commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, novembre 27, 2013

économiser yeux le jour, écouter dans la nuit


petite vieille s'en est allée dans la ville, vers broutilles et blanchisseur, sous un ciel d'un bleu dur, minéral
a rencontré un homme suspendu, penché sur des étoiles

petite vieille avançait à petits pas, dans un reste de vent presque mourant, qui ne gardait que la force de jouer avec les drapeaux et de faire danser les feuilles sur le mur de Saint Didier

petite vieille a rencontré, rue des Fourbisseurs, dans la vitrine de la Maison des Fogasses, des visages, les disparitions et absences d'Eva Gosselin-Litourel

petite vieille a regardé sa gueule, a regardé ses jambes qui renâclaient, a souri au mot disparition, a regardé le sol, a eu tentation de se faufiler par la fente, de se rencogner, jusqu'à ce que force et chaleur revienne, dans la coeur de la terre, sous la croûte noire.
Et puis, sagement, est rentrée dans l'antre, a vécu le jour, en petites activités, en économisant ses yeux (une tache vagabonde et agaçante), a écouté deux jeunes femmes, deux jeunes hommes, jouer Debussy
a attendu le soir

pour monter, poing sur toque par moments, la petite côte vers l'opéra, ou tous les spectateurs arrivaient transis et courbés sur eux-mêmes, le vent n'étant pas si tombé que ça,

retrouver les membres du quatuor Psophos et Emmanuelle Bertrand http://www.quatuorpsophos.com/ et http://www.emmanuelle-bertrand.com/fr/
découvrir un musicien, Gouvy (son - ou zut ! mon - ignorance est grande comme la mer) dont j'avais (puisque c'est je) écouté dans l'après-midi un stabat-mater et
Ce mardi soir le programme comportait donc, en première partie, de Louis-Théodore Gouvry
l'impromptu pour violoncelle et quatuor à cordes en ré majeur, le violoncelle d'Emmanuelle Bertrand comme une coulée ondoyante de caramel roux, profond et sombre, avec l'appui du quatuor, des petites touches aigre-douces et quelques pizzicati
le quintette à deux violoncelles en ré mineur son premier, sans opus, sombre, un allegro moderato exposition des deux thèmes repris par les différents pupitres, un andante patetico passionné, le plaisir d'un très charmant allegro gracioso débutant par ce qui est presque un air de danse de l'alto, repris par les autres instruments et un finale qui commence dans le calme serein d'un adagio et finit, vif et fort, en allegro 

Je me suis presque endormie pendant le bien trop long entracte, paressant devant les tableaux – qui me plaisent très moyennement – de Christophe Villedary – résistant à l'envie de rentrer dormir parce qu'il y avait, en seconde partie, le très aimé quintette à deux violoncelles en ut majeur de Schubert allegro ma non troppo, adagio, sherzo presto, et allegretto avec le plaisir de se laisser emporter mais de reconnaître, comme des amis, les thèmes
avec l'arrivée en contrepoint du second thème dans l'allegro, passant des violoncelles aux violons, avec les accords débouchant sur une marche, le rappel des thèmes de l'exposition et le calme retour du second thème
avec le merveilleux adagio – la longue phrase élégiaque du trio et le pizzicato du second violoncelle, la rupture et la gravité angoissée, les basses insistantes orageuses et le chant aigu du premier violon (très beau), ses silences, la descente lente,
le scherzo avec son début presto qu'on a presque envie de fredonner, et au milieu du mouvement le trio très long, très beau, très sombre, méditatif, alternant ce qui ressemble à des récitatifs, des trilles, des accords... avant le retour du presto
avec le finale, la danse un peu tzigane, le chant calme du deuxième thème, les violoncelles pour le troisième, le retour joyeux du premier, l'exubérance...

applaudissements, saluts, et en bis la partie presto du scherzo pour se charger de l'énergie nécessaire au retour prestissimo vers l'antre (vent un peu tombé, froid moins pénétrant)

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Découverte aussi, ici, de Louis-Théodore Gouvy. Nous nageons dans la même mer.

arlette a dit…

Ah!!! "coulée ondoyante de caramel roux"? j'adore
et les traces et des yeux en hibernation Heureusement tu as la musique "l'oeil écoute" juste encore

Pierre R Chantelois a dit…

Louis-Théodore Gouvry est une véritable découverte pour moi. Je suis même allé écouter une partie de son Stabat Mater par curiosité, qui n'a pas été vaine. Première neige sur Montréal cette nuit. Je n’emmitoufle. ;-)

Dominique Hasselmann a dit…

Photos des murs, photo du sol fissuré, violoncelles et violons : toujours de la musique par là-bas !

mémoire du silence a dit…

Charme toujours de suivre "la petite vieille en Avignon" et comme j'aurais aimé être là à l'écoute de Louis-Théodore Gouvy ... je garde ce ce compositeur si mal connu le souvenir ému de son Requiem au festival de La Chaise Dieu

cjeanney a dit…

oh que c'est beau tout ça, je vais bondir vers les vidéo et deezeréautre pour tout écouter (et la photo de l'ombre de l'arbre, je la prends comme un cadeau personnel)
(merci Brigitte) (MERCI général en fait)

Laura- Solange a dit…

Je ne connais pas Gouvry mais ce qui est proposé ici me plait bien. Je vais faire de plus amples écoutes! Merci pour le partage.

jeandler a dit…

Un concert tout violoncelle : le rêve ! Un beau programme qui compense la patience chagrine du départ.

Brigetoun a dit…

bon, me sens moins seule dans ma découverte - et grand merci à vous tous mes fidèles soutiens

Gérard Méry a dit…

me suis arrêté à l'expo de peintures abstraites