météo
nuit
très hachée, réveils si fréquents que suis restée pleine de
restes de sommeil jusqu'au milieu de l'après-midi, j'ai ouvert les
volets sur un ciel pur d'un bleu si pâle que presque blanc, jaspé
de filets roses presque imperceptibles, douceur sur laquelle me suis
rendormie
et
puis une journée variable, hautement variable, couverture qui semble
implacable, déchirures,
bleu
dominant, averses subites, violentes, de quelques minutes...
et
une Brigetoun aussi usée que les montagnes de la Creuse, qui du coup
s'est ruée, le matin, vers les petites courses prévues avec une
rapidité inhabituelle – pas devenus de plus en plus lents -
cheminer en méditant à rien, en persuadant doucement carcasse, en
s'arrêtant sous prétexte de photos de rien, de ciel
mais
je suis arrivée tout de même, freinant, décomposant mon pas, avec
près de vingt minutes d'avance, sur le chemin du retour, devant les
portes fermées de l'opéra..
Comme
il avait été question de terrasses, hier, et comme je préfère les
comptoirs,
je me
suis installée à celle de la Civette, devant un café à siroter
lentement, le temps nécessaire... ville qui se souvenait mollement
qu'elle était vivante... et j'ai pu, pour marquer ma rentrée (mais
hors de question de renoncer à l'été, d'ailleurs nous baignions
dans la douceur) acheter une partie des billets de concerts
convoités, le reste attendra une semaine et des fonds..
alphabet
déjeuner
lentement, tête dodelinante, redressée brusquement, yeux flottant
entre pâtes et le Ravi, le
regard ironique sur notre beau sud, les personnages, les calculs, la
corruption... longue sieste, regarder ce qui reste des T, surtout ne
pas en rajouter, s'installer, tenter d'y penser, de mettre quelques
mots, comme viennent
travaux
que nous longeons,
oreilles en mal, mais sans oser nous les boucher à cause de ces
hommes penchés à côté des machines (le conducteur lui a
généralement des protège-oreille),
ma fascination pour les
entrailles de nos rues, mon envie de m'arrêter, de regarder,
refoulée pour la même raison,
la tentation de les
photographier, parce que je trouve ça beau, parce que j'imagine leur
fatigue, à laquelle je ne cède que si je pense que cela sera toléré
ou inaperçu d'eux.
trèfle
depuis combien de temps
ai-je renoncé à en chercher un à quatre feuilles, en remâchant
avec un petit plaisir un rien pervers la certitude navrée que n'en
trouverai pas ?
Combien de temps – je ne
veux pas le savoir – depuis les après-midi de léger ennui, dans
les prés des vacances en montagne, de la main qui refoule l'herbe
sur laquelle suis assise, à la recherche d'un trèfle au nombre de
feuilles indifférent, pour en mordre la tige en regardant les
pentes, en revenant au livre d'aventures lu et relu. L'idée ne m'en
viendrait pas ici, entre route et Rhône, ou serait rapidement
repoussée... pourtant, les traces laissées par les vaches, chiens
et autres ne me gênaient pas..
trompe
parce que c'est souple et
rigoureux, savant et simple, parce que c'est presque aussi beau
qu'une voûte plate.
celles des éléphants, un
peu répugnantes mais fascinantes quand elles ondulent , cueillent,
amènent quelque chose vers la toute petite bouche triangulaire –
souvenirs d'après-midi au zoo de Vincennes avec petite soeur et une
ou deux de ses amies (et, pensant au zoo, me revient mon constat vexé que j'étais
animalement incapable d'approcher des cages dans l'air lourd et épais
de la fauverie – mon dos suivant la barre de cuivre centrale,
leurs petites mains bien serrées, expliquer en souriant qu'ils sont
beaux, qu'il ne faut pas avoir peur, alors que mon corps leur
transmet le contraire – heureusement elles étaient moins pleutres)
tronc
l'amour
des hommes pour les troncs, leur force
l'admiration
- rêver de voir un de ces géants d'Amérique - le souvenir enfantin de
la photo du séquoia franchi par une voiture...
mais
aimer, réellement, presque comme un humain, les oliviers
centenaires, vieillards trapus et tourmentés, feuilletés,
creusés... et puis les platanes, notre banal décor, qui disparaît
peu à peu - malades sont - le plaisir de les peler machinalement, et
l'odeur qu'ils nous envoient alors, qui colle aux doigts, naïve et
discrète défense.
Trou
le nom
de ce qui n'est pas, qui ne peut être désigné que par ce qui
l'entoure, dont il est l'absence.. mais nom de ces creusements où se
plantent les arbres et les corps, de ces endroits où je rêve de me
pelotonner, me retirer, fermer yeux, me croire en dehors du monde
nom de
ce qui disqualifie un vêtement, sauf quand c'est visiblement
volontaire, désigné par une griffe. (n'en veux pas, même moins
chers que le sont, je n'accepte pas les trous faits par les autres,
j'essaie de ne pas être indulgente aux miens)
tuiles
tu te
souviens que tu as retenu toit ? Ah oui...
bon
tant pis on ne s'en lasse pas, et puis ça peut être utile... tu
sais ce que ça coûte de faire refaire un toit en tuiles anciennes
?... oui, de quoi donner un argument contre la pose, un an plus tard,
de panneaux solaires, injuriant tout un paysage (souvenir personnel).
occasion
aussi de redire que suis de leur civilisation, que j'aime leurs teintes, leur matière, leur forme...
Tudieu ! Trop !
8 commentaires:
Le Théatre est donc en creux (dans le trou... du souffleur !).
Sur le toit brûlant
pas l'ombre d'un hussard
le chat se hasarde
le lézard se faufile.
Oh non, jamais trop … et merci pour la réactivation de ce superbe "Tudieu !" …
merci de vos passages à tous
Tudieu m'est familier, pour changer des Merde ! ou Miel d'abeille ! pour rendre hommage à la gentille hypocrisie maternelle, je pratique la série Tudieu, Morbleu, Corbleu,Cornegibouille ! qui n'a comme désavantage que d'être longuet
tudieu! jamais trop chère Brigitte! admirable la transition du tronc au trou et l'image qui va avec ... la préférence va au trou! du trou sur la langue suis si coutumière...
oh zut ! ai supprimé par mégarde un superbe commentaire de Michel Benoit (saurais pas inventer aussi bien :
Tel titan au toton
Tatouant à tâtons
Tu tutoies ta toux
Et toute ta tête.
Et tu t'es tue.
Tant tentant était T...
o_O
OH!! joli ces T
Prendrez-vous une tasse de thé?
Je me tais, le jour du T en fin d'été.
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