commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, juin 13, 2014

Tout dret ?


La sève, la vie des arbres, le désir forcené de laisser s'épanouir sa force
entre terre nourricière et lumière fortifiante

et les contournements, danse, bifurcations des platanes pour trouver chemin malgré les ombres des façades, la force du vent, on ne sait quoi
image de richesse, de fantaisie, de pulsions, étalage de la toison frémissante des feuilles

ou le regroupement des forces, la montée concentrée, comme une flèche, retenue puis dardée, des cyprès..

J'allais de la vie mouvante des ombres des platanes, souvenir d'un baroquisme léger

à la rectitude classique des ombres enrégimentées..

Corneille, comme je passais devant lui, a murmuré pensivement
«Ah les règles ! Je me souviens de ce temps où j'écrivais à Monseigneur le cardinal de Richelieu, en lui présentant Horace, moi qui les avait négligées en tentant le Cid après mes comédies
Le sujet était capable de plus de grâces s'il eût été traité d'une main plus savante ; mais du moins il a reçu de la mienne toutes celles qu'elle était capable de lui donner, et qu'on pouvait raisonnablement attendre d'une muse de province, qui, n'étant pas assez heureuse pour jouir souvent des regards de Votre Eminence, n'a pas les mêmes lumières à se conduire qu'ont celles qui en sont continuellement éclairées. Et certes, Monseigneur, ce changement visible qu'on remarque en mes ouvrages depuis que j'ai l'honneur d'être à Votre Eminence, qu'est-ce autre chose qu'un effet des grandes idées qu'Elle m'inspire quand Elle daigne souffrir que je lui rende mes devoirs ? Et à quoi peut-on attribuer ce qui s'y mêle de mauvais qu'aux teintures grossières que je reprends quand je demeure abandonné à ma propre faiblesse ? Il faut, Monseigneur, que tous ceux qui donnent leurs veilles au théâtre publient hautement avec moi que nous vous avons deux obligations très signalées : l'une, d'avoir ennobli le but de l'art ; l'autre, de nous en avoir facilité les connaissances. Vous avez ennobli le but de l'art, puisque, au lieu de celui de plaire au peuple que nous prescrivent nos maîtres, et dont les deux plus honnêtes gens de leur siècle, Scipion et Laelie ont autrefois protesté de se contenter, vous nous avez donné celui de vous plaire et de vous divertir ; et qu'ainsi nous ne rendons pas un petit service à l'Etat, puisque, contribuant à vos divertissements nous contribuons à l'entretien d'une santé qui lui est si précieuse et si nécessaire.... C'est là que, lisant sur son visage (le visage de Son Eminence) ce qui lui plait et ce qui ne lui plait pas, nous nous instruisons avec certitude de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, et tirons des règles infaillibles de ce qu'il faut suivre et de ce qu'il faut éviter ; c'est là que j'ai souvent appris en deux heures ce que mes livres n'eussent pu m'apprendre en dix ans...
«Oui da, Monsieur, ceci est admirable, mais laissez moi vous dire que je me suis toujours demandée en quelles proportions entraient dans cette dédicace, ou lettre, la sincérité, la courtisanerie indispensable à la survie de votre théâtre, et l'ironie ?»
N'importe quoi... mais je pense, à ce qui reste de lumière dans le coin de fenêtre devant moi, qu'il est trop tard pour entreprendre le repassage, c'est toujours ça.

PS et mmm FO invite à signer la convention

7 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Ces arbres font partie de la mise en scène d'Avignon : ils ont un statut d'intermittents permanents et pas besoin d'un médiateur, le ciel est leur représentation.

Brigetoun a dit…

mais sont menacés
a) par le chancre
b) par leur appétit : quand se mettent à manger la pierre et que les humains non sans raison parfois préfèrent cette dernière

arlette a dit…

Persister comme l'arbre entre si peu de terre
et dire toujours même en courtisanerie subtile ou violence désespérée

lanlanhue a dit…

de la liberté du deuxième degré :-)

jeandler a dit…

Toujours tout dret telle la sève des arbres et d'autres.

marcopolette a dit…

Tout un style, la flagornerie ! Ah, lire sur le visage d'un maître les règles infaillibles de ce qui est bon et ce qui ne l'est pas !!! Heureusement, Brigetoun, le désir des sèves et la toison frémissante des feuilles... merci !

joye a dit…

Ah Corneille, chuis passée devant sa maison à Rouen (si j'ai bon souvenir). Je n'ai pas salué (j'ai bon souvenir).