Ces images de mon ciel, de ma
ville ce matin... et Brigetoun les yeux dans l'un, les pieds sur les
trottoirs de l'autre
J'ai lu, en rentrant, chez
Philippe Aigrain http://www.atelierdebricolage.net/?p=5778
ce quatrain intitulé «tamis»
bleu sans fond du ciel
et ventre serré
l'esprit en friche
tamise les herbes
et avec son autorisation,
je le lui emprunte, parce que, sauf peut être le talent de tamiser
les herbes, ai reconnu mon matin.
Et comme, pour une raison
inconnue, j'étais dans un jour de toute petite forme, en mode
faiblarde-résistante, n'ai pas grand chose à y ajouter..
Juste l'admiration devant
la belle résistance au vent, à la pluie, au temps, du petit chapeau
ou de la houppe en argile dont quelqu'un a affublé, comme je l'avais
vu il y a quelque chose sur un blog ami, la dignité de Frédéric
Mistral... et j'avoue que je ne suis pas assez familière avec lui
pour deviner ce qu'il en aurait pensé.
Suis partie à sa
rencontre dans la correspondance de Mallarmé, et ma foi, en ai tiré
impressions variées
dimanche 31 décembre 1865
Mon cher Mistral,
Voici une triste année
pour moi, puisque je ne vous ai pas vu. Il en est toujours ainsi :
vous ayant connu, et sachant que vous habitez un des diamants de la
voie lactée, j'inventerais des ailes insensées pour vous y
rejoindre : quarante lieu nous séparent, et je ne trouve pas moyen
de vous presser la main. Laissez-moi vous promettre, j'aime les voeux
qui me lient, en commençant cette nouvelle année, que nous nous
rencontrerons, n'importe comment, n'importe où. Cette heure sera
divine pour moi, car, alors, j'aurais lu votre poème splendide,
(dont l'attente me désespère) et, de mon côté, je vous offrirai
sans doute un des premiers exemplaires de l'Hérodiade,
oeuvre de mes nuits ravies....
mais,
à Madame Mallarmé, le 17 août 1866, d'Avignon
Ma bonne petite Marie,
Je n'ai pu t'écrire
hier, parce que j'ai été visiter Mistral, à Maillane, et passé
une charmante journée, car il m'a, cette fois, parfaitement reçu...
ou, de
Bezançon, à la fin d'une lettre à Henri Cazalis, le 14 mai 1867
J'ai lu ces temps-ci le
poème de Mistral, que je n'ai pas lu plus tôt, mais qui m'a semblé
vraiment faible... (Calendau)
et,
cependant, de Bezançon, toujours, en août 1867
Pardon, mon bon Mistral
! je souffre cruellement du cerveau, depuis une saison, et toute
lettre m'est interdite. Aux rares heures de répit, je reprenais
votre beau livre (Calendau),
afin de me rapprocher un peu de vous avant de vous écrire,
mais quand la douleur tyrannique me rappelait au mauvais rêve de ma
vie, j'étais au dernier chant, et j'avais laissé passer, dans un
enchantement coupable, les minutes qui vous étaient destinées –
doublement ingrat.
Aujourd'hui je profite
d'une excessive fatigue, qui, par sa tension suprême, m'arrache aux
tourments quotidiens, non pour vous parler de ce beau poème qui
s'ouvre sur la vie de l'homme comme son décor sur la mer lointaine
de Provence, mais pour vous serrer simplement la main, avec toute
l'émotion que mes yeux fixes, quand je venais de vous lire, ont
souvent plongé dans la rivière qui coule sous ma fenêtre vers ce
Midi que vous êtes et que je regrette tant.
Tant de sensations
exquises, vous me permettrez de ne pas les analyser dans cette
lettre, et de les garder pour le temps, proche je l'espère, où
revenant parmi le soleil, loin du noir et humide climat qui
m'achèverait, je vous reverrai à Maillane comme il y a un an.
En attendant, je vous
aime et vous emporte pour un mois que je vais passer dans les sapins,
afin d'incendier ces noirs solitaires de l'or bourdonnant de vos
vers, plus abeilles que cigales encore...
et
j'en suis restée là, pensant qu'au delà de la petite hypocrisie de
rigueur, Mallarmé semblait avoir surtout plaisir à rencontrer
l'homme, sans la respectueuse soumission des disciples (plus facile
de s'entendre avec le gentil Aubanel), que le poète...
m'en
suis allée, grâce à Gallica, lire le début de Calendau dans
l'édition de Roumanille, (et n'ai pas trouvé le nom de Mallarmé
parmi ceux des critiques louangeurs cités comme une introduction
avant le portrait de l'auteur)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k102760z/f3.image
– pas bien longtemps, je l'avoue, parce que venait l'heure
d'arroser, de me pencher sur le buis malade, de découvrir une puis
deux puis trois... toutes petites chenilles et d'entreprendre chasse,
coupe etc... longuement
O
princesso di Baus ! Ugueto,
Sibilo,
Blanco-flor, Bausseto,
Que
trounavias amount sus li roucas aurin
Cors
subebéu, amo galoio..
ou
plutôt, selon la «traduction en français en regard», parce que
plus à ma portée (moi qui dit fadate pour fadade)
O
princesses des Beaux ! Huguette,
Sibylle,
Blanchefleur, Baussette,
vous qui
là-haut pour trône aviez les rochers d'or,
corps
exquis en beauté, âmes allègres,
donnant
l'amour, versant la joie
et la
lumière, les monticules
de
Mont-Pahon, les landes azurées de la Crau,
Dans leur
mirage d'aujourd'hui
reproduisent
encore votre image...
Les thyms
eux-mêmes ont conservé l'odeur
de vos
traces ; et il me semble
que je
vois encore, guillerets,
courtois,
coureurs et guerroyeurs,
que je
vois à vos pieds chanter les troubadours..
Pardon,
sais pas ce qui m'a pris (la faute en revient à celui qui a ainsi
coiffé le buste auguste)
9 commentaires:
Mallarmé fait souffler le vent.
Mallarmé et Avignon : accords variables...
petit professeur bien ou moins bien vu, et grand poète
Bel enchaînement ...le vent fou est savant dans les têtes
Frédéric Mistral aussi a été affublé de cette houppe en argile, à l'instar d'Esprit Requien photographié l'autre jour par Fardoise.
Hier il y avait je crois au lycée portant son nom l'inauguration d'une statue de Frédéric Mistral. Un rapport ?
ah oui c'est vrai me suis trompée... en le voyant je ne me suis plus souvenue que sur la photo c'était Requien... le chapelier a sévi d'un bout à l'autre de la rue de la République !
..en tout cas toi question inspiration tu es toujours bien armée
euh.. disons qu'il m'arrive de suivre une piste
Je n'avais pas vu que l'on avait fait la même chose à Mistral et à Requien, à qui d'autre ?
À Pamard !
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