aller voir le bouton de
rose blessé et consolider son pansement avec une brindille, et puis
tenter de chasser sous la douche le sable qui traîne encore dans mes
yeux...
petite rage pour commencer
contre la moto qui gène ma sortie, retardée par l'aide nécessaire
pour la remuer légèrement, marcher d'un bon pas (veux arriver à
temps pour m'installer au premier rang afin de pouvoir partir puisque ai
décidé que j'étais mal en point, de façon toute arbitraire), en
croisant ceux qui s'activent à reposer notre décor de carton et
papier, ou dressent leur petite scène provisoire, les yeux sur les
nuages que le mistral naissant, qui me fait frissonner dans ma
chemise de lin, balaie pour qu'ils se reforment… (je veux beau temps
pour la cour d'honneur.. dans le meilleur des cas ce sera beau ciel
mais avec le froid superbe qui règne sur la partie gauche de la cour les
nuits de bon mistral)
la gentillesse de
l'accueil des visages, des tees-shirts rouges et autres dans le hall
de Saint Joseph, le plaisir de retrouver la cour, de voir grandir les
rosiers remplaçant mon ami défunt l'amandier, une voisine agréable,
mais air frisquetou (elle a même inquiétude que moi, ayant même
programme nocturne) le ciel de plus en plus bleu, les nuages qui
reviennent optant pour le blanc lumineux, et les risées ou passages
de forte houle dans les feuilles du manteau de vigne vierge... se
préparer au premiers des sujets à vif
photo Christophe
Raynaud de Lage (comme celle du second spectacle)
sur
le programme : Une femme tend ses mains
devant elle et dit : « Un jour je serai humaine. » Phrase entendue
dans un hôpital psychiatrique par David Léon. L'énigme de cette
phrase, sa puissance, a déclenché l'écriture du texte qui porte
pour titre son pluriel : Un jour nous serons humains. Ce « nous »
est la réunion d'Hélène Soulié (mise
en scène), David Léon (auteur)
et Emmanuel Eggermont (danseur
et chorégraphe) qui ont décidé
d'inviter la jeune actrice Marik Renner afin de constituer... un
quatuor … une adresse aux Hommes aussi bien qu'aux Bêtes. Un appel
à notre humanité. Un appel à ne pas disparaître, engloutis. Un
appel à nommer l'innommable. Un souffle.
En
fait à mes yeux la partie dansée, discrète d'ailleurs, à distance
de l'actrice, comme un accompagnement musical je pense, est de
qualité mais sans importance. Tout tient dans le beau texte et la
façon dont elle le porte.
applaudissements
regarder
le platane qui se meut tranquillement et nous a envoyé un fruit,
tombé entre ma voisine et moi, pendant que l'équipe de ce premier
spectacle roule le faux gazon
et
religieuse à la fraise (j'avais
oublié ce titre, il faudrait que je tente d'en comprendre le sens)
proposé et interprété par Kaori Ito
danseuse-chorrégraphe japonaise,
petite et frêle et Olivier Martin-Salvan comédien et chanteur,
montagne humaine poilue et débordante de gentillesse comique .
Le gros et la petite, comme ils
se définissent, s'exposent à nos regards pour donner à voir leur
rencontre. De leurs contraintes physiques, ils jouent avec la «
monstruosité » de leurs différences. « Si moi j'étais dans ton
corps et toi dans le mien ? » Qui n'a pas voulu être l'autre ? Qui
n'a pas voulu aller voir ailleurs ?
'ils partagent même un seul pantalon au début ce qui rend leurs
déplacements gracieusement gauches et drôles, et tout est ainsi,
quand ils mesurent chacun la taille de l'autre, celles de leurs
mains, leurs tours de taille, hauteurs de visages etc... quand elle
lui grimpe dessus et s'assied en tailleur pour méditer sur son
torse, alors que lui, allongé au sol respecte son équilibre, avant
de tourner lentement sur lui-même pendant qu'elle danse pour garder
son équilibre, quand ils s'affrontent en combats avortés, quand
elle se moque gentiment de lui, quand il la rudoie tendrement.
Salut...
et
départ rapide vers l'antre, la cuisine à faire, une bien trop
courte sieste dont j'émerge vers quatre heures les yeux pleurants et
brûlants, un peu de repassage (mais je remettrai finalement même
pantalon et même chemise.. ) après cinq heures
et
monter vers l'opéra, dans un reste de mistral, sous un ciel qui a
repris sa force bleue, vers Don Giovani
– Letzte Party, «comédie-bâtarde»
de
Antú Romero Nunes, sur musique de Johannes Hofmann, d'après Mozart
et Da Ponte, pleine
de curiosité et d'un peu d'appréhension, (ce que j'ai lu dans les
inrockuptibles pendant mon attente à Boulbon me fait un peu craindre
l'objet de mode, la petite remise en cause quasi adolescente et sans
but)
la
salle était loin d'être pleine, j'en ai profité pour récupérer
mon strapontin habituel plus central,...
sur
le site du festival il est dit que Don Giovani est pour Antù Romero
Nunes le meilleur matériau pour parler
de la liberté aujourd'hui.
Son héros n'est pas un
simple séducteur effréné, il met à l'épreuve ses propres limites
et ses propres attentes face à la vie ; il invite tous ses
contemporains à venir prendre part à la grande fête de la
liberté.... Le chant et la musique mozartiens viennent ici, très
librement adaptés, apporter un surplus d'énergie au jeu des
acteurs, relayé par un groupe de musiciennes de jazz-rock. Pour
jouir pleinement de la vie et de l'amour, Don Giovanni sait qu'il a
besoin de la proximité de la mort, qui lui rappelle que tout a une
fin, et qu'on peut en conséquence, le moment venu, décider qu'on a
suffisamment vécu, et se retirer.
(Ce qui me semble être le socle constant des interprétations
données au personnage, avec parfois plus de profondeur quasi
métaphysique)
Il aura entre temps fait
découvrir l'intensité du bonheur à Donna Elvira, à Donna Anna, à
Zerlina...
Dans la dernière partie
du spectacle, il troque ses habits avec ceux de son inséparable
Leporello, et se fond dans le public. Ce dernier verra dès lors
comment la fête continue.
Ce à
quoi m'étais préparée,
photo Armin Smailovic
un peu
perplexe
(et
n'ai vu que un peu plus d'une heure et demi sur les deux heures et
demi annoncées)
ai
aimé l'insolence de Don Giovani rock-star, souvent, ou elle m'a
ennuyée
ai
aimé l'intelligence de la mise en scène, ce plateau nu et le mur du
fond du théâtre dans son état de décrépitude naturelle, avec
comme seul décor les couronnes de spots qui montent, descendent,
allumées ou non, basculent, deviennent verticales, en biais,
horizontales, la splendeur de l'éclairage et l'atmosphère qui s'en
dégage
j'ai
renâclé puis aimé puis me suis lassée de Léporello, en
ouverture, prenant en main le public, nous faisant chanter, de plus
en plus réellement, et la façon dont ça s'est marié avec la
musique de l'orchestre de femmes en tutu dépoitraillé noir (très
bon) qui est entrée en scène puis les voix des différents rôles –
et cela a donné le meilleur moment de musique
j'ai
aimé les quelques irruptions de Mozart dans les dialogues parlés et
la musique de Johannes Hofmann qui m'a laissée passablement
indifférente
je
n'ai pas tellement aimé que Don Giovanni soit presque réduit à un
sexe affamé, même si ses rapports familiers avec une femme en noir (un peu une Greco en plus enveloppée) que je suppose être la mort
laisse deviner une inflexion en deuxième partie
hors de propos, pas tant, je m'agace toujours de l'ordre donné de se lâcher sur commande au nom de la liberté
j'ai
bien aimé que Zerlina chante pendant que Leporello fait chanter
autre chose à la salle, honte à moi... et j'ai aimé l'humanité du
gras et un peu ridicule Mazetto et sa colère brouillonne
j'ai
bien aimé les clins d'oeil et j'ai été agacée par les clins
d'oeil
je n'ai pas aimé avoir si terrifiquement sommeil
je
commençais à dodeliner de la tête quand Don Giovanni a invité les
jeunes femmes, puis toutes les femmes de l'assistance à monter sur
la scène lui faire fête, j'ai regardé la file se faire peu à peu,
les plateaux de verres circuler et puis, comme on libérait le reste
du public, dont la vieille qui ne se sentait pas concernée, j'ai
voulu photographier cette petite foule buvant et dansant au moment où
Leporello fermait le rideau sur elle.
Suis
sortie acheter une boite de cigares, en fumer un, réfléchir, me
demander si j'entrerai voir la fin de l'entracte ou en resterai là..
pour rentrer, me faire un thé et un crâne éveillé en prévision
de la cour d'honneur, quand me suis aperçue que j'avais perdu mon
Quignard, et le billet qui était dedans, sans lequel je ne pouvais
plus pénétrer dans le théâtre... ai rencontré une femme
charmante, pas uniquement parce qu'elle me lit parfois, ai posé
(tremblante) pour une photo destinée à une soeur qui semble-t-il
fait à Paumée l'honneur de l'apprécier (toujours un peu
éberluée)...
et
m'en suis revenue, préparer ceci, commencer mise en ligne, faire et
boire thé, me changer, mettre une robe neuve, un veston et une
écharpe (y a les couvertures), prendre mon nouveau billet
et
monter vers le palais et le prince de
Hombourg, esprit vide, oubliant les avis
positifs et l'avis négatif entendus ces jours ci, n'ayant pas à
oublier Vilar et Gérard Philippe puisque je n'en connais que la
célèbre photo d'Agnès Varda (comme, je pense, l'immense majorité de
ceux qui les évoquent)
plus
de couverture et bon gros froid... public qui a très très
partiellement déserté pour cette raison (et j'ai tenu jusqu'à dix
minutes de la fin du spectacle que j'ai vu à l'abri du mur sur la place, à côté de la
sortie, marchant si difficilement pour arriver à cette sortie, jambes bloquées par le froid, qu'un gentil pompier
(mon Dieu qu'il était grand) a voulu me raccompagner jusqu'à l'antre ce que j'ai refusé, mais là, maintenant, suis transie et
sens mon sang reprendre vie…
pour la
première fois, non pas l'enregistrement de la déclaration des
intermitents, mais toute la troupe, y compris machinistes et metteur
en scène, venant protester, chacun y allant de sa formule plus ou
moins bien trouvée – des remarques ironiques dans un coin des
gradins, saluées par une huée du public... et puis le spectacle
photos Christophe
Raynaud de Lage
sur
le site : Giorgio Barberio Corsetti
fait entendre (dans
cette pièce) son étrange mélange de
démesure et de précision, de rêverie et de réalité. Réalité de
la mort qui rôde et mène le jeu dans les batailles. Réalité de la
mort par sens du devoir et application de la loi... Kleist nous parle
de la désobéissance d'un prince et de sa condamnation, de la
rêverie d'un prince et de son monde parallèle. Giorgio Barberio
Corsetti nous dévoile une pièce qui triomphe grâce à son
inconscient où « le rythme de la langue importe autant que le sens
»
Ce que
j'ai aimé dès l'abord, c'est que Giorgio Barberio Corsetti ne joue
pas contre mais avec le mur, ne le faisant jamais oublier,
l'utilisant même, pour de très belles projections comme celle qui
fait chevaucher par le prince une cavale de légende.. pour
installer des plate-formes devant des fenêtres comme celle qui est
l'entrée du château de l'électeur devant laquelle vient se
positionner une plate-forme roulante portant un escalier qui devient
le perron permettant les descentes pleines de cérémonie de
l'électeur, sa femme, sa nièce, la suite, dans le jardin, ou celle
qui est la cellule du prince, l'escalier venant se poser devant lui
pour devenir celui de la prison... petites plateformes qui
permettent aussi, portant chacune un prisonnier, d'évoquer la prison, belle image dans la nuit pendant que l'un d'entre eux
chante le ciel est par dessus les doigts
une
scénographie structurée, mais si intelligente qu'elle coule de
source, que bien que ne cherchant jamais à créer l'illusion simple,
elle crée des images que l'on retient, et semble évidente.
De
très belles lumières...
Anne
Alvaro en long manteau de soie bordeaux, bonne et efficace, et
Eléonore Joncquez en touchante, émouvante et droite, princesse
Nathalie, Xavier Gallais un prince de Hombourg sans le rayonnement
triomphant de Philippe, humain, sensible, une belle interprétation,
un bon électeur : Luc-Antoine Diquéro.. il faudrait tous les
nommer, donc une belle direction d'acteurs.
Et
passent tous les thèmes, le rêve de gloire, l'amour naissant,
l'ordre, la peur de la mort, la chance, le père d'élection, le
pouvoir, et le chemin initiatique du jeune prince.
Marche
vraiment titubante dans les rues presque désertes, le vent tombé
momentanément mais dont la présence restait sensible, et pas
uniquement par le froid.
9 commentaires:
aaaaaaaaaah chère Brigitte, merci pour les absolument magnifiques photos.
je suis la a travers ces photos et ta vie personnelle.
ah c'est magnifique a lire ce que contient les brochures et oui ca pourrait etre un beau theme pour tout le festival de devenir humain.
et le dialogue entre le gros et la petite en montrant les limites de nos corps.
et ne pas jouer contre le mur mais avec j'adore ca c'est une belle philosophie a vaincre tout.
je retourne ici et la. je n'ai pas dordinateur pour un peu de temps alors pas d'horaire de ordinateurs aux ordinateurs publiques mais je vais me rattraper meme si c'est après les pieces sont finis haha.quel plaisir de te suivre encore pour ce festival.
je t'embrasse.
On savoure votre plaisir avec l'impression agréable d'être assis à vos côtés mais on s'inquiète aussi des morsures du mistral, et de ses conséquences....
nez qui coule et petite migraine - mais vais me déconnecter internet et festival ce matin, soigner carcasse et antre (vois pas de 30° avant semaine prochaine, rouvrir housse sortir lainages
Enfin, une festivalière comblée.
relu, effarée vers 8 heures - jamais vu ayant de fautes, de mots sautés ou mis pour d'autres !
Vais garder tes notes précieusement pour Toulon en Février et autres com variables!!
Belles images colorées des colleuses d'affiches, tu as les sens des harmonies captées en un quart de seconde
la photo est belle, le sourire radieux et la chemise en lin parfaite ! Vous lire, une histoire de famille, vous voyez !
un peu légère pour le mistral de la cour mais la robe et le blouson de soie tout autant - jamais eu aussi froid je crois… pouvais littéralement plus marcher
Le Prince de Hombourg, oui, son ombre tutélaire : mais le théâtre est fait de ces souvenirs, même si pas vus...
Votre énergie a été récompensée. Il va falloir que vous veniez saluer sur scène, à la fin du festival !
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