Je bats ma coulpe – je
lève des yeux suppliants – je ne me couvre pas la tête de cendre
parce que je n'ai pas le temps de me laver les cheveux
Un grand besoin de sommeil
dans la nuit de jeudi à vendredi, une journée un peu trop pleine
pour lire avec attention les vases qui ont communiqué en juillet.
M'y suis essayée
pourtant, mais peut-être, certainement, au prix d'un survol
indignement rapide...
Alors juste pour marquer,
pour inciter ceux qui passeront ici à aller lire, une liste, une ou
deux phrases (et si mon choix est maladroit, j'en suis navrée), une
image le cas échéant
Parce que, bien entendu,
ces échanges méritaient mieux, échanges entre :
échange photos
Danielle Masson
http://flaneriequotidienne.wordpress.com/2014/07/04/5164/
sous la ramure
Goran
Le Mut reçoit ou trouve une lettre
Ramure, frondaison,
feuillage, rameau, branchure, ombrage… c’est cela Parc des
Ombrages, le nouveau lieu ouvert tout récemment au public dans sa
commune, dont il était devenu maire en mars dernier.
et
la disparition
un
court régal que vous laisse découvrir, deviner
Matin, marchant. Plus
tard : cadran dans soir naissant. In/Out. Ici-bas. La photo
saisit tout mais… jamais dit tout. Nos instants ? Nous avions
faim, nous avions soif d’un bain jovial. Draps blancs - du blanc
amidon - transpirants. Nous fuyions alors chacun nos filiations. Lai
dudit Villon accompagna nos pas. Avions connu puits de Râ, plus
connu la soif : ra, fla, ra, fla
à partir d'un choix de
mots à placer
Eve de Laudec
http://julienboutonnier-peut-etre.blogspot.fr/2014/07/453-le-chat-dambroise-pare-penetre-dans.html
Le chat d'Ambroise Paré
pénètre dans la chambre 307
petite
nouvelle douce amère
Du grand sac poubelle
où gisait en vrac son passé il sort un écho ébréché, une
douceur de peau humide, son vague à l’âme qu’elle couchait sur
la grève papier, et leurs mains nouées dans la guerre, et leurs
poings comprimés comme des armes, les tournées famine qu’ils
nourrissaient de rutabagas conservés dans une gamelle en fer-blanc,
pas encore remplacée par le plastique du tupperware des
américains débarqués avec leur chewing-gum.
et
Julien Boutonnier
http://evedelaudec.fr/cooperations/juillet-2014/index.php
Eve m’a proposé de
suivre une règle simple. Et il
en tire de petites cellules de prose qui s'enchaînent plus ou
moins...
Je n’ai pas souvent
vu de teckel crevé sur le bas-côté de la route. Il n’est pas
exclu que cela arrive un jour, tout comme il n’est pas exclu que
j’entende une fois quelqu’un me dire : « Je suis un avironnier
aveyronnais. »
échange de cartes
trois cartes postales
sur
des photos du web beaux textes
Tu attends n’est-ce
pas… ? Tu attends que se lève la nuit comme on lève la
poste, les relevailles de folie, celle que je t’écris chaque soir,
chaque nuit, à doigts saignants puisqu’en dessous il y a peut-être
la vie
et
Eric Schulthess
http://www.jouyanna.ch/spip.php?article1465
les cartes postales
trois,
en images et mots, japonaise, chinoise, marseillaise
C’est un morceau de
ma ville. Au bout, tout au bout de Marseille. Tellement au bout qu’on
se croirait hors de la ville. Callelongue ça s’appelle. Un
quartier de pêcheurs bâti entre roche et mer. Callelongue est un
voyage inédit à chaque fois et pourtant si souvent entrepris depuis
l’enfance. Lieu de pèlerinage aussi car le regretté Jean-Claude
Izzo y venait respirer les embruns, écouter le ressac et trinquer
avec les gens d’ici. Dans ses livres, Callelongue vit sa belle vie.
Wana Toctouillou
http://www.pendantleweekend.net/2014/07/vases-communicants-49/
un poème
Point
de Gazon fleuri qui se plût au jardin
La
moiteur des matins seule sied au gravier
Nul
besoin de rivière en ce coin de verdure....
et
Pour Y
ce qui
reste de Y
Il reste aussi son
goût, à lui (il s’appelait Y., qu’il ait été mahométan,
pakistanais ou afghan, turkmène ou assyrien ne changerait rien à
l’affaire, quoi qu’en puissent croire les imbéciles et les
abrutis de tous poils qu’on voit, éructant et bavant, devant les
cafés ces temps-ci, chantant des hymnes nationaux à la gloire de
ceux qui éventrèrent et torturèrent, et saignèrent et
démembrèrent, et qui rient et se congratulent, décorés tatoués
suturés, devant les dépouilles de ceux qu’ils ont vaincus)
chercher, sans la trouver,
sa maison
et si on refaisait le
monde
début
de chaque paragraphe, début de tant de nos rêves ou discussions...
Et si on refaisait le
monde mais il y aurait tant, et tant à refaire, fiche tout par terre
et en reconstruire un neuf mais on va habiter où pendant ce
temps et en construire un autre à côté mais celui-là est-ce qu’on
n’était pas né dedans est-ce que ce n’est pas nous qui le
laissions comme ça celui qui jouait de la guitare électrique il y a
trente ans tu voyais sa nuque et son dos et lui....
et
nocturne de Madame T
la
belle Madame T et ses nuits d'étrange angoisse (mots très
approximatifs et sommaires)
D’elle on ne savait
presque rien. Elle est arrivée dans ce quartier à l’aube d’un
matin d’octobre, pieds nus, les mains pleines de boue, le chemisier
souillé d’herbes et de terre. Au début, la loueuse resta sur ses
gardes, méfiante devant la saleté de son étrange beauté. D’une
voix basse et timide, à peine audible, elle disait qu’elle aurait
désiré ne rester que quelques mois... qu’elle n’était que de
passage... qu’elle repartirait. Elle disait alors qu’elle ne
travaillait pas mais qu’elle avait beaucoup d’argent et qu’elle
pouvait même payer cinq mois de loyer dès aujourd’hui. Devant une
telle somme, la loueuse ayant tant mal à remplir ses chambres
accepta.
Une élégante voiture
rouge avec image du vis à vis
Dominique Hasselmann
http://leportraitinconscient.com/2014/07/04/leffet-miroir-au-volant-les-vases-communicants-de-juillet-2014/
l'effet miroir au
volant
histoires
des anciennes voitures et puis
Mais si vous apercevez
un véhicule de couleur rouge, il se produit alors comme un effet
miroir : vous vous mettez à la place de l’autre conducteur
qui a oublié d’ailleurs, avant de vous repérer, que vous
apparteniez exactement au même endroit que lui sur la palette du
peintre.
et
le combat du rouge et
du gris
parle
du gris, du rouge et puis
Je vais maintenant vous
raconter une photo. Une photo que M. Jemmapes, un de mes amis
parisiens habitant dans les parages de l’Hôtel du Nord, m’avait
envoyée dans l’esprit d’une espèce de chasse au trésor.
Jemmapes et moi (M. Valmy), nous avons la chance d’habiter, tous
les deux, dans le même 10e arrondissement, « terrible et
bruyant », qui prend alternativement le nom des « deux
gares » (du Nord et de l’Est) ou de « Magenta »
(le boulevard qui coupe brutalement le quartier en deux, reliant la
place de la République à Montmartre).et
la suite
voyage
Camille
Philibert-Rossignol
http://samdixneuf.wordpress.com/2014/07/04/lhydre/
l'hydre revient
de voyage
L’hydre s’assoit
sur les marches de son entrée. Sa bouche tremble aux commissures,
ses paupières palpitent, une larme petite luit au coin de son œil
gauche. De grosses gouttes déferlent, de celles qui ploc-ploc au fur
et à mesure qu’elles s’écrasent mollement dans la terre sombre.
Sous ses joues dégoulinantes, des cercles sombres parsèment la
terre sans qu’elle s’en rende compte.
et
Samuel Dixneuf-Mocozet
http://camillephi.blogspot.fr/2014/07/vase-communicant-avec-samuel-dixneuf.html
car voici où ce
chemin...
un rêve ?
L'angoisse avait
disparu. Avec une agilité et une force qui le surprirent d'abord, il
se mit en route, sans but établi. Il butina quelques baies, escalada
des rochers, dévala les flancs de la montagne, grimpa dans les
arbres puis s'arrêta, fourbu, près des gorges. Le soleil était
haut dans le ciel, mais la voûte feuillue offrait une douceur
agréable. Sa gorge était brûlante, son corps encore palpitant
d'effort.
le printemps de Darius
un
poème lamento colérique pour le gamin lynché
on dit que tu viens
d'arriver en France on dit que tu vis dans un petit bidonville
– comment dire – un baraquement une baraque une maison – une
espèce de maison - une maison dans - quelque part en France –
peu importe Darius le nom de la ville le nom de la cité la forme de
ta maison - tu vis en France
et
Le vivant se roule dans
la fange. Ça n’est pas si désagréable.
dit il
mais le pense-t-il ?
Non. Moi non plus, je
n’y crois pas. La mort, c’est les autres, jusqu’à la mienne
lointaine. Je me roulerai dans l’herbe, évitant les déjections
d’autres vivants ici. Ça n’est pas si désagréable.
La première fois que
j'ai été vieille, je ne me rappelle plus
mais
j'étais jeune, maintenant que j'ai dépassé les 70 ans …. (belle
longue tirade savoureuse)
Maintenant la
vieillesse s'invite un peu plus longtemps, mais entre temps j'ai
appris des trucs pour que la jeunesse revienne, je l'aide un peu à
revenir
C'est même devenu un
jeu
Un terrain de jeu que
ce passage à trouver
et
Virginie Gautier
http://www.motmaquis.net/spip.php?article197
Frontière, quelque
chose...
en six strophes inégales
et belles
Frontière, s’aventurer
Echafauder avec les
cannes des bambous toujours plus hauts, plus flexibles, plus légers.
Réfléchir — un
temps.
Enfiler les palmes, les
échasses.
Prendre de la distance
& rassembler le monde.
Sur (belles, très)
photos de l'autre
les rescapés de la
montagne bleue
et,
sur deux tons, leur histoire
Chaque membre du groupe
comptait sur lui pour assurer leur sécurité. Mais l’homme n’avait
aucune idée de ce qu’il devait faire. Il n’avait jamais dirigé
de groupe et était d’ordinaire quelqu’un de plutôt secret,
taciturne et effacé. Voilà qu’un rêve l’avait propulsé
Chef, ou pire encore « Chamane », comme il l’avait
entendu murmurer dans son dos. Comment pouvait-il espérer garantir
la sécurité de ses semblables ?
et
Leucosélophobie
métaphorique
l'immensité
du blanc
Les premières
empreintes hésitantes de mon traineau à plume gravent des pleins et
des déliés qui dessinent des lettres, puis bout à bout des mots et
des syntagmes. Des phrases sans emphase se forment. Je prends un peu
plus d’assurance après quelques lignes et me libère en complexité
lexical
salutation aux ancètres
Florence Noël
http://alice.scaliger.fr/?p=594
l'exode – l'horreur –
et elle qui aujourd'hui console sa mère, l'ex petite fille
Les doigts dans la
terre, à sa manière, et ces fleurettes bleues qui ont poussé hors
saison, résisté, à sa manière, aux épreuves de l’hiver, et
duré jusqu’au printemps, jusqu’à cette première bise d’été.
Les voilà, aujourd’hui, comme demain, au rendez-vous de ce jardin
sculpté par sa présence, depuis toujours. Cassis, centaurée,
oeillets, groseilles rouges et maquereau, menthe et mélisse à
froisser entre le pousse et l’index, chèvrefeuille, fraisiers,
rhubarbes, bourraches, ciboulette, sauge, et thym laurier. Ses gestes
instillés, à sa manière têtue.
et
Alice Scaliger
http://pantarei.hautetfort.com/archive/2014/07/03/vases-communicants-salutations-aux-ancetres-5404302.html
d'où
vient cette peur dans la nuit ?
Mes pieds rassurés par
le lino froid de la cuisine, réchauffée par une tasse de thé.
Parfois, il me faisait griller une tartine. Il disait : quand je
serai fantôme, je viendrai veiller sur ton sommeil, de temps en
temps, et comme je suis un peu farceur, je te chatouillerai peut-être
les orteils.
Et,
honte à moi, en fait aurais pu prendre plus de temps (quoique j'en
ai plus profité que je ne le dis) et ce billet était prêt à 15 heures 40.
3 commentaires:
Merci pour le panorama !
grand merci à vos fidélissime
Grace à votre article, me voici emballée, prête à suivre les prochains vases de juillet où qu'ils aillent et d'où venus. Merci.
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