météo
Réveil
au tout petit matin - je regarde avec méfiance le jour où
n'ai pas encore envie d'entrer à travers le bambou et le trou entre
murs, pour ne pas distinguer vraiment, avoir l'impression qu'il est
blanc, lumineux mais blanc...
À l'heure de la seconde
tasse de café et de la confiture de poire désespérément liquide,
lever les yeux, s'essuyer le menton, voir des nuages bonhommes en
lente promenade sur la lumière bleue, faire vague projet de lecture
au bord du Rhône... et puis le blanc est devenu uniforme, des
gouttes isolées sont venues s'écraser sur les carreaux de la cour
pendant que je me lavais les mains dans une tomate trop mure, me suis
trouvée une vocation pour la lecture coite dans l'antre. (et cette
couverte s'est crevée, refaite, a joué toute l'après-midi, pour
disparaître avec l'approche du soir).
Lecture
Gardé pour l'après-midi, aux premières heures de ce
mardi, quelques pages du livre commencé en alternant la bande de carreaux sous
soleil et l'ombre apaisante dans la cour, et j'ai refermé «Le coeur
des enfants léopards» de Wilfried N'Sondé, (j'avais écouté une
lecture par Criss Niangouna de adaptés dans la cour de Calvet
http://brigetoun.blogspot.fr/2013/07/festival-jour-18-lecture-calvet.html)
un peu avant la fin, et la dernière version des faits réels ou
inventés, sur
Je me lave avec encore
plus d'entrain, car j'ai reconnu les esprits de grande compassion.
Ils viennent du fond des âges, pour m'assister dans mon calvaire.
Ils ne m'ont pas abandonné, alors vraiment rien n'est perdu.
Soulagé, je continue à me doucher dans l'allégresse. Subitement,
tout me revient, le déroulement des événements s'impose à moi
avec la plus grande clarté...
pour laisser le
sommeil venir.
Alphabet
et le
i pour initiale de mots à traiter avec une brièveté indolente,
sans insistance
ici
– mot qui
existe pour me donner envie de là-bas, et pour m'inciter à y penser
tranquillement ici. Peut éventuellement avoir des sens plus larges,
plus profonds, plus ouverts.... c'est aussi, que nous le voulions ou
non, un mot dont nous ne pouvons nous débarrasser, qui nous suit
avec plus de fidélité que n'en aura jamais aucun chien.
Idéal
– un très
beau mot dont nous sommes arrivés à nous méfier, avec ou sans
majuscule. C'est dommage, je devrai essayer d'y croire, sans imposer
ce que je désigne par là ni me laisser imposer celui d'autres, et
m'en aller à sa suite... quitte à le modifier pour tenir compte des
découvertes ou accidents du chemin.
identité
– mot que
je crache, on y a mis tout ce qui borne l'individu.
idiotie
– je me
trouve bien négative
avec ces pauvres mots, je décide d'être gentille avec celui-ci...
parce que je suis bien obligée d'être indulgente avec la sottise,
les imbécillités quand ne font de mal à personne, ce me sont des
compagnes trop familières, et l'idiotie est un rempart si commode,
quand on l'affiche et cogite pour soi à l'abri.
Et
puis il y a ceux qu'on a longtemps appelés les idiots, du village ou
non, et là me sens pour eux une réelle, profonde, tendresse
fraternelle.
image
– zut,
j'avais laissé soigneusement de côté idée, que n'ai je fait la
même chose pour celui-ci ? Encore si je gardais pour moi ce qui peut
me venir en tête, mais pour peu que cela tombe sous des yeux
philosophiques....
Je
salue Platon dévotieusement. Je passe sur la querelle des images,
quoique la société byzantine est passionnante, mais mes notions
sont devenues bien trop floues pour permettre de l'aborder en
quelques mots, je passe sur l'interdiction de l'image religieuse par
l'islam, j'en garde seulement les petites merveilles qui en sont
nées. L'image mentale me conduisant vers cette chère imagination je
n'en dirai pas qu'elle est la folle du logis, parce que je suis
suffisamment disciple de Bouvard et Pécuchet comme cela (quoique..
l'ont-ils noté ce poncif là, il faudrait vérifier) et ne perdrai
pas mon temps à parler de notre civilisation des images ou bien
faudrait creuser, creuser, creuser pour trouver autre chose que ce
qui s'étale partout ou le discuter.
Je
me suis contentée d'une image d'image, et d'une gratitude à tous
ceux qui arrivent à les rendre efficaces pour nous guider quand
n'avons pas les mots et que cherchons à traverser ou faire pipi.
impossible
– mot avec
lequel sont posées des bornes à nos élans, contre lesquelles nous
avons désir de foncer tête baissée, le faisons parfois... avec la
force innée des illusions qui nous sont indispensables et rendent
inaudibles tous les «ça va pas être possible» - avec l'âge et
les bosses le bélier en nous apprend la prudence, sans renoncer tout
à fait tant que vivons.
inévitable - un
mot qui a toujours un petit goût désagréable, qui donnait remords
quand c'était notre propre résignation paresseuse, et qui devient
incontournable et détestable en nos jours où il nous est assené
pour condiment à tous les reculs, à la diminution des retraites,
aux restrictions, délocalisations, restructurations (que ces mots
soient barbares et laids n'est pas une consolation, comme ne l'est
pas le fait qu'ils ne s'appliquent jamais, ni celui de réforme, aux
mouvements de capitaux, aux retraites dorées, à la répartition par
l'impôt, aux salaires au dessus d'un certain niveau, etc...)
innocence – un
état fragile et instable – je veux me croire innocente, ne peux
jamais en être certaine...
tenter
de garder un peu d'ingénuité, savoir
que celle des enfants n'est pas la tranquille et coite ignorance
qu'on leur attribue, être en grande colère contre tout ce qui
pervertit leur regard...
et
pencher tout de même ce matin vers un chouya de nunucherie en
choisissant ce joli petit lapin en herbes et ses papillons.
intelligence
– me sens
petiote là – salue avec révérence ceux qui ont science et
éventuellement un peu de brillant, mais n'oublient pas l'empathie –
soupire et me dis qu'il ne faudrait tout de même pas se résigner
trop facilement à la croire inaccessible.
ironie
– l'aime
légère, souriante, comme celui des bustes de Houdon, ne la déteste
pas un peu mordante quand c'est salubre (fais une révérence, en
dessinant un beau petit demi-cercle avec mon pied, comme on me
l'avait appris, devant le sourire de Monsieur de Voltaire), en ai un
peu peur, n'étant capable que d'en être l'objet – et pour la
désamorcer ai choisi d'en trouver une trace dans le sourire de ce bélier (n'ai pas haute opinion de leur intelligence, cela limite les
dégâts, on peut toujours répondre par un haussement d'épaule....
il est vrai que cela semble exclure l'ironie).
irréel
– un
continent immense où s'envoler - un refuge que
l'homme se fabrique en partant du réel, qu'il le veuille ou non, ce
qu'il décide sagement d'oublier - ce réel caché qui donne toute sa
saveur aux plus folles élucubrations, et ces allusions à notre réel
qui font le charme des contes (leur morale aussi malheureusement
parfois).
Cela m'amuse et j'adore
les contes, mais finalement le réel me paraît suffisamment étrange
pour que je me passe assez facilement de le travestir.
ivoire –
simplement une matière que j'aime pour son contact lisse et doux, et
des objets de peu qui sont chargés de souvenirs (y ajouter un
médaille de berceau cerclée de..., un gros bracelet et un rond de
serviette pour faire un petit résumé de la vie de Brigetoun).
M'est
avis qu'il est temps de m'interrompre d'autant plus facilement qu'est
finie la trop grande liste de mots que j'ai gardés (et que j'ai semé des mots en i par ci par là.
10 commentaires:
Pourvu que les "I" finissent par l'envIe, c'est tout ce que j'attends !
:D)
Trouvé hier soir, dans un grenier de Bailleul (59) un vieux dictionnaire Larousse avec ses merveilleuses pages roses : la couleur n'avait pas passé.
Idéal. Je suis resté bloqué une partie de la nuit sur ce mot. Mais diantre qu'est-ce qui est idéal dans la vie? La santé, le bonheur, la paix, la sérénité, le temps doux, des hivers moins rigoureux... A quoi sert d'être idéaliste si rien de ce que nous tenons pour idéal ne nous est accessible?
je crains que ce soit une des principales caractéristiques d'un idéal, qui doit rester un but
Didier Serplet :
- "L'inutile, c'est subversif..."
oh que j'aime ça !
Oui, cela redonne envie d'ouvrir un dictionnaire et d'y rechercher, nous aussi, les mots à qui faire leur fête. J'aime tes choix.
Remarqué que tes "i" sont plus des idées que des objets
Un billet joliment de I farci. Plutôt par ci que par là. Quel idiome !
Sage comme une I..mage..Itou !
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