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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, avril 16, 2014

Le vent me rend fadate, reprise d'un vase


Chant sourd et violent du vent sur la cour, chant tournant dans l'antre.

Bien lestée par poids du linge, m'en suis allée dans les rues où les vents nous sculptait et me rendait oblique, penchée à sa rencontre, à chaque débouché de rue le canalisant. Je pense que tous les avignonnais sont fadas ce soir. Moi je le suis...
et je reprends (pensant avec plaisir et appréhension à l'échange de mai) ma contribution aux vases communicants d'avril que Marlen Sauvage avait gentiment publiée http://les-ateliers-du-deluge.com/2014/04/04/il-y-avait-donc-quarante-ans-echange-avec-brigitte-celerier/

Il y avait donc quarante ans 


Il revenait.
Dans le train il n'avait pas d'âge.
Il était heureux, oui assez heureux, de renouer...
Il y avait quarante ans que les avait quittés.... le savait. Il n'y pensait pas.
Il revenait.
Il n'y avait plus de voix, aillée ou non, annonçant son train, sous la verrière...
Mais il a reconnu la gare, les différences étaient de détails, de propreté, d'un peu de clinquant surajouté, comme partout... Il ne les a pas vues.
Mais il a vu l'homme qui lui faisait signe, qui avançait, et il a cru que le temps avait fait volte face... il a eu, un instant, dix-huit ans.
Et puis non, il revenait... l'homme a pris sa valise en l'appelant oncle.
Il l'a suivi.
Les immeubles du front de mer avaient vieilli, avaient été rénovés, les peintures des volets se dégradaient lentement à nouveau.
La voiture est passée le long du stade, a tourné vers le quartier des villas, il regardait... comme partout le trou entre la ville et cette banlieue résidentielle avait disparu, les terrains vagues étaient traversés d'immeubles en épi..
il regardait, indifférent, ce nouvel aspect du vide neutre.

Ils ont retrouvé la mer. Il a senti qu'un sourire lui venait, visible ou non.
Après le petit port, après le fort, après la première bande de sable naissante, la plage s'élargissait sous la rue, ou le boulevard comme on l'appelait, devenait terre-plein, espace, avec quelques palmiers, de petites constructions, des jeux, du sable, de vraies plages, de fausses criques séparées par des petites jetées avançant dans l'eau.
Il regardait avec une approbation un peu distraite, une curiosité. Il était prévenu.
Il savait qu'il ne reconnaîtrait rien.
Il s'est étonné, plutôt, de reconnaître, justement, les courbes, les virages que suivait la voiture, ou du moins il le lui semblait, et des villas, encore, beaucoup des villas qu'il avait connues.. et il cherchait les noms de leurs habitants.
Le neveu l'a regardé, lui a demandé s'il avait suffisamment salué la mer, a tourné brusquement, au coin de la maison framboise passée - juste le temps que sa mémoire murmure un nom - pour grimper vers le ciel au dessus des pins.
Il s'est redressé, les immeubles blancs étaient toujours là, les dominant.
Il rentrait.

Et puis, sur le plat, la voiture a continué, au delà de son ancien monde, est entrée dans un quartier de villas, petits immeubles, lauriers roses, avenues sinuant entre portails, et déjà certaines peintures écaillées parlaient de vétusté... là où étaient, derrière un grillage, un terrain vague, une garrigue, épineux, fleurs d'ail, terre éboulée, poussière, le petit blockhaus où ils avaient eu tant de chance le jour où un des petits avait voulu jouer avec une grenade, le saut de loup qui séparait des chambres d'enfants, et d'adolescentes surprises en jupons, ce grand terrain de jeux interdits et tolérés ...
et il a senti que les ans se ruaient sur lui, l'attaquaient, le ravinaient, l'usaient, jusqu'à le dissoudre.

A vrai dire, le vent s'est calmé vers midi, mais j'étais trop plongée dans tout ce que François Bon nous livre autour de «paysage fer» dont http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3936.... et puis les photos http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3934 d'autres liens, et avec attention ou parfois oeil survolant un picorage dans les facsimilés de cahiers qu'il propose (prendre abonnement à l'espace WIP http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3608 )

8 commentaires:

tanette2 a dit…

Je ne connaissais pas "fadate" pourtant, je le suis souvent, quand le vent d'autan se met à souffler ici aussi...

Dominique Hasselmann a dit…

Vos panoramiques en rappellent d'autres...

Brigetoun a dit…

Tanette, chez toi si j'en crois Victor Hugo il rend fou !

Dominique, je m'interroge..

Michel Benoit a dit…

Je dirais "fadade" moi... :)

arlette a dit…

Fadade je crois.......... et le tour de la Corniche est toujours là et les premiers baigneurs sont les mêmes avec les mêmes gestes sur la même mer et le même soleil , tu vois rien ne change en somme
Pas de vent ...il ne passe plus vraiment aussi fort

Brigetoun a dit…

oui Michel, tu as raison, et on me l'a déjà dit sur twitter (en caché) ce matin... mais j'y peux rien avec ma manie des à peu près pour moi c'est fadate

Gérard a dit…

pourquoi pas Fadasse ! !

Brigetoun a dit…

parce que ça sonne pas gentil