mais, dimanche, dans la
rue de la petite fusterie
dans la rue qui coupe le
vent
j'ai rencontré une
musique en cage
un petit joueur de
flûtiau, appuyé à une barrière de bois,
une barrière entre lui et
la chaleur, l'aisance d'une maison très civilisée,
les pieds dans la rousseur
pâle des feuilles et copeaux -
il jouait, concentré dans
son souffle et les notes, jusqu'à s'effacer
et suis restée, un
moment, couffin à terre, cherchant les volutes que dessinait sa
musique, mais ne pouvais l'entendre, moi, fixée dans le froid
minéral par la vitre et la grosse grille
mais dimanche, dans la rue
de la petite fusterie
dans la rue qui coupe le
vent
j'ai voulu entrer dans une
cage,
une belle cage baroque, au
milieu luxueux d'un bric-à-brac
devant un miroir un
gloire, contre une lampe de bronze
dans cette cage comme un
palais miniature, se percher avec les oiseaux huppés,
et nous aurions parlé
d'une forêt humide et chaude
mais j'étais bien trop
grande, bien trop grosse
n'ai su que les noyer sous
mon reflet brouillé
les rejoignant dans
l'effacement
Mais, comme lundi, le vent,
dont on dit qu'il ne soufflait plus qu'à un peu moins de soixante km
heure, lançait des rafales qui, dans la cour, ébranlaient la table, promenait de
gauche à droite la cuvette bleue vouée au trempage de
la terre, donnaient de temps en temps de la voix avec véhémence,
voulaient entrer jusqu'à faire tomber des bouts de plâtre le long du
chambranle de ma porte-fenêtre, je suis restée dans l'antre, j'ai
poussé devant l'ouverture la provision de patates, je me suis lavé
les cheveux
et pour me réchauffer
j'ai étalé, dans le plaisir de cette grasse senteur, de la cire sur
tous les bois que trouvais,
j'ai frotté les meubles
jusqu'à transpirer, et tant avais étalé de cire que l'odeur m'a
incommodée et que j'ai dû retirer les patates, laisser le vent jouer
avec l'ouverture, faire entrer l'air en poussées, et ramasser les
feuilles qui pénétraient avec lui..
et puis le jour a passé,
en lectures, musique et petites tâches, un peu de bagarre souriante
avec les mots, aussi.
9 commentaires:
Les travaux manuels ont parfois le don de reposer l'esprit. La fatigue physique vaut bien la fatigue morale, n'est-ce pas? ;-)
Odeur de la cire... Internet réussit des miracles !
Que de voiles et de barrières et de grilles à franchir pour accéder au petit flutiau
Il te faut devenir "Alice "
on dirait un chapitre méconnu d'Alice au pays des merveilles :-) (c'est beau)
FusTErie !!!
:D)
oh fan ! oui qu'est ce qui m'a pris ? merci Michel
Une jolie rencontre avec un petit joueur de flûtiau !
tu te déguises ...en caustique ?
superbe photo avec cage
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