Les feuilles vertes
luisaient, exaltées par la pluie, les carreaux se paraient de
verdissement, et de rose fouetté – m'en suis allée pour quelques
courses dans une ville ruisselante, enjambant la tristesse humectée.
Ai écouté, ai lu, ai
vaqué, ai fait ruisseler en force des souvenirs et mots sans grand
intérêt, sauf pour moi, dans le fichier ouvert pour le vase
d'octobre, l'ai mis de côté pour essorage ou vidange – me suis
promenée dans la blancheur carbonisée de Lecce, entre nudité et
baroque, et me contente de reprendre un épisode de mon voyage
imaginaire pour les cosaques des frontières
http://lescosaquesdesfrontieres.com.
Ce serait –
3 – les éoliennes
Ce serait rouler vers le
nord, vers la digue, Den Helder, le fort Kijkduin, les vieux
bâtiments et l'espace qu'ils découpent, les bateaux, cette coque
gris clair comme un écho, une version aimable du fond de la rade de
mon enfance, et puis le port, la ville, les vieilles maisons qui
bordent les canaux, entourent le fort, façades colorées, souvent
sombres et ces grands yeux qu'elles ouvrent, soigneusement bordés et
quadrillés de blanc fraîchement repeint, qui me plaisent tant en
passant, et m'étonnent en fille du sud aimant les pièces dont on
bannit la lumière et les regards des passants, gros murs et petites
ouvertures, laissant à la porte notre soleil.
Ce serait rouler après
Callanstoog, tout droit, éternellement tout droit, en rayant le
paysage plat, très plat, immensément plat.. mais qui s'anime des
variations de tons, découpé par ces petites ruptures, créatrices
d'un rythme, d'un petit chant, que sont les bosquets foncés, les
hangars blancs tapis, les gros bâtiments de fermes, et puis tout
d'un coup une petite rangée de conifères au bord de la route, et je
cherchais la propriété qu'ils bordaient sans la trouver.
Ce serait la perspective,
la fuite vers leur réunion là où la route coulait dans l'horizon,
du canal strié par la brise, des bas côtés herbus, des champs en
friche ou en labour, des prairies, sous le magnifique ciel en bleus
humides, sous la course des nuages, des longs nuages effrangés –
avec les petites décolorations ponctuelles qu'ils poseraient, entre
plafond gris clair et l'herbe d'un vert brouillé, là, devant, au
loin.
Ce serait se redresser, en
abordant l'alignement infini, ou qui le semblerait, des éoliennes,
les hauts poteaux blancs et ces bras aigus qui dessineraient un
langage inconnu – les imaginer faisant effort, inlassablement, pour
atteindre, accompagner, soutenir, et parfois griffer avec une cruauté
amicale, les nuages vagabonds. Ce serait les suivre, comme un ordre
s'ajoutant à celui du ruban gris-beige-rosé de la route, et de ses
lignes blanches.
PS
Je suis né à Nice en
1959 et j'ai très tôt découvert la montagne dans le Mercantour
avec mon père et parcouru les premiers sommets. Dès lors, je n'ai
eu qu'une envie : y revenir le plus souvent possible..... C'est dans
l'Atlas marocain que j'ai commencé à évoluer. J'ai eu envie de
rapporter des images des gens qui y vivent
Hervé
Gourdel
dans
la folie du monde - silence
7 commentaires:
Les pales des éoliennes griffent les nuages en silence et seul le vent leur répond . La folie des hommes ne pourra s'effacer dans le vent de l'oubli.
Hervé Gourel, oui, mention de son nom.
L'Algérie est malheureusement un si beau pays.
et tout spécialement la grande Kabylie -
Le citer est encore croire ..à la non folie du monde
Est-il encore possible d'errer sinon de rêver dans la folie du Monde ?
Une pensée profondément émue pour lui et tous les autres martyrs de cette folie furieuse...
Bonjour Brigitte, j'aime assez cette vision politico-poético- réaliste.
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