second jour de ciel voilé
mais lumière qui
lentement, filtrée, reprend pouvoir,
douceur du bleu qui
affleure, se creuse espaces
laver cheveux, prendre
rendez-vous examens (ou du moins pour le premier)
tenter de maîtriser
migraine (trop de ces cigares que je ne suis plus sensée fumer
depuis deux ans, ou réaction inconsciente de carcasse au mot
scanner, malgré l'habitude ancienne, un peu oubliée)
vide de l'esprit, chercher
idée pour remplir engagement... se réfugier dans copie, pour
http://brigetoun.wordpress.com,
d'un passage du livre lu dans la nuit le temps d'un jardin de
Serge Bonnery, sensible
hommage d'un ancien enfant à un vieil homme tendre et attentif
formateur, au jardin de l'enfance, aux vignes, aux travaux de la
terre, et à ces hommes revenus de la boucherie de la guerre.
Victoire
du bleu, des ombres, des frappes éblouissantes sur les murs et les
bois,
s'ébranler
enfin un peu pour la campagne des municipales,
et,
la nuit venue, aller, en attente un peu dubitative, puisque cet
opéra, qui date de 2007, qui a fait l'objet d'un double CD Deutsch
Gramophon en 2008, d'une représentation, dans une autre
distribution, mais avec le même chef, en Hongrie
au théâtre Csokonai de Debrecen, version couronnée par Mezzo, en
2009, n'a guère fait parler de lui, à ma connaissance... victime de
la méfiance, du dédain, envers les people ? (qui, stupidement,
n'était pas étrangère à ma réserve), assister donc à la
création en France en version scénique
de le
dernier jour d'un condamné,
opéra de David Alagna, sur un livret de Roberto, David et Frederico
Alagna, dans une mise en scène de Nadine Duffaut, inspiré de Victor
Hugo, avec tout de même une différence importante, que cache le
singulier du titre, puisqu'ils sont deux condamnés à mort, leurs
cellules se partageant la scène, un homme, Roberto Alagna, qui vit
ses derniers jours vers 1828, une femme, Adina Aaron, également en
attente du châtiment, dans un pays indéterminé, au XXIe siècle,
tous deux coupables, tous deux condamnés par la société au prix
d'un nouveau crime...
peur,
souvenirs, la vie antérieure, la rage, l'espérance têtue.
Beau
sujet, fort, et qui me tiens à coeur.
Ces
deux phrases dont Nadine Duffaut dit s'être inspirée
Il ne suffit pas d’être
la République, il faut encore être la Liberté ; il ne suffit pas
d’être la Démocratie, il faut encore être l’Humanité. Un
peuple doit être un Homme, et un homme doit être une Ame. La
lumière faite d’abord dans les consciences se fait plus tard dans
les codes. Victor Hugo
En nous libérant de
notre propre peur, notre présence libère automatiquement les
autres. Nelson Mandela
en
guise d'ouverture une actrice, Catherine Alcover, dit des textes de
Hugo sur la peine de mort, pendant que Corinne Puel, installée dans
une loge, l'accompagne au violon.
Les
deux cellules, brune et sombre à gauche pour 1828, aux murs carrelés
de blanc et fortement éclairée pour le 21ème siècle, sont sur un
plateau tournant, permettant d'agrandir éventuellement celle dans
laquelle se déroule une action isolée, et de se trouver dans le
grand couloir de la prison où se déroule au 1er acte, la prise de
tenue et de fers des condamnés aux galères à laquelle assiste le
condamné (un des rares choeurs, très beau)
Une
musique sans grande audace, héritière directe des opéras de la fin
du 19ème siècle, mais sans mièvrerie,
efficace.
Mais
j'aimais le tapis de notes que tisse l'orchestre, plus ou moins
sombre, sur lequel viennent se détacher les voix des deux principaux
rôles (et très brièvement celles des autres chanteurs), une ligne
de chant unie, sans fioritures, presque tout le temps forte,
dramatique, avec quelques attendrissements
La
voix et le métier d'Alagna, dont le rôle est dominant, et, un peu
trop rarement à mon goût (mais le rôle doit représenter plus du
tiers de celui du héros) d'Adina Aaron, qui est femme et noire pour
universaliser les victimes, coupables sans doute, mais sur lesquels
la société accepte de commettre un crime, voix charnue, fruitée,
que j'ai beaucoup aimé, même si sa pratique du français, et une
écriture qui parfois est moins en symbiose avec la musique que dans
le rôle masculin, rend nécessaire le sous-titrage.
Le
premier acte finit sur l'annonce que c'est pour ce jour là.
Un
entracte, un intermède avec quelques nouvelles phrases de ce cher
Hugo soutenues par le violon, suivies d'une ouverture devant une
grande vidéo de scènes de la vie de la femme et de la fille du
condamné, et leurs arrivées dans leurs nouvelles cellules, pour lui
à la Conciergerie après Bicêtre, pour elle dans une cellule nue
donnant sur la salle d'exécution.
La
rencontre avec un autre détenu odieux pour Alagna, les visites des
autorités, des prêtres, le droit à nouveau d'être appelé
Monsieur ou Madame, une prière solitaire du condamné après avoir
renvoyé le prêtre (bel air), le plaisir et la peine du souvenir de
sa fille pour elle...
l'ouverture
sur les lieux d'exécution
la
fin, les coups assénés par la musique, et puis le chaos, la
supplique des condamnés, presque étouffée, qui passent dans leur
marche égarée dans la zone de l'autre, le retour à l'harmonie et
le souffle d'horreur (chacun subissant le supplice prévu pour
l'autre, petite coquetterie de mise en scène un peu inutile).
Pas
un chef d'oeuvre mais engagé sans être racoleur, efficace, qui vous
enveloppe.. j'ai aimé.
Ovations,
et m'en suis allée.
Si
vous en avez le temps, l'enregistrement par Mezzo de la version de
Debrecen (même chef, même musique, mais quelques variantes dans la
mise en scène, me semble-t-il (j'ai regardé en accéléré) et une
autre distribution)
)
3 commentaires:
Je me suis demandé si Robert Badinter connaissait cet opéra...
La guillotine de la nuit ne vous a pas fait peur.
mais ça sonne honnête (impression)
pas simplement attrape larmes (et ils sont coupables)
Merci pour ces impressions ! Oui Robert Badinter connaît cet opéra, il a prononcé un discours lors de sa création en version concertante en 2007, qui figure d'ailleurs dans le livret du CD dont on peut je crois recommander l'écoute à tous.
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