de mots, de sentiments tendres, d'ambiguïtés, ne
tient pas à son efficacité comme bonnet de nuit, souriant, un peu
agaçant, efficace pour m'accompagner vers l'assoupissement.
Ce
serait, par petites fractions dans les files d'attente, en reprenant
un peu au hasard, les marque-pages s'évadant, les quelques pages du
socle des vestiges de
Niangouna
Poufiasse de
mortadelle échappée de la poubelle. On ne se cherche pas par
l'autre. L'autre on le vit, on le supporte, à l'endroit où il nous
échappe, lui et tout ce qui lui passe dedans.
ou
les derniers poèmes d'Hölderlin, pour leur beauté, pour la
translation dans sa campagne hivernale quand j'attendais dans le
cagna, au milieu des pas
C'est le
repos de la nature, le silence des champs
Est comme
l'être spirituel de l'homme, et plus nettes se montrent
Les
nuances....
Ce
serait, trop proche, Avignon à vie de
Pascal Rambert
Ce
serait des incursions dans polar un peu idiots, et trop connus.
Ce
serait le voyage bourguignon et la possibilité de lire normalement
Limite de François Bon, seule vraie lecture peut-être, avec,
rodant dans mon souvenir, les billets parus sur le tiers livre, http://www.publie.net/fr/ebook/9782814503625/limite
Je ne connaissais pas,
à l’époque, la phrase de Roland Barthes : « On écrit
toujours avec de soi.» Le roman tient sans doute sa magie de cette
extrapolation : on rend transmissible une expérience, ou du
moins on construit que la lecture témoigne d’une expérience,
quand cette expérience n’est pas la vôtre directement. Je n’ai
pas joué de guitare électrique solo dans un groupe rock des années
70, et encore moins aurais su participer à un match de football.
Ce
fut parvenir à regagner l'antre avec draps propres, pot de confiture
raffinée trouvé en chemin et robes et autres affûtiaux nettoyés,
se glisser entre les motos qui prennent ma porte pour un garage,
juger que sont pas tant, que point n'ai besoin de rouspétance (une
fois par semaine environ, pour que soit dégagée pendant quelques
jours)
Ce
serait caresser des yeux les deux piles en attente, savourer l'idée
d'y plonger, ne pas aller au delà.
Voulais me
rattraper, mais ne sors pas de mon état un rien végétatif, et
pourtant ne connais rien de mieux que lectures belles pour renouer
avec monde, réellement, autrement qu'en flottant à la limite de
l'abandon sur sa surface. Et ce m'est spécialement difficile ces
jours sur l'ordinateur, yeux tirant encore plus et en grand désir de
se fermer.
Mais tout de
même, chez Benoît Vincent –
oublis et essarts dans
le http://www.amboilati.org/chantier/journal-de-carlos-futuna-02/
en lente et gourmande lecture, peut-être justement plus proche d'une
vraie attention
Ces délaissées. Comme
hier à la mer je me faisais réflexion du contenu des laisses de
mer, entre morceaux de plastique, ailes de libellules noyées, cris
de marins, petites boules de pétrole, pelotes de posidonies, un peu
comme si la mer, grand organisme omnivore, déglutissait
l’indigestible au rivage (à notre face, en somme).
Eh bien la terre aussi
a ses laisses, ses oublis masqués par la forêt, dans les essarts.
Ce pays est plein de recoins, d’impasses, de lieux inexplorés,
oubliés par l’étrange passementerie des routes, des autoroutes,
par l’orientation des vallées et l’imbrication des maisons dans
les villes ; des erreurs spatiales : des lieux qui ne mènent nulle
part et qui ne sont, eux-mêmes, rien. Il y a en a partout, en ville
ou à la campagne, dans l’espace public ou dans l’espace privé,
au nord comme au sud. Un grand gaspillage d’espace, précisément
parce que, le replat étant rare, on cherche à optimiser le moindre
carreau de terrain...
et
notre acceptation de ce monde parsemé de nos déchets
et
puis entrer lentement dans l'abécédaire en cours de François Bon
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3621
et cet entame que sens, que dois accepter, qui ne saurais être aussi
productif
ABANDON
Je ne sais pas si le
plus important de ce qu’on apprend avec l’âge, au rebours du
métier ou pour se défendre de lui, ce n’est pas la capacité
d’abandon. Les conséquences ne vous intéressent plus, elles ne
sauraient que partiellement vous rejoindre. On laisse venir, on lance
et c’est tout soi qui tombe – ça hante parfois, dans les rêves.
Mais c’est pour cette capacité même qu’on atteint ce qu’on
aurait su décider. Souvent, c’est plus étroit, plus limité que
ce qu’on aurait espéré. Mais abandon encore en cela, qu’on
l’accepte tel, qu’on y campe. C’est de sa curiosité dans
l’abandon qu’on s’arrête un instant, qu’on place l’une
après l’autre les pièces, que pour les regarder plus à nu on en
fait un abécédaire.
En
cueillir un peu tous les jours, et ne jamais le rejoindre.. (suis allée plus loin tout de même !)
avoir
cela en tête, et dans un autre genre les foisonnants billets de
Giovanni Merloni avec son alphabet renversé de l'été 2013
qui en est resté provisoirement à la lettre Q ou quintessence
http://leportraitinconscient.com/2013/07/30/q-ou-quintessence-mais-de-quoi-alphabet-renverse-de-lete-2013/
Quand on arrive à la
lettre Q, on s’aperçoit tout de suite de son inquiétante
présence quantitative
et qualitative dans
nos querelles et
quiproquos quotidiens :
«en quête de quoi
les gens du quartier
ondoient-ils tous les jours entre le quai
du canal et le quai de
la gare ?»
En Angleterre, en
Italie aussi, une question
semblable serait considérée comme un véritable quiz,
auquel presque
personne ne saurait répondre. En France, il y a bien sûr le
Quatrain quotidien
d’Élisabeth Chamontin — et bien sûr la voix immortelle de
Raymond Queneau — pouvant lui donner des réponses quand
même adéquates, sinon quasiment
parfaites.
Et
sentir naître une envie de dresser, dans le vide de ce mois, plus
simple, plus primaire, mon petit abécédaire – copieuse suis (non,
puisque ça ne saurait être la même chose)
La
pluie est venue, un peu après midi, avec grondements dans le
lointain, clapotement calme sur les dalles, et les plantes se sont
redressées, buvant avec une gratitude bienheureuse. (cela n'a pas duré)
Ai
continué un peu ma promenade à grands pas sur internet avec le plus
récent billet de Pierre Ménard
http://liminaire.fr/derives/article/je-marche-dans-mes-traces
sa contribution à la quatrième semaine (sur 10) de l'atelier
d'écriture en ligne de François Bon – me perdre dans sa lecture,
admirer, espérer être en état, faute de m'être crue capable d'y
participer, de lire la semaine prochaine toutes les contributions
(nombreux sont) sur http://ouvrez.fr/
et
regarder les livres en attente, tous désirés, et penser à nerval
http://nerval.fr/ que j'ai trop
négligé et....
me
faut des forces et heures que je n'ai point, me faut reprendre
appétit durable, et cesser de papillonner
attendre
la nuit, regarder le DVD du film Claude Régy, la brûlure
du monde d'Alexandre Barry joint au très beau livre entamé
après le concert, continuer après
Les Chinois disent que
ce vide qui est entre les traits, entre les objets représentés, que
ce vide est un élément d'une part d'intériorité et d'autre part
justement un élément d'échange, un élément de communication.
C'est à dire que quand on représente une montagne dans l'eau –
sans parler du reflet – on représente que l'eau peut être
montagne et que la montagne peut être eau. Et c'est dans le vide
entre l'eau et la montagne qu'on sent cette communication., cet
échange de substance...
et
avoir chargé sur le Kobo, l'emportement d'André
Markowicz, qui n'est un si merveilleux passeur et traducteur que
parce qu'il est poète
http://www.publie.net/fr/ebook/9782814507579/l-emportement
FORAGE
à l’arraché, au
jour
le jour, à source en
faute, l’air
épars avec la soif,
la sourde soif,
et là
tirer mon chapeau absent à celui, celle ou ceux qui se seront donné
le mal de lire cela, ou plutôt jouer rêveusement avec une mèche en
y pensant, c'est plus féminin, et leur murmurer «c'était bien
inutile, c'était comme remonter un moteur, cela ne concernait que le
chauffeur»
4 commentaires:
Cela ne concernait sans doute pas que le chauffeur !
Nerval ? Le 26 janvier 1855 au très petit matin, un PV acte du suicide de "Labrunie Gérard" en ces termes :
- "Ce matin à 7 heures et demie, a été retrouvé pendu aux barreaux de la boutique du serrurier de la rue de la Vieille-Lanterne..."
Ainsi avait-il détourné deux symboles : barreaux et serrures, pour retrouver sa liberté !
mais là il s'agissait de http://nerval.fr/ textes contemporains mis en ligne à cette adresse (avec sans doute en tête un hommage rendu à Gérard)
Ce vide si important entre les choses .... ce vide qui crée la forme
Exact je tournais une mèche en lisant (avec attention )
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