N'étais
pas en moi, aujourd'hui, ou l'étais trop.. n'étais pas apte à lire
ou écrire, ou n'ai pu lire vraiment qu'un livre un peu mince ou une
énorme plaquette de la Cimade migrations – état des lieux
2012 http://www.lacimade.org/publications/59
– image
Jean Larive/La Cimade
alors,
paresseusement, ou presque, en lisant, comme un exercice pour me
fixer, en donner le squelette, prendre les titres et sous-titres, les
chiffres, laisser la chair, le texte, la réflexion, en espérant que
d'autres voudront aller y voir - c'est plus nourri, balancé, que
vous le penseriez... mais garder les quelques récits témoignages.
Bien
entendu, il s'agit de la politique européenne, mais s'ajoutaient,
s'ajoutent ?, les conditions de mise en oeuvre dans notre pays.
et
ceci va être long, beaucoup trop long,.. et parfois un peu obscur..
à vous de décider
1
– quand l'Europe cadenasse ses frontières
image
Sara Prestianni
chiffres
en 2010
60%
des migrations internationales sont des migrations du sud vers le sud
3%
des Africains vivent en dehors de leur pays de naissance et 1%
seulement en Europe
plus
de 2 000 personnes ont disparu en Méditerranée selon le HCR entre
février et spetembre 2011
17
317 personnes sont mortes aux frontières de l'Europe depuis 1998
selon Fortress Europe. Ce chiffre ne comprend que les cas relatés
par la presse
254%
c'est l'augmentation du budget de Frontex entre 2007 et 2011
13
accords de réadmission ont été sinés par l'UE au 1er mars 2011
l'externalisation
du contrôle des frontières sud de l'Europe
- externalisation du contrôle des frontières et violation des droits – le droit n'est pas un obstacle lorsqu'il s'agit d'endiguer les départs vers l'Europe – l'émigration illégale, un non-sens juridique
- l'iniquité des accords de réadmission – l'aide au développement est conditionnée à la mise en oeuvre de la politique migratoire européenne – la politique européenne de gestion des flux migratoires s'appuie sur des régimes autoritaires
- Frontex : une agence de coopération aux responsabilités floues – le respect du principe de non-refoulement n'est pas garanti lors des opérations Frontex
- la nouvelle donne des révolutions arabes – tout en saluant la révolution, l'Europe s'est inquiétée des «risques migratoires»
J'ai
vingt ans. Je suis né en Afghanistan. J'étais militaire dans mon
pays. À plusieurs reprises, j'ai été menacé par les Talibans,
j'ai donc décidé de partir. J'ai payé 4000 dollars en échange de
la garantie d'arriver jusqu'à Athènes. De là, nous devions
rencontrer quelqu'un qui nous aurait aidé à passer vers d'autres
pays, en payant plus. D'Afghanistan je suis allé au Pakistan et puis
en Iran. De là, j'ai essayé la traversée en Turquie. On devait
marcher à pied dans les montagnes. Il neigeait. Pendant la traversée
ils nous ont pris tout notre argent. En Turquie nous dormions dans la
rue, ou nous ne dormions pas du tout. Nous avons essayé de rejoindre
la Grèce en passant la frontière de la région d'Evros, nous avons
dû passer la rivière sur un tout petit bateau. Nous étions 28
dessus. Nous sommes arrivés en Grèce et nous avons été enfermés
dans un centre de rétention pas loin de la frontière. Maintenant
nous sommes sortis. Il nous reste à passer la frontière la plus
difficile, celle avec l'Italie, sous les camions qui entrent dans les
grands bateaux.
2
– l'accueil des demandeurs d'asile en crise
image
Rafaël Flichman/La Cimade
chiffres
clés 2010
le
nombre des demandeurs d'asile (52 762) a augmenté de 60% depuis 2007
mais reste inférieur à celui de 2001
près
de 40% des demandeurs d'asile n'ont pas accès à la procédure
normale de demande d'asile
24%
de l'ensemble des demandes d'asile en 2011 sont traitées en
procédure prioritaire ce qui représente une augmentation de 15% par
rapport à 2009
35
000 demandeurs d'asile sont sur liste d'attente d'un CADA, dont 13
022 qui sont hébergés dans le cadre du dispositif d'urgence
25%
des demandeurs d'asile accèdent à un centre d'accueil (CADA)
5
mois c'est le délai moyen d'instruction de la demande d'asile
- une hausse relative de la demande d'asile
- l'OFPRA et la CNDA sous pression – en Outre-mer une procédure d'asile au rabais
- régionalisation de la procédure d'asile : des préfectures de plus en plus inaccessibles
- l'absence de statut des «Dublinés» - la procédure de Dublin II prévoit que, sous réserve de motifs familiaux, l'Etat qui laisse entrer un étranger sur le territoire européen ou celui où il a déjà déposé une demande d'asile est celui qui doit examiner cette demande – la procédure peut durer jusqu'à 23 mois
- procédure prioritaire, une procédure dérogatoire qui se banalise – permet d'expulser plus rapidement les demandeurs d'asile – rallonger la liste des pays d'origine sûrs un outil pour réduire la demande d'asile – hausse des demandes d'asile qualifiées de frauduleuses – un phénomène nouveau, les empreintes dites inexploitables - vers un recours suspensif dans les procédures prioritaires ?
- un dispositif d'accueil asphyxié – les associations comme ultime recours
Avec
123 autres migrants kurdes de Syrie, Omer Chairgo a débarqué avec
sa famille sur une plage de Bonifacio, en Corse le 2 janvier 2010.
Enfermés en dehors de toute légalité dans un gymnase, ils ont
ensuite tous été transférés vers des centres de rétention
administrative éparpillés sur le territoire français. Pourtant ils
avaient le droit de déposer une demande d'asile et d'être admis au
séjour au lieu d'être considérés immédiatement comme des
fraudeurs. Cet enfermement.. et les conditions dans lesquelles il a
eu lieu a été jugé abusif et tous les juges des libertés et de la
détention saisis ont libérés les 123 migrants (81 adultes et 42
enfants). Comme la moitié d'entre eux, Omer Chairgo a déposé dans
les semaine suivantes une demande d'asile, appuyé par la Cimade.
Cependant, l'Ofpra a rejeté le dossier de sa famille au motif que
des précisions manquaient dans son récit. Le 7 décembre 2011
pourtant, la Cour nationale du droit d'asile (CNDA) leur a reconnu le
statut de réfugié, le rapporteur de la CNDA considérant le
militantisme de Chairgo établi et ses déclarations précises. En
Syrie en effet, Omer Chairgo, comme de nombreux Kurdes, est «ajani»
(apatride). Militant politique, il a souffert de nombreuses
persécutions et a été incarcéré à de multiples reprises. Sur
les 48 Kurdes ayant déposé une demande d'asile, la grande majorité
ont obtenu des statuts de réfugié.
3
– entrée et séjour des étrangers : dissuasion à tous les étages
image
Vali/La Cimade
Chiffres
clés 2010
43,98%
c'est le taux de refus de visa à Alger en 2009, il était de 1,6% à
Saint Petersbourg
193
401 titres de séjour ont été délivrés en 2009
40,6%
des affaires enregistrées devant les Cours administratives d'appel
relèvent du contentieux des étrangers
les
demandes de visa ont chuté de 16% entre 2003 et 2009
-6%
c'est la baisse du nombre de titres de séjour délivrés pour motif
professionnel en 2009
- les visas sous tutelle du ministère de l'Intérieur – une procédure opaque, la moitié des recours entraîne la délivrance des visas – les consulats: gares-frontières au pouvoir grandissant, les consulats décident de plus en plus qui peut ou non s'établir en France – les pratiques des consulats ont indéniablement une incidence sur le développement des filières d'immigration illégale
- précariser et humilier ou comment réduire l'immigration légale – passage obligé par les tribunaux, le dialogue avec l'administration dans une phase amiable a été définitivement enterré – une réforme qui peine à protéger les femmes étrangères victimes de violences – les pratiques indignes des préfectures, à Marseille ou Créteil, saisir le juge pour accéder au guichet – vers la fin du droit au séjour des étrangers malades ?
Arrivée
en France pour s'installer et vivre avec son mari, Khadija a subi de
très graves violences conjugales et familiales. Elle parvient, après
plusieurs mois de séquestration, à joindre ses parents au Maroc qui
saisissent les policiers, ces derniers se déplacent au domicile
conjugal et libèrent Khadija qui porte plainte. Séquestrée, elle
n'a pu se rendre à la convocation de l'Office Français de
l'immigration et de l'intégration pour faire tamponner son passeport
et son visa valant carte de séjour temporaire. Du coup, Khalifa se
bat depuis un an pour régulariser sa situation... la préfecture
exige la production d'une ordonnance de protection. Or, Khalifa est
mise à l'abri dans une structure spécialisée et n'a plus de
contacts avec son mari depuis plusieurs mois. Sans urgence ni
nécessité de mise à l'abri, sa situation ne relève pas d'une
mesure d'ordonnance de protection. De plus, une disposition rappelle
que les personnes arrivées sur le territoire munies d'un visa de
long séjour et qui sont victimes de violences conjugales avant la
délivrance de leur première carte bénéficient de plein droit
d'une carte de séjour. La préfecture méconnait donc doublement la
loi. Son mari, quant à lui, n'est toujours pas inquiété.
4
– les étrangers «criminalisés», enfermés et expulsés
image
Bertrand Gaudillère
Chiffres
clés 2010
74
000 étrangers ont été placés en garde à vue pour infraction à
la législation sur l'entrée et le séjour
60
000 personnes ont été placées en rétention
356
enfants ont été enfermés en Centre de rétention en métropole –
on estimeque 6 400 enfants ont été expulsés depuis Mayotte
45
jours c'est la durée maximale de la rétention – elle était de 32
jours avant l'été 2011 et de 7 jours avant 1998
10,5
jours c'est la durée moyenne de la rétention
28
000 personnes ont été expulsées depuis la métropole, le quota est
fixé à 30 000 pour 2011
30%
des expulsés en métropole sont citoyens européens, Roms pour la
plupart. Ils ont le droit de revenir en France
35
000 migrants ont été expulsés depuis l'Outre-mer – 26 000
expulsions depuis le département de Mayotte
1970
c'est le nombre de places en centre de rétention. 1000 en 2005.
- derrière les chiffres, une politique répressive absurde – 30% des expulsions correspondent à des retours volontaires forcés – l'Outre-mer, terres d'exception
- une nouvelle loi pour relancer la machine à expulser, la liberté de circulation dans l'espace Schengen remise en cause – le printemps arabe prétexte pour des contrôles aux frontières – la politique française contraire à la directive «retour», - toujours plus d'enfants enfermés – une nouvelle loi répressive, l'interdiction de retour véritable bannissement des étrangers et étrangères – la société civile écartée des Centres de rétention
Fuyant
l'Angola, Guilherme Hauka Azanga est arrivé en France en 2002. Sa
demande d'asile a été rejetée, ainsi que ses successives demandes
de régularisation par le travail. Bien qu'en situation irrégulière,
ce père de deux enfants français, vivant avec leur mère,
congolaise en situation régulière, travaillait et payait ses
impots. C'est
si long que je résume : arrestation chez lui le 18 janvier 2010 -
centre de rétention - refus d'être expulsé d'où deux mois de
prison - à la sortie mis dans un avion mais à Francfort le pilote
refuse de décoller avec un homme menotté à bord – retour France
et centre de rétention - libéré par le juge des libertés – 5
jours plus tard interpellé avec violence chez lui – transfert à
Paris en avion gouvernemental (car de CRS et hélicoptère mobilisés)
– doit être expulsé vers l'Angola par un vol d'Air France mais le
pilote refuse (Guilherme est bâillonné et ligoté, ne peut ni
s'asseoir ni se tenir debout) – le lendemain on prévoit un vol
militaire jusqu'à Lisbonne mais le survol de l'espace portugais est
refusé – la préfecture renonce devant l'impossibilité
matérielle de faire procéder à la reconduite à la frontière de
Monsieur Hauka Azanga.
Il a bénéficié de mobilisations de voisins et parents d'élèves.
Il n'a toujours pas de papier, et la facture est de 100 000 euros.
5
– un vivre ensemble menacé
image
Vandy Rattana
chiffres
clés 2010
5
260 000 immigrés vivaient en France en 2008, ce chiffre inclut les
étrangers naturalisés. Cela représente 8,4% de la population
française
143
275 naturalisations ont été accordées en 2010 contre 108 303 en
2009
5,3
millions de postes de travail sont interdits aux étrangers résidant
légalement en France
le
budget 2011 pour la mission «immigration, asile et intégration»
est de 72 millions pour l'intégration et l'accès à la nationalité
française et de 90 millions pour la lutte contre l'immigration
irrégulière
101
355 contrats d'accueil et d'intégration ont été signés en 2010
contre 97 736 en 2009
24
068 se sont vus prescrire une formation en français
- un foisonnement de discours décomplexés, et les Français d'origine étrangère sont réduits à leur seule origine
- être français, ça se mérite ! - décentralisation de la procédure de naturalisation : vers un traitement inéquitable des demandes – la langue française devenue outil de sélection, la nationalité est pensée comme une récompense sanctionnant des épreuves réussies
- le travail, vecteur d'intégration et pourtant... - des communautaires discriminés dans l'accès au travail, les ressortissants roumains et bulgares citoyens européens de seconde zone – les emplois réservés, une préférence nationale injustifiée, les étrangers exclus d'un emploi sur cinq – des travailleurs intégrés mais sans papiers
Je
suis arrivé en France en 2001. Depuis, je paie mes impôts, je
travaille, dans les chantiers, le nettoyage, j'ai été vendeur,
aide-plombier, j'ai tout fait, vraiment. Maintenant j'ai un CDI, je
travaille dans une petite entreprise de bâtiment. J'ai enfin obtenu
un titre de séjour il y a 2 ans. Avant, je travaillais avec des
cartes d'amis. Je me suis fait arrêter six fois dans le métro ou
sur les quais de gare. Deux fois, j'ai été enfermé en centre de
rétention après une garde-à-vue. Et puis en 2007, j'ai vu à la
télé qu'il y avait une nouvelle loi pour les travailleurs. Mais mon
dossier a été refusé. J'ai été arrêté de nouveau, ils n'ont
pas pu m'expulser mais j'ai été licencié. Finalement j'ai trouvé
un autre CDI, j'étais toujours sans papier....et puis j'ai eu de la
chance, la dame au guichet de la préfecture était gentille. Voilà,
j'ai eu ma carte de séjour. Je peux commencer à vivre.
Et
Brigetoun, dans la nuit, se dit que ceci est parfaitement indigeste,
espère que personne ne se risquera à le lire puisque, malgré l'hésitation qui prenait force, de plus en plus grande, au fil de sa frappe, elle le met tout de même sur Paumée, mais comme un
geste gratuit..
7 commentaires:
Geste gratuit au combien nécessaire
y reviendrai en lecture
Indigeste n'est pas la lecture, mais écoeurante la situation faite aux migrants.
Merci...merci...
écrire contre l'oubli
encore merci
Les Suisses ont des manques sur le plan lecture.
un geste gratuit, un beau geste, qui témoigne de ce qui indigne...
mais aussi de l'action de la Cimade et d'autres - accompagnement, conseil, témoignage, explication
tout à ton honneur, un sujet éludé par la classe politique.
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