petite vieille s'en est
allée dans la ville, vers broutilles et blanchisseur, sous un ciel
d'un bleu dur, minéral
a rencontré un homme
suspendu, penché sur des étoiles
petite vieille avançait à
petits pas, dans un reste de vent presque mourant, qui ne gardait que
la force de jouer avec les drapeaux et de faire danser les feuilles
sur le mur de Saint Didier
petite vieille a
rencontré, rue des Fourbisseurs, dans la vitrine de la Maison des
Fogasses, des visages, les
disparitions et absences d'Eva
Gosselin-Litourel
petite
vieille a regardé sa gueule, a regardé ses jambes qui renâclaient,
a souri au mot disparition, a regardé le sol, a eu tentation de se
faufiler par la fente, de se rencogner, jusqu'à ce que force et
chaleur revienne, dans la coeur de la terre, sous la croûte noire.
Et
puis, sagement, est rentrée dans l'antre, a vécu le jour, en
petites activités, en économisant ses yeux (une tache vagabonde et
agaçante), a écouté deux jeunes femmes, deux jeunes hommes, jouer
Debussy
a
attendu le soir
pour
monter, poing sur toque par moments, la petite côte vers l'opéra, ou tous les spectateurs
arrivaient transis et courbés sur eux-mêmes, le vent n'étant pas
si tombé que ça,
retrouver
les membres du quatuor Psophos et Emmanuelle Bertrand
http://www.quatuorpsophos.com/
et http://www.emmanuelle-bertrand.com/fr/
découvrir
un musicien, Gouvy (son - ou zut ! mon - ignorance est grande comme
la mer) dont j'avais (puisque c'est je) écouté dans l'après-midi
un stabat-mater et
Ce
mardi soir le programme comportait donc, en première partie, de
Louis-Théodore Gouvry
l'impromptu pour
violoncelle et quatuor à cordes en ré majeur,
le violoncelle d'Emmanuelle Bertrand comme une coulée ondoyante de
caramel roux, profond et sombre, avec l'appui du quatuor, des petites
touches aigre-douces et quelques pizzicati
le quintette à deux
violoncelles en ré mineur son
premier, sans opus, sombre, un allegro moderato exposition
des deux thèmes repris par les différents pupitres, un andante
patetico passionné, le plaisir
d'un très charmant allegro gracioso débutant
par ce qui est presque un air de danse de l'alto, repris par les
autres instruments et un finale qui
commence dans le calme serein d'un adagio et
finit, vif et fort, en allegro
Je
me suis presque endormie pendant le bien trop long entracte,
paressant devant les tableaux – qui me plaisent très moyennement –
de Christophe Villedary – résistant à l'envie de rentrer dormir
parce qu'il y avait, en seconde partie, le très aimé quintette
à deux violoncelles en ut majeur de
Schubert allegro ma non troppo, adagio, sherzo presto, et
allegretto avec le
plaisir de se laisser emporter mais de reconnaître, comme des amis, les thèmes
avec
l'arrivée en contrepoint du second thème dans l'allegro, passant des
violoncelles aux violons, avec les accords débouchant sur une
marche, le rappel des thèmes de l'exposition et le calme retour
du second thème
avec
le merveilleux adagio – la longue phrase élégiaque du trio et le
pizzicato du second violoncelle, la rupture et la gravité angoissée,
les basses insistantes orageuses et le chant aigu du premier violon
(très beau), ses silences, la descente lente,
le
scherzo avec son début presto qu'on a presque envie de fredonner, et
au milieu du mouvement le trio très long, très beau, très sombre,
méditatif, alternant ce qui ressemble à des récitatifs, des
trilles, des accords... avant le retour du presto
avec
le finale, la danse un peu tzigane, le chant calme du deuxième
thème, les violoncelles pour le troisième, le retour joyeux du
premier, l'exubérance...
applaudissements,
saluts, et en bis la partie presto du scherzo pour se charger de
l'énergie nécessaire au retour prestissimo vers l'antre (vent un
peu tombé, froid moins pénétrant)
10 commentaires:
Découverte aussi, ici, de Louis-Théodore Gouvy. Nous nageons dans la même mer.
Ah!!! "coulée ondoyante de caramel roux"? j'adore
et les traces et des yeux en hibernation Heureusement tu as la musique "l'oeil écoute" juste encore
Louis-Théodore Gouvry est une véritable découverte pour moi. Je suis même allé écouter une partie de son Stabat Mater par curiosité, qui n'a pas été vaine. Première neige sur Montréal cette nuit. Je n’emmitoufle. ;-)
Photos des murs, photo du sol fissuré, violoncelles et violons : toujours de la musique par là-bas !
Charme toujours de suivre "la petite vieille en Avignon" et comme j'aurais aimé être là à l'écoute de Louis-Théodore Gouvy ... je garde ce ce compositeur si mal connu le souvenir ému de son Requiem au festival de La Chaise Dieu
oh que c'est beau tout ça, je vais bondir vers les vidéo et deezeréautre pour tout écouter (et la photo de l'ombre de l'arbre, je la prends comme un cadeau personnel)
(merci Brigitte) (MERCI général en fait)
Je ne connais pas Gouvry mais ce qui est proposé ici me plait bien. Je vais faire de plus amples écoutes! Merci pour le partage.
Un concert tout violoncelle : le rêve ! Un beau programme qui compense la patience chagrine du départ.
bon, me sens moins seule dans ma découverte - et grand merci à vous tous mes fidèles soutiens
me suis arrêté à l'expo de peintures abstraites
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