La petite vieille,
avec ses yeux battus, ses rides et tendons, son grand frond étroit, tentant de faire de Paumée un reposoir pour la, les musiques écoutées ce jeudi (avec une
réussite toute, toute relative)
déjeuner tôt et partir
vers l'opéra, en me frayant un passage à travers le garage de moto,
pour la finale du Concours
international de violon Ginette Neveu, avec au programme le concerto
pour violon n°2 en sol mineur de Prokofiev
de 1935 (commande de
Robert Soentens et de l'orchestre symphonique de Madrid)
allegro moderato (début
en pur lyrisme) - andante – allegro ben marcato
mais dans une version
réduite pour violon et piano – un jury international, un tout
petit public qui se plaçait où il voulait (j'ai déménagé du
troisième rang du parterre pour un strapontin haut sur le côté du
balcon au dessus du piano), quatre concurrents et trois pianistes.
Le premier, le seul
garçon, était un jeune chinois Jian Chen, grand et mince, très
jeune visage pointu en v adouci et grandes lunettes, un peu en lutte
avec le jeu assez brutal du piano dans le premier mouvement, une
belle technique mais pas que.. visage concentré et corps dansant –
j'ai aimé ce qui sortait de cette lutte pour le premier mouvement,
la façon dont les passages vituoses étaient accomplis en rondeur,
sa sensibilité dans les changements de tempo et dans l'adagio cette
sensation que la ligne étirée était nourrie comme si un jeu
sous-jacent venait l'enrichir (il avait dû très longuement se
raccorder auparavant, visage de chat penché sur les miaulements du
violon) – et j'ai beaucoup aimé l'allegro ben marcato, son
aisance, son brio qui restait musical (sans doute le meilleur dans
ce mouvement).
Venait ensuite une grande
et fine russe, très jeune, longs et sages cheveux blonds, longue
robe imprimée et pailletée mauve, Elizaveta Tyun, accompagnée par
la même pianiste, mais en parfait accord dans le premier mouvement
qu'elle a attaqué avec fermeté. Un jeu qui avait du charme, une
jolie sonorité, mais peu à peu, des insuffisances dans les moments
virtuoses et le sentiment que ce charme était d'une superficialité
parfaite.
Une française, sans doute
un peu plus agée, Sarah Decamps, courte robe à bustier drapé bleu
pétrole, visage fin et chignon brun, accompagnée par une jeune
pianiste asiatique – une très belle attaque, une jolie façon de
lier les phrases et tempi du premier mouvement, une aisance
attentive, j'oscillais entre Jian Chen et elle, avec tout de même,
surtout dans l'allegro final une préférence pour le premier.
Et puis, accompagnée par
un pianiste (le jeu le plus discret), une autre française,
Hildegarde Fesneau, grande, épaules rondes dans un débardeur noir
sur un pantalon noir, visage un peu lourd, petite bouche, queue de
cheval châtain clair – pas une sympathie immédiate et puis, peu à
peu, et de plus en plus, l'évidence de son jeu, de sa supériorité.
Nous pouvions voter, sans
influence sur le classement, pour le plaisir, et j'ai hésité un
moment entre son urne et celle du chinois, ai fini par déposer mon
billet dans la sienne, et tant pis, je ne saurai pas le résultat -
comme je baillais un tantinet, comme je voulais me changer, mettre
ces quelques notes au net (j'ai beaucoup réduit, surtout pour les
deux dernières), m'en suis allée sans attendre la fin de la
délibération du jury.
Je n'avais jamais assisté
à une finale et j'ai beaucoup aimé l'ambiance.
Rentrer dans un joli petit
vent anti-cigare et remue papier, boire une grande tasse de thé,
petite bagarre machine, et cuisson patate, mettre une robe
et repartir
pour être à 19 heures au
Chêne noir pour voir, écouter Ferré, Ferrat, Farré par
Jean-Paul Farré, bien entendu, accompagné de Florence Hennequin
(violoncelle), Benoît Urbain (piano) et Clément Lopez (création
sonore)
comme toujours avec Farré des petits moments d'agacement léger devant
cabotinage - des gags gentiment foireux - sympathie parce que ce n'en
est pas, ou conscient et ironique, avec le plaisir de sa voix ferme,
qui n'imite pas, mais détaille les mots, le plaisir de retrouver ces
chansons, d'en découvrir deux ou trois et les siennes, gentiment
loufoques et non dénuées de sens, adhésion fréquente, sourires,
admiration, et jeunesse retrouvée.
Au
programme
Les comiques
se recyclent Farré
L'heure
d'été Farré (un
fragment – repris en entier, à la fin comme un bis)
On ne voit
pas passer le temps * Ferrat
Tu verras tu
seras bien Ferrat (tremble la
vieille)
Horizontalement
Roland Valade/Jean Ferrat
Ça t'va *
Léo Ferré
Regarde toi
Paname Pierre Frachet/Jean
Ferrat
Paris c'est
une idée Léo Ferré
Paris et son
guide * Farré
Monsieur
tout blanc * Léo Ferré
Madame la
misère * Léo Ferré
Je ne suis
qu'un cri Guy Thomas/Jean
Ferrat
Les
anarchistes ** Léo Ferré
Le temps du
plastique * Léo Ferré
Nuit et
brouillard * Ferrat
Si tu t'en
vas Léo Ferré
Mon piano *
Léo Ferré
Un train pas
comme les autres * Farré
Les poètes
* Léo Ferré
L'âge
d'or ** Léo Ferré
Un
beau moment d'entre-nous, un très grand entre-nous.
Retour
dans la nuit, tôt tombée,
avec
une petite pause pour entrapercevoir, sans entrer, une partie des
oeuvres d'Aurore Pélisson, exposées dans le cadre du Parcours de
l'art, au Théâtre Golovine.
Et
suis revenue vers l'antre, ces mots, leur mise en place et une petite
recherche de chansons de Ferré et Ferrat sur YouTube.
8 commentaires:
Quelle journée !
Enfin, voilà des élections musicales...
plus difficiles à trancher - l'illusion de savoir n'existe pas (on est plus sage là)
Ça fait une belle et bonne journée, tout ça, et ton sourire le dit, je crois.
Une journée bien remplie en effet. Pas encore vu les œuvres d'Aurore Pelisson à Golovine.
Oubliés Jules Ferry et Louis Féraud.
(Pour les férus.)
:D)
Farré et sa folie gentiment furieuse... Je l'ai vu descendre un piano demi queue d'une 2cv commerciale après être arrivé sur scène en roulant... (Mac de Créteil...)
Le beau sourire de la petite vieille éclaire tout ce qui suit. MERCI!
Jean Paul Farré, le moins connu des trois et pourtant quel talent depuis fort longtemps.
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