Or donc, les compagnons,
avec une fanfare que l'on entendait plus qu'on ne la voyait, ont fait
leur entrée sur l'esplanade du jardin.
et ce furent de longues
discussions, rencontres, regroupements - personnalités, maire,
confréries, sénateurs, élus, représentants des Côtes du Rhône,
curé,
pendant que les enfants, quelques adultes, moi, nous restions résolument en attente, à côté
du podium, devant la cuve du pressoir, les vendangeurs, les
photographes aux merveilleux appareils.
Discours de la présidente
des Compagnons, du sénateur, de Madame le maire (l'aime bien mais
elle fut superbement creuse et longue), d'autres... mais nous, nous
regardions les grappes de raisin rouler des caisses dans la cuve,
être tassées, un peu (comme il ne s'agissait que d'obtenir du jus,
et non du vin, toutes les opérations antérieures et le foulage des
grappes étaient omis)…
Une longue succession de
prises de parole, un panier de raisin anonyme passant de mains en
mains, pour que chacun donne son avis sur sa maturité, nouveaux
discours, chant en choeur, un peu noyé de musique pour pallier aux
éventuels manques de justesse et de mémoire, de Coupo Santo,
pendant que les enfants
tendaient le cou, que certains s'impatientaient et appelaient leurs
mères comme recours souverain pour accélérer les choses,
pendant que nous
regardions les mains qui posaient les longerons, hésitaient, en
changeaient un, soigneusement, longuement, avec des pauses..
et, avant que les
officiels proclament l'ouverture du ban des vendanges, en plusieurs
langues (avec des accents qui m'enlevaient tout complexe, me
donnaient presque sentiment de supériorité) fixaient, testaient le
levier
premières gouttes,
premières carafes... mais le micro s'étant tu, brusque affluence
des buveurs et, cette année, faute d'un vigneron protecteur, j'ai
renoncé à obtenir un verre et me suis extirpée, plus ou moins
facilement,
pour aller acheter
misérablement un verre de jus en bouteille, et, comme mes hanches et
mes mains souffraient de se rencontrer pour que je me redresse, comme mes jambes «me
remontaient dans le corps» j'ai voulu me nourrir un tantinet,
prendre des bouchées apéritives avant les patates et la morue de
l'antre... trop de monde attendant les brouillades de truffe, j'ai
pris une petite assiette tentante d'escabèche de légume (pas
recommandé dans mon cas, l'ai vérifié) me suis installée, à côté
des tables qui se garnissaient, face à la chute du rocher sur le
Rhône, j'ai regardé le soir descendre, savouré une bouchée,
d'autres, eu plaisir, et puis mal au coeur, par fatigue ou autrement
alors sagement, ai cherché
où jeter le tout, me suis avancée vers la rampe de sortie, à
travers la foule qui se pressait,
et, les laissant au dîner,
aux dégustations de vin, au bal, je suis descendue ranger la
grand-mère (et que je ne le sois pas ne change rien à l'âge)
Pardon et merci de votre
patience si êtes passés... c'est fini pour cette année.
Dimanche et lundi, deux
jours de ciel pur, de lumière, survolant ma cour, y descendant
pendant une période de plus en plus brève, dont je profite yeux
fermés et peau tendue vers soleil, de bon fort vent surtout ce
lundi, de méditation inactive devant fer à repasser, de lectures
désordonnées, de petites activités, d'absence rêveuse, de
petites courses en maitrisant ma robe rouge dont la dignité était
mise à mal par le vent.
Fin.
7 commentaires:
La fête est finie, laissons fermenter les souvenirs... Et le vin nouveau !
Le pape actuel pourrait quand même honorer de sa présence, une fois, cette cérémonie !
on n'y aurait plus accès.. et puis en fait c'est avant tout une affaire commerciale mais que nous le peuple nous nous sommes appropriés
Il y a loin de la coupe aux lèvres...
La foule qui elle aussi
presse
et dont il faut aussi se protéger
parce qu'elle partage difficilement
avec les petits
et ceux qui ne lui prêtent pas leur chair.
Merci encore pour ce partage plein d’arômes et de vie.
et puis je n'ai jamais été très foule (sauf pour les manifs)
des images qui me sont familières chez moi en Touraine...Chinon, Bourgueil, Vouvray, Montlouis ...etc
hic ! ! !
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