Migraine toujours rodante,
oeil qui bat, mais la douceur retrouvée de notre automne
je me suis trouvé
quelques petites courses à faire dans mon petit coin d'Avignon, sous la tendresse du ciel.
Essayé de lire, de donner
suite à de petits projets, malgré cette sacrée tête...
avant de partir, à
l'amorce de la nuit, dans les rues d'Avignon
vers Saint Didier pour un
concert donné au profit d'Amnesty International, et pour fêter le
bicentenaire de la naissance de Verdi, avec Ludivine Gombert,
soprano, une habituée d'Avignon, les choeurs de l'opéra dirigés
par Aurore Marchand, Luc Antonini à l'orgue et Fabrice Durand violon
alto – longer la file des sans billets
s'installer au deuxième
rang, un peu serrée – curieusement l'assistance tournait le dos au
choeur et à l'autel, regardait vers un podium momentanément vide,
un peu en avant de l'aplomb de la tribune de l'orgue, et les chaises
dédiées aux choristes contre le mur du fond.
Attendre, et juste avant
que le concert ne commence, quand plus personne n'entrait, m'installer
sur une des chaises volantes installées dans la première chapelle,
devant le Portement de croix de Francesco Laurana
Le concert commençait par
d'assez longs extraits des versets per il gloria de
Petrali, musicien dont j'avoue que j'ignorais l'existence et qui est
qualifié de figure centrale de l'orge italien du 19ème siècle
(1830-1889) – des mouvements assez variés de tons, de l'orage
contenu à la fraîche danse
et
puis Verdi, avec
le
prélude de la
Traviata dans une
version pour orgue à quatre mains (dont Luc Antonini s'est fort bien
tiré avec ses deux mains, puisque Lucienne Antonini qui était
annoncée était souffrante) avec cette façon de brasser toutes les
émotions
et
l'arrivée, robe à volants de tulle gris et étole en voile de laine
noire, de Ludivine Gambert, voix ronde, pleine, presque de mezzo mais
capable d'aigus non vrillants pour deux belles exécutions d'Ave
Maria
l'assez
long, complexe, beau Ave Maria volgarizzato da Dante,
composé, sur des vers tirés du
Paradis de Dante, à
l'origine pour soprano et orchestre à cordes
et
le bref, beau, simple dans sa montée, Ave Maria ajouté
au quatrième acte d'Otello par
Verdi pour se faire pardonner le Credo sacrilège
de Iago.
retour à l'orgue seul pour une version de l'intermezzo de Manon Lescaut de Puccini – bonne interprétation, musique certainement pleine de qualités, qui me laisse de marbre et légèrement baillante
Verdi
de nouveau, avec les quattro pezzi sacri, de
la fin de la vie de Verdi, qu'il préférait dans sa version pour
solistes et orgue, chantés ici, comme souvent, semble-t-il, par un
choeur.
Et
ma fois, à part un petit défaut d'acoustique, qui rendait un peu
métallique les forti, la beauté, le travail de cette masse sonore
semble donner tort au compositeur.
L'Ave
Maria qu'on l'a persuadé
d'ajouter à ce qui était tre pezzi...
ce qu'il ne voulait pas, le considérant comme un tour de force un
peu gratuit, composé pour répondre à un défi : écrire une pièce
avec l'échelle de sons do, ré bémol, mi, fa dièse, sol dièse, la
dièse, si, do, avec un la naturel dans la gamme descendante.
Contrainte dont il a tiré un morceau superbe, avec les gammes
énoncées par les différentes voix, enrichies d'un contrepoint, de
légères variations...
Le
stabat mater, qu'il a
voulu chanté, en introduction, par des voix douloureuses, sourdes,
ventriloques, exprimant les pleurs – qui reste dans ce registre
avec des syncopes, des demi-tons, des silences. Alternance de
murmures et de cris. Très beau.
L'harmonie
complexe, légère des Laudi alla Virgine Maria empruntées
au dernier chant du Paradis
et le
Te Deum, superbe, forcément superbe, et qui l'est en effet
passablement, torrentiel, varié, recueilli, solennel, avec de
vigoureuses invocations...
et
pour finir la jolie découverte par moi du très court Requiem à
la mémoire de Verdi, de Puccini, si bref que c'est presque comme
une pilule condensant des éléments, avec des interventions d'une
harmonie douce et soigneusement presque banale du violon alto entre
les quelques versets chantés très simplement. Sobriété
recueillie.
Saluts
et
petit moment de pagaille joyeuse, remerciements, embrassades,
puisque, inévitablement, du fait de la disposition des lieux,
musiciens et public sortaient ensemble.
Et
retour de Brigetoun par petite rue à l'écart de la vie nocturne du
samedi soir, dans la douceur qui permettait encore les soupers aux
terrasses de la plage de l'Horloge.
8 commentaires:
Jolie et talentueuse Ludivine Gombert. Pas encore trente ans je crois et une belle carrière qui se dessine. Merci pour le concert.
Verdi enchante...et le regard balayant les tableaux , un plus que tu nous réserves en privé
Grand Merci
Cent ans après et la musique reverdit (belle santé pour aller à tous ces concerts !).
Merveilleuse promenade dans une douceur de l'esprit - quelle belle prestation ! - et la douceur aussi semble-t-il d'un climat à vous miséricordieux, les gens du Sud : ici c'est la tempête y compris dans les esprits.
question tempête dans les esprits nous sommes assez bien servis aussi
de jolies tofs, brige, merci beaucoup
Une journée sans histoire dans la douceur de l'automne qui verdit.
Lentissimo. Et allegretto. Il me semble que c'est par ces deux mouvements que je qualifierais votre belle chronique d'aujourd'hui.
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