Jour qui voguait de fins
nuages en soleil, de soleil en légers nuages
Jour où ne suis pas
vraiment entrée, un tantinet maussade pour vétilles personnelles
ai regardé repassage, ai
pris ce que pouvais de soleil, de temps en temps, ai fait des voyages
virtuels, ai creusé projet d'un voyage réel (très, très en
avance)
ai pensé, à l'heure du
thé à paumée, étais fort vide – ai relu, reprends une ancienne
participation aux Cosaques des frontières
http://lescosaquesdesfrontieres.com.
Un
non-souvenir
Dire Valparaiso et rêver
– dire Kerguelen et rêver – dire Vancouver et rêver
frileusement – dire Ténéré et rêver à perdre tête,
et dire Erbalunga et
rester bloquée sur un rêve qui devrait être un souvenir.
Le souvenir d'une toute
petite enfançonne trébuchante un peu, à côté du couffin où dort
sa petite soeur... sur une terrasse, devant la mer, je pense, ou pas
loin, la mer n'est jamais très loin à Erbalunga.
Je sais, pour l'avoir
appris, et pour avoir rencontré fugitivement, plus tard, à la fin
de notre adolescence, certains des onze enfants de cette famille, les
aînés, mes contemporains, que c'était dans le jardin d'un couple,
un peu plus âgé que celui de mes parents, protecteur, amical, et
superlativement corse (avaient leur palais à Bastia), chaleureux et
attentifs.
Mais ne suis plus cette
enfançonne depuis très très longtemps...
et elle s'est effacée
avec les ans, tant et tant d'années, tant et tant effacée qu'elle
m'est étrangère.
Comment peut-on croire
retrouver cet être qui n'existe pour moi que dans les mots de
personnes maintenant mortes, ou inconnues ?
Comment m'attribuer,
vouloir miens, la tendresse de sa peau, les fins cheveux souples, ses
petits pieds ronds, et même les questions qu'elle se posait ?
Comment croire qu'on a été
cette innocence, ces fossettes, cette découverte de l'odeur des
fruits, de la tache du soleil sur les dalles...
Comment savoir si peur
j'avais quand les visages adultes penchés sur moi n'étaient pas
celui de ma mère ?
Et comment être sûre que
la petite boule de chair écrasée de sommeil, poings serrés, dans
le couffin m'était importante, présence vivante, petite personne et
non un ajout à supporter dans mon petit univers ? Je sais qu'un peu
plus tard j'ai aimé la protéger, être son interprète, et que plus
tard elle a pris le commandement, avec mon consentement soulagé
lorsque les petits corps suivants sont arrivés..
Je sais seulement qu'elle,
l'enfançonne trébuchante ou moi adorions nous empèguer les mains
avec ce que pouvions saisir, faire filer entre les doigts le sable
mouillé, nous barbouiller du jus d'une figue tombée sur la
poussière (que j'imagine).
Je sais seulement que
c'était bien, que j'aurais certainement été heureuse si j'avais su
ce que c'était qu'être heureuse ou malheureuse.
Je sais que je ne me
souviens de rien, que je doute d'avoir été elle, même si bien
entendu je sais que je l'étais bel et bien.
Je sais que le nom
d'Erbalunga me ferait rêver s'il n'y avait pas cette petite fille à
y placer... mais ce serait la trahir.
7 commentaires:
Merci pour l'émotion des souvenirs
Et le soleil aussi...
et grand merci pour votre passage
Flash-back... (Vous avez la mémoire qui flashe...)
que répondre ? sourire
Rêver, en toute innocence. Le monde plus beau.
Quelles belles pages, si bien contées...
Un ami nous a quitté, le "Chat" pour la mémoire qui flanche, "actu bien pris tes comprimé" son blog où vous aviez pu faire quelques commentaires que j'avais vite remarqués...
Stef
oh ! triste suis pour vous
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