se moquer un peu du froid,
du ciel bleu ou du ciel gris, se moquer un peu de tout, ne voir
lumière que sur l'écran, et tranquillement, avec quelques petits
décrochages pour que cela reste plaisir, lire les premiers échanges
de 2014.
être un peu navrée de
l'état un peu pitoyable, et provisoire, de ma machine qui m'interdit
de m'amuser à faire des montages des images éventuellement
présentes, qui seront à découvrir sur les billets, et intercaler
des photos en réserve qui ne sont pas de vases, ou pas toujours, et
certainement pas de vases communicants..
Or doncques, il y avait
sur deux photos
proposées par Danielle Masson
réveillée par un petit
coq, si petit que petit poulet, en un poème le plaint d'avoir
liberté si brève et rentre dans sa maison avec un grand bouquet de
lavande, reprend dans s a solitude non dérangée sa lecture
Le rideau voleta et un
léger souffle me caressa délicatement le visage. Je débarquai sur
la rive d’en face... celle que Pessoa dit «qu’elle n’est
jamais puisqu’elle se trouve en face, la rive de ce côté-ci».
J’y aborde à volonté, déchargeant sur le quai toutes mes
richesses avant de renflouer mes cales. Chacune de mes pensées, de
mes tracés, s’imprime profondément sur le livre inécrit de la
vie... parchemin indéchiffrable, oblong pour le mieux, toujours tour
à tour soyeux, rugueux, miteux, joyeux, peureux, acrimonieux,
adipeux, affreux : ambitieux, coléreux...
et
poulet à la lavande
l'écrit,
la lettre ou le récit d'un coq : vexé d'être appelé poulet, il
consulte Petit Robert qui dur de la feuille comprend boulet, puis...
allez vous amuser avec Danielle
Ça y est. J’ai
trouvé. Page 1031, vous êtes un couloir étroit dans les montagnes…
Je plaisante. Mais j’avance page par page. Oh ! à la page 1501,
vous pourriez être un noulet… J’arrête de vous faire marcher.
Vous c’est courir que je devrais dire. Ça y est, j’approche.
Page 1744, enfin poulet… petit de la poule… j’admets vous
n’êtes pas petit. De trois à dix mois, de sexe mâle ou femelle.
Vous me paraissez plus vieux que cela, vu votre embonpoint.
ne
se calme qu'en sentant l'odeur de lavande
l'aube – un bel échange entre
après une belle
présentation par François Bon
temps de parler de
l'aube
son
écriture, ses images, ses assemblages de mots qui font choc, pour
parler de son rapport à l'aube, de ce qui en a fait son domaine, et
bien entendu je ne saurais rendre ça,
Aube…
... je ne la défais
pas, anti-Pénélope. Je la finis toujours d’un couperet de nuit.
Tchac ! Ça me pète dans la corbeille à ciboulot. Puis c’est
lever : debout le sans-tête ! Entends souvent que c’est l’heure
des exécutions. Faudrait comprendre pourquoi… Pourquoi on ne tue
pas son prochain à la tombée du jour mais à la chute de la nuit ?
Question.
Et
continuez, lisez la suite de cette ode à l'aube.
et
François Bon
http://www.jouyanna.ch/spip.php?article896
ce moment à soi avant
d'entrer dans les tâches quotidiennes... mais ne pouvoir écrire
l'après-midi, juste un peu se retrouver dans le calme du soir (et
rares sont les auteurs capables d'écrire dans le jour)
et, partant de là, ce
qu'il faut de conditions pour écrire, ce qui bouffe l'écrivain...
mieux, plus... futilité de mon petit exercice une fois encore, allez
plutôt lire ce qu'il dit de Bergounioux, Michaux, Duras, Simenon,
Faulkner, Kafka, Koltès... juste pour avoir, vous, fugitivement
l'impression de les comprendre
Une telle affinité de
l’écriture et de la nuit qu’inconsciemment c’était donner un
primat à ces livres
droit venus des insomnies, ou de comment un Dostoïevski,
un Proust ou tant
d’autres attendent le creux même de la nuit pour entamer ce
qui les mènera jusqu’à
l’aube.
continue
et c'est de son écriture qu'il s'agit, et de la lecture, et des
rites favorables ou indispensables à la «mise en route», et, je ne
sais vous, mais moi trouve cela cadeau passionnant.
sur un personnage
récurent
Camille
Philibert-Rossignol
http://litteraturesauvage.wordpress.com/2014/01/02/vaseco-4-tentative-de-wonder-woman-en-quatorze-vers-par-camille-philibert-rossignol/
tentative de wonder
woman en quatorze vers
où
l'on retrouve, comme chaque mois, wonder woman, même si Camille
Philibert-Rossignol dit avoir du mal à la trouver, maintenant que sa
mode est passée, et faute de la trouver, lui dédit un sonnet (et
des illustrations)
Ses faits troublent la
nuit et câlinent les jours.
Des bastions délétères,
elle y trouve de l’amour,
ni apeurée, ni lasse,
des baveux, ou du crime.
et
Wonderwoman déprime
savoureusement
exprime la lassitude de soi qu'éprouve Wonderwoman, fatiguée de
trop d'ans de son rôle, de son costume, de son lasso,
Le lasso magique.
Incassable. Ductile, pour ne pas dire extensible. Son truc en plus.
Son machin à elle. Son trésor volé. Son arme fatale qui faisait
cracher la vérité au premier quidam venu. Le drame s’est déroulé
il
à partir d'une photo
de Barbara Albeck (qu'exceptionnellement j'ajoute en vignette)
Marianne Desroziers
http://www.lignesdevie.com/2014/01/vases-communicants-avec-marianne-desroziers/
fonds marins
une
femme qui ne se souvient pas comment elle est là dans cette eau
glacée (et les mots nous font croire qu'y sommes avec elle),
Ses lèvres
bleuissaient tandis qu’elle s’imaginait faisant naufrage dans
l’Antarctique. Elle essayait de flotter mais rester à la surface
de l’eau lui demandait beaucoup d’efforts. Ses muscles
commençaient à se tétaniser. Son souffle se faisait de plus en
plus court.
qui se
hisse hors de l'eau, cherche à reconnaître...
et
Gilles Bertin
http://mariannedesroziers.blogspot.fr/2014/01/vases-communicants-avec-gilles-bertin_6635.html
lieux-dits dits
une
vidéo – paysages et
voix mêlées, noms de lieux dits, et mon espoir de ne pas m'être
trompée en transcrivant
rouges bonnets- sous le
bois de fourche – les friandises – la murette – les bois de
rouge maison – terre de lyre – pierre de lune... mais
qu'importe, chant profond et beau
petit os
Sophie Régnier
http://vudubalcon.blogspot.fr/2014/01/petit-os.html
toi
Etgar seul depuis si longtemps, chez toi, avec un sachet de saucisses
– tu ne peux mieux – si las de tout cela, depuis l'enfance, ta
faiblesse, ton amour, ta Billie comme un petit os dans ta gorge –
mais ceci c'est la base, tu es mieux mis en mots par Sophie Régnier
Toi si bel homme si
cultivé si charmant. Tranche-toi la gorge Etgar et sors ce truc. Ça
sera toujours moins douloureux que ta déception, que le supplice de
se faire arracher le cœur. Plus supportable qu’écouter une
saucisse tiède et molle pleurer dans ton appareil électroménager.
Etgar, ils te l’ont mâchouillé ces deux-là ton cœur. Pourtant
bon bougre, tu ne leur en veux pas. Parce qu’après des milliers de
bréchets tu n’as jamais fait que tirer le mauvais, le plus court.
Ta vie alors fut ainsi : en économie d’amour et d’ambition
pauvre Etgar.
et
puisque petits os il y
avait, a pensé aux osselets avec lesquels il a joué dans l'enfance,
cherche à en trouver, va au musée et par conséquent nous présente
trois musées niçois
Enfin des os plus
récents mais des os d’animaux au Muséum d’histoire naturelle.
Aussi bien des mammifères que des oiseaux caractéristiques de la
région. Les collections ayant été constituées par Antoine Risso
(1777-1845), Jean-Baptiste Vérany (1800-1865) et Jean-Baptiste Barla
(1817-1896).
ombre et lumière
oscillations
entre
dehors, les passants, las des fêtes, des voeux, et dedans, dans un
studio dévasté, un corps abandonné comme un de ceux qui sont assis
blottis dans des coins de la rue, dehors/dedans et il veut sortir,
mais renonce, vaincu, après les efforts faits pour se transformer
L’amour n’a pas
tout fait et, malheureusement, ne fera jamais tout. Même absente,
elle était là. L’autre. Plus là que jamais, d’ailleurs. Sa
bouteille, et tout ce que cela implique. Cette première goutte qui
glisse sur sa langue, coule le long de son gosier, le pénètre tout
entier. Cette première goutte qui brûle, glace, brûle, glace. Et
puis celles
qui suivent, pour le porter vers l’Ivresse. Ivre. Libre. Ivre
d’être libre. Libre d’être ivre.
L'histoire
qui revient en mémoire, le découragement (et pourtant il avait
gagné sa bataille, mais...)
et
Franck Queyraud
http://blogmaestitia.xawaxx.org/post/2014/01/03/Segre
extrait du journal de
la création de Sègre
Sègre
lisait Giono qui osait s'affirmer comme pacifiste, jusqu'à faire de
la prison, et s'interrogeait à la suite de cette lecture, de deux
films aussi – Sègre se sentait à une intersection dans sa vie
La
lumière avait changé ou sa perception de la lumière s’était
modifiée, il ne pouvait pas dire mieux. Sègre avait toujours perçu
la vie comme un jeu. Et elle l'était : un jeu, et le pire de
tous, digne de la roulette russe. Avec une variante de taille :
la balle tirée dans cette roulette particulière ne vous achevait
pas et vous laissait agonir tranquillement, vous laissant vous agiter
encore un peu. Jusqu’ici, il avait eu
constamment peur de l’ennui et de l’immobilité.
Il
lisait mieux, il refusait le cynisme, il aimait la vie, les enfants –
et moi je vous incite à lire cela.
pulsation libre
énumération
en courtes sentences à l'infinitif, ou sans verbe, les occupations
d'une fin d'année (très réussi)
Retenir les figures,
accueillir les idées. Suivre le film à l’écran, s’attarder aux
saveurs. Faire attention à l’heure, assaisonner un plat. Apporter
du tonus, lâcher prise. Les ustensiles de maquillage, la caisse à
outils, le calendrier de l’année. La température ambiante,
localiser son souffle. L’arbre nu, la corbeille à papier. L’odeur
d’huile essentielle, le massage du crâne.
et
Christopher Sélac
http://grandemenuiserie.fr/spip.php?article118
le petit atelier du
docteur
des
enfants, un atelier au fond du jardin (une écriture qui nous montre
la marmaille en découverte) et une belle description
De
dégauchissages en rabotages, de tenons en embrèvements, de ciseaux
à bois en papiers à poncer, à la perceuse ou au vilebrequin,
sortaient du modeste atelier occupé à ses seuls loisirs tables de
chevet, lits à tête, commodes, buffets, bancs, tabourets, cadres
pour tableaux, horloges franc-comtoises, abri de jardin ou charpente…
et jusqu’au bateau sur lequel leurs pères avaient navigué.
Il
devrait y avoir (allez les lire, ça en vaut certainement la peine)
un échange entre
Angèle Casanova sur http://petiteracine.net/wordpress/
et
Cécile Portier sur
http://gadinsetboutsdeficelles.blogspot.fr/p/les-vases-communicants.html
mais à vingt heures j'ai ressenti impérativement le besoin de m'intéresser à autre
chose qu'à les guetter
deux lettres à
Mauricette que j'aime aussi pour
l'avoir rencontrée deux fois chez Lucien Suel
une lettre que j'aurais
aimé et presque pu (presque parce qu'il y a les mots, mieux que
n'aurais su les trouver) lui adresser à Mauricette, lui dire qu'au
temps de «Blanche étincelle» il y a eu la peur qu'elle meure mais
que bien entendu c'est impossible, lui dire cela surtout
Tu ne parles pas depuis
la connaissance, et pourtant tu en as, érudite, inattendue,
singulière dans ta façon d'envisager les choses. Tu ne parles pas
depuis le savoir que tu possèdes, mais depuis l'émotion qu'il
provoque, et la différence est énorme. À cause de ça, tu ne peux
pas mourir. Et j'ai envie d'ajouter aussi, qu'à cause de ça,
certains vivants sont morts, depuis longtemps, mais ils ne le savent
pas (et je ne leur dirai rien, ça serait des paroles inutiles).
bon la suite appartient à
Christine, la suite qui est le projet d'emmener Mauricette à
Ronchamp
et
Lucien Suel
http://christinejeanney.net/spip.php?article876
lettre à Mauricette
écrite
à la main, au stylo bille, pour revenir au temps d'avant les
ordinateurs, quand se sont connus.
Revenir
sur la phrase de Mauricette «vivre va prendre tout mon temps» se
demander ce qu'est sa vie maintenant, où elle est puisque sa maison
est à vendre...
Je ne
m'immisce pas d'avantage (même si je me trouve citée au détour
d'une phrase, merci), mais puisqu'il donne sa lettre à lire, lisez
la, c'est un conseil presque impératif
De fait, tu as
plusieurs demeures ici-bas et dans le flux sans limites de
l’espace-temps. Mes lignes bleues se transforment en rythmes
binaires électroniques sur la portée ondulatoire. Je sais que tu
les déchiffreras maintenant ou dans les siècles des siècles. Ce
n’est pas la mort qui n’existe pas, c’est le temps. La mort
n’existe que dans le jardin ou le rêve. La mort est un film pour
adultes.
et comme moi vous ferez
vôtre le voeu de Lucien.
un trio pour
l'indicible
is good dead
un
texte comme elle seule sait, qui avance par petites répétitions
une
mère mordeuse, un enfant aux yeux fermés, les langues, l'innocence,
les trahisons...
on marche on marche sur
le chemin aléatoire de la première phrase – on marche depuis
longtemps hors des villes des rues toutes tracées des avenues de
trahison – on marche ici – on marche dans un chaos de choses on
découpe le temps à coups de bruit du monde on marche ici là où –
le ciel grandit avec nos pas
et
là
un
corps tétanisé, l'impuissance à tenir dans ce corps plus
longtemps... se souvenir de toutes les fois... lisez plutôt, c'est
beau et je ne saurais dire
un jour on commence à
courber le dos. un jour tu ne t'es plus parfaitement relevé.
échancrure, érosion dans l'échine. tu as touché, là. pour
savoir. pour te rendre bien compte. pour savoir la mort plus près
encore sans connaître le sursis
et
phobie
un
texte qui se cachait sous celui de Zéo Zigzags et que je n'ai
découvert qu'à mon quatrième passage (n'hésitez pas à descendre)
bien heureuse de le lire, un beau texte – l'enfance, la solitude,
l'ennui, l'éloignement derrière les phobies, le vide
Mon esprit se
ressourçait j’imagine, dans cet ennui que nul n’aurait pu
revendiquer. Il soulevait des poids morts, aussi lourds que de
longues promesses inutiles. Et dans cet effort incertain, il est
probable qu’il ait trouvé l’occasion de contempler sa détresse
la plus profonde. Mon ennui ne répondait pas en effet. Personne ne
se dressait dans ce lieu des possibles. Nulle figure tutélaire pour
répondre de moi. Il y avait les champs pluvieux qui scandaient la
petite musique du paysage
seule dans un hôtel,
Catherine Desormière
http://hadominique75.wordpress.com/2014/01/03/motus/
Motus
j'aime beaucoup - un
retrait, un départ à la campagne en quelques clics, mais ne pouvoir
oublier cette histoire qui doit rester secrète (et une très réussie
description de cet hôtel un peu démodé où se réfugier, de cette
ambiance) et là, au calme, sortir de son sac un article, une lettre
qui se termine par
Madame, je sais qu’on
avait rendez-vous au cabinet ce vendredi matin, mais j’ai honte de
ce que j’ai fait. Je préfère vous le dire en l’écrivant. Comme
ça, je suis moins gêné. C’est vrai que c’est difficile de
raconter certaines choses de ma vie quand je sais que vous me
regardez, assise dans votre fauteuil. Alors on se voit lundi ? Comme
d’habitude ? C’est réglé, je suis content, comme ça on n’en
parlera plus
et
Dominique Hasselmann
http://desormiere.blog.lemonde.fr/2014/01/03/une-connexion-dans-la-nuit/
une connexion dans la
nuit
dans
la solitude d'une chambre, écouter la radio, peupler la nuit de
musiques et de voix, s'y reposer, être touchée par une chanson,
noter ce qui est peut-être son titre, mettre feuille dans son sac
(et tout cela est décrit avec pertinence, précision, assez pour
qu'on voit, imagine)
Le lendemain matin,
elle mit ce pense-bête dans son sac à main violet, posé un peu
négligemment sur un banc, dans lequel se trouvaient un bracelet en
argent ayant appartenu à sa mère, son portefeuille avec 2 000 euros
en liquide, ses papiers (permis de conduire voiture et moto, carte
grise, assurance, carte Vitale, carte barrée de tricolore de
commissaire de police, carte bleue, carte des Galeries Lafayette…),
son poudrier, son rouge à lèvres, son parfum (celui de Marilyn),
son iPhone, son mini agenda, son stylo Montblanc, un paquet de
mouchoirs Lotus, une carte postale reçue de Lyon, un carnet de
timbres et la photo d’un raton laveur.
de Montreuil à
Belleville, de Belleville à ailleurs
Montreuil-Belleville
en
passant d'abord par Anvers, en s'arrêtant pour des photos, des
notations, avec ce qu'il faut d'attention pour que l'ensemble du
trajet prenne des airs magiques, de la magie que sait réserver la
ville
J’ai fait un crochet
par la rue de Bagnolet pour jeter un œil sur l’ancienne voie de
chemin de fer : un jeune couple marchait lentement dans l’herbe du
ballast. Contre la grille le long de la voie, une terrasse aménagée
au pied d’un immeuble imitait la manière d’un restaurant de bord
de mer. Au troisième étage d’une tour voisine, un pantalon
séchait dans l’air frais.
si on
sait regarder... donc il nous faut suivre ses pas, jusqu'à
Belleville et aux jardins, et profiter en plus de ses photos
et
Piero Cohen-Hadria
http://ruelles.wordpress.com/2014/01/03/sur-terre/
sur terre
s'il
suffisait de partir d'un endroit pour en joindre un autre dit-il (et
il appuie cela de photos toutes personnelles comme toujours) et il
nous emmène au monde merveilleux du conditionnel ou des désirs
tu vois, sur le
boulevard, dehors il y aurait eu les épiceries ouvertes, les
restaurants dans la nuit, il y aurait eu cette histoire et ces
images, une soirée comme une autre peut-être, c’était la paix,
c’était le temps où, dans les rues, l’air lui-même avait cette
attitude de liberté, il se laissait couler entre les immeubles, il y
avait au ciel noir, dehors et dehors, il y aurait eu à heure fixes
ces lumières
désirs
qui sont de qualité comme il se doit, et tellement plus beaux que ce
que peut être trop souvent notre monde.
deux beaux poèmes –
avancer dans leurs paysages
Laure Morali
http://www.atelierdebricolage.net/?p=5199
la baie
vers
courts, sensations, et tout la beauté de la côte est là, et on
entre dans un univers émerveillé et solide
gros sage gris
Creac'h Ar Bleis
boxé par le soleil
en plein la baie
et
traversée
une
photo, des vers, dire la montagne, le chemin
que vienne la trouée
et au long de l'arête
l'esprit s'étiole et
vibre
quand il redescend
comme le vent il
s'échauffe
musique et écriture
tu voulais écrire en
musique
mais
aucune musique ne pouvait couvrir la dissonance de ce jour, ou aucune
musique ne te permettait l'écriture, tu n'avais que désir de
silence
il n’y avait pas
cette saveur particulière d’un souvenir d’écrit, pas cette
bande son qui imageait ce qui venait au creux de tes mains.
tu
voulais et ne pouvais plus.
écrire en musique imposait son rythme
qui n’était plus le tien.
et
Proust big fun
une
superbe évocation de l'écoute de Mile Davies, époque Big Fun (ne
sais pas déterminer les périodes moi, mais j'ai cru entendre) de la
venue des souvenirs, de ce qui se passe en lui, pensées, émotions –
bon mieux vaut lire
Les ondulations
prennent leurs aises. Elles remplissent à nouveau tout l’espace.
J’ouvre Sodome et Gomorrhe et lis le passage que je préfère comme
pour la première fois : mais à peine eus-je touché le premier
bouton de ma bottine, tandis que la transe de Miles n’en finit pas.
Après la tension orientale du début, la trompette et le sitar
fusionnent et se dilatent dans la pièce.
écrire à partir photo
de l'autre
complément
= un échange entre
Anne-Charlotte
Chéron
http://irregulier.blogspot.fr/2014/01/en-guise-de-meilleurs-voeux-anne.html
un
poème, pour l'entrée dans l'année, sur Detroit et sur tous les
lieux abandonnés qui furent actifs avant la crise
Paquebots citadins mis
au sec.
Ports dévastés.
Amarres aux suivants.
Faites passer les
années, laisser circuler le temps.
et
François
Bonneau
http://accheron-enmarges.blogspot.fr/2014/01/texte-de-francois-bonneau-prieres.html
prières
à l'épluche légume
voir,
par la fenêtre, le végétal, vouloir dialoguer, se mettre
aussi à nu que l'est l'arbre
Enfin, qu’on la voit
donc, cette pauvre peau : veinée, tachée, striée de poils hirsutes
et de grains de beauté, pas même capables d’offrir une vraie
constellation. Il n’aurait, c’est certain, aucun dialogue à ce
prix. L’immaculé ou rien, clama t-il, pour amorcer le dialogue. Un
tremblement infime parcourait ses omoplates, jusqu’au bout des
phalanges. Il ouvrit les tiroirs, maladivement, en sortit un couteau
éplucheur... vous laisse
découvrir la suite.
et pour finir, deux qui
marchécrivent
Virginie
Gautier, ci-dessous,
Sortir et
lever les yeux une seule fois
et
puis regarder le sol, le granit, penser à Peros, regarder le mur, au
sortir du métro, penser à la maison à visiter, au dessus de la
mer, marcher
Mes pas,
comme des pierres posées les unes à côté des autres, pour faire
une marche. Voir quoi ? Sur le trottoir mouillé des allers, des
retours, nos traces dans les deux sens, les lignes des roues des
vélos. On devine notre trajectoire, on mesure notre nombre. C’est
comme un dessin sur une feuille de papier. Des signes répétés afin
d’user l’image, de ne garder que le passage. Traces, une sorte de
géographie.
penser
au livre à venir, et puis plus tard partir vers la maison, la mer
(et les photos sont merveilleuses)
et
Brigetoun
sur http://carnetdesdeparts.blogspot.fr/
Ciel
pour regarder, marcher
marche
les yeux dans le ciel irradié, cherche les mots pour le dire, pense
à la mounine de Ponge,
Et comme j'avance, en
cet hiver, lasse et les yeux blessés, dans le froid intense que le
vent nous a laissé en legs avec cette pureté sans concession, comme
si avec les nuages et l'humidité il avait emporté toute trace de
tiédeur, pour nous laisser dans un vide froidement lumineux, monte
la nostalgie des cieux transparents du printemps sur Paris, du soleil
humide étincelant sur la pointe de la cité quand je marquais
l'arrêt rituel dans l'angle du pont Royal,
et le
lendemain voit le ciel fuyant et sombre du mistral noir.
Et,
dans un moment de solitude, de découragement devant cela, j'ai dit
«je crois que ce sont mes derniers vases» mais échanger avec
Virginie Gautier a été si plaisant...
PS
PS
Je
suis un peu honteuse - je pense que vais être mal jugée, mon égoïsme se dévoilant - de laisser
des blancs mais je ne peux plus,
- jouer les enquiquineuses ou les chiens de quartier, avec ou sans réaction, j'ai horreur de ça (ne s'applique pas ce mois ci, mais par le passé si)
- m'offrir deux ou trois début de tétanie
- avoir mains lasses de cliquer sur liste, sur blogs (faute d'espoir, quand je connais les ennuis que subissent les auteurs, et dont je les plains très sincèrement, qu'ils penseront à me prévenir de la fin)
- risquer de perdre tout plaisir.
10 commentaires:
comme dans la vie les vases communiquent et pourtant si différents
Merci pour ce "sommaire" qui ne l'est pas, bravo une fois encore pour vos lectures, votre patience et votre esprit de synthèse : ne vous dénigrez pas, on les admire !
Merci Brigitte pour ces notes de lectures qui renforcent l'envie d'aller lire tous ces échanges.
Nobody is perfect mais vous n'avez aucune raison de vous dénigrer.
oh e ne me dénigre pas... décidée d'assumer mes petits agacements (ou pire)
Comme des fragments de rêves vécus
ces bouts de lectures m'enchantent
Merci Amie
Je réserve mon dimanche à la lecture. Merci.
merci de vos lectures attentives qui donnent envie d'aller lire les autres textes... en admiration comme chaque mois
Cocorico ! comme dirait Trèfle
et belle année à vous
Ne pourrais pas me passer de ce rituel de votre lecture fleurie, Brigitte, qui donne envie de fouiller + avant dans les textes, les blogs, chez les auteurs. I
ndispensable pour les Vases ! ;-)
Bravo encore pour cette revue impeccable ...malgré les boulets retardataires comme moi...
oh François vous n'y pouviez rien et vous l'avez gentiment prévenue
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