puisque, contrairement à
ce que pensais, ils ne sont pas morts
puisque désir il y a
encore pour un petit groupe vaillant
puisque liste je tiens,
tant que candidature ne se déclare pas, puisque lecture je voulais
(et que j'ai cédé à la proposition d'un échange qui m'honorais –
et m'intimidais même si c'était retrouvailles – et si ce fut
plaisir)
quelques petites notes,
comme peux, sur ces échanges entre
se presser, continuer
Franck Queyraud
http://www.pendantleweekend.net/2014/10/vase-communicant-51/
Continuer, continuer,
ne pas cesser, ne pas cesser…
ne pas
espérer, pas comme le font les croyants, mais continuer,
ne pas
cesser de croire (mais ce mot)
et il
continue, buttant sur les mots qui signifient un peu plus que ce
qu'il veut, qui ramènent aux phrases de ceux qui croient
La modestie et
l’humilité ne les étouffera jamais, ces fous de dieux… c’est
un autre de leur point commun… leur orgueil immense, celui de se
comparer à ce grand machin dans le ciel, assis sur son fauteuil
géant…
ces
fous de Dieu trop terre à terre
et
commencer par faire
sonner à 4 et quart pour attraper le N 12 qui passe à 4.47
hommes
et femmes noirs, arabes, se dépêcher le travail commence à 6.17...
enfin c'est mieux dit par lui, qui continue – porte-parole d'une
femme je pense, noire ou arabe - à donner l'emploi du temps, le
nettoyage, les consignes, les trajets dans les bureaux, les
habitudes, la non-rencontre de ceux qui entrent dans les bureaux
costumes croisés
tailleurs ajustés chaussures pointues à huit cents, lacets de
couleur, cravates à cent soixante roses vertes jaunes sur chemises à
trois mille les douze, en janvier solde coin Casanova Paix, qui
gagnent, cent deux cents cinq cents fois plus avec les primes de fin
d’année, décapotables et croisières, les mômes à l’école,
l’heure, reprendre le métro, neuf heures deux, changer à Châtelet.
correspondances
Cécile Benoist
http://gadinsetboutsdeficelles.net/spip.php?article232
sauvagerie au guichet
une
lettre adressée à Madame Pôle Emploi
pleine
de sagesse, de rage cachée sous malice (pauvre Madame Pôle Emploi
qui doit bien savoir tout ça, et craindre un peu d'être dans ceux
qui attendent, pauvre Madame Pôle Emploi qui se laisse aller au rôle
du petit chef.. ça c'est mon dialogue intérieur avec ce qui
souriait en vengeance pour tous les humiliés quand je lisais) –
très réussi
Mais, rivée à l’écran
de ton ordinateur, tu n’as rien vu de la scène. Les personnes
défilaient à ton guichet et tu les accueillais avec un seau de
glace verbale et gestuelle. J’ai alors remarqué ce panneau,
accroché en de multiples exemplaires, qui menaçait de poursuites
judiciaires quiconque s’aviserait de violences verbales et
physiques à l’encontre des agents de Pôle Emploi. Je me demandais
si la réciproque serait vrai. Est-ce qu’on pourrait poursuivre les
agents de Pôle Emploi, voire Pôle Emploi la machine, pour férocité
?
oui
très réussi, un ton bien maintenu jusqu'à la saveur des derniers
mots
et
Angèle Casanova
http://litteraturesauvage.wordpress.com/2014/10/02/vaseco-9-lettres-sauvages-avec-angele-casanova
à
Grisélidis Réal
une
lettre qui lui est envoyée de Belfort – lui parler d'une affiche
qui faisait penser à elle et détailler avec un mélange de
sensibilité d'admiration et de léger humour, en pointillés, les
raisons de cette association d'idées
Vous faites fi. De
tout. De la mort. Des interdictions. D’afficher. De montrer. Les
tripes à l’air. Vous ne savez pas vivre autrement. Que comme ça.
Les tripes à l’air. Malgré la défense. Les barrières que la
société met. Entre les gens. Et leur corps. Leurs désirs. Défense
d’afficher. De montrer. Ça vous fait rire. A gorge déployée.
Alors les vagues de votre indignation viennent lécher.
Voluptueusement. Rageusement. Le panneau. L’interdiction.
La mort
Angèle Casanova de
nouveau http://carnetdemarseille.com/les-vasescommuniquants/
Belfort, le 2 octobre
2014
autre
lettre à Grisélidis Réal
sur
la reprise de sa correspondance, avant la mort, avec Jean-Luc Hennig,
façon de ne pas céder au cancer
comme
dans texte de Nadia Veyrié, ce moment où l'on sait que la mort
vient – et Angèle en vient à évoquer une mort proche
beau
et émouvant
Peut-être l’avez-vous
toujours su. Votre cancer au ventre ressemblait tant à celui de
votre mère. Votre mère. Morte. Ventre ouvert. Pourri. Sous vos yeux
impuissants. Dans la souffrance la plus terrible. Alors. Votre
cancer. Le même. N’a pu. Que faire écho. Au sien. Et vous
emporter dans des abîmes de terreur. Alors dites-moi si je me
trompe. Mais je crois. Que si quelqu’un vous a condamnée. A la
mort. En faisant comme si vous étiez déjà morte. C’est vous.
C’est vous qui avez contacté Jean-Luc Hennig. C’est vous qui
avez, ce faisant, constaté l’imminence de votre mort. Et la
nécessité qu’elle prenne la forme d’un livre.
et
Eric Schulthess
http://www.gadinsetboutsdeficelles.net/spip.php?article233
vous mourrez demain
Félix,
assis dans la salle d'attente, se souvient de la prédiction d'une
femme croisée la veille
cette
femme à laquelle n'avait pas répondu, tout à sa tristesse grande
de la mort de sa vie en mer
mais
il savait qu'elle avait eu raison la dame et... vous laisse lire son
trajet, son histoire
j'aime
beaucoup ces courtes phrases tranquilles, discrètes, où passent les
enfants, les sirènes, les gabians
Il ferma les yeux.
Le jour s’éclipsait
peu à peu.
L’automne était bien
là.
Une pluie tiède
commençait à arroser la ville et il continuait de respirer.
Je ne vais pas partir
maintenant, il se dit.
C’est impossible.
Et rien ne laissait
présager de ce clap de fin annoncé.
En
effet…
sensibilité, mort et
amour (entre autres choses)
le mur
très
beau – en phrases égrenées comme des vers – détresse, coeur et
corps, et amour le long de la palissade, du mur
On absorbe le noir et
le mur, ce qui nous revient du mur.
Je dis "la
détresse trébuche avec l'amour et la peinture me fait pleurer".
On attend la levée du
jour et bizarrement, on flotte.
et
Julien Boutonnier
http://paradisbancal.blogspot.fr/2014/10/journal-temps.html
journal-temps
un
poème, trois lieux, trois heures d'un jour de septembre
devant
l'école, au parc, au salon dans la nuit
une
méditation, la mort, le temps, l'amour – ne saurais exprimer,
lisez le
(il y a nos mains
tressées
pourtant – il y a
cette falaise / une
érosion qui laisse
jouir /
éboulis des sédiments
à tes lèvres humides)
à partir des mots
d'Anne Luthaud «L’eau sur laquelle je suis, c’est l’Atlantique,
mais on dirait la Méditerranée, plate, chaude, sans odeur,
brillante. Immobile, surtout, égale. Et sans fin. Tant mieux.
Il était où, ton
phare, le gardien ?" et avec échange de photos
Danielle Masson
http://hadominique75.wordpress.com/2014/10/03/sur-le-grillage/
sur le grillage
«tant
mieux, il était où ton phare le gardien» phrase que Goran, à la
fin de sa course le long du canal Saint Martin, entend crier par un
gamin – auquel il ne répond pas, trop occupé par une douleur
Je fis mine de rien,
essayai de me tenir plus droit mais la douleur me transperça de
nouveau le côté. Je m’agrippai à une des mouettes qui volaient
sur ce grillage.
mouette
qui le renvoie à.. lisez
et
Dominique Hasselmann
http://jetonslencre.blogspot.fr/2014/10/les-vases-communicants-octobre-2014-36.html
nature et découvertes
(à la
première personne) subir le tangage sans pouvoir se retenir, être
poussé par le vent comme petit jouet – et le texte avec ses images
nous fait sentir cette détresse, (et sourire en même temps en
jouant avec de jolis détournements d'expressions toutes faites)
Le rythme du
déferlement me rapprochait de la côte, ma montre s’était arrêtée
sur 14 heures 15. Elle ne m’était plus d’aucune utilité sauf
celle d’un accessoire auquel je tenais, peut-être parce qu’elle
portait le nom de Nature et découvertes ? Ainsi le temps
pouvait-il se figer, comme dans une fraction d’éternité où les
aiguilles interrompent de manière extraordinaire leur course
inexorable.
Et
s'échouer sur le sable – la mariée était en gris
et j'ai eu goût pour cela
océan
Camille
Philibert-Rossignol
http://lebruitdelapage.blogspot.fr/2014/10/ocean.html
océan
toi,
un soir, un bain, et l'aspiration avec l'eau par la bonde – le
début d'un long et beau texte, une description très physique, avec
pointes d'humour, l'engloutissement, l'avidité de l'eau, la plage
lointaine,
La grande broyeuse
t’est tombée dessus, tes tripes s’emmêlent. Gorge asséchée
sans déglutissement possible.Langue rétractée qui hurle le
silence. Plus de souffle. Peau tendue qui craque, déversant des
laves suintantes. Épaules qui se hissent pour protéger tes
oreilles. Cou s’affaissant parce que l’ancienne peau ne peut pas
y croire. Cage thoracique pétrifiée. Cloué net et aucune
articulation qui ne bouge. Quelques misérables sursauts, en apnée,
tu vomis pendant qu’un liquide piquant coule le long des jambes. La
bête ne se suffira pas de ta carcasse.
l'horreur
et puis le rejet, la libération de ce qui reste de toi
et
Laurence Faure
http://camillephi.blogspot.fr/2014/10/blog-post.html
mais chut !
Une
ode, en vers et magnifiques photos, à l'océan
Infini turbulent en
fait
Un océan
Ça brasse beaucoup
Mais sans rien montrer
Et soudain une eau
profonde surgit stridente et veut tout s’engloutir !
Le spectacle.... après
toi
Gwen Denieul
http://www.auxbordsdesmondes.fr/spip.php?article2042
le spectacle de la mer
après toi
parler
à Samuel et parler de Samuel, l'homme libre, celui par qui venait
l'étincelle mettant en mouvement, l'amoureux des lettres et de la
musique, Samuel qui taisait ses failles possibles, le poète qui
n'avait pas écrit, celui dont la mort les laisse désemparés
Tu es parti en douce,
sans laisser de mot. Poète sans avoir écrit une ligne, disait de
toi David. Alors me reviennent les mots et expressions que tu aimais.
Tu parlais de la grande évasion, celle qui nous fait échapper à la
peur. Tu disais aussi : il faut savoir déserter au bon moment. Tu as
écourté la plaisanterie, et moi je ne peux m’empêcher d’émettre
des hypothèses : tu ne t’accrochais pas à la vie, tu ne
souhaitais pas survivre à tout prix comme nous. Ton suicide est un
dernier pied de nez à la vie à la mort, comme le bouffon achevant
son tour de piste par une pirouette. Rien de tragique là dedans. Tu
as vécu comme bon te semblait
et
Isabelle
Pariente-Butterlin
http://embrasure.wordpress.com/2014/10/03/le-spectacle-du-monde-apres-toi/
le
spectacle du monde après toi
tout
est normal – banalité et profondeur, creuser notre peine sincère,
dans la lignée de ses suppliques
aux morts – tout
est normal et rien ne devrait être normal – donc avancer, errer
dans un monde qui devient étrange puisqu'un y manque, avancer comme
on peut, en crainte de trébucher, dans ce monde – et puis ne tente
plus de paraphraser, c'est impossible
Du monde, rien n’a
changé. En moi, tu dessines un creux. Ton absence dessine un creux.
Un manque. J’ai l’impression de réussir un tour de force à ne
pas me plier en deux de douleur. Dans les profondeurs de mon être.
Il y a l’absence de toi qui s’est installée. Ces automnes ne
seront plus jamais les mêmes dans un monde qui prétend être le
même. Tout est normal. Ils vont pleurer, je sais. Je sais qu’il ne
peut pas en être autrement. Je ne sais pas comment je ferais dans un
monde qui n’est plus le même, qui ne sera plus jamais le même, ce
n’est pas la peine de faire semblant.
et l'élégance du petit
sourire final.
enfin, cet échange qui m'a
été proposé, parce que velléité j'ai eu de participer en mettant
au net la liste,
échange à partir du mot
théâtre
entre
Ana NB
ci-dessous
et sa
forte écriture, qui arrive même à magnifier les bribes de Paumée
qu'elle a incorporées, en gracieux clin d'oeil, chante un thrène
pour Médée
la douleur, le
tragique, le superbe personnage de Médée
elle
dit - alors tout disparaît - sans lieu sans nom sans terre sans nuit
à jour renverser - sans silence - entre terre et ciel sur flots sur
chocs de flots sur les peaux - sans vouloir - la peine des os -
écorchés sans nuit et nuit entre sang saturé de peur - sans
silence sans vide sans ultime vide – sur la peau immobile
et
Brigetoun dans le jardin sauvage d'Ana
http://sauvageana.blogspot.fr/2014/10/vases-communicants-brigitte-celerier.html
perdue
dans l'immensité de ce que couvre le mot théâtre, dérive comme
peut à la surface des souvenirs, pioche dans ce qui émergeait ce
jour là,
puisque dire théâtre
signifie regarder, contempler
quand le poème se fait
regard sur le monde
quand le poème nous
fait contempler et penser le monde
quand côte à côte
nous, dissemblables, recevons images, sons, paroles
cet espace de temps où
nous nous taisons, où notre dialogue avec ce qui se dit, se montre
est muet, parfois inconscient, parfois disputatio
6 commentaires:
Merci pour cette "recension" (ce mot me fait toujours penser à un ostensoir) obstinée et complète.
L'avenir nous dira si les prochains "Vases communicants" sont toujours vivants...
Nouveau départ, une renaissance ? Les mots, un parfum dans l'air.
j'aimerais vraiment ne plus m'en occuper mais il y a des acharnés.. qui n'envisagent pas d'assurer liste et le reste
Merci pour ce bel inventaire des mots du mois.
Merci pour cette énergie déployée pour que les vases continuent.
Merci pour ce moment si agréable de vous lire chaque lendemain de 1er vendredi du mois.
Merci.
pas de problème mais encore du travail supplémentaire pour vous
Belle journée
je viens de trouver une remplaçante pour les listes - je pense que je vais en rester là
Enregistrer un commentaire