Comme
la pluie baissait un peu d'intensité, comme il le fallait, me suis
risquée à ce minuscule héroïsme, m'en aller dans les rues de la
ville en tenant un parapluie et deux sacs de linge, comique prouesse
à mon échelle.
Dans
cet univers terne et trempé, ai rencontré
les
lentes, infiniment lentes manoeuvres des camions de livraisons dans
nos rues, et leur dépassement en se coulant le long des murs
quelques
terrasses qui s'ouvraient à la pluie les pénétrant, quelques
sculptures ou murs de fauteuils en attente
des
élégants et des élégantes, avec ou sans tête, qui échangeaient
avec distraction en tenues printanières
ai
eu effroi, ignorante que je suis, devant des robots qui m'étaient
méchanceté agressive
ai
été rassérénée par mon amusement devant la coquetterie un rien
extravagante des vierges...
et
pendant que le plafond du ciel s'élevait un peu, que le bleu
filtrait doucement, se voilait de gris à nouveau, enfin jouait à
son petit jeu, suis restée paresseusement dans l'antre tout
l'après-midi, écoutant des romances de la Chine ancienne, un peu de
Steve Reich et le couronnement de Popée... préparant mon vase, lui
faisant petite grimace peu satisfaite, me décidant provisoirement ou
définitivement à l'auto-indulgence, achevant de pleurer
d'attendrissement souriant avec Oliver Twist, et savourant (vous le
conseille) Voleur de guirlande de
Jacques Serena paru chez Nerval.fr
http://nerval.fr/spip.php?article43
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les textes en libre consultation
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Pour
voleur de guirlande je
cherchais un passage à rapter pour http://brigetoun.wordpress.com,
ai bien failli m'arrêter à cela, au début :
Ou,
sinon, bien sûr, on peut revoir à décorer l’abribus, et après
alléger l’une ou l’autre Volkswagen de touristes. Ou les
Volkswagen avant et l’abribus ensuite, histoire d’un peu changer.
Et après, de toute façon, revenir s’asseoir ici. Les regarder
encore passer toutes et tous, les inéluctables, et salut, et salut,
et, tiens, une touriste, ou deux, ou trois. Et de temps à autre une
figure d’irréconciliable, hors d’âge, en moyenne trois femmes
pour un homme, et à les voir on jurerait qu’ils patrouillaient
déjà dans ces parages bien avant qu’on y soit, et qu’ils y
patrouilleront toujours bien après qu’on en aura disparu, avec le
même air, en passant... mais
finalement ça a été un autre, plus loin..
et
le soir est venu.
10 commentaires:
Pluie, (réverbères ?, nerval...), et le quotidien en reflets.
Autre exploit à ton actif Comment fais-tu pour avoir un parapluie des sacs et... un appareil photo???
tu dois avoir une optique dans ton oeil!! comme dans ce film ... me souviens plus
merci et bravo d'avoir trouvé à dire (Nerval aurait pi se satisfaire d'une lanterne, je pense, réverbère y en a pas)
plus simplement je pose les sacs ou un ou le parapluie
Félicitations pour ta prouesse photographique (dont nous profitons)malgré la pluie et les sacs ...
Aussi ignorante que toi...je trouve les robots moins sympathiques que les vierges étrangement colorées..
Héroïsme majuscule, à mon avis.
Splendide, comme d'habitude, brige !
Joye, ne te moque pas de moi ! tu fais bien mieux et régulièrement...
Juste un petit coucou en passant, parce que je partage avec vous le temps et le temps ...
Existe t-il toujours, près de la place de l'Horloge, ce magasin de sous-vêtements qui s'appelle : Marie-Antoinette, et où les mannequins sont sans têtes ?
Ca m'amuse toujours.
Merci pour ces pavés brillants et ces vierges un peu folles.
Intéressantes photos! La pluie peut inspirer! La difficulté aider.
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