petite vieille est en mode
lasse ces jours
petite vieille est en mode
voyage immobile, rêve, hors temps et vraisemblance
mais s'est rencognée,
matin, et un peu davantage, pour déguster ce que proposaient les
quelques entêtés vases communicants, entêtés, déterminés, que
je salue avec gratitude admirative (oubliant une seconde que cette
fois j'en fais partie).
Pour ce mois de septembre,
de bascule hors farniente, il y avait
le réel n'existe pas
Camille
Philibert-Rossignol
http://flaneriequotidienne.wordpress.com/2014/09/05/jaimerais-que-les-gens-arretent-de-penser-par-camille-philibert-rossignol-vase-communicant-septembre-201
j'aimerais que les gens
arrêtent de penser
rendez-vous
de deux aides à domicile au jardin du Luxembourg, et à partir d'un
journal, d'une photo de Stallone avec, en légende, la phrase dont le
début est devenue le titre du billet, réflexion de l'une, Nasia,
sur cette fausse idée que les gens se font d'elle... avant de
quitter le jardin, rejoindre son fiancé Etienne (tout ceci étant un
résumé sans saveur du texte) et s'énerver, un peu
J’aimerai que
t’arrêtes de penser que je suis ignorante ou plouc. J’aimerai
que les gens arrêtent de penser que je suis arabe ou aide à
domicile. J’aimerai aller à Saint Petersbourg voir les tableaux de
Stallone.
et
le réel n'existe plus
un
nuage qui passe (rose sur la belle photo de Flo H), et penser au
passé qui lui aussi est mouvant, changeant, unique – savoir le
regarder, le préserver, le conserver
Nous ne savons plus
rester inactifs. Je est une partie du nous. L'insupportable
efficacité nous détruit. Ordonner les traces, classer les mémoires,
les partager pour les conserver est notre angoissante terreur
quotidienne. Je n'existerai pas alors, croyons-nous, si nous ne nous
dupliquions pas, plus. La bulle de savon est plus rapide que nous,
qui reflète un instant la lumière, la transmue puis... pouf..
disparaît.
poule-racines-sauvagerie
Danielle Masson
http://litteraturesauvage.wordpress.com/2014/09/05/vaseco-8-poule-racines-et-sauvagerie-de-danielle-masson/
poule racines et
sauvagerie
sauvagerie
? Chercher – sauvagerie du coq qui a plumé sa poule, l'enfant
sauvage raconté par Truffaut, sauvagerie d'images vues ces jours à
la télévision
Sot va, je ris… j
J’aimerais tant que
cela soit possible
et
les oeufs de terre
une
longue et souple phrase pour parler d'un gamin qui croyait que les
oeufs de la poule sortirait de terre
puisque tout ce qui apparaît, qui est sauvage, en sort pensait-il en
bon petit jardinier
ce qui n’est pas
sauvage, ça n’a pas de racines alors, s’interrogeait-il, et
quand il n’y a pas de racines, on n’est plus accroché à rien,
on est aspiré par l’air du ciel, on se noie dans l’eau, on
échoue au feu, on est libre parmi le vide,
sur une photo proposée
par l'autre
Piero Cohen-Hadria
http://hadominique75.wordpress.com/2014/09/05/proactif/
proactif
rythmé
par des retours à l'image, cette image d'un échafaudage contre une
vieille façade, et d'hommes noirs travaillant, un texte qui pense et
dit ce que cela signifie, qui revient sur les promesses non tenues,
sur la vie dure
simplement, je me suis
dit que la dignité de travailler était, de nos jours, de plus en
plus minée, mitée, gâtée, par ceux-là mêmes qui sont censés la
protéger. Certes, il fait beau aujourd’hui. C’est à Paris, je
crois que c’est au coin de la rue Debelleyme. Le travail ; la
dignité ; le ciel bleu et les mots de ceux qui ont la prétention de
nous gouverner.
et
Dominique Haselmann
http://www.pendantleweekend.net/2014/09/vases-communicants-50/
une carte postale du
Portugal
une
image, ses couleurs, comme une carte postale ancienne, où ne manque
que les mots (les imaginer)
une
image que l'on regarde, détaille, qui évoque, un tableau, et puis
surtout un film, Oliveira et... lisez
Il estimait en effet
qu’il avait raté ce qu’il voulait montrer, l’élan qui saisit,
comme un aigle sa proie, un «conquistador» pour partir de son pays
vers l’aventure, abandonner tout derrière lui sans savoir ce qu’il
va trouver en échange ou en perte, la propulsion dans l’inconnu,
la coupure de toutes attaches, à commencer par les cordes épaisses
qui retenaient le navire choisi et ses hauts gréements au port.
Le lion
Angèle Casanova
http://blogmaestitia.xawaxx.org/post/2014/09/05/PASSE-MURAILLE
passe-muraille
le
lion qui est là sur la place, souvenir du temps où il y avait la
ville, le pays, à défendre, le lion qu'elle n'a pas vu au début et
qui pourtant est si grand, prend tant de place, mais le voir le
visiter c'est être là, dans ce qui est exil
Je le regarde comme
quelque Parisien la Tour Eiffel. Avec respect. Avec agacement. En
gardant mes distances. Avec ce lieu. Avec celle que j’y deviens.
Malgré moi. Par une contamination insidieuse. Qui ouvre mes o
finaux. De plus en plus. Jusqu’au ping pong. Et voit disparaître.
Mon accent.
et
ronde de nuit
beau
poème dont chaque strophe commence par deux vers initiés par
j’ai dans le ventre un Lion qui... fragment
revenant à l'intérieur des strophes, devenues prose, relançant
chaque fois ce texte de lassitude, refus de la perte d'un amour,
j’ai dans le ventre
un Lion qui se noie dans tes bras et jette ses bouteilles dans
l’océan de tes yeux qui ne voient pas ; dans le cœur un Lion qui
ne sait pas nager alors se laisse porter par le flot de tes larmes
qui ne le mènent jamais plus loin que sur cette plage où tu ne vis
pas
suce mes cailloux jusqu’à la lie qu’importe le flacon
pourvu que le mirage nous désaltère.
maison
la maison de l'autre
(avec
la reproduction de deux tableaux célèbres de Magritte) un texte
poétique,
J’ai sondé les
fenêtres. Les lumières. Et puis le ciel, le matin. Et voilà
qu’apparaissent à ses pieds, des reflets nocturnes. Chambres
intérieures, insensées, impossibles existences.
dont
les images emmènent là où ne voulait pas, lieux communs, mots trop
habitués, chercher une fenêtre, une issue, des antidotes, pleuvant
l'encre des songes... passant par chez l'autre.
et
Eric Schulthess
http://rencontresimprobables.blogspot.fr/2014/09/vases-communiquants-1-la-maison-de.html
C'est ma maison
parle
d'une maison où n'a jamais dormi, une maison où cela tressaute, une
maison qui se trouve parfois dans le noir, une maison qui bouge,
quittée bientôt
Dans un an et demi, je
quitterai cette maison pour toujours. Expulsé d’office je serai.
D’autres s’en occuperont. C’est programmé. Plus besoin de
siffler pour prévenir du danger puisqu’il n’y aura plus de
danger. Je rêve d’une autre maison bien sûr. Pas trop le temps de
la chercher mais elle commence à se dessiner dans mon imagination.
Il y aura de grands champs tout autour. Et puis des volets blancs, un
portail blanc, du lierre au mur et une cheminée haute.
une pièce de théâtre
– échange de répliques
Eve de Laudec
http://leportraitinconscient.com/2014/09/05/la-fleur-brisee-vases-communicants-septembre-2014/
hier est un autre
demain
entre
une comédienne et un metteur en scène
(longueur
annoncée, longueur réelle, relative, agréable)
elle
revient au théâtre après longue éclipse,
elle
entend, ou le tente, tout régenter, choisir le rôle masculin...
Pour que tu me parles
de ton projet de pièce, j’ai réussi à caser une demi-heure,
entre mon rendez-vous avec Fanny et la générale de Trahison au
Vieux-Colombier. Réjouis-toi mon chou, une demi-heure en ma
compagnie pour redorer le blason de ce vieux théâtre dont tu viens
d’hériter ! Elle est morte à point nommé, ta vieille maîtresse
richissime !
tient
avec abattage son rôle dans leur discussion/dispute surjouée, et
s'attendrit avec charme
et
Giovanni Merloni
http://evedelaudec.fr/ecriture/hier-est-un-autre-demain
où lui, le propriétaire
du théâtre et metteur en scène, se prétend un peu perdu, avoir
égaré la pièce, propose de repartir à zéro
et dans leur discussion
tout leur passé, depuis le lycée, remonte, amer et doux
vient leur sincérité
aussi peut-être
c’était la fontaine
de Trevi, et tu me racontais cela comme si tu étais cette femme
fatale, blonde, plantureuse, comme si tu incarnais en fait Anita
Ekberg qui ne cesse de briser l’écran avec son étrange fierté…
Et moi, je « devais » être absolument Marcello Mastroianni. Tu
plaisantais, tu étais très bienveillante envers moi mais au fond,
comme tu dis, et maintenant je le comprends, tu attendais quelques
avances de ma part que je n’osais pas…
vous laisse découvrir,
sur l'un ou l'autre des blogs puisqu'ils y sont tous les deux.
Seuil, passage, porte,
en partant d'une photo fournie par l'autre
Françoise Gérard
http://www.christinesimon.fr/spip.php?article223
à l'interface
un
texte qui avance en rebondissant, au pied de cet immeuble miroir
attendre en regardant les passants qui lèvent les yeux vers la
façade miroitante, et pour attendre regarder les reflets fragmentés,
pensées réfléchies par les reflets fragmentés, attente dans les
reflets comme devant images fragmentées vues d'un train, attendre
passage, entre deux mondes, …. et de cet entre naît un poème
J’ai perdu, perduré,
duré, enduré, jours heureux, heures perdues, dures, si dures...
Doux, l’ici-maintenant,
à l’abri, sur le seuil, entre deux, hors du monde, or...
Je m’égare.
à
travers les regards qui fuient dans les reflets depuis longtemps..
et
j'arrête ma sotte paraphrase, lisez la
Car dans l’oubli d’un
trou noir l’instant toujours tombe.
et
torii photographique
vous
marchez sur l'avenue, dans une petite foule, c'est ce que vous dit,
vous montre, détaille, ce texte, qui rend le mouvement, le
franchissement, le torii, les espaces qui se créent entre les
groupes, et puis vous, arrêté
et vous dans
l’objectif. le sentiment intime du moment. quand vous envahit avant
le déclenchement de l’obturateur le son voilé des klaxons le
staccato des voix le bruit des talons qui frappent les dalles et
cette pointe de yuzu qui chatouille votre nez.
l’ultime instant pour
le pull vert dans le cadre. le pas de le saisir.
dans cette seconde où
n’est pas encore prise la photo.
après l'exposition
Hélène Verdier
http://dom-a.blogspot.fr/2014/09/f64.html
f/64
depuis
le musée, regarder vers le fleuve - dans le musée, les photos –
une belle, calme, sensible description.
Dehors,
soleil tiède, petite rue, une image, de 1936, un équilibre, un
corps de femme lové
La perfection de ce
corps nu, sa dimension universelle ne sont en rien troublées par
quelques détails particuliers qui ne le rendent que plus touchant et
qui pour certains, viennent semer des indices sur la mode du corps :
le tracé de la raie sur le sommet du crâne et les cheveux noués en
torsade sur la nuque, le duvet fin et long qui parsème les jambes,
doré par l'éclairage et l'extraordinaire netteté photographique.
Ces détails viennent prendre place dans les plis dessinés par la
chair et soulignés par la lumière comme celui imprimé sur la
cuisse par le repli de la jambe. Et le regard inévitablement
s'attarde sur le centre de la composition, sur ce triangle noir
inversé dessiné par les ombres, qui masque et suggère le vertige
de l'intime et que le soleil en surimpression voile et dévoile dans
le déroulement du jour.
beau
et
Dominique Autrou
http://louisevs.blog.lemonde.fr/2014/08/28/labente-aux-neiges/
l'absente aux neiges
sous
un beau poème de Fan Jouei, un récit – sortir de l'exposition de
Nicolas de Staël au musée du Havre, comblé, passer à l'hôtel
pour déposer catalogue et autres livres, lire un peu, une lettre
adressée à Renée Char – être dans le vertige de l'oeuvre,
sentir besoin de bouger, se demander où aller... etc... vous laisse
suivre cette belle dérive, ponctuée de passages de lettres de
Nicolas de Staël
Il faut longer des
empilements de containers qui ressemblent, de loin, aux premiers jeux
vidéo avec leurs couleurs électriques. D'ailleurs ces couleurs,
curieusement, quel que soit leur agencement, vont très bien
ensemble, comme si l'œil avait par lui-même procédé à un
arrangement chromatique de circonstance. Cet œil, on dirait, sait où
il est et de quoi l'on parle. Il faudrait lui faire plus souvent
confiance, et ne pas céder au diktat des idées toutes faites.
Derrière la centrale, un terrain de stockage à ciel ouvert du
charbon qui l'alimente : un hectare bitumeux, et le ciel devient
bistre.
et puis, deux pantouns,
écrits, venus plus ou moins exactement en réaction à une phrase
«le
neuf et l'ancien se rencontrent en nous et dans le monde»
par
Philippe Aigrain, ci-dessous,
http://brigetoun.blogspot.fr/2014/09/le-neuf-et-lancien-se-rencontrent-en.html,
en écho philosophique à Jean-Claude Ameisen
nous
remplaçons à chaque jour
deux
pour cent de notre matière
ce
corps que si mal habitons
comment
peut-on le dire nôtre ?
et
sur
son atelier de bricolage littéraire
http://www.atelierdebricolage.net/?p=6732
le bricolage de Brigetoun avec le jour naissant de la nuit face à
la recherche d'énergie d'une petite vieille
sur
ma cour s'efface la nuit
aube
blancheur indécise
yeux
fermés, noyés les ennuis
en
ma somnolence exquise
et
puis, en toute petiote forme ces jours, lasse, un peu, de l'antre,
pour en rester à ce jour voué aux vases, ai tout délaissé, et
comme dans un échange était venu Cahors, ses beautés que nous
ignorions tout en connaissant leur existence, au lieu de courir la
ville ou la campagne, ou d'y musarder, lâchement me suis embarquée
sur Google street, et en chemin, passé le Lot, avant de tourner vers
la ville, ai rencontré cette vache qui se plaignait amèrement
d'avoir été floutée alors que le cochon gardait la belle intégrité
de son groin – lui ai répondu que c'était d'être trop proche,
physiquement, d'un visage humain.. mais je crois (suis certaine) que
c'était hypocrisie de ma part.
N'importe
quoi.. pardon
8 commentaires:
Merci de regrouper ainsi tous ces textes chaque mois, pour que l'on puisse y puiser et les retrouver quand on a le temps de lire. Magnifique travail !
Merci, une fois encore, pour cette "anthologie" des participations au rite mensuel...
Oui, Google Street floutant une vache, le système aboutit à des effets comiques (le grain de sable dans les mécanismes aveugles nous sauvera) !
merci à vous
l'impression très forte que ce sont les derniers vases
une indifférence totale
En " mode lasse " ? Qu'en sera-t-il lorsque tu mettras le mode " turbo " ? Merci pour la recension. Le ciel est gris ici, très gris, ce matin.
après hésitation se décide pour le bleu ici
mais j'ai envie d'hibernation/absence
Je ne sais si de l'art ou du cochon mais quel travail !
Une carte des menus
goûteuse
merci de l'avoir produite et partagée
merci de votre attention lecture passage rendez-vous. Bien sûr, tous les mois. Amicalement.
PCH
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