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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, octobre 04, 2014

Brigetoun en secrétaire des vases communicants d'octobre

puisque, contrairement à ce que pensais, ils ne sont pas morts
puisque désir il y a encore pour un petit groupe vaillant
puisque liste je tiens, tant que candidature ne se déclare pas, puisque lecture je voulais (et que j'ai cédé à la proposition d'un échange qui m'honorais – et m'intimidais même si c'était retrouvailles – et si ce fut plaisir)

quelques petites notes, comme peux, sur ces échanges entre
se presser, continuer
Continuer, continuer, ne pas cesser, ne pas cesser…
ne pas espérer, pas comme le font les croyants, mais continuer,
ne pas cesser de croire (mais ce mot)
et il continue, buttant sur les mots qui signifient un peu plus que ce qu'il veut, qui ramènent aux phrases de ceux qui croient
La modestie et l’humilité ne les étouffera jamais, ces fous de dieux… c’est un autre de leur point commun… leur orgueil immense, celui de se comparer à ce grand machin dans le ciel, assis sur son fauteuil géant…
ces fous de Dieu trop terre à terre
et
commencer par faire sonner à 4 et quart pour attraper le N 12 qui passe à 4.47
hommes et femmes noirs, arabes, se dépêcher le travail commence à 6.17... enfin c'est mieux dit par lui, qui continue – porte-parole d'une femme je pense, noire ou arabe - à donner l'emploi du temps, le nettoyage, les consignes, les trajets dans les bureaux, les habitudes, la non-rencontre de ceux qui entrent dans les bureaux
costumes croisés tailleurs ajustés chaussures pointues à huit cents, lacets de couleur, cravates à cent soixante roses vertes jaunes sur chemises à trois mille les douze, en janvier solde coin Casanova Paix, qui gagnent, cent deux cents cinq cents fois plus avec les primes de fin d’année, décapotables et croisières, les mômes à l’école, l’heure, reprendre le métro, neuf heures deux, changer à Châtelet.
correspondances
sauvagerie au guichet
une lettre adressée à Madame Pôle Emploi
pleine de sagesse, de rage cachée sous malice (pauvre Madame Pôle Emploi qui doit bien savoir tout ça, et craindre un peu d'être dans ceux qui attendent, pauvre Madame Pôle Emploi qui se laisse aller au rôle du petit chef.. ça c'est mon dialogue intérieur avec ce qui souriait en vengeance pour tous les humiliés quand je lisais) – très réussi
Mais, rivée à l’écran de ton ordinateur, tu n’as rien vu de la scène. Les personnes défilaient à ton guichet et tu les accueillais avec un seau de glace verbale et gestuelle. J’ai alors remarqué ce panneau, accroché en de multiples exemplaires, qui menaçait de poursuites judiciaires quiconque s’aviserait de violences verbales et physiques à l’encontre des agents de Pôle Emploi. Je me demandais si la réciproque serait vrai. Est-ce qu’on pourrait poursuivre les agents de Pôle Emploi, voire Pôle Emploi la machine, pour férocité ?
oui très réussi, un ton bien maintenu jusqu'à la saveur des derniers mots
et
à Grisélidis Réal
une lettre qui lui est envoyée de Belfort – lui parler d'une affiche qui faisait penser à elle et détailler avec un mélange de sensibilité d'admiration et de léger humour, en pointillés, les raisons de cette association d'idées
Vous faites fi. De tout. De la mort. Des interdictions. D’afficher. De montrer. Les tripes à l’air. Vous ne savez pas vivre autrement. Que comme ça. Les tripes à l’air. Malgré la défense. Les barrières que la société met. Entre les gens. Et leur corps. Leurs désirs. Défense d’afficher. De montrer. Ça vous fait rire. A gorge déployée. Alors les vagues de votre indignation viennent lécher. Voluptueusement. Rageusement. Le panneau. L’interdiction.
La mort
Belfort, le 2 octobre 2014
autre lettre à Grisélidis Réal
sur la reprise de sa correspondance, avant la mort, avec Jean-Luc Hennig, façon de ne pas céder au cancer
comme dans texte de Nadia Veyrié, ce moment où l'on sait que la mort vient – et Angèle en vient à évoquer une mort proche
beau et émouvant
Peut-être l’avez-vous toujours su. Votre cancer au ventre ressemblait tant à celui de votre mère. Votre mère. Morte. Ventre ouvert. Pourri. Sous vos yeux impuissants. Dans la souffrance la plus terrible. Alors. Votre cancer. Le même. N’a pu. Que faire écho. Au sien. Et vous emporter dans des abîmes de terreur. Alors dites-moi si je me trompe. Mais je crois. Que si quelqu’un vous a condamnée. A la mort. En faisant comme si vous étiez déjà morte. C’est vous. C’est vous qui avez contacté Jean-Luc Hennig. C’est vous qui avez, ce faisant, constaté l’imminence de votre mort. Et la nécessité qu’elle prenne la forme d’un livre.
et
vous mourrez demain
Félix, assis dans la salle d'attente, se souvient de la prédiction d'une femme croisée la veille
cette femme à laquelle n'avait pas répondu, tout à sa tristesse grande de la mort de sa vie en mer
mais il savait qu'elle avait eu raison la dame et... vous laisse lire son trajet, son histoire
j'aime beaucoup ces courtes phrases tranquilles, discrètes, où passent les enfants, les sirènes, les gabians
Il ferma les yeux.

Le jour s’éclipsait peu à peu. 

L’automne était bien là.
Une pluie tiède commençait à arroser la ville et il continuait de respirer.

Je ne vais pas partir maintenant, il se dit.
C’est impossible. 

Et rien ne laissait présager de ce clap de fin annoncé.
En effet
sensibilité, mort et amour (entre autres choses)
le mur
très beau – en phrases égrenées comme des vers – détresse, coeur et corps, et amour le long de la palissade, du mur
On absorbe le noir et le mur, ce qui nous revient du mur.
Je dis "la détresse trébuche avec l'amour et la peinture me fait pleurer".
On attend la levée du jour et bizarrement, on flotte.
et
journal-temps
un poème, trois lieux, trois heures d'un jour de septembre
devant l'école, au parc, au salon dans la nuit
une méditation, la mort, le temps, l'amour – ne saurais exprimer, lisez le
(il y a nos mains tressées
pourtant – il y a
cette falaise / une
érosion qui laisse
jouir /
éboulis des sédiments
à tes lèvres humides) 
à partir des mots d'Anne Luthaud «L’eau sur laquelle je suis, c’est l’Atlantique, mais on dirait la Méditerranée, plate, chaude, sans odeur, brillante. Immobile, surtout, égale. Et sans fin. Tant mieux.
Il était où, ton phare, le gardien ?" et avec échange de photos
sur le grillage
«tant mieux, il était où ton phare le gardien» phrase que Goran, à la fin de sa course le long du canal Saint Martin, entend crier par un gamin – auquel il ne répond pas, trop occupé par une douleur
Je fis mine de rien, essayai de me tenir plus droit mais la douleur me transperça de nouveau le côté. Je m’agrippai à une des mouettes qui volaient sur ce grillage.
mouette qui le renvoie à.. lisez
et
nature et découvertes
(à la première personne) subir le tangage sans pouvoir se retenir, être poussé par le vent comme petit jouet – et le texte avec ses images nous fait sentir cette détresse, (et sourire en même temps en jouant avec de jolis détournements d'expressions toutes faites)
Le rythme du déferlement me rapprochait de la côte, ma montre s’était arrêtée sur 14 heures 15. Elle ne m’était plus d’aucune utilité sauf celle d’un accessoire auquel je tenais, peut-être parce qu’elle portait le nom de Nature et découvertes ? Ainsi le temps pouvait-il se figer, comme dans une fraction d’éternité où les aiguilles interrompent de manière extraordinaire leur course inexorable.
Et s'échouer sur le sable – la mariée était en gris
et j'ai eu goût pour cela
océan
océan
toi, un soir, un bain, et l'aspiration avec l'eau par la bonde – le début d'un long et beau texte, une description très physique, avec pointes d'humour, l'engloutissement, l'avidité de l'eau, la plage lointaine,
La grande broyeuse t’est tombée dessus, tes tripes s’emmêlent. Gorge asséchée sans déglutissement possible.Langue rétractée qui hurle le silence. Plus de souffle. Peau tendue qui craque, déversant des laves suintantes. Épaules qui se hissent pour protéger tes oreilles. Cou s’affaissant parce que l’ancienne peau ne peut pas y croire. Cage thoracique pétrifiée. Cloué net et aucune articulation qui ne bouge. Quelques misérables sursauts, en apnée, tu vomis pendant qu’un liquide piquant coule le long des jambes. La bête ne se suffira pas de ta carcasse.
l'horreur et puis le rejet, la libération de ce qui reste de toi
et
mais chut !
Une ode, en vers et magnifiques photos, à l'océan
Infini turbulent en fait
Un océan
Ça brasse beaucoup
Mais sans rien montrer
Et soudain une eau profonde surgit stridente et veut tout s’engloutir !
Le spectacle.... après toi
le spectacle de la mer après toi
parler à Samuel et parler de Samuel, l'homme libre, celui par qui venait l'étincelle mettant en mouvement, l'amoureux des lettres et de la musique, Samuel qui taisait ses failles possibles, le poète qui n'avait pas écrit, celui dont la mort les laisse désemparés
Tu es parti en douce, sans laisser de mot. Poète sans avoir écrit une ligne, disait de toi David. Alors me reviennent les mots et expressions que tu aimais. Tu parlais de la grande évasion, celle qui nous fait échapper à la peur. Tu disais aussi : il faut savoir déserter au bon moment. Tu as écourté la plaisanterie, et moi je ne peux m’empêcher d’émettre des hypothèses : tu ne t’accrochais pas à la vie, tu ne souhaitais pas survivre à tout prix comme nous. Ton suicide est un dernier pied de nez à la vie à la mort, comme le bouffon achevant son tour de piste par une pirouette. Rien de tragique là dedans. Tu as vécu comme bon te semblait
et
le spectacle du monde après toi
tout est normal – banalité et profondeur, creuser notre peine sincère, dans la lignée de ses suppliques aux morts – tout est normal et rien ne devrait être normal – donc avancer, errer dans un monde qui devient étrange puisqu'un y manque, avancer comme on peut, en crainte de trébucher, dans ce monde – et puis ne tente plus de paraphraser, c'est impossible
Du monde, rien n’a changé. En moi, tu dessines un creux. Ton absence dessine un creux. Un manque. J’ai l’impression de réussir un tour de force à ne pas me plier en deux de douleur. Dans les profondeurs de mon être. Il y a l’absence de toi qui s’est installée. Ces automnes ne seront plus jamais les mêmes dans un monde qui prétend être le même. Tout est normal. Ils vont pleurer, je sais. Je sais qu’il ne peut pas en être autrement. Je ne sais pas comment je ferais dans un monde qui n’est plus le même, qui ne sera plus jamais le même, ce n’est pas la peine de faire semblant.
et l'élégance du petit sourire final.
enfin, cet échange qui m'a été proposé, parce que velléité j'ai eu de participer en mettant au net la liste,
échange à partir du mot théâtre
entre
Ana NB ci-dessous
et sa forte écriture, qui arrive même à magnifier les bribes de Paumée qu'elle a incorporées, en gracieux clin d'oeil, chante un thrène pour Médée
la douleur, le tragique, le superbe personnage de Médée
elle dit - alors tout disparaît - sans lieu sans nom sans terre sans nuit à jour renverser - sans silence - entre terre et ciel sur flots sur chocs de flots sur les peaux - sans vouloir - la peine des os - écorchés sans nuit et nuit entre sang saturé de peur - sans silence sans vide sans ultime vide – sur la peau immobile
perdue dans l'immensité de ce que couvre le mot théâtre, dérive comme peut à la surface des souvenirs, pioche dans ce qui émergeait ce jour là,
puisque dire théâtre signifie regarder, contempler
quand le poème se fait regard sur le monde
quand le poème nous fait contempler et penser le monde
quand côte à côte nous, dissemblables, recevons images, sons, paroles
cet espace de temps où nous nous taisons, où notre dialogue avec ce qui se dit, se montre est muet, parfois inconscient, parfois disputatio

6 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Merci pour cette "recension" (ce mot me fait toujours penser à un ostensoir) obstinée et complète.

L'avenir nous dira si les prochains "Vases communicants" sont toujours vivants...

jeandler a dit…

Nouveau départ, une renaissance ? Les mots, un parfum dans l'air.

Brigetoun a dit…

j'aimerais vraiment ne plus m'en occuper mais il y a des acharnés.. qui n'envisagent pas d'assurer liste et le reste

32 Octobre a dit…

Merci pour ce bel inventaire des mots du mois.
Merci pour cette énergie déployée pour que les vases continuent.
Merci pour ce moment si agréable de vous lire chaque lendemain de 1er vendredi du mois.
Merci.

32 Octobre a dit…

pas de problème mais encore du travail supplémentaire pour vous
Belle journée

Brigetoun a dit…

je viens de trouver une remplaçante pour les listes - je pense que je vais en rester là