Emerger en deux temps,
lentement, prendre pied dans la vie longtemps après avoir commencé
à lire, à échanger – voir le bleu du ciel, me rencogner dans
l'antre, me laver les cheveux, m'amuser de mon allure, et tenter
désespérément de continuer le petit conte des fils de la staroste
pour les cosaques http://lescosaquesdesfrontieres.com,
sans être trop ennuyeuse, surtout sans trop m'ennuyer, esquiver la
difficulté et obtenir, après tâtonnements invisibles, un résultat
digne d'un superbe bâillement, m'y résigner piteusement.
Vers seize heures enfiler
robe verte de quasi vamp, des bottes, bricoler un chignon misérable,
prendre manteau et sortir sous la lumière déclinante.
J'ai beau me méfier des
spectacles «qui tournent» (snobisme ou élitisme ? je n'aime pas
les mots, mais je ne suis pas exempte de cela que j'appelle : pas de temps à perdre avec ce qui est nul, et n'en ai aucun
remords, vraiment pas), j'avais envie d'être emportée par la
ferveur, j'en manque tant actuellement, et qu'importe si cette
ferveur a un côté factice, on prend ce qu'on peut, en se fiant au
rythme, mécaniquement, et il est possible de négliger la fabrique
quand on est à l'extérieur, juste dans le désir, sans participer.
Alors j'avais acheté un billet pour the
voices of gospels
le spectacle du Los Angeles Crenshaw Choir.
Donc,
m'en suis allée les entendre, ai dit tant pis pour le rendez-vous
fixé à tous ceux qui le voulaient et pouvaient pour la fête des
lumières par Michel Benoît devant le mur des offrandes (et continué
de me couper de mes quelques «relations» avignonnaises, ce que je
me reproche et déplore)
http://avignon.midiblogs.com/archive/2013/12/06/aco-s-de-ser-791545.html
J'avais
regardé en fin de matinée, la plus récente vidéo que j'ai
trouvée, pas spécialement engageante : côté vraiment un peu forcé
au premier abord, mais peu à peu le charme vient, je trouve
et
puis il y a ma vénération, adolescente, pour ces chants... et je
trouve l'entreprise sympathique.
Après des études
musicales, Iris Stevenson part pour Los Angeles enseigner au Crenshaw
High School. Elle choisit ce collège en rapport à des convictions
déjà bien ancrées sur son rôle dans la communauté. Sa classe se
remplit de jour en jour et l’on peut compter actuellement plus de
500 élèves qui fréquentent assidûment ses cours. Elle continue sa
mission de vouloir faire chanter tout le monde. Talentueux ou pas,
elle ne refuse personne, ne pratique pas d’audition, jeunes de la
rue appartenant aux gangs, jeunes de classe moyenne, tous sont
admis.
«Je leur dis que les
oreilles doivent chanter et leurs genoux aussi, car tout est louange
à Dieu. C’est un tout et ce n’est pas que le corps, c’est
aussi l’esprit et l’âme qui doivent chanter», Iris
Stevenson.
En
fait, tournée ou non, c'était presque un spectacle pour happy-few,
étant donnée la maigre assistance. Et le côté un peu foutraque
dans les ensembles, une chorégraphie assez bizarre par moments, les
tenues dont ils sont affublés, ne faisaient que les rendre plus
sympathiques comme les claquements de mains, plus ou moins dans le
rythme, du petit public chaleureux. Les choristes devenaient solistes
l'un après l'autre et il y avait quelques belles voix (mention pour
la basse du batteur/chanteur).
Nous
avons eu droit, après une série de spirituals, à il était le
divin enfant et, zut, petit papa Noël, et peu à peu,
pendant la seconde série de gospels presque tout le monde s'est
levé, a dansé plus ou moins (Brigetoun en grand plaisir mais en
retenue, suis douée pour la danse presque immobile, enfin pas si
immobile j'avais mal aux pieds à la fin), et même à un moment sur
scène.
L'heure
et demie annoncée est devenue un peu plus de deux heures. Les
appareils ont commencé à sortir (résultats assez piteux pour moi),
y compris du côté chanteurs, à la toute fin, entre les saluts.
Je
me suis offert le disque du saxo (pas mauvais, et puis c'est lui qui
était de mon côté en sortant), j'ai considéré qu'il était trop
tard pour le mur, et suis rentrée benoîtement faire cuire mes
patates.
Et,
puisant dans «Publie.net» m'en suis allé dans l'étrange, sans
terreur, et j'ai lu l'extraordinaire et charmante histoire de La
deux fois morte de Jules Lermina
http://www.publie.net/fr/ebook/9782814505995.
11 commentaires:
Même vénération pour ces chants au même âge. Un peu tiédie depuis, je l'avoue.
(oui, petit papa noël, il aurait vraiment fallu qu´ils évitent) (mais bon)
Gospel, Noël, impossible d'éviter la rime...
J'aime même s'il y a des égarements
As-tu mis les super bottines aux bons pieds ? ou est-ce un effet d'optique!!!!
Rien ne vaut Jessy Normann.
elles n'ont pas de pied
oh que oui ! (Jessie Normann)
Ha ha ha, danser, c'est bien, merci à ceux qui donnent envie (et tant pis pour petit papa etc.)
Gospel..çà réchauffe !!
Super bottines. Super blog. Grâces à vous. Je le lis tous les jours mais jamais parvenue à entrer un commentaire, les objets me haïssent (c'est peut-être pour ce soir ?)
Comment ne puis-je pas être d'accord avec Jeandler à propos de Jessye Norman! Marguerite Yourcenar a consacré un beau livre aux Negro Spirituals.
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