commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, mars 13, 2014

Vaquer jusqu'à la nuit avec les condamnés à mort


second jour de ciel voilé
mais lumière qui lentement, filtrée, reprend pouvoir,
douceur du bleu qui affleure, se creuse espaces
laver cheveux, prendre rendez-vous examens (ou du moins pour le premier)
tenter de maîtriser migraine (trop de ces cigares que je ne suis plus sensée fumer depuis deux ans, ou réaction inconsciente de carcasse au mot scanner, malgré l'habitude ancienne, un peu oubliée)
vide de l'esprit, chercher idée pour remplir engagement... se réfugier dans copie, pour http://brigetoun.wordpress.com, d'un passage du livre lu dans la nuit le temps d'un jardin de Serge Bonnery, sensible hommage d'un ancien enfant à un vieil homme tendre et attentif formateur, au jardin de l'enfance, aux vignes, aux travaux de la terre, et à ces hommes revenus de la boucherie de la guerre.

Victoire du bleu, des ombres, des frappes éblouissantes sur les murs et les bois,
s'ébranler enfin un peu pour la campagne des municipales, 


et, la nuit venue, aller, en attente un peu dubitative, puisque cet opéra, qui date de 2007, qui a fait l'objet d'un double CD Deutsch Gramophon en 2008, d'une représentation, dans une autre distribution, mais avec le même chef, en Hongrie au théâtre Csokonai de Debrecen, version couronnée par Mezzo, en 2009, n'a guère fait parler de lui, à ma connaissance... victime de la méfiance, du dédain, envers les people ? (qui, stupidement, n'était pas étrangère à ma réserve), assister donc à la création en France en version scénique 

de le dernier jour d'un condamné, opéra de David Alagna, sur un livret de Roberto, David et Frederico Alagna, dans une mise en scène de Nadine Duffaut, inspiré de Victor Hugo, avec tout de même une différence importante, que cache le singulier du titre, puisqu'ils sont deux condamnés à mort, leurs cellules se partageant la scène, un homme, Roberto Alagna, qui vit ses derniers jours vers 1828, une femme, Adina Aaron, également en attente du châtiment, dans un pays indéterminé, au XXIe siècle, tous deux coupables, tous deux condamnés par la société au prix d'un nouveau crime...
peur, souvenirs, la vie antérieure, la rage, l'espérance têtue.
Beau sujet, fort, et qui me tiens à coeur.
Ces deux phrases dont Nadine Duffaut dit s'être inspirée
Il ne suffit pas d’être la République, il faut encore être la Liberté ; il ne suffit pas d’être la Démocratie, il faut encore être l’Humanité. Un peuple doit être un Homme, et un homme doit être une Ame. La lumière faite d’abord dans les consciences se fait plus tard dans les codes. Victor Hugo
En nous libérant de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres. Nelson Mandela
en guise d'ouverture une actrice, Catherine Alcover, dit des textes de Hugo sur la peine de mort, pendant que Corinne Puel, installée dans une loge, l'accompagne au violon.
Les deux cellules, brune et sombre à gauche pour 1828, aux murs carrelés de blanc et fortement éclairée pour le 21ème siècle, sont sur un plateau tournant, permettant d'agrandir éventuellement celle dans laquelle se déroule une action isolée, et de se trouver dans le grand couloir de la prison où se déroule au 1er acte, la prise de tenue et de fers des condamnés aux galères à laquelle assiste le condamné (un des rares choeurs, très beau)
Une musique sans grande audace, héritière directe des opéras de la fin du 19ème siècle, mais sans mièvrerie, efficace.
Mais j'aimais le tapis de notes que tisse l'orchestre, plus ou moins sombre, sur lequel viennent se détacher les voix des deux principaux rôles (et très brièvement celles des autres chanteurs), une ligne de chant unie, sans fioritures, presque tout le temps forte, dramatique, avec quelques attendrissements
La voix et le métier d'Alagna, dont le rôle est dominant, et, un peu trop rarement à mon goût (mais le rôle doit représenter plus du tiers de celui du héros) d'Adina Aaron, qui est femme et noire pour universaliser les victimes, coupables sans doute, mais sur lesquels la société accepte de commettre un crime, voix charnue, fruitée, que j'ai beaucoup aimé, même si sa pratique du français, et une écriture qui parfois est moins en symbiose avec la musique que dans le rôle masculin, rend nécessaire le sous-titrage.
Le premier acte finit sur l'annonce que c'est pour ce jour là.

Un entracte, un intermède avec quelques nouvelles phrases de ce cher Hugo soutenues par le violon, suivies d'une ouverture devant une grande vidéo de scènes de la vie de la femme et de la fille du condamné, et leurs arrivées dans leurs nouvelles cellules, pour lui à la Conciergerie après Bicêtre, pour elle dans une cellule nue donnant sur la salle d'exécution.
La rencontre avec un autre détenu odieux pour Alagna, les visites des autorités, des prêtres, le droit à nouveau d'être appelé Monsieur ou Madame, une prière solitaire du condamné après avoir renvoyé le prêtre (bel air), le plaisir et la peine du souvenir de sa fille pour elle...
l'ouverture sur les lieux d'exécution
la fin, les coups assénés par la musique, et puis le chaos, la supplique des condamnés, presque étouffée, qui passent dans leur marche égarée dans la zone de l'autre, le retour à l'harmonie et le souffle d'horreur (chacun subissant le supplice prévu pour l'autre, petite coquetterie de mise en scène un peu inutile).
Pas un chef d'oeuvre mais engagé sans être racoleur, efficace, qui vous enveloppe.. j'ai aimé.

Ovations, et m'en suis allée.

Si vous en avez le temps, l'enregistrement par Mezzo de la version de Debrecen (même chef, même musique, mais quelques variantes dans la mise en scène, me semble-t-il (j'ai regardé en accéléré) et une autre distribution)
)

3 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Je me suis demandé si Robert Badinter connaissait cet opéra...

La guillotine de la nuit ne vous a pas fait peur.

Brigetoun a dit…

mais ça sonne honnête (impression)
pas simplement attrape larmes (et ils sont coupables)

Anonyme a dit…

Merci pour ces impressions ! Oui Robert Badinter connaît cet opéra, il a prononcé un discours lors de sa création en version concertante en 2007, qui figure d'ailleurs dans le livret du CD dont on peut je crois recommander l'écoute à tous.