doucement lavé,
bleu très pale, ciel du
matin
quand m'en suis allée
dalles humides,
rayons frisants, brillance
et peur de glisser
de grandes masses
blanches bosselées de
gris,
nuages passant
au fil des heures, le bleu
se durcira, les nuages s'effilocheront, flotteront, s'éloigneront,
ne disparaîtront pas
et je vaquerai, dormirai,
bataillerai avec machine qui semble comprendre mon proche abandon,
avant, dans la nuit venue,
de grimper la petite rue
Saint Etienne, vers les arrières de l'opéra, de le longer, d'y
entrer pour le dernier des concerts des Ysaÿe jouant les quatuors de
Beethoven, avec une curieuse impression de vide, et de découvrir
qu'exceptionnellement le concert débutait à 20 heures et non 20
heures 30.
Me suis maudite (j'étais
loin d'être la seule) et suis montée m'installer en silence sur mon
cher strapontin face au violoncelliste. Comme j'étais «en avance»
d'un peu plus de vingt minutes, je suis arrivée au cours de la
seconde fugue de la grande fugue, soit le quatuor n°17 (vous
suivez), et n'ai manqué, mais tout de même, que le quatuor n°13.
Faire le vide, prendre
pied dans la paix, la profondeur, de l'exposition, et du développement, du thème de la première fugue et, ensuite, dans le
plaisir, la surprise sans cesse renaissante, l'admiration devant
l'audace de toute la suite, heurtée, l'arrivée de l'emportement
jusqu'à la furie (pensé à une éventuelle tendinite du
violoncelliste), le retour d'une douce cantilène, ces moments où
chacun semble jouer pour soi, les bondissements, l'unisson retrouvée etc...
suis restée végétative,
rêveuse, lisant, pendant l'entracte avant les deux derniers
quatuors, et n'en dirai rien, incapable et sans envie de détailler
leur beauté, leur variété, juste noter
le début du quatuor n°14,
les quelques notes du premier violon, rejoint, peu à peu, chacun à
son tour, par le second, l'alto, le violoncelle, la façon dont ils
ont enchaîné, sans pause plus longue qu'une seconde les sept
mouvements, la succession des variantes de l'andante ma non tropo, le
formidable, rebondissant, presto,.. la tension de l'adagio qui suit,
très bref, avant l'allegro final, la succession de musique rythmée,
adoucissement, accélérations, de véhémence, avant les dernier
accords
et pour le beau quatuor
n°15, le dernier, l'ampleur calme, la profondeur, du troisième
mouvement lento assai, cantabile tranquillo, avant l'étrange, le
superbe dernier mouvement grave ma non troppo tratto, allegro.
Applaudissements.
Au troisième retour
l'altiste nous remercie de notre soutien et de notre assiduité,
disant qu'ils leur étaient nécessaires pour mener à bien cette
intégrale qui s'achève comme s'achève leur chemin (si j'ai bien
compris il est encore prévu des concerts d'adieu parisiens) et nous
offre en bis le finale, bis, écrit par Beethoven à la demande de
son éditeur, à l'opus 130, soit le quatuor n°13, celui que j'ai
loupé – et c'était un morceau charmant, dansant, clair.
Nouveaux saluts, ils
sortent, je sors,... pour découvrir dans le hall, sur la vidéo muette, qu'ils s'installent pour un second bis, et m'entendre interdire par
une dame d'autorité le retour dans la salle.
Alors m'en suis allée,
pauvre seule pas cow-boy, bien contente tout de même de ma soirée
malgré ces deux manques. Et j'ai entrepris ma lutte avec ma machine.
7 commentaires:
"bien contente tout de même de ma soirée"...passée au violon !
Joli, joli, je lis tes jolis.
Applaudissements
"Fugue" avant le bis... Tout était écrit !
J'ai beaucoup ri à l'hypothèse tendinite du violoncelliste ! On entend bien ce que vous voulez dire !
Un brin de mélancolie...
Un faux départ, de faux adieux. À nous Paris.
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