Se réveiller, entendre
vent, s'asseoir devant écran comme devant malle au trésor, écarter
avec plus ou moins de regret tout ce qui se situe hors des échanges
de «vases» de ce vendredi matin, faire tout de même des exceptions
parce qu'amis habituels, parce que titre.. et se sentir en faute,
passer en dédaignant et se sentir en faute
entre
impatience-peur-de-ne-pas-saisir et gaieté de la découverte -
voir que lumière filtre,
se lever, faire café, ouvrir volet, voir la nuit s'ouvrir vers du
bleu doux quand je me dégourdis les jambes
continuer journée, à
l'écoute plus ou moins attentive des émissions au sujet de Mandela
(et arriver à découvrir des époques, facettes), et entre
nécessités quotidiennes, petites escapades et vases communicants,
avec l'impression souvent d'être dépassée, tenter ce qui suit :
sauvagerie
Cécile Benoist
http://mariannedesroziers.blogspot.fr/2013/12/litterature-sauvage-de-cecile-benoist.html
littérature sauvage ?
Elle
fait de la littérature sauvage, une affirmation... et puis les
interrogations, qu'est-ce que la littérature sauvage ? Et se suivent
les propositions, ironiques, sérieuses, qui avec sourire
questionnent vraiment, dessinent comme un programme
La littérature sauvage
comme un questionnement du langage, des mots, des textes, comme un
jeu fait sérieusement sans se prendre au sérieux ? L’écriture,
sans autre prétention que le mot littérature, sans autre intention
que l’adjectif sauvage. Une littérature libre.
et
Marianne Desroziers
http://litteraturesauvage.wordpress.com/2013/12/06/vaseco-3-il-faut-etre-sauvage-par-mariane-desroziers/
il faut être sauvage
cette
injonction, devenue mantra, qu'elle cherche à mettre en pratique, à
laquelle elle cherche à se conformer, un texte qui file en courts
paragraphes
"Il faut être
sauvage".
Cette phrase c’était un signe du destin. Elle
allait enfin se réveiller. Cesser de subir une vie qui ne lui
convenait plus. Elle cultiverait désormais ses instincts, elle
oserait ce qu’elle n’avait jamais osé. Elle se libérait de
dizaines d’années d’inhibition.
Échange de photos pour
des textes avec le même incipit, provenant d'un texte de Marc Solal
Danielle Masson
http://vudubalcon.blogspot.fr/2013/12/vase-communicant.html
je me souviens encore
de ce petit matin
petit
matin où moi mouette je me suis fait rappeler à l'ordre par mes
congénères – et je croyais que c'était parce que j'oubliais
d'aller payer le loyer de notre rocher, mais de notre petit
dialogue, sous titré donc par le monologue intérieur caractérisant
les oiseaux interlocuteurs, il ressort que
- Non, tu dois envoyer ton texte
- Quel texte….
- Celui du premier vendredi du mois
- Mais tu me dis que nous sommes jeudi….
- Il est temps… comme d'habitude tu vas être en retard.
- Non… je suis à l’heure…Trop tard… il est 0.05… du premier vendredi du mois
et
évidemment l'objet est
beau
malicieux,
primesautier, partir de la barrière, des seaux, en arriver à Trenet
Destin bancal, suivre
le fil à cloche-pied, du bois d’ipé au carrelage de
l’arrière-cour, il faut franchir le portail peint. Évidemment
l’objet est beau mais c’est quand même une barrière...
Camille
Philibert-Rossignol
http://www.ebookbychrisimon.com/apps/blog/show/38849548-vase-communiquant-avec-camille-philibert
sans se lasser, de
Wonder-woman et de son lasso
reprend
inlassablement son personnage fétiche qui cette fois, soucieuse de
nuire à ses ennemis, ne veut pas le faire avec une brutalité
masculine, et s'ensuit une revue des armes, de leur côté plus ou
moins féminin, de leurs inconvénients (de fort jolie façon),
jusqu'à tomber sur un lasso – séduite, décrire l'arme-outil,
envisager le mode opératoire
Le serpent de corde va
filer sur ma paume tendue, il fendra l'air comme un jeune aigle, dans
un claquement net il s'étirera de ses quinze mètres pour fondre sur
ma proie,l'entourer d'un cercle parfait. Force gravitationnelle de
l'encerclement. C'est le moment que je préfère, l'ennemi déjà
capturé mais pas encore serré. Coup fort. Je tire
et en
prime trois vidéos
et
mon hiver
un
texte-poème, je, une femme blanche d'Amérique du nord, prend sa
voiture, avec un livre de Zora Neale Hurston à la main …. et les
détails sur elle, ce qui l'entoure, l'hiver, les arbres.. arrivent
en courtes phrases, groupes de mots, jusqu'à la remise du livre à
une jeune bibliothécaire noire – des mots simples qui entraînent
nos yeux descendant le long du texte
Je cherche mes clés.
Le chat me regarde de
ses yeux bleu bienveillant.
Je cherche.
Le petit coffre de
l’entrée, le plan de travail de la cuisine, la boîte à gants de
la voiture…
La porte claque. Le
vent.
Le fond du zinc me
regarde, gris bienveillant.
Les branches des arbres
dansent dans l’air humide.
dualité
Hugo a dit
ce
qu'a dit Hugo, ce qu'a dit Jean d'Ormesson.. et Moa qui s'en ira
certainement un jour, sans l'avoir dit. Moa qui subit pour le moment,
pleure, laisse ses larmes sécher, se redresse avec les mots, une
«symphonie ambulante», l'«on moyen», Moa qui a pour nous tout de
même ceci de particulier qu'elle se meut, pleure etc.. en 2114, ou à
peu près, et qui est l'héroïne d'une histoire, dans son monde,
techniquement assez différent du nôtre, avec son corps tout de même
assez différent des nôtres, et des sentiments, et oeuvre sur des
textes, des traductions de langues qui se meurent
Moa, c'est ça. Un On
comme un autre, tantôt larme silencieuse, tantôt sourire farfelu,
qui se fait tour à tour la pluie ou le soleil.
Un unique aussi, l’On
lettré distille inlassablement ses signes, en ondée fine ou tempête
de grêle labourant d’une main de fée ou de son soc de fer les
sillons trop compactés du On.
Illustré
par une technique mixte de Guy Garnier
et
face à face clandestin
la
peur de ce regard qui vient le soir dans le miroir, ce regard de
l'autre, qui rappelle le père, les coups... de ces mains aussi qui
lissent la moustache, passent un peigne, et dont la droite semble
souillée d'une tache de sang séché (schéma du texte infiniment
plus prenant, inquiétant)
C’était Elodie.
Elodie, ma compagne depuis maintenant un an. On s’est un peu
engueulés parce qu’elle en avait marre de ne jamais me voir et m’a
dit vouloir passer dans la soirée. J’ai essayé de l’en
dissuader, et elle a fini par raccrocher. Après, je suis passé dans
la salle de bain pour me mouiller le visage et puis… plus rien.
Est-elle passée, hier soir ? A-t-elle rencontré, l’autre,...
et
cela continue, et puis, à la fin, l'autre voix.
échanger textes sur
images de l'autre
à partir d'une photo de
François Bonneau, la description qui n'a presque pas besoin de
dériver à partir de ce qui est là, car l'image est suffisamment
étrange si on la regarde simplement, bien, comme il le fait, avec
ces mots
et cela donne une vie
entravée,
Un homme est assis sur
une rambarde vigile. Gardien par défaut d’un arbre d’un vert
adolescent. Il est assis dans l’inconfort de sa posture qui à tout
instant pourrait le faire tomber. Mais de cette chute, il se moque
certainement. Puisqu’il est engoncé dans plusieurs mètres de
feuilles de cellophane.
et
François Bonneau
http://surletoit.canalblog.com/archives/2013/12/06/28596794.html
sur trois encres d'Armel
Zerli, un très court texte en tension
Cavale sur un fil, avec
le cou plié, tendu vers l’intérieur. Aérodynamique, comme un
insecte aigu, cavale...
dix heures dix
Franck Queyraud
http://evedelaudec.fr/cooperations/decembre-2013/index.php
le soir lire -
un long et beau texte, une voix qui dit la fatigue, la
vieillesse, et là, à 22 heures 10, dans la nuit, les livres,
l'histoire des hobbits, un autre, dans l'ignorance des gens,
.. Les gens sont ceci,
les gens sont cela. Parlent ou ne me parlent pas. Je ne connais pas
les gens. Je ne connais que des taiseux. Ceux qui écrivent des
livres, bavards de buvards ou accrocs de la touche enter. Mais ce
n’est pas tout à fait exact… Je connais celle qui fait battre
mon cœur, et une amie, et un autre ami, et aussi la serveuse du
café...
et
la voix qui continue en arrive à parler du café.. écoutez
la et si vous êtes comme moi (ce que je
n'espère pas) vous n'aurez reconnu que quelques unes des premières
phrases qui viennent au fil de sa songerie.
et
Halte dans le mouvement
fluide. Une boutonnière cousue au temps. Dix Heures Dix
un dialogue ou plutôt un
interrogatoire, savoir pourquoi il (ou elle) protège cette heure,
comme celle de son destin – et les réponses : l'importance qu'elle
a eue cette heure de dix heures dix dans sa vie – bon je n'essaie
pas, chaque mot de ces phrases souples est indispensable.. dit le
côté inéluctable de ce qui advient
J’ai changé de pays
et de fuseaux horaires, mon heure est présente et locale. Elle
scande les tourbillons de la vaste comédie, elle me suit, me
précède, me pointe, me borne, vieille compagne de mes instants, se
fichant bien des distances, de la longueur d’une nuit, de la
langueur du soleil, elle retrouve toujours son méridien.
Et en
la suivant savourez, continuez, soyez surpris
escaliers
Zéo Zigzags
http://gadinsetboutsdeficelles.blogspot.fr/2013/12/zeo-zigzags-blogue-artobazz-invitee-de.html
la fête sombre
sous-titrée
«d'après une histoire vraie», une brève nouvelle – ce jour que
l'on aurait voulu spécial, petite fête, pour ce beau garçon aux
yeux émouvants, souffrant de son regard noir sur la vie, sa maladie,
Il est entré, est
monté en se frayant un chemin entre les obstacles installés sur les
marches. Et comme il montait, le coeur et l'âme dans les talons, les
miens descendaient aussi vite.
et
spirale
courir
dans l'escalier, sentir un ennemi derrière soi, dégringoler la
spirale, saisir la rampe (suivez chez elle cette chute, à en perdre
le souffle) et puis
Au coeur de ce
dispositif, j'ai le temps de penser. Je prends du recul. Je plonge.
Je reviens au début. Je rembobine. Mon existence. Peut-être qu'en
tombant, je rajeunis. Peut-être qu'à la fin je redeviendrai oeuf.
Spermatozoïde. Oeuf deviné dans l'oeuf qu'est la mère. Rien
peut-être....
ou,
oui, disparaître, devenir pure lumière.
un homme, un fleuve,
une ville, la langue, un ailleurs
et Monsieur M est parti
un
long texte pour dire ce qu'il advint de Monsieur M quand il parti,
qu'on l'oublia peu à peu, lui qui se contentait d'une lettre (ni
prénom ni pays), quand il est parti sans but, qu'il a trouvé une
ville, le bitume, le fleuve... et les mots sont simples nus et
puissants qui disent la route de Monsieur M, sa découverte de
l'inutilité du départ, du changement de langue, de l'impossibilité
d'être vraiment admis, de son étrangeté, qui disent ce constat,
l'arrêt
Derrière la porte de
sa chambre, chambre en déshérence devenue la sienne, monsieur M.
est désormais chez lui. Il a suffi de rester seul de longues heures,
de s'enfermer à clefs, d'écouter battre son pouls comme le
métronome de sa conscience, seul à s'en rendre fou avec le silence
de sa voix, les relents de sa boue... Il a suffi de suer sous ce drap
sale où la nuit se cogne à des absents venus hanter la mémoire de
son corps somnolant...
et
aval
en six
strophes ou paragraphes de longueurs et formes variables, un
texte-poème d'un fleuve, d'une ville, de poussières, de langue
Il n'y a qu'à céder,
se dessaisir, se taire, il n'y a qu'à construire, jusqu'à être
compris, jusqu'à le croire. J'archive les corps, les langues – les
plaintes. Je ne leur dois rien, pas même une tombe ou la poussière.
Tant que la confusion demeure, la bouillie, tant qu'au-dedans des
désordres fermentent.
Bel échange entre
du repliement des morts
sur la ville
après
une belle introduction et sous une photo d'Arnaud Maïsetti, deux
questions qui se posent à lui, un grand bâtiment où venir, se
connecter, avec plus ou moins de succès selon l'emplacement qui vous
est attribué, et d'autre part les souhaits d'anniversaires adressés
sur Facebook à un mort (dont on ne sait qu'il l'est) – deux
questions le soir d'un atelier d'écriture, et l'une et l'autre se
succèdent, la réflexion se creuse, s'approfondit, et un lien se
fait de l'un à l'autre, dans la rareté des paroles, les images de
fantômes
peu importait le numéro
que l’ordinateur t’attribuait au hasard et tu y étais, dans la
petite case des morts, l’idée que oui, oui on pouvait les replier
l’un sur l’autre, les deux côtés, et que tout irait mieux et
pour la ville et pour tes morts et pour toi, et que peut-être même
cette sensation bizarre aujourd’hui, dans ton alvéole d’insomnie,
ou dans ces discussions sur les morts, que c’était déjà fait le
repli, et juste : juste on ne s’en était pas aperçu.
et
Arnaud Maïsetti
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3804
le ciel continue
un texte qui commence
magnifiquement C’est tant de ciels ici et de
si hauts, comme d’avancer sous quelque chose de profond,et
qui maintient la note, dit la fatigue du retour le soir, sous le
poids de la fatigue, des mots prononcés pour dire Artaud – et il y
a les visages des étudiants qui reçoivent – pour dire Rimbaud,
dit, splendidement, ce qu'a été ce trimestre où leur parler du
théâtre – et le ciel haut par dessus cette fatigue.. et la ville
vue depuis ces mots qui l'occupent... Consciente de la futilité de
mon schématisme vous incite à lire, le suivre dans ses jours passés
dans cette ville (Aix je crois), cheminements, regards, cours, espace
où fut une bibliothèque, couloirs ingrats
L’énigme du théâtre,
c’est d’abord que c’est vide. Et qu’on y dépose un corps,
deux chaises, une voix qui vient en travers et tout soudain se
peuple, et le vide autour fait violence. C’est impossible le
théâtre. Ce que je dirai, toutes ces séances, à ces étudiants
qui le rêvent : que c’est impossible, et c’est pour cela qu’on
y confie une part de sa vie, la plus précieuse peut-être.
C'est
long, mais sans «longueurs», riche et beau.
Et
avec lui, d'autres aussi, de ces miens cadets tellement plus
impliqués, habiles, appliqués, doués que la petite vieille qui a
passé tant d'années dans les vide-ordures, loyers, lois et
querelles de voisinage me vient le désir que je sais impossible
d'être son, leur, élève.
instants infinitésimaux
suivre
Solal qui dans une rue à l'air chargé de neige pousse la porte d'un
café, et les phrases rendent les sensations, dressent le cadre,
porte qui résiste malgré l'écriteau «ouvert», entre enfin, sent
– mais pour faire tout cela avec elle il faut lire Louise Imagine –
rencontre Marie, garde l'impression d'être étrangère
Alors que Solal
s'installait sur un tabouret de bar en face d'elle, Marie n'eut pas
un geste de bienvenue fixant avec désapprobation chaque parcelle de
son corps découvert. Un pli déformait sa bouche et un étrange
soupir s'échappa de ses lèvres pincées. Sans un mot, elle se
retourna, allant chercher d'une démarche saccadée un vieux thermos
dans l'arrière-boutique. Et
verse le café dans La tasse
et
6'39 dans l'espace de
travail
des
paragraphes commençant par on entre dans l'espace de travail par
une porte en verre et qui se poursuivent par ceux qui sont
dehors, ceux qui sont dedans, puis par ce qui se passe dehors ou
dedans (l'ai lu un peu vite, je suis désolée, n'ai pu faire
autrement, j'y reviendrai,) reviennent l'espagnol et des thèmes
familiers chez Ana NB, la bande de lumière, les répétitions
évolutives, la guerre, le vieil homme.
on entre dans l’espace
de travail par une porte de verre - l’espace est vide –
l’espace est nu – douze chaises une table basse un journal
de propagande une plante à la terre desséchée- le soleil
faible se colle aux vitres – je vois la bande de lumière
transformer le sol
à partir de trois
photos de Philippe Marc
Christine Zottele
http://www.atelierdebricolage.net/?p=5080
mais des zones d'ombre
demeurent
deux
paires de jambes rue des Teinturiers, venues voir le festival, le
pape et les papesses du théâtre vivant, et les jambes masculines, à
l'aise sur la calade mais qui l'étaient tellement plus sur le sable,
sont venues pour faire plaisir aux jambes féminines, les jambes
féminines, à l'aise dans l'été.. les suivre elles et leurs
pensées, et puis le rencontrer
Le photographe
mitraille la nuit comme il a mitraillé le jour. Il n’est allé
voir aucun spectacle. Celui de la rue lui suffit. C’est la nuit
maintenant et il n’est toujours pas fatigué. Il a croisé le
regard d’une femme marchant à côté d’un homme mais ce sont ses
jambes qu’il a prises. Ou plutôt la lumière sur les pavés.
L’éternel jeu de l’ombre et de la lumière, de l’illusion et
du réel. Quand il n’y aura plus de mystère, quand il sera blasé
de tout ça, il verra… Ou il ne verra plus rien. L’œil de son
appareil fait partie de lui comme ses jambes. (et
les photos, qui sont de Philippe Marc, sont bien belles)
et
1, 2, 3 soleil
les
trois moments, ceux qui sont photographiés, la vitesse entre eux,
une histoire
et
c'est une réussite
Que s'est-il donc passé
entre les photos normales et celles prises un instant plus tard ?
Est-ce la soudaine révélation que l'existence des êtres vivants
est intermittente, qu'elle bat comme un cœur, et qu'un nouveau
modèle d'appareil photo capterait soudain les intervalles de néant
entre deux grains temporels de leur existence. Tous les êtres
vivants seraient-ils alors synchronisés ? Sommes nous tous régis
par une horloge commune ? Ou bien est-ce une gigantesque partie
d'1-2-3-soleil, à laquelle tous les êtres vivants joueraient en
même temps contre un appareil qui ne capterait que le mouvement ?
à partir d'une photo
prise sur le fil twitter d'AbandonedPics
Abandonned
avancer
en courts paragraphes, quelques mots, quelques lignes... avancer
entre ces arches, tout le jour, entre ces arches qui créent un ring
comme un anneau qui enserre le vide, comme une alliance
C’est notre bague,
d’un argent de nuit et d’envers. L’alliance, là où on avait
mis nos veines, nos nerfs, celle qu’on avait faite pour lutter
contre le vide de notre centre. Contre, tout contre. Pour
désabandonner nos souffles, nos flux, notre pouls. Nous avions posé
ce garrot, sur lequel je tourne maintenant à vide noir.
avancer
dans ce vide qui résonne.. et reconstruire, avec nouvelles paroles
jetées autour de la solitude.
et
Christopher Sélac
http://jouyanna.ch/spip.php?article773
faux air
ce
pourrait-être aux Philippines après le cyclone.. et le tableau
s'élabore, en versets, tableau de désastres, de survivants
La
photo aurait pu être prise par un journaliste, dépêché
spécialement pour couvrir le
désastre,
par une humanitaire, venue sauver ce qu’il reste à sauver, venue
aider ceux
qu’il
reste à aider, en se demandant par qui, par où, par quoi commencer.
Elle aurait pu…
mais non ce n'est qu'un de
ces lieux en ruine comme en connaissons tant (et il en sort une
morale)
impressions d'enfance,
regards croisés (sur des photos échangées) une
réussite
Françoise Gérard
http://leportraitinconscient.com/2013/12/06/enfance-de-lart-par-francoise-gerard-vases-communicants-decembre-2013/
enfance de l'art
sous
le père et le fils du «voleur de bicyclette» de De Sica, le
désarroi, d'entrée, de Françoise devant les photos reçues, la
crainte de ne pas savoir dire, du sourire confiant de l'enfant, et
cette crainte de trahir la suit alors que, cependant, elle regarde,
elle dit la jeunesse de Giovanni, la famille, le passage du petit
garçon au regard levé au garçonnet, dans la chaleur familiale,
l'amour de l'art, le besoin de l'art... bon lisez plutôt cette belle
introduction à ce que nous donne Giovanni – et comme ces photos de
l'enfant et de la famille ont sans doute été prises par le père,
ou on le suppose, cela se finit sur des photos de l'enfant devenu
père et de ses enfants et quelques mots sur eux
Mais que serait ce
billet sans la personne hors champ qui a pris les photos qui lui ont
servi de support? Que conclure sinon que l’invisible permet le
visible?… Et que, à l’inverse, le geste de l’inscription dans
le monde par les chamans-artistes, en ouvrant-ouvrageant des
espaces-temps qui, sinon, resteraient hors de portée, permet la
révélation de ce que le réel a d’insoupçonné?… Magie de
l’écriture et/ou de la peinture… n’est-ce pas, Giovanni?
et
Giovanni Merloni
http://www.le-vent-qui-souffle.fr/article-vases-communicants-du-6-decembre-2013-121279621.html
sous une photo d'un père
et d'un fils roms, comme incipit
Croisement et point de
fuite, rencontre avec une de nos deux enfances
de
chacune des sept photos, Giovanni fait une description, presque
neutre, puis en tire une philosophie, ou devine l'enfance de
Françoise, ou son attitude devant la vie, à partir d'une
observation fine, attentive, de ce qui est montré, en s'adressant
presque toujours à elle, qu'il croit reconnaître, elle ou ces
enfants, et j'ai l'impression qu'il devine assez bien, que ce soit
vrai ou non
Moi je me lancerais
dans une divagation sur le thème de l’inconscience. Elle était
absolument nécessaire si l’on voulait que ton portrait fût
sincère et inoubliable. Donc, en raison de la beauté évidente de
cette photo je conclurais que tu étais bien consciente du fait que
quelqu’un essayait de t’encadrer dans une photo. Pourtant tu
n’avais pas résisté dans le rôle du modèle insouciant ou
indifférent, car tu étais intéressée à celui ou celle qui te
pointait. Il ou elle te parlait, et tu t’oubliais de toi-même…
maux d'esprit (même
thème et échange de photos)
maux
d'esprit 1/2
un
texte bref, dense et spirituel, qui parle d'un esprit l'âme en
peine, qui eut tant de vies différentes, sans avoir trouvé dans
laquelle être à l'aise, (et la solution vient à la fin)
Quel pouvait être
l’endroit, grands dieux, pour être à son aise, heureux ?
Philosophe, médecin, poète, femme de ménage, infirmière, actrice,
oisif, photographe, grand, gros, gras, petit, longue liane, rousse,
blond vénitien, marin, aventurier, coureur cycliste, femme fatale,
unijambiste…
et
Dominique Hasselmann
http://helenablue.hautetfort.com/archive/2013/12/04/maux-d-esprits-5237560.html
maux d'esprit 2/2
un ton
malicieux pour l'histoire d'une rencontre aux Deux Magots d'une jolie
femme énigmatique, peut-être écrivain - mais il n'était pas
prudent en ces temps de l'avouer - avec qui parler de tout sauf
d'écriture, avec qui voir les dernières expositions, d'une jolie
femme qui disparut un jour, ne vint plus au rendez-vous, de son
apparition à la télévision, d'une révélation, et d'un coup de
sonnette (fable souriante et grave)
Je grimpai à l’échelle
et m’enfuis par les toits.
Le panorama de Paris
est toujours si beau, vu depuis une perspective plongeante, quand
l’aube se lève précautionneusement sur la ville encore endormie.
un
très bel échange, entre
Christine Jeanney
http://www.pendantleweekend.net/2013/12/vases-communicants-43/
c'est bien que tu sois
venu
invite
celui qui l'emmène partout (nous emmène, Piero Cohen-Hadria?) en
voyage, à la suivre dans une promenade - mais ça c'est le squelette
sur lequel s'enroule les phrases, la petite philosophie des
parenthèses - une promenade où l'on découvre des fêlures, des
fleurs - et les mots et les photos vous tiennent sous leur charme,
même si c'est un charme de peu de choses, de choses tristes, mais
qui effleurent, des riens, des rêves, des gens, ceux qu'on devine
dans leurs maisons plus loin, ceux qu'on aime
alors des offrandes de
deuil il y en a, mais pas vraiment, aussi des formes de résistance,
comme les roses gelées qui se battent à leur façon de roses, les
épines ne servaient à rien, alors elles se recroquevillent, figées,
mais elles savent rester belles, même sans parfum, et puis on s’en
fout du parfum, boum, Maryse rapplique, je ne sais pas si je t’ai
dit mais Maryse est toujours dans mon jardin,
et
Piero Cohen-Hadria
http://christinejeanney.net/spip.php?article865
entre la fin quarante
neuf et la fin cinquante
elle
avait mis au monde trois enfants, un garçon qui fit d'elle une reine
choyée par sa belle-mère et deux filles jumelles qui firent
s'éloigner cette belle-mère, et Piero Cohen Hadria, ou le je du
texte, continue, s'interroge sur cet accueil par sa grand-mère :
filles, jumelles, l'époque.. parle de la soeur, sa tante, raconte et
je ne dirai pas – il y a les chansons,
la mer, la chaleur, il y a écouter ou lire ces phrases, il y a cette
femme, sa mère
Son rire, oui. Ses pas
de danse, aussi, oui. Parfois, la colère la prenait. Je me souviens,
parfois, oui et je me dis que j’ai bien de la chance d’avoir été
enfanté par cette femme qui a eu le front, à tous, de leur dire
non.
carnets
à relire mes carnets
ouvrir
un tiroir, les voir tous, les survivants (parce que c'est fragile, et
parfois fugitif un carnet), et, en phrases simples et harmonieuses,
s'interroger sur tout ce qui se trouve
enclos là, une vie, des pensées
Détruisant nos
carnets, ils nous étreignent, et avec nous toutes nos réminiscences,
nos amertumes, nos exaltations, nos arrière-goûts. Dois-je dire «
Heureusement, les autres ont résisté » ? J’hésite. La matière
pèse son poids de doutes.
et
Philippe Castelneau
http://lesateliersdudeluge.wordpress.com/2013/12/06/carnets-de-lintime-par-philippe-castelneau/
carnets de l'intime
sous une image montrant
une pile, en équilibre presque instable, de cahiers de tailles et
couleurs variées, un résumé, des bribes du journal qui s'y est
inscrit, la vie, les lectures, les tentatives d'écriture, le passé
qui trouve les mots pour se dire
ma mère qui me demande
si j’ai vu mon frère et moi qui réponds non. Qui dis : je ne sais
pas où il est, je ne l’ai pas vu. Je n’ai rien voulu voir.
J’aurais préféré ne rien voir. J’ai tout vu. J’ai onze ans
et mon frère dort d’un rêve opiacé sur mon lit. J’ai 44 ans,
et je peux enfin l’écrire. Écrire mon frère, mort en 2001.
un échange à écouter
Mathilde Roux
trois notes parlées en
vue d'un cri
des
images de Julien Boutonnier et l'enregistrement d'un texte, inspiré
des notes en vue d'un cri qui constituent son «voyage à Mazamet»,
rythmé, avançant en petites pousses, détaillé d'une voix
tranquille
un - qu'est ce que tu
ne cries pas - que tu jettes en pâture, aux fantômes du néant, à
ces baudruches, à ces enflures, aux ogres minuscules, minuscules et
voraces, qui peuplent ton dedans
et
Julien Boutonnier
http://www.mathilderoux.fr/spip.php?article186
une demande
écouter
son texte, dit par lui et Alice, quête d'un lieu où être, où
grandir, se creuser au prix de la cruauté une place... comme une
confession, un appel, et la voix de femme qui réagit, relance,
souligne,... et cette quête est cri, images, mots qui veulent
choquer un peu.. qui aboutissent aux mots entraînant le «bien» de
la femme
j'ai rêvé qu'une fois
j'avais eu lieu, et avoir lieu c'était une sorte de demande, une
demande d'un lieu à moi, venue du fond des tripes
vie nouvelle ou
nouvelle vie
dans la nuit heureuse
Simon
pense à sa vie avec Lil, qui l'initie au bonheur tranquille d'être
présent au monde, de se débarrasser de ce qui l'encombrait, Lil qui
dort paisiblement, qui aime ce qu'il fait, lui donne énergie (bon il
y a beaucoup plus, un texte qui fait du bien, malgré les ombres)
Sur le rebord de la
fenêtre, deux pigeons enfouissent leur tête dans leur plumage. La
ville change d’odeurs. Là-bas, vers l’ouest, des nuages
s’assemblent et s’obscurcissent. Tu sais bien que tu dois tordre
la réalité pour avoir cette vision de bonheur sans ombre avec elle.
Les pigeons sentent que l’orage va éclater. Peu à peu tes amis
s’éloignent. Mais le bonheur,
indécent ?
et
Michel Brosseau
http://embrasure.wordpress.com/2013/12/06/nouvelle-vie/
nouvelle vie
un long texte-torrent en
protestation contre toutes ces «nouvelles vies» qu'on vous inflige
chaque fois que nous sommes contraints à de nouveaux départs,
protestation d'un qui a perdu ses illusions, qui refuse de jouer le
jeu
Plus trop de place,
après, pour votre bondieu de vie nouvelle ! Mais allez-y, vous gênez
pas pour moi : gueulez tant que vous voudrez ! Indignez-vous ! De
toute façon, je sors si peu : guère de risque qu’on se rencontre.
Sur les réseaux sociaux ? J’y vais comme j’allais autrefois au
bistrot : je m’installe peinard au comptoir et j’écoute ce qui
se dit. J’y respire l’air du temps. Mais je prends bien soin de
la boucler.
le dernier échange de
ma liste, qui affronte ou amadoue les mots "coupes claires"
Anne-Charlotte Chéron,
ci-dessous,
coupons clair
dépasser souffrance et
difficultés
Couper clair. À blanc.
Nettement. Distinguer. Aller à l’essentiel. Ne plus voir des
fantômes dans les vêtements suspendus le long du mur.
Faire feu de tout bois.
Embraser l’âme. Dessécher la peau. Se révolter parfois. Du
changement, bon sang. Coupons clair.
pendant que Brigetoun
(enfin moi) sur http://accheron-enmarges.blogspot.fr/2013/12/texte-de-brigitte-celerier-coupes.html
petitement, se contente
d'une utopie
nous coupons, nous
attachons les branches, nous frayons passage, comme un tunnel, dans
la masse, la forêt touffue et sombre, les asservissements, les
soucis, les règles imposées que ne pouvons combattre, les taillis
et les noirs conifères, cognent les haches, vibrent les scies,
roulent les troncs, brûlent les feuilles, on traîne les souches, le
ciel nous vient, l'azur et les nuages, la lumière descend et baigne
le sol.
Et
puis un échange non annoncé, peut-être volontairement, désigné
comme un duo, sur l'aquarium de Saint-Saens, et
tant pis si c'était par souci de discrétion, je l'ajoute
en eaux dormantes
dialogue
rondement mené, les signes astrologiques, et sous les mots échangés,
les pensées de celle qui est interrogée, le souvenir d'une
rencontre, d'une cravate très laide, d'un CD,
Ce soir-là, il faisait
chaud. Je mis en marche ma chaîne et écoutai le disque inconnu. Dès
que cette musique liquide envahit la pièce, je plongeai en eaux
froides et reposantes. Dès lors, je sus, signe astrologique,
réponses à mes questions usées et aussi à celles que je n’avais
jamais formulées. Tout redevenait simple.
la
découverte que le monde de la voyance est petit semble-t-il
et
l'aquarium
acheté,
installé, regardé comme d'autres regardent une télévison et
Le jour où le poisson
multicolore lui fit signe de se joindre à lui, elle n’en crut pas
ses yeux. Elle ? Vraiment ? En était-il bien sûr ? Avait-il
remarqué sa taille ? Elle l’interrogea plusieurs fois du
regard. Mais oui, c’était bien elle qu’il voulait. Il avait fait
son choix et elle ne devait pas le décevoir.
En
espérant qu'elles ne m'en voudront pas !
9 commentaires:
La récolte et l'acharnement...
La tête me tourne à chaque fois ...
ces bouts d'histoires que j'aimerais poursuivre
Frustration en admiration
Quel travail, Brigitte ! et chaque mois c'est un éblouissement, ces échanges qui partent dans toutes les directions et qui essaiment, toute cette richesse en action. Et tu arrives à la prendre en photo ici, polaroïd kaleidoscope, hop. Il n'y plus qu'à suivre les liens, vraiment c'est fort je trouve (Bravo j'ajoute, multiples bravos) (des bravis, donc :-))
Copieux au petit déjeuner. J'en garde pour le dîner.
merci à vous et à tous les passants
en fait, chut ne pas le dire, sus un pou sur le dos des vases communicants (non c'est pas vrai, mais ça y ressemble un peu, non ?)
Je suis toujours admirative à la lecture de ce compte-rendu. J'en ai déjà lu une partie, mais je constate que le meilleur semble m'attendre. J'y retourne...
Toujours impressionnée par votre générosité et votre dynamisme. C'est vous qui assurez et construisez l'unité des échanges entre blogs, on passe chez vous vous organiser sa circulation dans ce réseau finement tissé, et vous en dessinez l'indispensable cartographie.
Il sont bien vivants, les vases !
Je me suis vite envasé
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