le petit mistral glacial
de la cour d'honneur a déjà perdu de son efficace, et le ciel était
gris, les vêtements couvrants, quand suis sortie, après avoir un
peu retapé carcasse, entamé et abandonné repassage,
pour aller, tout tout
près, pour le plaisir de la langue du dix-septième, pour la fermeté
du style et l'éloquence persuasive de la parole, à la chapelle de
l'Oratoire, en terrain hautement catholique, écouter Patrick Schmitt
proférer le sermon du mauvais riche de
Bossuet, éloquent, qui se veut persuasif, qui n'a guère perdu
pourtant de son actualité
Il
entre sur la musique d'un harmonium, et vient se planter dos à un
des autels latéraux, face à nous, installés sur un gradin planté
dans l'axe de la chapelle (regret de perdre ma promenade dans la
perspective des colonnes)
ses plaisirs et ses
affaires partagent ses soins : par l'attache à ses plaisirs, il
n'est pas à Dieu ; par l'empressement de ses affaires, il n'est
pas à soi ; et ces deux deux choses ensemble le rendent
insensible aux malheurs d'autrui...
...
comme il n'a lui−même
jamais eu de pitié de personne, aussi tout est sourd à l'entour
de lui au jour de son affliction.
…..
Certes, c'est une folie de s'imaginer que les
richesses guérissent l'avarice, ni que cette eau puisse étancher
cette soif.
La balance des phrases
pour que la vérité passe en force, la beauté du style et la grâce
de la vie pour séduire, et faire comprendre que cela ne concerne pas
uniquement le mauvais riche mais celui qui se croit modéré.
esprit bien nourri suis ressorti dans ma rue, croisant ceux qui comme moi s'en vont concentrés vers leur but, et cet homme qui avait sorti une échelle de chez lui pour détacher les affiches qu'on avait osé poser sur sa demeure (ne pas souiller le lieu qui vit Bonaparte écrire le souper de Beaucaire?)
et j'ai cru voir un peu de bleu, suis rentrée, ai fait cuisine, sombré dans une trop courte sieste, ai revu cette photo, me suis demandé si j'avais rêvé, ai remis ma saharienne et m'en suis allée
le long de Joseph Vernet, toujours en marge de la ville, et sous un ciel redevenu plus morose et chargé jusqu'au car, hors rempart, qui amène à l'hôpital et en passant à la Fabrica, lequel était désespérément en retard
mais nous a amené juste à temps...
J'avais une place dans les
hauts, au milieu, où pouvais étendre mes jambes comme je l'aime,
mais j'ai failli partir (et je pensais, navrée, faire mon deuil du
marathon Henri VI) à cause de la clim terrifiante... ai attendu
pendant, qu'en place de l'habituel manifeste des intermittents, nous
écoutions face à une rangée d'acteurs et de machinistes, le
discours sur le budget des beaux arts prononcé à la chambre par ce
cher Victor (Hugo) que j'ai reconnu à la deuxième phrase et qui me
faisais patienter..
Photos Christophe
Raynaud de Lage provenant du site du festival
comme
cette présentation
Une comédie pour dire,
entre optimisme et pessimisme, entre espoir et inquiétude, le
présent du monde et la force insondable du théâtre. Une comédie
pour dire aussi qu'à ce monde nouveau et obscur doit correspondre
une nouvelle éthique. Le jeune héros d'Olivier Py, l'Orlando
impatient, part à la recherche de son père inconnu. Il est conduit
par sa mère actrice sur une série de fausses pistes, qui sont
autant d'étapes vers une vérité attendue. Orlando ou l'Impatience
peut être considérée comme une pièce manifeste qui nous entraîne
dans un voyage traversé de questionnements contemporains qui sont
ceux, à des degrés divers, de toute l'oeuvre poétique d'Olivier Py
: « le » politique, l'Art, le sexe, la foi, la philosophie......
Face à chaque père potentiel, Orlando découvre une forme possible
de théâtre. La tragédie politique, la comédie érotique, l'épopée
historique, la farce philosophique...
et ma
foi je me demande toujours pourquoi on tient Py en si haute estime...
C'est un beau et bon spectacle mais dans lequel manquent furieusement
des coupes.. de belles idées, un texte qui s'installe... et finit
trop souvent, à force de longueur, par tomber dans des banalités
vaguement poétiques.. et puis quand l'attention s'en va une phrase,
une idée, lumineuses.
De
très bons acteurs (ah Jean-Damien Barbin dans un petit rôle, qui
est sans doute le seul à jouer farce comme certains passages le
demanderaient, qui en sont de la farce, ou devraient l'être, mais s'arrêtent à mi-chemin et en deviennent un peu agaçants),
de beaux portraits satiriques mais pas uniquement, totalement, des
pères potentiels, le grand vieux poète, le metteur en scène
engagé, le chercheur d'idéal, et un portrait de ministre de la
Culture, avec une petite charge politique fort banale et une
personnalité un rien inutile d'amoureux de la douleur et de
l'humiliation que peut lui infliger un beau jeune homme acheté.
Bien
aimé le trio amoureux formé par Orlando, la joyeuse Ambre et
surtout Gaspard.
Une
construction réussie qui veut que chaque rencontre soit introduite
par un dialogue, presque, mais pas tout à fait, identique entre la
mère et le fils
Quelques
départs
et
pendant l'entracte, j'ai rencontré des spectateurs, comme moi, mi
chèvre mi chou..
photo du site
Je
suis restée, un peu par désir, un peu par curiosité, un peu pour
la performance
Et
m'en suis félicitée, parce que toute la seconde partie, à partir
d'un monologue de la mère, de la rencontre avec un père renonçant,
devenu clown pour petits spectacles m'a vraiment plu, qui abandonne
la petite veine comique et satirique, qui parle de théâtre, comme
depuis le début, mais débarrassé de toutes les dérives, revenu à
l'essentiel de l'amour pour lui, qui parle de mort, de renoncement,
d'amour et d'apprendre à être sans père
J'oubliais,
un décor évolutif très réussi, devant une belle perspective
dessinée par des tubes lumineux, qui creuse le fond du plateau.
Vent
frisquet mais ciel superbe en sortant
ai
décidé de rentrer à pied, tout doux, et d'en rester là.
7 commentaires:
Le Festival est une épreuve. Un parcours initiatique.
Bossuet... c'est drôle, j'ai rêvé de Dominique de Villepin qui m'avait invité à la représentation d'une pièce qu'il venait d'écrire !
Nous manquons d'orateurs politiques.
Quant à Py, il s'est inscrit dans le programme, il a sans doute eu raison car le décor que vous montrez est très beau.
Comme la grande photo de nuit que vous avez prise vers la fin.
il s'est même inscrit trois fois..
et s'en défend en disant en gros pourquoi pas, ce en quoi il a raison, en évoquant aussi Vilar ce qui m'agace un peu (l'évoquer oui, se comparer non, simplement nul ne peut dire de lui même quelle est sa place)
N'y a-t-il pas de bus de retour ???
si mais un deux par heure - il fallait attendre un quart d'heure et me sentais en forme physique relativement - alors en profiter, et puis lumière belle - pas très loin et commence à m'habituer à ce foutu froid
Chance , tu as de pouvoir juger par toi même , car lire , entendre !est toujours orienté
épuisant sans doute d'aller de spectacle en spectacle.
Enregistrer un commentaire