météo
réveil
en deux temps, lumière, le vent qui forcissait hier sur le chemin de
mon retour s'est assoupi, se fait bénin, avec de simples petites
foucades pour que l'air vive -
lavage
de cheveux, un peu de ménage, un tour sur blogs amis (et de belles
choses), petite recherche sur les groupements de viticulteurs,
rapide, sommeil... et pas grand chose de plus, sereinement.
lecture
un
besoin de légèreté après ma bataille photos (il en restait, il en
reste trop, mais j'en ai jeté un tiers et ma machine me faisait des
malheurs), j'ai regardé une xème fois l'impossible
Monsieur Bébé, avec
son charme, accru par cette impression confortable, de teps en temps,
de le connaître presque par coeur... je suis restée en suspens
devant la pile de livres en attente, ne savais à quel désir
céder... j'ai picoré dans le n°2 des Cahiers Claude Simon (2006)
http://associationclaudesimon.org/3/,
qui est une série d'hommages par des écrivains auxquels je suis
sensible, pour finalement reprendre le petit texte de Simon cendre
… pouvant
voir comme à travers des déchirures, des fibres d'existences
antérieures, des morceaux de sa propre vie où il se regardait de la
même façon dont il regardait se mouvoir ces silhouettes familières
et inconnues accaparées par une vie des fourmis. Des déchirures.
Comme ces blessures qu'exhibaient, ridicules et pitoyables, au
passage des généraux vainqueurs, les vieux soldats dénudant leurs
peaux blanchies : des souvenirs, de blêmes cicatrices sur le fond
décoloré du temps.
ban
des vendanges
J'étais
donc restée là, immobile, derrière ceux qui passaient, parlaient,
attendaient et, comme ces derniers, je regardais, par dessus les
crânes, les deux hommes maintenant perchés sur le pressoir,
le sans-âge à chapeau qui se penchait, attrapait les poutres qu'on
lui tendaient et les passait au jeune, rouge de soleil, qui, manches
retroussées sur ses forts bras, les posait soigneusement, dans un
sens, puis dans l'autre sur le couvercle.
Je me suis faufilée, approchée, j'ai attendu, et
les robes se regroupaient à côté de moi.
Des
essais de micros, une brève introduction, et puis le discours de
Brigitte Noël,
http://www.vins-rhone.com/planete-rhone/article/interview-with-brigitte-noel-president-of-the-compagnons-des-cotes-du-rhone
la
présidente des Compagnons des Côtes du Rhône – j'aime bien leur
tenue, spécialement pour les femmes, relativement nombreuses,
chapeau de gardian noir comme la veste, chemisier blanc, et étole
rouge et or – cette association qui, pour promouvoir les vins des
côtes du Rhône méridionale, sait associer la fête (le ban des
vendanges a chaque année un beau succès) à son action de lobbying
en France et à l'international, avec, semble-t-il, un certain
succès, même si, quand l'un des intervenants qui se sont succédés
(j'écoutais en même temps les commentaires et discussions sur la
date prévisible des vendanges qui reviennent aux dates d'antan, plus
tardives, sans doute vers la mi-septembre par chez nous, la semaine
suivante pour le nord des côtes du Rhône) a parlé de faire
d'Avignon l'équivalent de Bordeaux, Dijon ou Florence, il galéjait,
ce me semble, un tantinet, un gros tantinet.
Madame
le Maire nous a dit que la ville était fière, Cécile Helle pour le
Conseil Général et l'intervenant suivant nous ont expliqué, pas en
ces termes, mais le sens y était, que, puisque le Vaucluse avait une
richesse, et qui se développait, tous leurs voeux, et un peu plus,
accompagnaient les vignerons et les compagnons... - c'est suffisamment rare.
Forts de ces
considérations économiques, on est passé à la fête, on a fixé
le levier (je m'étais glissée dans un vide derrière le pressoir
pour ne pas gêner les propriétaires de beaux appareils, et je
voyais surtout les jambes des deux journalistes à très beaux
appareils et grande gentillesse)
les compagnons
ont goûté le raisin de paniers qui circulaient entre eux puis se
sont succédés près du pressoir pour déclarer le ban ouvert en une
foultitude de langues, dont, pour finir, le provençal, on a chanté
«coupo santo» - enfin moi très bas, je chante faux et j'avoue que
j'ai un très lointain et brumeux souvenir des paroles, venu du
collège (le lycée de fille de mon temps) de Toulon,
et puis tout le
monde s'est égaillé vers le sérieux : les bouteilles, les échoppes
de produits, les tables.
Je
n'avais ni faim, ni soif, – et surtout pas de vin – d'autant que
n'étais pas assez flambante pour mettre au défi carcasse, et puis
il était beaucoup trop tôt - je suis restée derrière le pressoir,
me penchant pour voir le jus emplir les bouteilles que tendaient les
trois vignerons et l'un des photographes,
et
je trouvais, avec les gens qui se pressaient, tendant sans trop de
bousculade, ou courtoise, les verres achetés pour la dégustation
des bouteilles, ou de tous petits gobelets de plastique qui leur
étaient distribués, l'ambiance spécialement joyeuse, sympathique.
Me
suis attardée jusqu'à avoir soif en les voyant, et j'ai eu droit à
un grand gobelet de jus – très bon je vous assure.
et
puis j'ai flâné entre les tables, ce qui était parfois
acrobatique, croisant les politiques en pré-campagne.. ai salué des
têtes connues qui me reconnaissaient – surprise -, échangé
quelques mots,
J'ai
regardé, tentée, mais il était vraiment trop tôt, la confection
de brouillades aux truffes officiellement (certainement) du
Ventoux... et pour sortir de ma fascination, j'ai acheté un petit
morceau de coulommiers (pas franchement local mais c'était ce qu'ils
vendaient) fourré de lamelles de truffes
que
j'ai dignement promené le long des échoppes variées – j'y aurais
bien ajouté une assiette d'huitres, mais ça devenait vraiment
acrobatique – des tablées, des enfants galopant...
en
saluant le soir qui descendait sur la vigne et ses raisins trop
verts, en regagnant la place, traversant les groupes de touristes,
regagnant l'antre. L'ai mangé quatre heures plus tard, il n'était
pas mauvais.
Intéressant
n'est-ce-pas ?
10 commentaires:
Lorsque les traditions font également la belle part à la gastronomie, l'esprit est repu ;-)
Toujours l'accord enchanteur des mots et des images, je passe vous lire tous les matins, vous le savez, et cela fait désormais partie pour moi du rituel du café : retourner vous lire, retourner voir les images que vous avez recueillies dans vos pérégrinations du jour. J'aime le regard que vous portez sur le monde, et sur ce qui est proche, que vous n'avez pas repoussé comme trop connu mais au contraire en face duquel vous tenez le pari qu'il y a à voir et à dire.
Isabelle, merci, touchée de votre passage
Bien sûr, intéressant !
À mon sens, Avignon a déjà pour le vin une réputation de capitale qu'elle ne doit pas envier à Bordeaux, Dijon ou Florence...
Huîtres et brouillade de truffes auraient eu largement ma préférence.
Sinon comment s'étonner qu'au pressage la foule se presse ?
Et au foulage ? Que ferait-elle donc ?
:D)
Michel pour la qualité sans doute, pour l'opulence des maisons propriétaires des grands crus et le prix des bouteilles non
Des truffes dans le Coulommiers ? Quelle hérésie pour l'un comme pour l'autre !
Un billet bien sympathique néanmoins.
suggestion pour qui souhaite un repas mémorable :
- ouvrir un Coulommiers par le haut, comme si vous retiriez un couvercle
- retirer l'intérieur du fromage qui est à ramasser à la petite cuillère
- hélas aucune pitié : écraser et pour vous excuser, ajouter une cuillère de marc (pas de café, quand même...)
- râper cérémonieusement de la truffe, mélanger respectueusement
- farcir le Coulommiers et lui faire porter son propre chapeau...
NB
1) ne pas assassiner en enfermant le tout au frigo
2) faute de truffe, ici, nous faisons appel à des noix
Joyeuses ripailles des gens qui se pressent près du pressoir
Vrai!! même si dans le ciel la grande trainée qui s'élargit annonce un brin de pluie !!
j'aime ce regard jamais blasé sur toutes ces choses vues et re re vues
Merci
la pluie n'est pas venue - aujourd'hui non plus d'ailleurs, c'est vrai faut que j'aille arroser
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