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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, novembre 03, 2014

En rester à l'île


Humeur noire ou gris sombre, ce dimanche matin, et pour réagir : sortir, m'en aller
vers la place de l'horloge, la Civette, l'achat d'une boite de petits cigares - en sourire, me moquant un peu de moi, y trouvant peut-être une petite vengeance/révolte puisque je sais, au fond, que mon regard sur le monde est perturbé, bousculé, assombri, énervé, froissé, encoléré par le rendez-vous que j'ai ce lundi avec un pneumologue qui l'avait suggéré il y a plusieurs mois, au début de l'été... auquel je me résous à me rendre, bien décidée à ne pas me laisser embarquer dans de nouveaux examens etc... puisque les biopsies ont donné des résultats négatifs…
vers les cigares donc, mais surtout vers le petit palais, dans la tiédeur, le reste de bleu, le début d'automne qui fait du jardin des Doms une marqueterie de verts et roux - parce que j'ai retrouvé une invitation, négligée à l'époque, au vernissage d'une petite exposition autour d'une bannière restaurée, et que l'envie de la voir m'était venue.
Mais je garde les photos, le souvenir de cette visite pour un autre jour, parce qu'il y avait eu aussi, au coeur de la nuit, avant de m'endormir dans son souvenir, le plaisir de lire l'île ronde d'Anne Savelli (et un peu aussi de Joachim Séné pour une voix, de Mathilde Roux pour la couverture et d'Arnaud de la Cour pour des photos)
et que je voulais, en parler... mais, comme toujours, ne sais comment le faire
Dire que ce n'est pas simple ? – sourire – puisque tu peux ressembler à tout un tas de chose.
Il y a celle qui dis tu, qui est pour un temps dans un château, dans une chambre rose.. près d'une forêt, d'un lac, d'une île, d'une légende
Il y a, et c'est un peu elle, mais pas tout à fait, Dita Kepler, l'avatar qu'elle a créé, plusieurs années il y a, dans la seconde vie.
Et Dita Kepler, qui est venue par les airs se poser là, ira, à travers la forêt, vers l'île, la légende de l'ogre encagé dans un trou et de la jeune fille qui doit le délivrer.
Et Dita Kepler deviendra l'ogre et la jeune fille
pendant que je raconte quelque chose s'enroule autour de vos deux corps. Tu deviens une tactile une sensible un projectile un engoncé une fugitive un encagé un rageur une enracinée un hercule un enflé une cérébrale un clou une flâneuse empêchée...
et on entendra leurs dialogues, venant s'intercaler dans le tissage du texte, parce que bien entendu il y a bien plus, que vous devrez découvrir si en avez le désir, comme les pensées de Dita regardant, écoutant, découvrant la forêt, cette nature (même si Dita n'a pas de mots parce que le bruit, croit-elle, remplace sa pensée. Du monde réel elle ne connaît que la ville, une certaine sorte de ville, celle qui cherche à régner. En elle, Dita K, une liste complète d'échangeurs d'autoroutes, de boulevards circulaires qui se grimpent les uns sur les autres, s'accumulent et s'annulent...) et bien d'autres choses.
Mais j'en reviens, j'aime les légendes, et le lieu les exige, à Dita Kepler devenue ogre et jeune fille.
La jeune fille ne peut délivrer l'ogre, mais tente de l'emmener avec elle autour de l'île, du lac, en lui disant les sons, la lumière, la végétation
Spatules blanches, aigrettes, roselières en couronnes larges
Herbiers, nénuphars blancs et jaunes
Pattes semi-palmées des canards
Forêts de saules et d'aulnes
Douves, rades...
et l'ogre questionnera, exigera, se plaindra quand se sentira abandonné, se voyant général lombric qui se brise la nuque à tenter de monter ou au moins d'aplanir, de lisser son domaine, l'incurver, l'inverser pour cesser la descente...
Et puis sur le château, la forêt, l'île, il y a cet avion - une voix Imbriqué, enfermé, serré. Le lac se rapproche. Et je me vois dedans, maintenant, un pilote qui ne conduit personne, immergé, noué par les algues aux manettes, incapable de bouger. Je me regarde. Il me regarde. Nous allons nous frôler.
Et la contre-voix, avec les mots de Joachim Séné
Je suis au même moment au-dessus du lac, celui-ci, l'unique, et de tous les autres lacs, de tous les océans, de toutes les terres asséchées, de tous les sommets des tours en pierre et verre, de tous les terrains vagues, de tous les visages tournés vers le ciel.
Et puis, à la fin, il y a la beauté des photos, images des parcours d'Arnaud de la Cotte qui invite, d'Anne Savelli qui est invitée.

PS
et voilà que je me demande ce qui m'a fait dire ogre pour géant
et voilà que je sais que tout ce qui est grand me menace, me fait peur
et que pour continuer je me persuade que cette menace n'en est pas une, que les ogres peuvent être gentils

6 commentaires:

lanlanhue a dit…

donne envie d'aller lire le livre d'A Savelli et textes ? de J Séné

arlette a dit…

Belle lecture des mots qui s'enroulent comme la fumée du petit cigare...Plaisir subtil
Merci à toi

Anne a dit…

Merci beaucoup, Brigitte, de cette lecture, qui dit et ne dit pas du texte "tout un tas de choses" :)
Par votre regard, le géant est devenu un ogre, ce que je n'avais pas en tête, et ça m'enchante : le géant, c'est aussi Dita Kepler, il est donc normal qu'il se métamorphose...
Et me voilà à me dire que si la jeune fille refuse de le délivrer, c'est peut-être parce qu'elle a peur d'être dévorée, ce qui est parfaitement cohérent !
Merci encore, Brigitte, pour moi comme pour Arnaud, Joachim et Mathilde.
Bonne journée à vous.

Brigetoun a dit…

Anne pardon, distraction, quelque chose en moi petite doit inconsciemment voir en toute grande personne une menace.. seule explication que je vois

jeandler a dit…

Les images que nous prenons, chaque jour, un état d'âme, telles de fugitives biopsies.

Gérard a dit…

....que les ogres peuvent être gentils...ogres doux !!