petit déjeuner, branches
qui bougent lentement, ciel tout de douceur à travers la vitre,
froid accueillant les premiers pas dans la cour, ramasser feuilles,
laisser plantes vautrés, rentrer, ne pas avoir envie de bouger
Être dans le refus de
l'hiver, rêver de pouvoir me mettre en sommeil, sans besoin ni
pensée jusqu'à fin mars, ruminer ma banalité... me persuader que
suis petite chose souffreteuse (avec tout de même vaguement honte en
pensant aux autres) – recevoir une demande, penser après-midi,
et puis, après le second café brûlant, endosser canadienne, mettre
bottes, enfoncer bonnet,
marcher dans un vent qui
prend de l'élan, sans trop grande virulence si ce ne sont les
rafales, et dans la petite gaieté qui flotte sur la ville, croiser
fronts presque levés, visages détendus et sourires...
acheter deux numéros de
l'épais Libération daté de 2053 (ma foi puisque j'en avais un à
prendre pourquoi ne pas le lire, bien longtemps que ne le fais plus),
longer une allée entre les baraques, repérer mes envies, des
mélanges de thé, des confitures, des broutilles
et, pour me rabattre vers
l'antre, passer chez Isoline Fontanille, dire non, dire peut-être,
être tentée par trois nouveaux santons, blaguer un moment avec
Isoline et son vendeur, dire à bientôt.
Déjeuner, m'amuser plus
ou moins à la lecture des articles, replonger un moment dans le
livre en cours, vaquer, ne pas avoir très envie d'internet, attendre
le soir, pendant que le vent s'endort, laissant la place à une pluie
froide.
Partir dans la nuit,
monter la petite côte, faire un tour par la civette, avant d'aller à
l'opéra-théâtre,
assister, bien
bourgeoisement, à ce qui fût, au temps de ma jeunesse,
l'avant-garde (le roi se meurt de
Ionesco) jouée, ce soir comme tant et tant de fois, par une gloire
reconnue, Michel Bouquet, avec le désir d'y prendre plaisir,
Photo Bernard Richebe
parce que j'ai lu et je
crois relu la pièce, que je n'avais jamais vue jouer, parce que
j'aime assez cette fable, avec ses poncifs, ses
personnages-prétextes-silhouettes, parce que je pensais que
j'aimerais voir jouer Michel Bouquet, parce que pourquoi je suis
né si ce n'était pas pour toujours...
me
suis assise en bonne humeur, avais des voisins immédiats
sympathiques, avons attendu benoîtement
et
puis, dix minutes après le début la jeune femme devant moi a
commencé à jouer avec son mobile, , presque en même temps, un
couple s'est installé de l'autre côté de l'allée et n'a plus
cessé de remuer, froisser des papiers, froisser des tissus,
chuchoter, pendant que je trouvais la mise en scène de plus en plus
molle, que les mots s'effritaient, que je me disais que, vraiment,
Marguerite, pour jouer l'autorité bougonne, avalait par trop son
texte, que... etc... la mauvaise humeur, l'exaspération montante
m'éloignait de plus en plus du spectacle. J'ai tenu une petite
heure, sans avoir pu m'arracher plus d'un sourire, et j'ai abandonné,
suis sortie, sans bruit, moi, mais furibonde.
10 commentaires:
Les portables auraient remplacé les chaises ?
et sont nettement plus inconfortables
Et retrouver Isoline Fontanille
quel joli nom
Même déconvenue!! mais jusqu'à la fin avec Feydeau tout en sachant n'avoir jamais aimé ce "fil à la patte" et toujours pas
"Encyclopédie du rire!!! dit le programme Ah!
Pouvais-tu t"en prendre aussi à tes voisins ?
(oui, les programmes devraient être interdits dans les salles) (l'autre samedi un concert de David Violi, j'y vais - dėjà un exploit - et autour ça s'évente, ça compulse, ça joue du mambo avec les programmes) (les sièges devraient être munis de détecteurs à bruits, ils s'enfonceraient dans les sous-sols au moindre ffflluut) (la dame à côté de moi s'endormait aussi, avec de légers ronpschut, mais d'un geste leste du bras (et inopiné bien sûr) contre l'accoudoir, je mettais fin à la situation) :-)
Si l'on refuse l'hiver, celui-ci finira malgré tout par nous rattraper.
Ah ! les merveilleux voisins, de droite comme de gauche. Savaient-ils seulement ce qu'ils étaient venus entendre ?
Mais ta manière de photographier la ville et ses temps a bien peu son pareil.
Libération daté de 2053 - C'est de la prospective, ma foi ;-) Et Michel Bouquet immense commédien dont j'adore les rares prestations au cinéma.
Les voisins?... à rire et commenter à chaque réplique , se lever pour repartir et revenir !! pardon excusez- moi AH!AH! spectacle aussi dans la salle GRRRRRR
Michel Bouquet ...la fleur de la comédie
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