S'éveiller tard, assez,
avec un sentiment d'urgence sans objet, s'agacer d'être freinée par
la machine (et y remédier)
Après la confiture
onctueuse (trop?) de cédrat, après la douche violente, trembler,
trébucher, vaguement écoeurée
Prendre sac, sortir dans
l'air redevenu tiède, sourire à l'union des régions de France au
delà de la place, et continuer, pas presque allègre,
en charriant des manteaux
pour un coup de fer - trouver chaussures plates et couvertes, à un
prix honteux, mais qui tolèrent mes pieds - marcher dans les rues
avec la petite révolution intérieure qui était à l'ordre du jour
de ce mercredi et me rendait bancale... je me sentais feuille
défraîchie, oh tant, et prête à la chute, mais je me tirais en
regardant, derrière le flétrissement des platanes, la gloire du
ciel qui avait chassé les houppettes blanches du petit matin.
Parmi toutes les belles ou
moins belles choses lues sur internet en rentrant, au moment de me
dire que, vraiment, il serait temps de se demander «qu'est ce que je
mange», de le décider et le préparer, noter ce poème, chez
Poezibao, de Durs Grünbein
(De la presse
quotidienne)
J’ai mangé de la
cendre au petit-déjeuner, la noire
Poussière qui tombe
des journaux, des colonnes
fraîchement imprimée
Là où un putsch ne
fait pas tache et l’ouragan est fixé.
Et il me sembla les
entendre mastiquer, les Parques
discoureuses.
…...
Et de Clio, comme
d’habitude, pas un traître mot….Alors,
en les repliant,
j’eus, au froissement
des pages, comme un frisson à fleur de peau.
Bon,
pour moi c'est la radio, passer de France Inter à France Culture, et
certains matins où les grincements, et pire, sont trop importants,
pour éviter que le frisson dépasse la peau, j'ai la lâcheté de me
relever, de tourner le bouton vers France Musique.
Mais
comme suis peut-être un peu masochiste, ou parce que pour déplorer
il faut savoir quoi, je reprends dans la journée, l'écoute, parfois
distraite, des débats à l'Assemblée Nationale, une écoute qui est
en fait dialogue avorté puisqu'ils n'entendent pas - et ne le
daigneraient – mes apostrophes, ce qui est aussi bien puisque j'ai
alors une furieuse tendance à leur infliger un tutoiement qui n'a rien d'amical.
Les ai
écouté un instant d'ailleurs, abandonnant, aux deux tiers environ,
la lente élaboration de mon piteux, bien sûr piteux, vase pour le
1er novembre, et j'ai admiré le ministre qui assiste, quasiment
seul, à la succession des discours lus d'une voix forcément
monocorde devant les gradins dégarnis que l'on nomme «discussion
générale», le temps de boire un café froid, remettre chaussures,
prendre veston, pour aller enfin, à côté, à l'espace Vaucluse,
voir
ce qui y est exposé dans le cadre du Parcours de l'art
et
retrouver Smouroute, en gloire, sur un écran où son histoire,
animée, est dite par la voix douce de Nathalie Guen (je suppose),
lisant ses poèmes.
Smouroute,
interprété par Sylvie Durbec, sur des panneaux, sur des tables, des
reliefs,
sur
des collages (et je l'ai rejoint au passage pour un désastre
maritime),
des
dessins, des broderies..
Émilie Chaix
et
j'ai aimé, leur trouvant, de plus, une petite parenté avec
certaines manifestations de Smouroute, les créatures étranges, les
chimères d'Emilie Chaix.
.. ce tissage précieux
qui fait tenir ensemble les irréconciliables. Il est aussi
l'expression silencieuse de l'écriture d'Emilie Chaix, écriture
savante et constituée d'ornements, sculptée d'entrelacs minutieux
et raffinés (Alice Massat,
reprise sur le catalogue)
9 commentaires:
S'éveiller tard...une chance, moi c'est tôt beaucoup trop tôt...3 h..ce qui rend mes journées pas très...opérationnelles...
moi aussi mais, tourner un peu, une cuillère de miel, se ralonger, fermer les yeux, attendre et c'est replonger dans sommeil
L'expo Smouroute, c'est bien chat.
La confiture de cédrat corse est un produit addictif dangereux. Pour ma part je l'ai bannie de mon garde-manger, j'en étais arrivée à ne me nourrir presque que de ça...
Se sentir feuille.
Attention au vent malfaisant :
il vous retourne comme un crêpe.
je prends lentement mon poids d'hiver
Décidément ce bestiaire où le chat farfelu est roi me plaît beaucoup
Merci
J'aime beaucoup la liberté, de vos flâneries, de ces sculptures, de ton, de tout ! Toujours revigorant de passer par chez vous.
J'aime beaucoup les créatures de Émilie Chaix
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